Je retourne à mes tomates

La prochaine fois, je m’abstiendrai de tout pronostic. Même si cela me vaut de boire quelques bières avec les amis. Il y a tellement d’autres occasions pour cela.

Je n’imaginais pas un tel score aussi élevé pour Sarko et je pensais que Ségolène Royal se rapprocherait un peu plus des 30%. Elle a mené le PS à son niveau le plus élevé depuis vingt ans et a réussi à atteindre le score de François Mitterand en 1981. Belle performance qu’aucun éléphant n’aurait pu réaliser.

Mais soyons réalistes, le PC et les Verts ne pèsent quasiment plus rien et le total des voix de gauche est très faible. La France est un pays très à droite, cela ne fait pas de doute. Une grande partie de la droite s’est lepénisée. En un sens, les idées que défend le FN ont gagné et Sarko doit cette première victoire au fait d’avoir joué sur le même registre que Le Pen. On le pressentait déjà, les idées extrémistes se sont infiltrées de manière insidieuse dans toutes les couches de notre société, Sarko n’a fait que surfer avec habileté sur cette lame de fond.

Ce premier tour a été, d’une certaine manière, une victoire des instituts de sondage. Si l’on retient la marge d’erreur de trois points (pour les grands candidats) qu’il convient d’appliquer aux chiffres publiés, force est de reconnaître que les sondages des derniers jours étaient relativement proches des résultats sortis des urnes.

Pour le deuxième tour, la dynamique Sarko va forcément se poursuivre. Le « Tout Sauf Sarko » des partis les plus à gauche n’est pas un bon plan, il va diaboliser un peu plus le candidat de l’UMP et incontestablement lui ramener quelques voix supplémentaires. Les trois sondages de ce matin le donnent déjà nettement vainqueur et une moyenne de 88% d’électeurs sont déjà certains de leur choix. Tout semble donc maintenant « plié », même s’il ne faut pas sous-estimer les qualités de Ségolène Royal, et notamment ses capacités à rassembler, bien supérieures à celles de Sarko.

Les articles politiques que j’ai écrits étaient une parenthèse sur ce blog. Je vais retourner à des choses plus sereines : à mes tomates, à mes blaireaux et aux chansons de Brassens. Dès que mes problèmes de connection seront résolus (enfin ceux de l’ordi, mes quelques neuronnes tiennent encore le coup), mes articles reprendront, sur des thèmes problablement proches de ceux d’avant les élections : jardinage, nature, musique et un peu d’actualité.

8 réflexions au sujet de “Je retourne à mes tomates”

  1. C’est sûr que ça manquait un peu les articles sur les animaux, le jardinage, la musique (où sont passés par exemple Dylan et Brassens ?), ne serait-ce que pour conserver l’équilibre établi depuis le début de ce blog… mais de là à en finir avec la politique (qui n’aurait été qu’une parenthèse), je trouve sincèrement, Bernard, que ce serait bien dommage… car une façon implicite de cautionner la réduction de celle-ci à la simple délégation de pouvoir (ou mascarade électorale).

  2. Quelques précisions sur les derniers sondages publiés juste avant l’élection. Cinq instituts de sondage sur six ont donné le bon ordre d’arrivée. Tous avaient donné Sarko avec plusieurs points d’avance sur Royal (mais un peu en deça de 30%), presque tous avaient placé Ségolène Royal autour de 25%, Bayrou entre 16 et 20% et cinq instituts sur six avaient placé Le Pen en-dessous de 14%.

    Voici les derniers chiffres publiés vendredi et donnant les intentions de vote pour, respectivement, Sarko, Royal, Bayrou et Le Pen :
    SOFRES : 28 – 24 – 19,5 – 14
    BVA : 29 – 26 – 17 -12,5
    IPSOS : 30 – 23,5 – 17 – 13
    CSA : 26,5 – 25,5 – 16 -16,5
    IFOP : 28-22,5 – 20 – 13
    LH2 : 27 -23 – 19 -14

    Compte-tenu de la marge d’erreur de trois points liée aux méthodes employées, c’est pas mal non ?

  3. C’est effrayant, quelque part, ce qu’on est prévisibles, calculables, arraisonnables… et ce que la création des instituts de sondages statistiques a modifié dans la pratique politique en démocratie !!!

  4. « […] C’est ce qu’Hannah Arendt avait compris lorsqu’elle soulignait que le goût du débat renvoie en dernier ressort à une certaine conception du bonheur. « La véritable idée que Jefferson se faisait du bonheur apparaît très clairement […] quand il se laisse aller à une ironie joyeuse et souveraine, concluant comme suit une de ses lettres à John Adams : « Puissions-nous y [dans l’autre monde] retrouver, en séance, nos Anciens Collègues et recevoir d’eux le sceau d’approbation, « très bien, bons et fidèles serviteurs ». » Ici, derrière l’ironie, nous trouvons l’aveu candide que la vie au Congrès, la joie de discourir, de légiférer, d’expédier des affaires, de persuader et d’être persuadé étaient pour Jefferson un avant-goût de la béatitude éternelle à venir, d’une manière tout aussi concluante que les délices de la contemplation l’avaient été pour la piété médiévale. » […] La citoyenneté, ce n’est pas seulement un système de droits et de devoirs réciproques, ni une manière de partager le pouvoir équitablement. C’est d’abord un certain bonheur d’être ensemble dans une relation d’adversité fraternelle, de convivialité polémique, de pédagogie mutuelle. Et c’est aussi reconnaître que ce « bonheur public » de délibérer, militer, réfléchir et décider ensemble, l’emporte infiniment sur toutes les autres satisfactions, notamment toutes celles que la société de consommation nous propose et qu’elle tente de faire passer pour le bonheur. »

    (François Galichet, La philosophie à l’école, Milan, 2007)

  5. Une certaine amertume pointe dans cet article, et je la partage : je n’ai même plus envie de faire valoir mes droits ! (une bière pariée, pour mémoire, et seulement dans le sens premier de ce mot : une boisson, personne n’aura ma peau aussi aisément !)

    C’est avec plaisir que je découvre l’intitulé de ce nouvel article, malgré l’inconfort de notre « free-blogueur » ! Perfidie facile et qui n’aura bientôt plus aucun fondement : les restes moribonds du service public iront au dépotoir… et personne ne sait encore ce qui en ressortira.
    A l’amertume devant ce tournant politique pour le pays, à celle que je ne saurais rajouter (ma bière bordel !), je souscris à la double proposition de Bernard : les carottes sont cuites, vivent les tomates ! Mort à l’amertume et place à l’acidité !

    A cette fin, quatre variétés émergent de mes petits pots : la Marmande (une classique), la Rose de Berne, la Noire de Crimée et l’ananas.
    Je ne connais pas grand chose à cette culture mais j’ai besoin de celle des blogueurs de ce site : mes plantules ne progressent que très lentement… est-ce normal ?
    Les deux variétés du milieu de ma série sont-elles exploitables en sauce aussi bien qu’en salade ? L’ananas est-elle effectivement une bonne alternative à la tomate cerise ?

    Je me suis déjà fait avoir à l’issue d’une récente alternative politique… je compte donc sur votre franchise !
    Pour toutes vos délicieuses contributions, je suis prêt à donner des plants (j’espère qu’ils le deviendront), car je n’aurai pas la place pour toute ma production.

    Vous l’aurez compris, je me prépare activement au prochain événement politique majeur de cette année : la soirée tomate !
    Je ne sais pas encore si je pourrai y être, mais l’intention compte beaucoup et à défaut de consommer une bibine aux frais de mon hôte, je lui offrirai de la Noire de Crimée… toute une histoire !

    Et n’oubliez pas, comme le dit Pierre Rabhi : cultiver un jardin est un acte de résistance. C’est surtout à cette idée que je me rallie, la petite mousse… n’est qu’une cerise sur le gâteau !

  6. Comme quoi tout devient relatif… La marge d’erreur en 2007 sur les résultats de sondage de Lepen a été aussi forte voire plus forte que celle de 2002; pourtant l’interprétation a été totalement différente avec une mise au pilori immédiate des sondages (je ne travaille toujours pas chez Ipsos).
    Les pronostics d’un résultat ne sont pas une vision ou une intelligence d’un monde, c’est une photo avec de belles choses et des choses plus moches. Et tout est à prendre… même si ce n’est pas plaisant.
    Ce qui me surprend, c’est que la France dépeinte comme si frileuse, si protectionniste, si arcboutée sur son social et si irréformable puisse voter aussi massivement à droite… Peut être que cette France là se fait plus entendre même si elle n’est pas si représentative de l’ensemble de ses citoyens.

  7. Christophe introduit des noires de Crimée chez lui, qui sont probablement sans-papiers, et s’étonne ensuite du vote Le Pen et Sarko !

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