Dans l’intimité des renardeaux

Il y a quelques semaines, j’avais parlé des blaireaux installés dans une ancienne mine. J’avais ensuite raconté dans un commentaire sur cet article (le 25 avril à 21H45) le peu d’activités des blaireaux le soir de ce premier affût. Et j’avais parlé aussi dans ce commentaire d’un animal que j’avais entendu trotté derrière moi, alors qu’il faisait déjà nuit, j’avais dit qu’il s’agissait probablement d’un renard, vu la légèreté du trot.

Avant-hier soir jeudi, je suis retourné « au blaireau » (c’est le « terme consacré » que j’ai pris l’habitude d’employer). Comme chaque fois, je suis arrivé à 20H20 devant les terriers (les blaireaux sortent souvent autour de 20H45 mais ils peuvent sortir dès 20H30, aussi je m’arrange toujours pour être installé dix minutes avant).

Dès que je suis entré en lisière de forêt, j’ai regardé, tout en marchant très doucement et sans bruit, le premier terrier devant moi. J’ai vu un petit renardeau qui est alors rentré précipitamment dans la gueule du terrier. Dix secondes plus tard, j’étais installé debout et immobile contre le tronc d’un gros arbre. J’étais à peine installé qu’un petit renardeau est ressorti d’une autre entrée du terrier, suivi d’un deuxième, d’un troisième, … Il en sortait un toutes les trente secondes. Et pour finir, six petits renardeaux étaient là, à tout juste vingt mètres de moi. Pendant une demie-heure, ils se sont amusés, se mordillant, montant les uns sur les autres, se courant les uns après les autres, faisant des roulades … J’ai remarqué qu’ils jouaient presque toujours deux par deux.

Mon coeur battait à 200 à l’heure. L’un des renardeaux est venu à environ cinq mètres de moi. Il aurait pu venir encore un peu plus près. Mais un adulte est arrivé. Probablement la femelle car elle avait une tête plutôt fine. Son pelage, entrevu dans la pénombre de la forêt, m’a semblé plus sombre que la moyenne. Elle n’avait rien dans la gueule, ne semblait ramener aucune nourriture. Elle n’est pas allée directement au terrier, mais est venue dans ma direction. Le renardeau qui était venu près de moi s’est aussitôt précipité vers elle. Arrivée à dix mètres environ, juste à l’endroit où j’étais passé une demie-heure plus tôt, la renarde a perçu mon odeur, elle a grogné un coup mais pas très fort. Le renardeau a filé à toute vitesse au terrier mais arrivé devant celui-ci, il s’est arrêté net et s’est mis à jouer avec ses frères et soeurs comme s’il ne s’était rien passé. Plus aucun signe de présence de la renarde qui a dû s’esquiver en douce.

J’ai aussitôt quitté le lieu avec la plus grande discrétion, ne voulant pas continuer à jouer le rôle d’intrus. J’ai regardé ma montre en sortant de la forêt, j’avais vécu exactement une demie-heure de pur bonheur.

Les renards sont bien plus susceptibles que les blaireaux, ceux-ci restant fidèles à leurs terriers même lorsqu’il y a du danger. Le renard peut par contre déménager ses jeunes en cas de dérangement, le blaireau non. Aussi, je ne retournerai devant ce terrier que bien plus tard, lorsque les jeunes renards auront quitté le domicile parental.

Je ne ramène évidemment pas de photos de cette soirée. Voici par contre trois images de Chipie, la renarde que Joëlle et moi avions élevée il y a tout juste douze ans.

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Hou la la, que de souvenirs !

15 réflexions au sujet de “Dans l’intimité des renardeaux”

  1. Waouh ! Trognons les bébés !
    On a envie de leur faire des poutous, gritouillis et autres calineries.
    Dis donc Bernard, tu serais un 2 de tension, toi ? Je ne te voyais pas comme ça !
    Je crois que tu as confondu la vitesse d’une voiture et celle de ton coeur …
    C’est plutôt 200 puldsations par minute que par heure qu’il aurait fallu dire ! MDR
    Tu dis que la maman renarde déménage ses petits en cas de dérangement trop important. C’est bien ce que l’on voit dans le film Le renard et l’enfant. Elle les emporte un par un dans sa gueule.

