Le milan royal … enfin !

Les choses sont assez bizarres et pas toujours explicables. J’avais arrêté presque complètement la photographie animalière et, mis à part mes petites escapades en vacances (Texel, la Bretagne et la Camargue), je n’ai réalisé aucune photo au cours des deux dernières années. Pourquoi avais-je arrêté, je n’en sais trop rien … Et voilà t-y pas que c’est le jour-même où j’ai décidé d’arrêter les articles sur la nature sur mon blog que je me suis remis à la photo.

Et dès que je suis reparti dans mon affût, « la cabane » dont je vous ai souvent parlé, les observations sont reparties avec une intensité que je n’avais pas connue depuis plusieurs dizaines d’années.

Il faut dire qu’il a fait plutôt froid en Franche-Comté, non pas un froid exceptionnel (car ici on a l’habitude que le thermomètre descende en dessous de -10°C, il a même fait -20,7°C à Besançon le 9 janvier 1985) mais un froid qui dure (ce dont on n’avait plus l’habitude, tellement les hivers derniers ont été doux). Cette période de gel a affamé les oiseaux et notamment les rapaces. Au lieu d’avoir comme chaque hiver précédent une ou deux buses (parfois trois) au poste de nourrissage, j’en ai compté jusqu’à neuf. Mais ça, je vous en parlerai plus tard …

Ce dont j’ai envie de parler aujourd’hui, c’est d’une observation exceptionnelle à ce poste de nourrissage : celle du MILAN ROYAL. Et cette fois-ci, pas d’erreur d’identification comme j’avais pu le faire autrefois avec un milan noir !

J’avais dit que je ne referais pas d’articles sur la nature dans l’immédiat. Mais l’envie de partager ces observations m’a rattrapé. Et plusieurs parmi vous ont trouvé dommage que je ne mette pas sur le blog les images du milan royal que je leur avais envoyées par mail. Alors, allons-y !

Et j’ai bien compris le message de Papilio macaron et la pauvreté actuelle de sa revue de presse café du lundi matin … ! :wink:

Et il va y avoir une nouveauté sur ce blog, c’est que dorénavant, en cliquant sur chaque image, vous pourrez l’avoir en meilleure qualité (j’aurais pu le faire plus tôt mais je pensais qu’avec le poids des images mes articles allaient être bien plus longs à ouvrir). Mais attention, ne mettez pas de commentaire sur les photos mais uniquement sur l’article car sinon votre commentaire ne sera pas signalé dans la colonne droite du blog et personne ne le lira.

La scène que je vais relater s’est déroulée en fin de matinée le 17 janvier dernier.

Quelques buses étaient là en train de  festoyer quand soudain le milan royal est arrivé, il est passé assez près des buses.

Malgré sa grande envergure (1,60m environ), le milan royal n’est pas un prédateur puissant, c’est plutôt un chapardeur. Même la buse qui est plutôt un piètre prédateur fait facilement face au milan royal et celui-ci a eu du mal à voler un peu de nourriture malgré son attitude d’intimidation sur la photo précédente.

Alors il s’est posé à quelques mètres des buses, attendant le moment favorable …

Dès que l’occasion se présentait, l’envol était immédiat et le milan venait chaparder un petit morceau de sa pitance.

Il y eut d’autres tentatives au vol, le milan descendant des airs à toute vitesse …

… mais il arriva bien souvent qu’il ne reparte qu’avec une feuille morte entre les serres …

… ou même sans rien.

Depuis ce jour faste, je n’ai pas revu le milan malgré une trentaine d’heures passées depuis dans ma cabane (en général deux heures par jour depuis 15 jours).

Dans un prochain article, mais pas maintenant, je vous parlerai de la visite inhabituelle d’un autre oiseau.

Où va l’agriculture ? (2)

Lors de mon précédent article, on a dressé une esquisse peu réjouissante de l’évolution du monde agricole, victime du libre-échange généralisé au niveau de la planète. D’un point de vue économique, c’est la descente aux enfers : on est passé de 6,3 millions d’agriculteurs en 1955 (27% de la population active) à moins de 900 000 aujourd’hui (3,5 % de la population active) et la plupart vivent (ou plutôt survivent) dans la précarité avec des retraites minables. Le taux de suicide (trois fois plus élevé que dans le reste de la population) montre le mal-être de cette profession. Concernant l’évolution de l’agriculture d’un point de vue environnemental, je n’en rajouterai pas une couche, on en a déjà beaucoup parlé sur ce blog.

