Ce type-là n’est-il pas fou ?

Trois phrases extraites du discours de Sarko hier :

« Mai 1968 nous avait imposé le relativisme intellectuel et moral. Les héritiers de mai 1968 avaient imposé l’idée que tout se valait, qu’il n’y avait donc désormais aucune différence entre le bien et le mal, le vrai et le faux, le beau et le laid. Ils avaient cherché à faire croire qu’il ne pouvait exister aucune hiérarchie des valeurs. D’ailleurs, il n’y avait plus de valeurs, plus de hiérarchie. Il n’y avait plus rien du tout ! ».

« L’héritage de mai 1968 a introduit le cynisme dans la société et dans la politique. Voyez comment le culte de l’argent roi, du profit à court terme, de la spéculation, comment les dérives du capitalisme financier ont été portées par les valeurs de mai 1968 ».

« Voyez comment la contestation de tous les repères éthiques a contribué à affaiblir la morale du capitalisme, comment elle a préparé le terrain au capitalisme sans scrupule des parachutes en or, des retraites chapeaux, des patrons voyous ».

Dire en public que mai 68 a engendré la dérive boursière et les golden parachutes, il fallait oser le faire !

Honnêtement, je me demande si ce type n’est pas fou.

21 réflexions au sujet de “Ce type-là n’est-il pas fou ?”

  1. Je me demande si au contraire ce n’est pas intelligent : détournement, récupération, une bonne façon de scier la branche sur laquelle la gauche « classique » n’est d’ailleurs plus guère assise…
    Comment se fait-il que le PS n’affirme pas fortement ce qu’est l’intérêt du service public, la véritable expression nationale de la solidarité ?
    Sûrement parce qu’elle aussi ne sait plus très bien trouver une hiérarchie aux valeurs.

    C’est finalement ça qui me fait peur, en plus de la démesure de ce personnage mégalomaniaque : le fait que près de la moitié des français s’apprêtent de toute façon à voter pour lui, et surtout qu’aucun projet fort ne puisse lui être opposé.
    Je crains que sans l’affirmation très forte de ces valeurs lors du débat de mercredi, l’avènement de Sarko ne soit inéluctable.

  2. En tout cas, c’est forcément tactique. Adroit ou pas ? je dois dire que je n’en sais rien. Ça me paraît extrêmement osé et provocant.
    Osé, au point que Bernard y voit de la folie. C’est vrai que les raccourcis faits pour la démonstration sont très tirés par les cheveux.
    Provocant pour toute une gauche qui a vécu 68 comme la libération d’un carcan pesant et à qui on reprocherait, aujourd’hui, d’être responsable des maux contre lesquels elle a toujours lutté.
    Une fois de plus, le discours de Sarkozy me fait peur.
    Que propose-t-il ? Revenir aux valeurs d’avant Mai 68 ? Au règne de l’autoritarisme ?
    Il veut refaire l’Histoire à l’envers ? Curieux projet d’avenir !
    Il tient la gauche pour responsable du marasme actuel. Á l’écouter, ce serait la chienlit, et il faudrait un bon tour de vis pour remettre tout ça en Ordre…

    Alors quand Christophe parle de projet fort à lui opposer, je me demande si je ne préfèrerais pas un projet mesuré, justement. Et tandis que Sarkozy resserre son virage à droite, la gauche peut s’étendre vers le centre.
    J’ai été assez convaincue par une longue interview de Cohn-Bendit dans le Monde du 27 avril :
    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-902701,0.html
    En tout cas, j’ai trouvé assez juste son analyse concernant la radicalité, qui ne peut s’exercer que dans l’opposition, et le consensus, nécessaire pour gouverner.
    Je n’ai pas le sentiment de renier mes idéaux politiques en disant cela. Idéaux radicaux puisque je vote « d’habitude » pour des partis considérés d’extrême gauche et que je milite pour la décroissance.
    Mais ce militantisme, je le garde comme tâche de fond. Discuter avec les personnes que je rencontre pour que, petit à petit, l’idée d’un changement de société devienne quelque chose d’acceptable. On en est loin.
    Et le 6 mai, c’est un chef d’État qu’il faudra élire. Quelqu’un qui aura les moyens de constituer un gouvernement capable de gouverner immédiatement.