  2. De grands moments que de voir ces renardeaux qui jouent devant la tanière en toute quiétude sans encore aucune peur de l’homme , curieux au point de venir jusqu’à toi . En somme cette mère n’était -elle pas chipie pour dire a ses petits  » Attention à cette odeur les enfants , là il s’agit de Dupdup mais tous les hommes n’auront pas ce regard tendre pour vous …  »
    200 pulsations par minute et bien !!!!! Fait gaffe quand même …. La retraite approche alors pas trop d’émotions , il eut suffit qu’une femelle blaireau sorte avec ses petits , et pafff … Voilà notre Dupdup sur les fesses !! :heart: :wink:
    Au fait on donne un nom à la femelle blaireau comme pour le renard la renarde ?

  3. Un des jeunes animaux les plus craquants de la planète avec le bébé phoque.
    Il m’est arrivé plusieurs fois de « tomber » sur le terrier du renard et surtout des jeunes, curieux, et encore bien inconscients du danger que représente notre espèce à leur égard.
    Je me suis donc empressé de les effrayer, histoire qu’ils comprennent à qui ils avaient affaire ! :wink:
    Bernard, ce que tu dis de la femelle revenue la gueule vide, me fait toujours penser à d’autres observations qui remontent au temps où j’étais payé à observer la nature (bon fallais que j’écrive aussi) : au mois de mai, j’ai remarqué que l’on pouvait rencontrer les femelles en plein jour, et que certaines d’entre-elles étaient parfois faméliques. Cela correspond à la période où les jeunes ne sont pas encore sevrés, et lorsqu’il s’agit d’une famille nombreuse, ou que les populations de campagnols s’effondrent après une période de pullulation… dur dur d’être une renarde !
    Et au fait, le mâle… Il nourrit aussi les jeunes ou bien il a des choses plus importantes à faire ?

  4. C’est sûr que le coeur de notre Dupdup préféré ne supporterait pas les 200 pulsations/minute, pas plus que le moteur de sa clio ne supporterait les 200km/h ! LOL

  5. On dit que la femelle du blaireau s’appelle la blairelle. Mais je n’ai jamais entendu dire ce nom. D’autant qu’il faut être très malin pour différencier le mâle de la femelle.

  6. Allez, je vais dévoiler un truc sur Dupdup. Il ne supporterait effectivement pas les 200 pulsations par minute car son coeur et son pouls battent très lentement. A l’hôpital, les infirmiers ou les médecins recommençaient toujours une deuxième mesure, ils croyaient toujours qu’ils s’étaient plantés.
    Il paraît quand même qu’avec les filles, le coeur bat un peu plus vite … :wub:

  7. Ah oui, et il bat à combien ton coeur ?
    50, 53, quand même pas 45 ?
    Alors tu aurais pu faire un grand sportif !
    Il est arrivé un peu la même histoire avec mes fils (ce sont des jumeaux). Ils ont fait des sports-études avec en début de chaque année séance à l’hôpital pour évaluer les VO2 Max.
    La première année, on leur a dit qu’il y avait eu une erreur dans les mesures pour eux. !
    La deuxième année, le résultat a été le même.
    Paraît -il qu’il ont un VO2 Max de champions internationaux !
    Ceci ne m’étonne guère d’ailleurs parce avec la maman qu’ils ont … LOL

  8. Et moi j’aurais pu faire un coureur de fond. Je me rappelle que lorsque j’étais ado, je courais tout le temps. Et j’ai gagné deux compétitions inter-lycées, à savoir le 5 000 et le 10 000 mètres. Mais j’étais jeune. Ce qu’on peut devenir tout de même !

  9. « les blaireaux sortent souvent autour de 20H45 mais ils peuvent sortir dès 20H30, aussi je m’arrange toujours pour être installé dix minutes avant. »

    Comme mon chef , les gars finissent autour de 14h30 mais ils peuvent sortir dès 14h20 , aussi il s’arrange toujours pour être installé devant la sortie dix minutes avant pour ramener les petits futés à la tanière !!!!
    Et hop , demi-tour :face: :biggrin:

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