Mais dans le marasme actuel il y a pourtant une embellie. Il faut chercher cette embellie du côté du développement du bio.

Si le nombre de fermes qui sont en agriculture conventionnelle diminue chaque jour, il y a par contre 21 fermes bio nouvelles chaque jour. Oui, 21, vous avez bien lu. La croissance du bio est très rapide, de l’ordre de 15-20% par an et on compte aujourd’hui plus de 32 000 fermes bio en France, soit plus de 300 par département. Il n’y en avait quasiment pas il y a 20 ans, on imagine le chemin parcouru depuis.

Et ce développement est parti pour durer longtemps car la production bio reste très inférieure à la demande des consommateurs. Le nombre de magasins bio ne cesse d’augmenter (par exemple, la biocoop a déjà ouvert plus de 400 magasins), même si la grande distribution s’est emparée de ce marché (ce qui est inévitable). Et puis il y a  tous les petits circuits courts qui existent ça et là. La production bio a généré plus de 15 000 entreprises de transformation et de distribution sur le territoire.

Ce qui me semble particulièrement intéressant, c’est que certains circuits de distribution, au lieu de chercher à étrangler les paysans, les considèrent comme de véritables partenaires, s’engagent à leur payer le prix juste, soutiennent des projets collectifs, accompagnent des initiatives régionales, garantissent la transparence des échanges, construisent des partenariats dans la durée. Donc acheter bio, ce n’est pas seulement acheter des aliments sains, c’est avant tout soutenir une démarche respectueuse du monde agricole et qui permet à l’agriculteur de gagner correctement sa vie. Le grand public qui achète sa nourriture dans un circuit court, voire directement chez le producteur, est très sensibilisé à cela. Ceux qui vont dans les magasins spécifiquement bio également. Ainsi, dans le magasin où je vais, chacun à la possibilité en arrivant à la caisse de demander à ce que son ticket de caisse soit arrondi à l’euro supérieur, la différence servant à l’installation de nouveaux paysans. Et je me suis rendu compte que beaucoup de gens font la démarche de payer à chaque fois ces quelques dizaines de centimes supplémentaires.

Un agriculteur qui travaille seul dans sa ferme a du mal à vivre de ses 70 vaches, alors qu’il y a des exemples de fermes bio dont les 70 vaches permettent de faire vivre jusqu’à 10 personnes. On peut se demander comment cela est possible et cela m’a interpellé.

En essayant de comprendre, je me suis rendu compte que le lait est actuellement payé 32 cts aux agriculteurs de mon secteur mais 48 cts lorsqu’il est bio, soit exactement 50% de plus. Un agriculteur a du mal à produire son lait en-dessous de 30 cts, ce qui fait que l’agriculteur conventionnel n’arrive à dégager qu’une marge d’un ou deux centimes par litre de lait produit (quand il arrive à dégager cette marge). Si un agriculteur bio arrive à produire au même prix (on en reparlera plus bas), en vendant son lait à 48 cts, il dégage une marge de 18 cts, près de 10 fois supérieure à la marge dégagée par l’agriculteur conventionnel. On voit bien qu’il est plus facile d’avoir un bon revenu en produisant bio.  Certains objecteront que la quantité de lait produite par l’agriculteur bio sera bien inférieure à celle produite par l’agriculteur conventionnel. Certes, mais le coût de production d’un litre de lait en conventionnel est sans doute supérieur à celui d’un litre bio (car derrière l’agriculture conventionnelle il y a des coûts de production énormes : gros tracteurs, tonnes d’engrais, produits phytosanitaires, antibiotiques pour le bétail, prestations vétérinaires …) et ceci doit bien compenser cela (au moins en partie). Les chiffres que j’ai donnés ci-dessus méritent sans doute d’être affinés mais donnent une explication sur le fait que les agriculteurs bio sont ceux qui actuellement s’en sortent le mieux et qui arrivent à vivre décemment.

Mais je vois quand même deux belles ombres au tableau.