    Je ne sais pas si, en tenant un tel discours, Sarkozy élargit son électorat ou le restreint. Je ne sais pas qui, non encore acquis à sa cause, peut penser qu’un retour aux valeurs d’avant Mai 68 peut constituer un projet de société tentant. Je ne sais pas ce qu’en pensent ses alliés parmi les plus modérés (Jean-Louis Borloo, Simone Veil,…).

    Une chose est sûre, c’est que son discours se radicalise fortement, et que si la majorité des français continue à le suivre, j’aurai encore plus mal au ventre le soir du 6 mai.

  3. C’est certes « discutable » (dans le sens : ça peut se discuter) mais ce n’est pas « fou », ça ne sort pas de n’importe où.

    C’est en effet une idée qui est répandue dans le débat public depuis la fin des années 80, date à laquelle notamment Luc Ferry et Alain Renaut ont sorti les retentissants « 68-86, Itinéraires de l’individu » (1987) et « La pensée 68 » (1988).

    Récemment encore, la presse suggérait que le « libertaire » pouvait se confondre avec le « libéral », dans la figure devenue fameuse du « Li-li » (compagnon du »Bo-bo »).

  4. Vincent, c’est quoi l’idée répandue par Luc Ferry et Alain Renaut ? Que mai 68 a engendré le capitalisme sauvage que l’on connaît aujourd’hui ?
    Et ce capitalisme débridé qui sévit sur toute la planète, c’est dû aussi à mai 68 ? Effectivement, le raccourci est saisissant !

  5. Le sous-titre de « La pensée 68 » (paru semble-t-il en 85 et non en 88 comme je l’ai mentionné plus haut) est « Essai sur l’anti-humanisme contemporain », cela donne déjà une petite idée de la thèse développée.

    Dans ce livre (véritable « pavé dans la mare » en son temps), les deux auteurs (ouvertement Kantiens, donc défenseurs des Lumières contre les attaques qu’elles ont subies notamment suite au traumatisme de la Seconde Guerre mondiale) s’en sont violemment pris avant tout aux pensées – issues de Nietzsche, Heidegger, Marx et Freud – qui ont occupé le devant de la scène et inspiré (du moins en partie) le mouvement de 68 : Foucault, Derrida, Bourdieu, Lacan, Althusser, Deleuze.

    En déclarant la « mort de l’homme », en faisant valoir l’individu libre au détriment du sujet de droit, en récusant toute norme ou tout pouvoir comme essentiellement liberticides, etc… la « pensée 68 » aurait selon eux exacerbé un « individualisme » (militant puis narcissique et apathique) dont les effets secondaires gangrèneraient aujourd’hui le corps social.

    Je trouve, pour ma part, le débat que cela déclenche passionnant… et surtout stimulant et fécond. Mais je suis prêt à admettre que ça hérisse les poils de certains… qui préfèrent ne pas en entendre parler (notamment ici).

  6. « …On peut reprocher aux auteurs [Luc Ferry et Alain Renaut] de vouloir étouffer la spontanéité individuelle sous le maintien de l’ordre, on peut critiquer l’univocité de leur propre point de vue, qui amalgame des pensées très différentes et sanctifie l’humanisme des Lumières, mais le mérite de ce livre iconoclaste [La pensée 68] est d’avoir, par exemple, implicitement prévu des phénomènes aussi inattendus que la métamorphose ultralibérale de certains disciples de Foucault. Après tout, l’enfer est pavé de bonnes intentions. »

    (Raphaël Enthoven, magazine Lire, novembre 2005)

  7. « L’idée que le capitalisme moderne représente non pas le trahison, mais, au contraire, l’accomplissement des idéaux de Mai 68, soulève la plupart du temps une indignation bien compréhensible en raison de l’ampleur du travail intellecuel et psychologique qu’elle suppose pour être seulement envisagée.
    D’une part, en effet, elle oblige à désacraliser ce qui est devenu un des mythes fondateurs de la modernité politique et, de l’autre, elle contredit la tendance naturelle des hommes à idéaliser les refus de leur jeunesse.

