La couleuvre et la mésange

Petite scène très rapide avant hier sur un petit muret devant ma fenêtre : une couleuvre à collier de taille très modeste (une cinquantaine de centimètres) a tenté d’attraper une mésange charbonnière qui passait à sa portée. La détente de la couleuvre était prodigieuse mais le coup a raté. C’est la première fois que j’observais une telle scène.

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15 réflexions au sujet de “La couleuvre et la mésange”

  1. Pour moi aussi, ma couleuvre a une détente prodigieuse lorsqu’il s’ agit d’ « attraper » une « mésange » ou une galinette …

  2. Scène extraordinaire effectivement ! super scène !

    L’autre jour, en marchant le long du doubs lors d’une sortie photo, j’ai failli marcher sur un serpent (je ne sais si c’était une vipère ou une couleuvre) que j’ai pris pour un vulgaire bout de tuyau au milieu des herbes…… mais ça m’a filé une frousse !!!!!!!!! lol
    Maintenant je regarde partout où je marche pour ne pas risquer de marcher sur un serpent…… traumatisé le garçon !! lol

    Mais au fait, je ne sais jamais…… ce sont les couleuvres ou les vipères qui sont dangereuses et venimeuses ???

  3. Je ne sais pas d’où vient la répulsion qu’ont beaucoup de gens pour les reptiles. Je le constate régulièrement. Je me souviens avoir fait manipuler une jeune couleuvre à collier à vingt enfants d’un groupe que j’encadrais, aucun n’a eu peur, tous l’ont fait très facilement. Est-ce que ça veut dire que l’aversion pour les reptiles vient avec l’âge adulte ?

  4. Sans son « collier » elle l’aurait sûrement attrapée la mésange.
    Le fil était juste un peu trop court, nan ?

  5. LA COULEUVRE
    De quel ventre est-elle tombée, cette colique ?

    (Jules Renard, Histoires naturelles)

  6. Un Homme vit une Couleuvre.
    Ah ! méchante, dit-il, je m’en vais faire une oeuvre
    Agréable à tout l’univers.
    A ces mots, l’animal pervers
    (C’est le serpent que je veux dire
    Et non l’homme : on pourrait aisément s’y tromper),
    A ces mots, le serpent, se laissant attraper,
    Est pris, mis en un sac ; et, ce qui fut le pire,
    On résolut sa mort, fût-il coupable ou non.
    Afin de le payer toutefois de raison,
    L’autre lui fit cette harangue :
    Symbole des ingrats, être bon aux méchants,
    C’est être sot, meurs donc : ta colère et tes dents
    Ne me nuiront jamais. Le Serpent, en sa langue,
    Reprit du mieux qu’il put : S’il fallait condamner
    Tous les ingrats qui sont au monde,
    A qui pourrait-on pardonner ?
    Toi-même tu te fais ton procès. Je me fonde
    Sur tes propres leçons ; jette les yeux sur toi.
    Mes jours sont en tes mains, tranche-les : ta justice,
    C’est ton utilité, ton plaisir, ton caprice ;
    Selon ces lois, condamne-moi ;
    Mais trouve bon qu’avec franchise
    En mourant au moins je te dise
    Que le symbole des ingrats
    Ce n’est point le serpent, c’est l’homme. Ces paroles
    Firent arrêter l’autre ; il recula d’un pas.
    Enfin il repartit : Tes raisons sont frivoles :
    Je pourrais décider, car ce droit m’appartient ;
    Mais rapportons-nous-en. – Soit fait, dit le reptile.
    Une Vache était là, l’on l’appelle, elle vient ;
    Le cas est proposé ; c’était chose facile :
    Fallait-il pour cela, dit-elle, m’appeler ?
    La Couleuvre a raison ; pourquoi dissimuler ?
    Je nourris celui-ci depuis longues années ;
    Il n’a sans mes bienfaits passé nulles journées ;
    Tout n’est que pour lui seul ; mon lait et mes enfants
    Le font à la maison revenir les mains pleines ;
    Même j’ai rétabli sa santé, que les ans
    Avaient altérée, et mes peines
    Ont pour but son plaisir ainsi que son besoin.
    Enfin me voilà vieille ; il me laisse en un coin
    Sans herbe ; s’il voulait encor me laisser paître !
    Mais je suis attachée ; et si j’eusse eu pour maître
    Un serpent, eût-il su jamais pousser si loin
    L’homme, tout étonné d’une telle sentence,
    Dit au Serpent : Faut-il croire ce qu’elle dit ?
    C’est une radoteuse ; elle a perdu l’esprit.
    Croyons ce Boeuf. – Croyons, dit la rampante bête.
    Ainsi dit, ainsi fait. Le Boeuf vient à pas lents.
    Quand il eut ruminé tout le cas en sa tête,
    Il dit que du labeur des ans
    Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants,
    Parcourant sans cesser ce long cercle de peines
    Qui, revenant sur soi, ramenait dans nos plaines
    Ce que Cérès nous donne, et vend aux animaux ;
    Que cette suite de travaux
    Pour récompense avait, de tous tant que nous sommes,
    Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux,
    On croyait l’honorer chaque fois que les hommes
    Achetaient de son sang l’indulgence des Dieux.
    Ainsi parla le Boeuf. L’Homme dit : Faisons taire
    Cet ennuyeux déclamateur ;
    Il cherche de grands mots, et vient ici se faire,
    Au lieu d’arbitre, accusateur.
    Je le récuse aussi. L’arbre étant pris pour juge,
    Ce fut bien pis encore. Il servait de refuge
    Contre le chaud, la pluie, et la fureur des vents ;
    Pour nous seuls il ornait les jardins et les champs.
    L’ombrage n’était pas le seul bien qu’il sût faire ;
    Il courbait sous les fruits ; cependant pour salaire
    Un rustre l’abattait, c’était là son loyer,
    Quoique pendant tout l’an libéral il nous donne
    Ou des fleurs au Printemps, ou du fruit en Automne ;
    L’ombre l’Eté, l’Hiver les plaisirs du foyer.
    Que ne l’émondait-on, sans prendre la cognée ?
    De son tempérament il eût encor vécu.
    L’Homme trouvant mauvais que l’on l’eût convaincu,
    Voulut à toute force avoir cause gagnée.
    Je suis bien bon, dit-il, d’écouter ces gens-là.
    Du sac et du serpent aussitôt il donna
    Contre les murs, tant qu’il tua la bête.
    On en use ainsi chez les grands.
    La raison les offense ; ils se mettent en tête
    Que tout est né pour eux, quadrupèdes, et gens,
    Et serpents.
    Si quelqu’un desserre les dents,
    C’est un sot. – J’en conviens. Mais que faut-il donc faire ?
    – Parler de loin, ou bien se taire.