D’abord, je ne suis pas sûr que le développement du bio va permettre aux agriculteurs conventionnels actuels de passer en bio. L’agriculture de demain sera à mon avis essentiellement menée par d’autres agriculteurs, car on a affaire à deux métiers complètement différents. Un agriculteur bio peut parler pendant une heure de la vie biologique du sol alors qu’un agriculteur conventionnel a oublié que le sol est vivant et qu’il n’est pas qu’un simple substrat qu’on enrichit en azote, acide phosphorique et potasse. Et puis, l’état d’esprit n’a rien à voir. Je ne crois pas que l’agriculteur qui a passé son temps à mettre des produits chimiques sur tout, à acheter l’alimentation pour son bétail, à détruire des haies, à chercher à avoir la plus grosse vache, le plus gros rendement en maïs, le plus gros tracteur … puisse bifurquer dans une voie complètement opposée.

La deuxième chose, c’est que le cahier des charges de l’agriculture biologique est très exigeant (avec raison) et que les lobbies de toutes sortes essaient constamment de faire changer la réglementation européenne en vue de l’assouplir.  Le bio restera t-il longtemps bio ?

En conclusion, il me semble évident que dans 10 ans le bio sera dans la plupart des assiettes. Mais encore faudra t-il d’ici-là défendre fermement le cahier des charges de l’ensemble de la filière bio ? Et il est évident qu’il faudra recentrer au maximum la production au niveau local, encore plus qu’aujourd’hui.

Où va l’agriculture ? (1)

Il va y avoir coup sur coup deux articles sur ce thème de l’agriculture (peut-être même trois).


Ce premier article est à ranger dans la catégorie « coup de gueule », le prochain sera à classer dans la catégorie « coup de coeur » car l’agriculture est aussi un domaine où il y a de bien belles choses qui sont expérimentées.

Je viens d’une famille de paysans. Dans ma région, il y a encore peu de temps, on ne disait pas « agriculteurs », on disait « cultivateurs » ou « paysans ». C’est ce dernier terme que j’ai toujours préféré mais je me rends bien compte que derrière les mots se cachent des réalités bien différentes et que cela fait déjà bien longtemps, au moins deux générations, que l’agriculteur n’a plus rien d’un paysan.

Où se situe la limite entre les deux ?

Je pense qu’à partir du moment où un éleveur ne produit plus les aliments qu’il donne à son bétail et qu’il est entré dans une logique d’achats de tourteaux divers, d’aliments liquides, … le pas est irrémédiablement franchi vers une agriculture différente, avec quasiment aucun retour possible vers un mode de production plus autonome. C’est ensuite la spirale vers ce que tout le monde connaît : le crédit agricole, les investissements pour du matériel de plus en plus gros, la course aux rendements, l’endettement et surtout un mode de production qui s’affranchit presque de la terre nourricière : on ne cultive plus tel type de céréales ou de légumineuses en fonction de la qualité de sa terre, on ne considère celle-ci que comme un substrat lambda qui peut être enrichi comme bon nous semble en fonction de la culture souhaitée et demandée par Bruxelles (je connais des terrains si pauvres que même les plantes communes des prairies ont du mal à y pousser, mais on réussit quand même à y faire pousser par miracle des maïs de plus de 2 mètres de haut).

On nous dit souvent que c’est pour nourrir de plus en plus de monde sur la planète qu’il nous faut des rendements exorbitants. Faux et archi faux ! Car le mode d’agriculture productiviste actuel qui s’insère dans une économie de libre-échange génère non seulement d’énormes gaspillages au niveau de la production elle-même (on détruit des millions de tonnes de récoltes) mais aussi dans toute la filière : au niveau de la transformation, de la distribution et de la consommation. C’est ainsi qu’il se gaspille plus de 40% de la nourriture produite sur Terre (plus de 50% disent certains). Le pain est sans doute l’aliment qui se gaspille le plus mais celui qui achète un bon pain dans un magasin bio n’en gaspillera jamais une seule miette. Les modes d’exploitation agricole peuvent donc être générateur de gaspillage ou non. Et, effectivement, comme le disent les chantres de l’agriculture productiviste, si l’on veut nourrir plus de monde en continuant à gaspiller autant – voire plus encore – on n’a pas d’autre choix que d’intensifier encore plus.

