La dette publique

Intuitivement, j’ai toujours beaucoup aimé Philippe Seguin. Cela pourrait être dur à avouer pour quelqu’un qui, comme moi, revendique son ancrage à gauche (bien que je ne sois pas très fier de cette appartenance en ce moment). Hé bien non, depuis que j’ai vu, il y a longtemps déjà, un très bon débat sur Maastricht entre François Mitterand et Philippe Seguin, je nourris beaucoup d’admiration pour ce dernier. C’était un débat de haute volée, de part et d’autre. Malheureusement, on ne trouve pas ce débat sur le net, ni sur dailymotion, ni sur youtube. Par contre, nul doute que nous trouvons déjà sur ces deux sites des tas de vidéos sur les éloges posthumes (et papati et papata…) que lui font tout aussi bien ses amis que ses ennemis politiques. Mais cela n’a que peu d’intérêt.

Finalement, je n’ai trouvé que très peu de vidéos sur Philippe Seguin. Et il s’agit surtout d’images récentes qui le montrent s’exprimer, en tant que président de la cour des comptes, sur la dette publique. Vaste sujet, mais ô combien intéressant.

Voici deux de ces vidéos. Dans la première, Seguin s’exprime également sur d’autres sujets d’actualité. Le deuxième document est à voir jusqu’au bout. Assurez-vous que vous avez une heure devant vous car cette deuxième vidéo dure 59′ (la minute manquante, c’est pour la minute de silence en ce jour funèbre). Ce deuxième document est assez technique mais il montre l’ampleur du problème des comptes publics, met fin à certaines idées reçues et esquisse des solutions.

Alors, vous avez envie de parler de la dette publique ou on continue à enfouir, collectivement, la tête dans le sable ?

35 réflexions au sujet de “La dette publique”

  1. Je n’ai pas 59 minutes pour l’instant mais je regarderai la vidéo en son temps, la dette publique étant un sujet qui me préoccupe (pas tant pour moi mais pour nos enfants et tous les jeunes de notre pays) et ceci depuis bien plus longtemps que nos médias.

  2. Que Philippe SEGUIN soit unanimement apprécié aussi bien à droite que de la gauche, c’est sans doute le plus bel hommage que l’on puisse lui rendre et la moindre des choses ! Il défendait avec fermeté ses convictions, même s’il n’était pas toujours suivi par les siens! Un grand bonhomme, chapeau bas!

  3. Hier, j’ai entendu sur France Inter une interview ancienne de Philippe Seguin dans laquelle il se présentait comme gaulliste. ça on le savait mais il a dit qu’entre gaullistes de droite et gaulliste de gauche il avait choisi la droite car c’est là que statistiquement les gaullistes sont les plus nombreux. Il a raconté d’ailleurs comment il a tout fait ensuite pour éviter la dérive droitière de la droite.

  4. 59 minutes pour une vidéo sur ce sujet, ça peut paraître long mais le discours de Philippe Seguin y est excellent et passionnant au point qu’on ne s’ennuie pas une seule minute.
    Même si son très bon travail réalisé à la cour des comptes était beaucoup trop insuffisamment suivi d’effet, il avait néanmoins le mérite d’être fait.
    Y aura t-il quelqu’un capable de le remplacer ? On peut légitimement en douter.

  5. Ne soyons pas défaitiste de prime abord ! Gardons un peu d’optimisme !

    Ne dit-on pas « que nul n’est irremplaçable en ce bas monde », que son remplaçant ait les mêmes qualités et les mêmes objectifs que Philippe SEGUIN, là est une autre histoire !!, j’en conviens aisément….

  6. Il n’était plus homme politique depuis 2001 si j’ai bien compris … Pourquoi Faut-il donc que ces hommes quittent ce milieu pour dire des choses qui ont un sens ? Qu’ils s’occupent vraiment des vrais sujets de notre société et du petit peuple de France ?

  7. Une phrase de Philippe Seguin il y a quelques mois :
    « J’ai choisi le gaullisme parce que c’était autre chose que la droite. Dès lors que le mouvement gaulliste dérivait inéluctablement vers la droite, je n’avais plus rien à y faire. »

  8. Après avoir visionné ce reportage, je partage des avis déjà donnés : Philippe Seguin parle bien, et avec le souci d’être compris et pertinent, ce qui est devenu le cadet des soucis de trop d’orateurs. Parmi les pires aujourd’hui, il faut bien le reconnaître, se trouvent les principales têtes du gouvernement et du PS. Et à cet égard, Sarkozy, bien qu’il soit pour moi un fieffé manipulateur, s’en tire plutôt bien : on commence à plutôt bien comprendre ses mensonges !
    Mais c’est surtout l’argumentaire de l’exposé de Seguin, extrêmement bien construit… et préparé, qui impressionne. Les chiffres, les clés, les références, les illustrations par l’exemple ou les anecdotes… on est bien loin de la communication telle qu’elle se conçoit aujourd’hui. Et je regrette que la simple rhétorique, à défaut d’une réelle philosophie ou d’une vision, ne constitue pas la base minimale de la communication politique.
    Puissent nos édiles en prendre de la graine !
    A contrario, et malgré mon estime pour cet homme dont on peut difficilement oublier la culture et généralement l’honnêteté, je n’ai jamais vraiment compris son rapprochement avec le sulfureux Charles Pasqua…
    Mais qui va donc prendre la place de Philippe Seguin à la cour des comptes ?

  9. personnellement je ne suis pas la politique (et les partis) aussi bien que vous et ne suis pas aussi impliquée car ne croyant pas à la bonne foi des hommes politiques.
    cependant, si la cour des comptes fait bien les comptes, (et seguin en tant que président) quelqu’un de vous peut-il me dire
    SI et QUI en tient compte? :dizzy:
    remarquez, je ne fais pas de politique : je me renseigne.

    triste mais nous sommes tous mortels …

  10. L’exposé de Philippe Seguin placé en lien par Bernard donne je crois une excellente réponse à ta question, Marie-Jo.
    Ou alors, si tu as visionné ce document, je ne comprends pas ta question.

    Sur la bonne foi des hommes politiques, je comprends ton avis que je partage en partie. Mais le jour où un bon candidat se présente, je crois que seule une connaissance minimale de la situation en cours, des réponses proposées, et surtout des actions réellement menées, permet un positionnement.
    Parce que sur le QUI en tient compte, il y a au moins ceux qui apportent leurs commentaires et leurs analyses sur ce sujet… au-delà de ce blog c’est évident !
    Du discours de Seguin, j’ai justement retenu ses précisions édifiantes, au sujet des comptes publics, sur le contrôle et la responsabilité… deux points essentiels non ?

  11. On peut rire de tout, en France, c’est la liberté.

    On peut aussi avoir un minimum de respect, non ?

  12. :devil:
    Pour répondre Bernard à un de tes commentaires sur un autre article .
    « Tu vois que les smileys ne sont pas compris par tout le monde de la même manière . »
    Le respect , le respect … Ont-ils du respect pour nous ces gens là ?
    Malgré ce jeu de mot , j’ai du respect pour l’homme mais d’aucune manière pour sa politique .
    Le jours où les politiques respecteront la France qui se lève tôt pour nourrir les autres … Et bien !!

  13. Je suis une lectrice de toujours de Charlie Hebdo et je suis d’accord avec toi, Yves.
    Coluche s’interrogeait publiquement sur le fait de savoir où se trouve la vulgarité, la grossièreté, le mauvais goût—-
    C’est une bonne question, non?

    Ceci dit, je ne parle pas là en fonction de la personne de Philippe Seguin au sujet duquel je n’ai pas d’opinion particulière, je l’avoue—, si ce n’est que je lui trouvais plutôt une bonne bouille.
    Paix à son âme.

  14. yves, en ce qui concerne la chèvre, je te rappelle qu’elle est morte bien avant lui, dévorée par le loup « après s’être battue jusqu’au matin », défi qu’elle s’était lancé à elle-même.

    j’adore cette histoire parce qu’elle traduit le courage dont nous devons tous faire preuve : se battre jusqu’à la mort même en sachant que nous perdrons. ce qui ne veut pas dire que nous n’abandonnerons pas en route…

    mon autre personnage fétiche, c’est cyrano. mais ça, c’est une autre histoire.

  15. christophe, que tout un chacun (blogs, réflexions personnelles, etc) en tienne compte, o.k.
    cependant, mon point de vue est plus pragmatique.
    QUI essaie, au niveau supérieur, d’en tenir compte afin d’éviter le gaspillage des deniers publics et l’augmentation de nos impôts, du coût de la vie, des faillites à répétition? qqun a-t-il vu une limitation des avantages exorbitants dont bénéficient nos élus et que dénoncent les journaux de droite comme de gauche ? et ceci n’est qu’un exemple.

  16. La plus grosse économie qu’on puisse faire, Seguin le dit je crois dans la première vidéo, c’est l’argent que l’Etat donne au public (plus de 50 milliards par an), sous forme d’allègements essentiellement. Je crois que le Figaro (que je n’ai jamais lu) avait écrit un très bon article là-dessus il y a quelques années.
    L’un des plus gros scandales qui aient eu lieu, c’est d’avoir privatisé les autoroutes qui étaient extrêmement excédentaires pour l’Etat.

  17. Don’t act Marie-Jo, j’avais compris ce « QUI » de façon générale.
    Une réaction à deux niveaux s’impose tout de même à moi !

    1. Il est effectivement probable (doux euphémisme) que dans le système politique français, il soit devenu impossible à l’esprit brillant, honnête, etc., de faire quoi que ce soit, même s’il est membre de l’UMP, du PS, disposant d’un mandat solide… mais bon, là, faudrait qu’il soit brillant et honnête en étant à la tête de l’UMP ou au PS et c’est invraisemblable !
    Mais le discrédit est sans doute la pire des choses actuellement pour tous ces gens, sui comme le dit Yves, n’ont pas fait grand chose pour ceux qui mouillent le maillot, et qui du coup, s’ils le mouillent, seront au mieux regardés comme des bêtes curieuses. Même chose pour le vulgum pecus qui a pris l’habitude de subir le mépris. Les premiers seront les derniers.

    2. J’en reviens donc quand même à ma réaction initiale : les réponses individuelles, même à faible portée, sont indispensables. Les issues, les réponses, l’espoir sont uniquement là, et ne viennent, pour l’instant, presque que de là (il y a des réactions collectives). Restons donc ouverts, attentifs et vigilants, sous peine de rater le meilleur.

    Dans le cas des maladies psychiatriques (si l’on distingue la tête du corps), certaines victimes présentent un corps sain. Bon d’accord, en général, la somatisation s’ensuit. Mais… si notre tête va mal, raison de plus pour que les cellules soient fortes !
    Une cellule saine d’esprit dans un grand corps malade, c’est un peu dans l’air du temps, et je me fiche des modes sauf quand c’est plus que du toc : relocalisation, humilité, à vot’ bon cœur M’sieur Dames !

    Allez, ce soir globules blancs pour tout le monde.
    Et comme disait Carmet (Jean) dans ses brèves de comptoir :
    – bon d’accord, le vin blanc… les globules blancs…
    – Et puis le vin rouge, les globules rouges…
    – Mais alors les globules rosés ?!
    :blink:

  18. Marie-Jo, ton questionnement est, comme tu le dis, plus pragmatique. Tu dis : « QUI essaie, au niveau supérieur, d’en tenir compte afin d’éviter le gaspillage des deniers publics … ». La réponse est « personne n’essaie ». Philippe Seguin le montre bien, dans la dernière moitié de son exposé. On a hissé, à tous les niveaux des lieux décisionnaires, le principe premier de « l’irresponsabilité ». Il montre bien combien il est quasiment impossible, même et faisant des tas d’erreurs sur l’utilisation de l’argent public, d’être inquiété par sa hiérarchie. Il y a « remise gracieuse » dans 99% des tas. Il y a des maires qui continuent de mener leur commune à la faillite alors que la cour des comptes a prononcé 15 saisines successives. Personne ne peut obliger quiconque. Le système entier est sclérosé. Le constat que dresse Philippe Seguin est terrible. J’ai regardé à nouveau la vidéo (avec Joëlle) ce soir. C’est parfois assez technique mais je pense qu’il faut vraiment prendre le temps de la regarder pour comprendre la complexité du problème et pour comprendre que c’est une réforme complète qu’il faut faire et pas seulement se donner des objectifs chiffrés.
    Concernant ces objectifs chiffrés, Seguin montre bien, en prenant l’exemple des fonctionnaires à la retraite que l’on ne remplace pas, que l’on croit faire des économies substantielles dans pas mal de domaines alors qu’en fait c’est peanuts. Il faut une réforme plus structurelle.

  19. Oui, c’est un commentaire que j’ai oublié de faire : le constat de Seguin dans ce speech est absolument édifiant. Et c’est d’autant plus fort qu’il est soumis à un devoir de réserve… mais n’est-ce pas ce qui rend ce discours encore plus fort ?
    Un peu comme la différence qu’il y aurait entre érotisme et pornographie…

  20. Concernant les abominables politiciens véreux, je me permets quand-même de rappeler que la politique n’est pas une maladie honteuse mais une activité indispensable à laquelle, qu’on le veuille ou non, on ne peut échapper. La politique, c’est la vie de tous les jours, ce qu’on mange, où on vit, ce qui nous nourrit culturellement, etc.
    Le blème est que, comme il est de bon ton, facile et confortable de prononcer le mot politique comme s’il s’agissait de l’ordure suprême, il y a de moins en moins de gens pour s’y intéresser et surtout pour s’y impliquer, l’autoroute est donc grande ouverte pour les salopards de tout poil qui considèrent la politique non comme un outil mais comme une fin en soi et sont là pour leur profit : notoriété, argent, pouvoir etc
    Alors, au lieu de cracher sur la politique, il faut s’y impliquer.
    Je dis ça surtout parce que moi, au bout de 26 ans et en plein écoeurement depuis près de deux ans, je me dis que si tous les gens qui vomissent les politiciens au motif qu’ils sont cracra ce en quoi je ne leur donne pas tort) s’investissaient en politique, ben—-, ça changerait quand-même la face du monde. Et si c’était le cas, je ne serais sans doute pas en train de lâcher prise en de douloureuses convulsions.
    Voilà, je l’ai dit. Je me sens mieux.
    Bonne nuit toulmonde.

  21. Salutaire coup de gueule.
    On fait de la politique comme Monsieur Jourdain faisait de la poésie, en participant simplement à une association par exemple, voire pire ! C’est l’étymologie même du mot.
    En écrivant mon commentaire de 20h28 je rigolais intérieurement à mon délire sur les cellules et les globules en pensant à ce qui peut trotter dans la tête d’un mec qui surveille le net pour le compte d’un quelconque paranoïaque. :ninja:
    Ah rassurez-vous, le temps des cellules a bien changé…

  22. Oui, ben c’est toi qui m’a collé le blues parce qu’au moment du repas, je me suis rendu compte que je n’avais plus une goutte de rouge à la maison!
    Tu imagines, jusqu’à lundi soir! Et encore, si je suis pas bloquée sous la neige!
    Si gouverner c’est prévoir, heureusement que je n’ai jamais été élue! :sad:

  23. Jenofa, avec toute cette neige, je t’avais envoyé un Saint-Bernard au Cointreau… il est allé voir Lhasa !

    Rapporte nom d’un chien !

  24. Pour répondre à Christophe, deux petites citations :

    « Le peu, le très peu que l’on peut faire, il faut le faire quand même »

    de Théodore MONOD

    « Comment peut-on songer à améliorer les relations humaines sur le plan social, sur le plan planétaire, si nous sommes incapables de le faire au niveau interindividuel ? »

    d’Edgar MORIN

  25. Voilà deux belles pointures !
    Le parcours de Monod est impressionnant, tant sur le plan scientifique que dans ses contributions à l’humanisme. J’ai surtout retenu de lui ses pérégrinations dans le désert avec le secret espoir d’y aller un jour, et quelques articles scientifiques qui témoignent de sa très grande culture.
    Et Morin, voilà qui est très fort. Je dois dire que j’ai eu du mal à rentrer dans ses écrits (La nature de la nature m’est un peu tombé des mains), mais ses contributions sont de haute volée et je me souviens surtout d’une émission avec Mermet et de ses positions sur le douloureux sujet Palestine/Israël… tout ça m’avait beaucoup plu.

    D’accord Francisca avec ces deux citations, la seconde étant d’une particulière actualité…

  26. Etonnant le titre de son livre : « La route des Chapieux, la politique et la vie »
    Les Chapieux … (http://farm2.static.flickr.com/1243/577427500_6b8acc1664.jpg)
    Petite commune de Savoie, qui ne comporte que quelques maisons et surtout qui est située au fin fond de la Savoie profonde, en Beaufortin, est accessible en hiver uniquement par la Vallée de la Tarentaise, et encore par quelle route !
    Presque à la frontière italienne, loin de tout, des magasins, d’un hôpital, d’une station d’essence, des écoles, bref, de tout sauf des montagnes !
    Hervé Gaymard est de là-bas, ce qui explique le titre de son livre.

  27. Ne croyez pas que cette commune s’appelle Les Chapieux avec un grand espace entre « Les » et « Chapieux », c’est simplement que j’aurais du mettre un saut de ligne après les trois points de suspension.
    Au sens propre non plus il n’y a pas un grand espace à Les Chapieux.
    C’est coincé entre les montagnes de tous les côtés !

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