    […] Comment le refus « libertaire » de l’ordre capitaliste (car la plupart des contstataires du temps se vivaient sincèrement, dans leur représentation aliénée des choses, comme des ennemis irréductibles de cet ordre), a-t-il pu, sans solution de continuité apparente, se transformer aussi facilement, et de façon aussi massive, en approbation libérale de tous les exploits de la modernité ? En s’autorisant les simplifications nécessaires, on peut probablement expliquer ce qui s’est passé par deux facteurs principaux.

    Le premier, d’ordre intellectuel, est évidemment la vieille croyance, encore très largement répandue parmi les insurgés de Mai, au mythe d’un « sens de l’Histoire » et au rôle inexorablement positif de tout progrès scientifique et technique. […]

    Le second facteur, en revanche, est d’ordre moral. […] Le refus de se soumettre à une autorité tenue pour injuste, peut couvrir, en effet, deux attitudes bien distinctes. Dans un cas, il trouve sa raison d’être dans ce qu’Orwell appelait une « colère généreuse ». Le ressort de l’insoumission et de la désobéissance est alors la common decency. Cela signifie qu’on se révolte soit parce qu’il s’agit de protéger l’humanité dans sa propre personne, soit par solidarité avec des êtres dont on ne supporte pas qu’un pouvoir quelconque les brutalise, les humilie, les exploite ou les opprime ; solidarité qui tend donc en premier lieu, à s’exercer en faveur de la cohorte immense des petites gens, des humbles et des faibles. Mais le refus d’obéir peut, à l’opposé, trouver sa source psychologique dans le ressentiment, c’est-à-dire dans le désir, pétri de haine et d’envie, de se venger des humiliations subies (réelles ou fantasmées), en exerçant le pouvoir à son tour et pour son propre compte.

    […] Quand donc un individu revendique, haut et fort, sa liberté et son droit à s’accomplir comme il l’entend, nous ne savons toujours pas ce que signifie sa révolte ni à quel type d’homme nous avons vraiment affaire. Peut-être, pour reprendre la distinction de Thoreau, n’est-il un si mauvais sujet que parce qu’il est un bon voisin et un ami du peuple. […] Mais peut-être que ce qu’il refuse si ostensiblement, sous son invocation perpétuelle de la liberté, c’est l’existence de tout pouvoir qu’il n’exercerait pas lui-même et en personne. Auquel cas, sa rébellion constitue évidemment une imposture et n’est que le masque philosophique de la volonté de puissance et des passions tristes. »

    (Jean-Claude Michéa, L’enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes, Micro-climats, 1999)

  8. Une petite info, tout d’abord, glanée lors du concert de soutien à Ségolène Royal, cet après-midi, place de la Révolution de Besançon (où il n’y avait à tout casser pas plus de 100/200 personnes) : Micropolis a déjà été réservé dimanche soir par… l’UMP (qui ne semble donc pas douter du résultat).

    Une (vraie) question, enfin : Comment expliquez-vous que près (ou plus) de la moitié des électeurs de ce pays est prête à voter pour un candidat ami des patrons, à l’égo surdimensionné, qui veut les remettre « plus vite que ça » au boulot, qui fanfaronne, stigmatise, exacerbe, etc. etc. ?

    Ils sont forcément bêtes, ignorants, manipulés, désespérés, angoissés, séniles,… bref ne savent pas ce qu’ils font… ou il peut y avoir d’autres explications ?