Quand on roule en voiture dans ma région, on ne voit plus forcément le rapport direct qu’il y a entre ce qui pousse dans les champs et notre alimentation. On voit beaucoup de maïs mais est-ce qu’on mange beaucoup de maïs ? On voit beaucoup de colza … mais est-ce qu’on en consomme beaucoup ? On y voit beaucoup de tournesol … mais on n’en consomme finalement très peu (et en plus le tournesol que l’on achète à la coopérative agricole pour nourrir les oiseaux en hiver … vient le plus souvent de Hongrie). On y voit aussi des champs de blé … mais qu’on ne consomme pas sous forme de pain car la plupart des variétés de blé cultivées ici sur mon secteur ne sont pas panifiables.

Bon vous l’avez compris, tout ça ne sert pas directement à notre alimentation … mais entre dans la composition de tourteaux pour le bétail, d’où un énorme gâchis (car pour produire 1 kg de viande il faut bien plus de surface agricole que pour produire 1 kg de protéines végétales, toutes aussi efficaces pour assurer notre bonne santé).

On se demande comment on en est arrivé à un système où l’agriculteur ne sait même plus à quoi va servir le colza ou le maïs qu’il a cultivé. Va t-il partir dans la filière « nourriture pour bétail », va t’il partir en Asie, en Afrique du Nord, va t-il être transformé en agrocarburant … ou même, comble du comble, lui revenir sous forme de tourteaux qu’il donnera à ses propres vaches (additionné à d’autres éléments nutritifs pas forcément enviables … si je dis ça c’est parce que, à l’époque du scandale des farines animales, je m’était amusé à lire la composition des tourteaux pour vaches, on n’arrive jamais à un total de 100%, il y a toujours quelques % qui manquent !).

Lorsque j’étais gamin, il y avait des chevaux à la maison et pas encore de tracteur. Les agriculteurs étaient très dépendants des conditions météo de l’année. Il y avait les années correctes, les bonnes années et les mauvaises années. Finalement, quand l’année était mauvaise, tout le monde mangeait quand même à sa faim … il y avait toujours les poules, les lapins, les patates et les choux du jardin, les pommes du verger … Je ne me souviens pas avoir manqué de quoi que ce soit. Et quand l’année était bonne, hé bien elle était bonne !

Aujourd’hui quand l’année est mauvaise, elle est vraiment mauvaise et aucun agriculteur n’arrive cette année-là à équilibrer ses comptes. Et les coûts de production sont tels que c’est la perte sèche au niveau financier.
Et, c’est là une donnée nouvelle, quand l’année est bonne d’un point de vue climatique, elle n’est pas aussi bonne qu’elle en a l’air. Car les cours baissent tellement sur le marché mondial que les paysans vendent alors leur production en-deça de leur coût de revient. Une bonne année climatique devient donc aussi une mauvaise année pour le paysan. Et je ne vous explique pas quand les récoltes sont mauvaises ici en France alors qu’elles sont très bonnes ailleurs sur le reste de la planète (en Asie ou en Amérique du Sud) : c’est la double peine assurée ! Lisez cet article du Figaro paru la semaine dernière : en gros, si je vous résume la situation des producteurs tunisiens, c’est « on ne va pas bien parce que l’année a été bonne ». On marche sur la tête, non ? Et pas un seul journaliste pour aller plus loin que le simple constat et dénoncer l’absurdité du système !

Quand il y a de très bonnes productions, on pourrait imaginer au contraire que les pays pauvres vont pouvoir bénéficier de denrées à bas prix parce que les cours chutent. Que nenni ! Soit les denrées sont périssables et on a vite fait de les détruire, soit elles se conservent (céréales, oléagineux) et dans ce cas certains les immobilisent en attendant que les cours remontent … c’est ce qu’on appelle la spéculation (il y a parfois des navires chargés à ras bord et qui sont immobilisés dans les ports en attendant que les cours remontent). Dans le domaine agricole, la spéculation a des conséquences dramatiques, aussi bien pour les pays pauvres qui ne pourront pas se permettre d’acheter la marchandise que pour les producteurs qui sont lésés (et pas question pour eux d’aller manger leurs patates, leurs choux, leurs poules ou leurs lapins, ça fait longtemps qu’ils ont abandonné tous ces trucs d’un autre temps, ils font des céréales et rien d’autre ! et de toute façon, c’est pas les patates, les choux, les poules et les lapins qui changeraient quoi que ce soit à leur situation).