    (« L’homme et la couleuvre »Jean de Lafontaine)

  7. Et quand Jacques Lacarrière, l’auteur du roman « écolo-initiatique » Le pays sous l’écorce, tente de nous faire entrer dans le monde des serpents (en l’occurence le Boa), qu’est-ce que ça donne ?

    – Blo… hasgh… opgh… sst… gkrooo… bouh… gh… thichhh… gro… hasgh… ouuuou… chmeuhhhh… criiiii…
    Un long silence. Un inquiétant silence. Puis de nouveau l’épouvantable gargouillis :
    – Ophchhh… ssttt… thiiii… opgh… craahhaa… shouou… hoooff… pleeechch…
    De nouveau le silence. Et puis encore, borborygmant :
    – Graaahh… slissh… chrtektak… fihfigh… glasshhh…

    Non, non, non ! Je ne tirerai rien de Lui. Rien d’autre que ces gargouillements, ces laborieuses flatulences… Ce ne sont pas des mots qu’Il prononce ou profère mais… comment les nommer… des phrases diarrhéiques, syllabes dyspepsiques, discours dysentriques !
    Et, contre Lui, je tends l’oreille une fois encore :
    – Ppouhh… splaaaahh… ychych… ppppouuh… breueueuk…

    Inutile d’insister. Il semble ailleurs, perdu en quelque rêve, une euphorie gastrique dont rien ne saurait Le tirer. Trop occupé par ces coctions, déglutitions, fermentations, succions qui éclatent en son sein. Ce n’est pas un animal, c’est un Ventre. Ce n’est pas un reptile, c’est un Spasme. Ce n’est pas un boa, mais un Boyau repu qui digère, une Répletion qui respire.

    Sinistre monologue au coeur de l’aube pourtant pure ! (…) Il était là (…) et c’est alors que, collant l’oreille conte Lui, je surpris le travail effarant des viscères. il digérait. On discernait d’ailleurs, à travers le ventre distendu, la forme vague de sa proie, quelque ongulé de la steppe voisine. Il digérait – depuis des jours peut-être -, et nul n’aurait pu Le tirer de cette hypnose réplétive, de son abdominale béatitude. Me vit-Il ? Eut-Il conscience d’une présence ex-homonienne à ses côtés ? Je ne crois pas. Son corps, son ventre, ses boyaux l’occupaient tout entier dans l’hypnose alanguie sécrétée par les sucs.

    Il eut un bref tressaillement et reprit de plus belle sa rêverie hypogastrique. Je m’approchai une dernière fois – désespérant de tirer de Lui des sons clairs. Et de nouveau :
    – Ghkliaah… krushsh… slouououh… slohohohu…
    On eût dit, au coeur des entrailles, une rivière en crue dégorgeant d’un égoût.

    Je m’éloignai. Que tirer d’audible, de sensé de ce boa repu ? Je ne saurai jamais ce que peut-être, en d’autres circonstances, Il eût pu me dire ou de me faire. Et, tout déconcerté, je continuai ma route.

    (Jacques Lacarrière, Le pays sous l’écorceSeuil, 1980)


  8. Le serpent
    Eut
    Une colique.
    Vinrent
    Les intestins.

    (Malcolm de Chazal, Sens magique, Leo Scheer éditions, 2004)

  9. Heu… Au risque de passer pour grossier (ou indélicat), les textes sur les couleuvres/serpents de Jules Renard, Jacques Lacarrière et Malcolm de Chazal, ils sont… « à chier » !

    Vous n’avez pas autre chose d’un peu moins scatologique ?


  10. Si je chantais,
    disait la couleuvre,
    on me verrait d’un autre oeil.

    (Eugène Guillevic, Echos, Gallimard, 1991)

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