PAPILLONS DE NOS JARDINS (7)
Les pluies du début octobre ont été extrêmement importantes et je ne me souviens pas avoir vu la rivière grimper aussi rapidement à cette période de l’année. En une semaine seulement, il est tombé une centaine de litres d’eau (soit l’équivalent de 10 arrosoirs) par mètre carré. C’est la quantité qu’il tombe habituellement en un mois et demi.
Le soleil est largement revenu il y a une quinzaine de jours, pour une très belle période que seul l’automne peut nous offrir. Aussitôt, quelques espèces de papillons se sont alors montrées. Je reste toujours impressionné par la faculté qu’ont ces bestioles à ressurgir après la pluie (à laquelle s’était, cette fois-ci, ajoutée une mini-tempête) comme s’il ne s’était rien passé.
Le premier papillon qui a pointé le bout de ses antennes a été le vulcain. Parmi les nombreuses espèces qui ont les trois couleurs orange, blanc et noir, ce papillon est celui qui est certainement le plus reconnaissable, de loin, grâce à ses ailes sombres traversées d’une large bande orangée.
Le vulcain est un véritable migrateur, c’est même l’un des papillons dont la migration est la mieux connue. Les premiers migrants nous reviennent en avril mais le gros de la troupe n’arrive qu’en mai et juin. Aussitôt arrivés, aussitôt accouplés ! Les oeufs vont être pondus isolément sur des feuilles d’orties. La chenille va se confectionner un petit nid en enroulant autour d’elle une feuille qu’elle maintient avec quelques fils de soie. C’est dans cet abri que la chenille va se transformer en chrysalide puis en papillon ailé.
Les adultes de la deuxième génération vont repartir vers le sud à l’automne pour hiverner dans les bois et les rochers. Ceux qui tentent d’hiverner plus au nord (dans l’Est de la France par exemple) ont peu de chance de passer l’hiver.
Joëlle a été la première à remarquer la réapparition des vulcains après la pluie. Elle a surtout observé un comportement étonnant : les vulcains venaient se nourrir sur des grains de raisin fermentés que la pluie avaient abîmés ; ils avaient un vol tellement papillonnant qu’ils semblaient complétement saouls. Effectivement, après avoir vérifié sur le livre de Heiko Bellmann Quel est donc ce papillon ?, le vulcain a l’habitude à l’automne de venir fréquenter les jardins et les vergers à la recherche de fruits en état de décomposition avancée. Il s’agit même sûrement là de leur nourriture habituelle en cette saison car j’ai observé, toute cette dernière semaine, de nombreux vulcains qui passaient tout leur temps affalés sur des pommes pourries et sur les derniers raisins de l’automne.
Et c’est donc le ventre plein de jus fermenté, complétement bourrés, que nos vulcains vont prendre la route en direction du sud (en prenant les chemins de traverse pour éviter les contôles). Pas étonnant donc qu’une partie seulement des vulcains nous revienne au printemps suivant !
J’avais pas spécialement étudié la chose, mais c’est vrai qu’il y a beaucoup de vulcain sous le pommier de la cour de la Maison de la Nature, sur les pommes tombées ! Bravo Joëlle !
Et les éléphants, ils mangent quoi ?
Les éléphants sont herbivores, ce qui explique peut-être qu’ils commencent à nous les brouter !
Ah oui j’oubliais : les éléphants se nourrissent aussi, de manière accessoire, de rumeurs, de jalousies, de rancoeurs, de petites phrases assassines, de haine pour les autres éléphants …
mêmes constatations aujourd’hui sur un tas de pommes pouries : une dizaine de Vulcains avec en même temps un Paon du jour se dorant au soleil juste à côté: vus ensemble pour la 1ère fois.
Oui, moi aussi, comme toi Dan je constate des rassemblements ces jours-ci. Les vulcains sont-ils sociables et ont-ils tendance à se réunir entre eux ou alors ces regroupements n’existent-ils qu’à la faveur de l’abondance de nourriture à certains endroits ?
Les papillons alcoolo, maintenant !
Vraiment, ma bonne dame, tout fout le camp !!!
Je me souviens avoir lu que les chevreuils pouvaient également être saouls lorsqu’au printemps les jeunes pousses gorgées d’eau (et de sucre ?) dont ils se régalent fermentaient dans leur panse. Vous confirmez ?
Oui effectivement, j’ai déjà vu derrière chez moi un chevreuil complètement saoûl au mois d’avril. C’est un phénomène assez connu, ça se passe lorsque le chevreuil a consommé des jeunes pousses tendres de hêtres et que celles-ci fermentent dans l’estomac.
Dis Butterfly, t’es passée où ?
Hé hé!!
Je suis là ( pas mal de changements ces derniers temps, je viens de déménager donc ceci explique cela…un peu perdu dans le re-branchement de mon ordi )
Etrange ce dessin des ailes… C’est censé représenter un gros oeil de chouette ? de tigre du Bengale ?
Content d’apprendre que, contrairement à ce que peuvent dire les scientifiques, les papillons n’hibernent pas, finalement c’est juste une histoire d’ordi débranché !
papillon migrateur, papillon alcoolo, chenille « fakir » s’enroulant dans une feuille d’ortie… Y’a pas à dire, le monde n’est jamais décevant… Il n’a en tout cas pas fini de nous surprendre !
Je mets ce commentaire tardivement, 15 jours après la mise en ligne de mon article. Nous sommes le 2 novembre et il a gelé pour la première fois de l’automne (-2°C). Pourtant, ce matin, à 11H30, un vulcain volait. Impressionnant de résistance ces bestioles !
Tiens, je ne savais pas que le vulcain est appelé « amiral » en anglais (et en allemand aussi d’ailleurs) :
http://www.looduskalender.ee/en/node/17233
Son nom latin est Vanessa atalanta.
Atalanta et non atlanta.
Manquerait plus qu’en plus d’être amiral, il soit aussi atlantiste ! :angry: