Goélands prédateurs

Tiens, un sujet dont on a très peu parlé sur ce blog : la régulation des populations animales (ou végétales).
Je reviens du cap Fréhel. En décimant oeufs et jeunes, les goélands font des ravages dans les nids de guillemots, de pingouins, de fulmars, de mouettes tridactyles …

IMGP5939D’une manière générale, je suis pour le fait de laisser les choses se faire. La nature finit souvent par trouver un équilibre.
Mais il me semble qu’il y a dans l’exemple du goéland deux choses à prendre en considération. D’abord le fait que le goéland est en grande partie responsable de la destruction d’espèces dont les effectifs sont désormais réduits à quasiment rien en France : guillemots, pingouins, fulmars, sternes (dont la très rare sterne de Dougall). Ensuite le fait que ce sont les activités humaines (société qui produit énormément de déchets) qui favorisent le développement rapide des populations de goélands et qu’on peut se poser la question d’une intervention de l’Homme lui-même pour essayer de remédier à la situation.
Cela dit, je reste plutôt partisan du non-interventionnisme. Mais les arguments des uns et des autres méritent d’être développés sur ce blog. Alors, qu’en pensez-vous ?

12 réflexions au sujet de “Goélands prédateurs”

  1. Pour le végétal, on se pose peut-être moins la question. En tout cas, beaucoup de communes interviennent (pas toujours avec succès d’ailleurs) pour tenter d’éradiquer la renouée du Japon.
    Pour en revenir aux goélands, ils ne s’attaquent pas qu’aux autres espèces d’oiseaux …
    Un de mes proches était en séminaire en fin de semaine dernière à La Grande Motte.
    Alors que les participants prenaient le petit déjeuner sur la terrasse de l’hôtel, l’un d’eux s’est absenté quelques instants.
    Un goéland est immédiatement venu s’installer sur sa table et, sans vergogne, s’est servi sans même payer !!!

  2. « … ce sont les activités humaines (société qui produit énormément de déchets) qui favorisent le développement rapide des populations de goélands… »

    Production de déchets ? Certes, mais de quels déchets parles-tu ? :blink:

    Normalement il n’y a plus de décharges en plein air interdites par la loi, les rejets de déchets organiques dans la nature sont prohibés et doivent être recyclés en compost ou incinérés, non? :wassat:

    Mais je n’ai peut-être pas tout compris… (d’autant que je suis un fumeur de moquette… :whistle: )

  3. Oui, tu as raison d’une certaine façon mais dans une ville ou sur une plage, il y a toujours quelque chose pour les goélands à grappiller. Et j’ai vu à deux reprises la semaine dernière des goélands en train d’éventrer des sacs poubelles. Malgré la législation dont tu parles et qui effectivement interdit le rejet de déchets organiques, il y a encore de la place pour les goélands, ne serait-ce que sur les tas de compost des particuliers (ça aussi je l’ai vu la semaine dernière).
    Et puis en bord de mer il y a tous les rejets effectués par les pêcheurs revenant de pêche (espèces de poissons ou de crustacés non consommables ou trop petits notamment), il y avait ainsi jeudi dernier une trentaine de goélands (argentés et marins) se nourrissant de crabes rejetés par les pêcheurs.

  4. Chaque « solution » pensée par les humains amènent de nouveaux problèmes: halte aux solutions!!! La dernière à laquelle je suis prêt à me résoudre, c’est l’extermination de la pire invasive au monde, je vous laisse deviner… :face:

  5. Le problème est qu’on fait bien des campagnes de stérilisation des goélands dans les villes bretonnes …
    http://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/brest-les-oeufs-de-goelands-de-nouveau-sterilises-4157509
    Mais en rien parce que ces oiseaux causes quelques ravages lors de la nidification d’autres espèces . Non , c’est simplement pour limiter les gênes occasionnées en matière de nuisances sonores , de salissures , de dégradation des toitures ( on peut dire la même chose pour l’étourneau sansonnet ?) et d’agressivité dont peuvent être à l’origine les goélands . Pour ce qui est de la dernière , même s’il n’y a qu’un goéland sur un toit , si vous allez tourner autour , il va vite vous faire comprendre que vous n’avez rien à faire-là ( comme peut aussi le faire la buse ?) .C’est toujours pareil , lorsqu’on souhaite se débarrasser d’un animal que l’on catalogue dans la rubrique des nuisibles , on arrive à lui trouver tous les défauts de la terre !!
    Une chose est sûre , heureusement que les goélands sont-là pour nettoyer les plages .
    http://naturepassion.e-monsite.com/pages/balade-du-jour-1/le-28-mars-2016-nevez.html

  6. Yves, est-ce que tu sais s’il y a des régulations des populations de goélands sur des sites sensibles de Bretagne ?

  7. Salut,
    « je suis ni pour ni contre bien au contraire ». A la fin des années 1980 quand j’ai commencé à m’intéresser aux oiseaux j’accompagnais les membres de la sepnb (société pour l’étude et la protection de la nature en Bretagne) sur l’île Trevoc’h à l’embouchure de l’aber Benoît. A cette époque il n’y avait déjà plus beaucoup de sternes sur cet îlot qui 20 ans auparavant (1967) avait accueilli 600 à 800 couples de sterne de Dougall. les goélands avaient déjà pris toute la place et les sternes qui arrivaient encore à pondre voyaient leur ponte disparaître sous le bec des goélands. Qu’importe, dans des écosystèmes en bon état écologique, les sternes ont justement la faculté de réagir à ce type d’aléas et d’aller pondre ailleurs. Ailleurs ? Bein oui mais où ? Avec les décharges d’ordures ménagères à ciel ouvert, les sacs poubelles dans les rues des villes, les élevages industriels, les déchets des ports de pêche, les goélands ont connu une expansion démographique considérable colonisant tous les milieux littoraux exempts de prédateurs terrestres (falaises, îlots) puis les toits des villes et des zones industrielles. Et les sternes ont vu leurs effectifs fondre comme neige au soleil. 600 à 800 couples de Dougall à la fin des années 60, 33 couples dix ans plus tard en 1977 ! alors haro sur les goélands ? Pas que, ce serait trop simple (simpliste). L’augmentation des loisirs nautiques a conduit à une fréquentation humaine accrue des îlots marins restreignant encore l’espace disponible pour les sternes. Et puis il y a eu aussi la surpêche sur les zones d’hivernage au large des côtes africaines, les captures ludiques de sternes sur les plages du golfe de Guinée, les pollutions en mer du nord,… qui se sont ajoutées aux causes constatées au sein des populations nicheuses
    Les membres de la sepnb de l’époque (d’éminents biologistes) ont alors commencé à partir de 1979 à empoisonner massivement des goélands nicheurs sur les colonies, libérant l’espace pour permettre l’installation des sternes et éliminant par la même occasion un redoutable prédateur des oeufs et poussins de sternes. Et oui, c’est à ce prix, que des sternes ont pu continuer à venir se reproduire sur les côtes bretonnes et s’y reproduisent encore aujourd’hui. Cela s’est pratiqué, à grande échelle sur certains sites, par des bénévoles parfois acharnés, puis de façon beaucoup moins systématique jusqu’à une période récente (2013). Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Fallait-il le faire ou pas ? C’était un choix assumé que plus grand monde ne serait prêt à défendre aujourd’hui, du moins dans la communauté naturaliste, d’autant que les populations de goélands diminuent drastiquement depuis que, comme l’a évoqué Fifitoutcourt, les déchets ne sont plus aussi accessibles (mais un goéland ça vit 20 ans, y a un peu d’inertie).
    J’aurai encore des tonnes de trucs à dire mais je vous laisse réagir si cela vous dit…

  8. Oiseaux noirs, oiseaux blancs…

    Je crois que la remarque de Luc est lumineuse : l’intervention humaine n’est pas souhaitable, en tout cas pas dans l’équilibre actuel qu’il entretient « globalement » avec la nature.
    Les goélands par-ci, les corneilles par-là…

    Les opportunistes, généralistes, sont les gagnants des situations instables, et les combattre consiste un peu à renier notre parenté avec ces flibustiers, même si quelques sternes subsistent sur ce blog. :wink:

    Il serait peut-être plus productif de maintenir les équilibres qui perdurent, préserver les espaces pas trop dégradés, cibler quelques objectifs de protection raisonnables, accessibles, de regarder autour de nous, avec nos voisins, ce qu’on pourrait conserver, de soutenir les projets existants à ce sujet, souvent bien fragiles.
    Dès qu’il s’agira de gros sous, on risque de voir les requins trouver une issue à leurs appétits, à leurs permis à polluer, à leurs entreprises douteuses. Et là, eux, à coups de pelleteuses, ils sont prêt à nous vendre de la biodiversité au mètre-cube. Sauver une Sterne de Dougall, supprimer une renouée, ils ne savent pas, s’acheter un vison*, oui…

    * Le vison est une des causes de disparition des Sternes de Dougall.

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