  9. Je pense que Nicolas Sarkozy a cherché l’inspiration chez les néocons américains.

  10. La question de Vincent sur les intentions de vote des français ma paraît vraiment intéressante. Cela fait un moment que je me la pose.
    Je pense que la mise en avant de l’autorité en effraye certains… mais en rassure d’autres.
    Nous vivons une période de crise, dont nous ne voyons pas encore l’issue. Une partie de la population pense (ou sent – c’est plus ou moins conscient) qu’un retour à un ordre plus strict est nécessaire pour en sortir.
    Ils se cherchent un Papa, quoi. Qui leur dira à leur place ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire (puisque eux-même ne savent plus).
    Et un Papa, on veut bien qu’il soit l’ami des patrons, qu’il fanfaronne, qu’il ait un ego surdimensionné…

    D’où la querelle autour de Mai 68.
    Qui, posée dans les termes de Jean-Claude Michéa peut donner lieu à une discussion intéressante, mais assenée par Sarkozy par des phrases assassines ne peut qu’exacerber des clivages.
    Quid de l’autorité dans l’éducation ?
    Quid de l’autorité dans la société en général ?

  11. Franchement, quels ont été les véritables héritages de mai 68 est un débat intéressant (qui me dépasse largement mais je dois être trop jeune) mais ce n’est pas ce que peut défendre aujourd’hui Cohn-Bendit qui va être moteur d’un libéralisme effréné, pas plus qu’il peut accusé la gauche d’avoir favoriser les dérives du grand patronat (On se souvient il y a peu que Mme Parisot trouvait tout à fait juste ces « golden parachutes » car c’est un métier stressant). Car c’est bien en réponse à la prise de parole de D. Cohn-Bendit lors des meetings de Ségolène Royal qu’arrive ce traitement de Mai 68 et franchement quel rapport avec la présidentielle 2007 ? Si ce n’est chercher à convaincre non des gens qui ont eu un recul particulier par rapport aux évènements mais des gens qui ont eu un positionnement réactionnaire devant les évènements eux même.

    Sans doute que la compréhension de ce qui à pu motiver l’individualisme est primordiale mais d’une part je ne comprends pas vraiment pourquoi un évènement local aurait put générer un phénomène fondamentalement mondial et comment si le capitalisme avait du basculer dans cette dérive depuis la France, pourquoi les Etats Unis en seraient resté le chef de file ?
    Pourquoi parle-t-on de golden parachutes plutôt que de parachutes dorés? Sur le même modèle, si l’on observe la dérive qui existe dans les echelles de salaires des PDG de multinationales, le phénomène est apparu aux Etats-Unis avant d’exister en France, où bien que paraissant (et étant) tout à fait démesuré, il est encore très réduit en comparaison à nos amis d’outre-atlantique.

    Non, je comprends (en fait non je comprends rien mais j’accepte) que l’on puisse remettre en question mai 68 (que j’ai pas connu) mais vraiment pas que l’on puisse lui attribuer la responsabilité du fonctionnement de la finance et des attitudes des dirigeants privés dans le monde entier.

    La réponse à ta question Vincent me semble allé dans ce sens même si elle était là pour modérer un anti-américanisme mal situé.

    Pour le petit concert organisé place de la révolution auquel je suis également allé, je trouve que c’était pas mal 200 personnes (même si je pense qu’il y en avait plus pour « les doliprans » à la fin) si l’on considère l’absence de publicité. Le second groupe était à mon gout plutôt ennuyeux et a mis un temps fou pour faire ses réglages, ça n’a pas aidé.

    Le discours de Bercy de N. Sarkozy, je l’ai trouvé tout à fait déplacé bien avant qu’il n’en arrive à ce passage. Dès le départ, il se lance dans une grande description du sentiment qu’il a éprouvé lorsqu’il s’est senti investi de sa mission pour la France (ça sonne mal, n’est ce pas!). C’est déjà tout à fait ridicule mais osez faire cela alors qu’il lit un discours qui n’est pas écrit de sa main je trouve que c’est vraiment trop…

    S’en suit le discours qui montre bien que tout les gens de gauche sont des salauds, des menteurs, et des incapables, qu’ils vont que dans les écoles privées, prennent pas le bus (sans doute exprès pour polluer), qu’ils vivent à Neuilly ou dans le 16eme (où Sarkozy fait 80%) … En faut-il vraiment plus pour être fou ?

  12. Je m’étais posé la même question, qu’est ce qui motive aujourd’hui l’électorat de Sarkozy sur un autre blog où mon message n’avait pas été publié. Je vais essayer de largement l’alléger pour qu’il passe mieux.

    Une partie du message était le suivant :

    « Il me semble que devant les difficultés de la France à s’affirmer sur le plan économique et la prise de conscience des risques environnementaux, l’idée qu’il va falloir « se sacrifier pour faire avancer les choses » pousse parfois vers le candidats que l’UMP qui propose de nombreux sacrifices sociaux, en remettant en question des acquis fondamentaux. Mais c’est un sacrifice encore plus vain qu’il n’est courageux car sur le plan économique, la finance est devenue l’ennemie du développement (je vous invite à regarder les documentaires proposés par Denis Robert sur l’affaire Clearstream si vous n’en avez pas encore eu l’occasion). »

    Très peu sans doute sont près à accepter que le seul changement radical qui pourrait les sauver soit de leur interdire de sortir leur voiture …

  13. La victoire ne peut désormais plus échapper à un communicant de cette trempe !!!
    Sarkozy va gagner, avec un ou deux points d’avance, mais il a déjà gagné parce qu’il a tout osé, tout abordé, tout brouillé, tout récupéré… tout en gardant le cap du libéralisme pur et dur.
    Il va « remettre la France au travail ».
    Il va « remettre les pendules à l’heure ».
    Il va « remettre Chirac à sa vraie place »…
    Sarkozy est un révolutionnaire « tendance MEDEF », c’est bien connu !!!

  14. « Remettre les pendules à… leur place », comme dit son pote Johnny !

  15. Où est passée la campagne électorale ?

    « On s’interrogera sans doute longtemps, dans l’avenir, pour comprendre pourquoi la campagne du second tour de l’élection présidentielle française de 2007 n’eut pas lieu, mis à part le débat télévisé entre les deux finalistes, lui-même étrangement situé jusqu’à l’ultime moment possible avant le second tour.

    De fait, à aucun instant, depuis que le premier tour s’est achevé, on a entendu débattre les deux candidats sur aucune dimension de leur programme ni de celui de leur adversaire. Aucun d’eux n’a expliqué en détail le mal qu’il fallait penser ce que l’autre allait faire de la défense du pays, de sa politique étrangère, de ses initiatives européennes, ou de tout autre sujet dont l’élu aura à traiter dans moins de deux semaines. Aucun n’a expliqué clairement en quoi son projet de société était clairement, frontalement, différent de celui de l’autre prétendant. Aucun n’a même essayé de démontrer comment la France pourrait devenir en quoi que ce soit différente de ce qu’elle est aujourd’hui, s’il, ou elle, était l’élu(e) des Français.

    Les seuls débats, disputes, commentaires, ont porté sur la meilleure façon d’attirer vers l’un ou l’autre les voix du centre, ou plutôt du centre-droit. Non pas en faisant amende honorable sur tel ou tel point de leur programme, pour reconnaitre que celui proposé au premier tour par François Bayrou était après tout meilleur, mais en expliquant avec force que ce candidat, brusquement paré de toutes les vertus, serait de loin le meilleur homme possible pour occuper toutes les positions les plus enviées de la République, jusqu’au poste de premier ministre. Quelques jours de campagne en plus, et on aurait sans doute vu l’un ou l’autre des deux candidats, emporté par son élan, proposer à l’homme du centre-droit, pour mieux l’attirer dans ses filets, de lui céder sa place à l’Elysée !

    Pourquoi tant de vide ? Comment a-t-on pu gaspiller ainsi les quinze jours les plus importants de la vie politique française, qui ne reviennent que tous les cinq ans ? Sans doute parce que les Français ont bien compris que tout cela n’a aucune importance, qu’il ne s’agit pas de choisir une ambition, ni même un projet, même pas un programme, mais juste de choisir une personnalité. Et ils se sont résignés à admettre que, faute d’autre méthodes de choix, celle qui consiste à évaluer la capacité à tout vendre pour obtenir un poste, même ce à quoi on est supposé tenir le plus, est un critère comme un autre pour juger d’un caractère. »

    j@attali.com

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