Prenons un exemple pour illustrer mes propos : le domaine du lait. Dans ce domaine, il y avait un véritable outil de régulation qui s’appelait « les quotas laitiers » et qui fonctionnait bien depuis 1984. Comme la demande de produits laitiers a augmenté (notamment en Asie), plusieurs têtes d’oeuf ont pensé qu’il fallait en finir avec cet outil de régulation et que les « quotas laitiers » n’étaient « plus adaptés à la réalité du marché ». Et chaque fois on nous ressert les mêmes arguments fallacieux, à savoir qu’en faisant fonctionner l’offre et la demande le marché va finir par s’auto-réguler. C’est de la foutaise, dans ce domaine comme dans d’autres, tout tire vers le bas à force de vouloir s’aligner sur le paysan chinois ou polonais, et c’est ainsi que la suppression des quotas laitiers (en 2015) a mené à la dérégulation la plus complète du marché(il me semble que même le syndicat agricole le plus réactionnaire – suivez mon regard – l’admet maintenant) pour le plus grand malheur de nos éleveurs. Pour leur malheur oui, mais pour le bonheur de qui ? Le bonheur des actionnaires, des distributeurs, des intermédiaires de toutes sortes … J’ai pris l’exemple des éleveurs mais on aurait pu prendre l’exemple d’autres types de productions agricoles, le constat serait exactement le même.

L’agriculture devrait avoir pour vocation première de satisfaire aux besoins alimentaires du pays. Point barre. Or, nos paysans produisent bien plus que ce dont on a besoin, infiniment plus même qu’il y a un siècle. Et pourtant ils crèvent ! Ils crèvent dans une quasi-indifférence. Alors que les enjeux liés à l’agriculture n’ont jamais été aussi importants (j’y reviendrai dans d’autres articles) !

L’agriculteur n’est pas un pollueur par nature. Mais il le devient car le système lui laisse peu de choix. Enfin, tant qu’il n’a pas fait le premier pas. Car une fois que le premier pas est fait dans le sens de faire donner à la terre plus qu’elle ne peut donner, c’est l’engrenage et on ne peut plus alors échapper aux pesticides, aux gros tracteurs, à la dépendance vis à vis des banques (toujours la même !), … et l’on sait pertinemment que si l’on prolonge la courbe (j’aime bien prolonger les courbes pour me faire une idée de là où l’on va), on se dirige tout droit vers des milliers de « fermes aux mille vaches » (gérées en grande partie par ordinateurs) et 10 fois moins de paysans qu’aujourd’hui …

Beaucoup pensent qu’on est au bout du rouleau compresseur, que les choses vont forcément devoir s’inverser pour ces agriculteurs-là et que 10 fois moins d’agriculteurs qu’aujourd’hui ce n’est pas possible. Car, dans plein de domaines (la santé, le social, l’environnement …), on pense toujours avoir touché le fond du fond … mais non mais non (qui connait la profondeur du puits dans lequel il tombe ?).

Tout çà c’était mon coup de gueule. Car je refuse cette manière de fonctionner, en agriculture comme ailleurs, qui n’a plus aucun sens.

Mais il y a aussi d’autres raisons d’espérer … rendez-vous donc au prochain article !

850 000 emplois à la clé !

Je voulais écrire aujourd’hui un article sur l’agriculture mais il n’est pas encore prêt, ce sera pour la fin de la semaine. Mais mon article d’aujourd’hui sera bien plus alléchant. Car je vais jouer au Père Noël et vous distribuer des milliards. Si si ! Mais en rêve seulement …

C’est le dossier La (vraie) France des a$$istés qui est paru le mois dernier dans Fakir (merci Christophe de m’avoir fait connaître ce journal) qui m’a donné une partie des éléments de cet article.

Je vais vous parler du CICE, le fameux Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi mis en place en 2012. Tout laisse à penser que ce machin qui coûte 22,7 milliards par an ne sert pas à grand chose. Deux rapports d’évaluation ont des conclusions différentes, l’un établi par France Stratégie conclut à la création ou le maintien de 45 000 à 115 000 emplois, l’autre établi par la LIEPP conclut qu’il n’y a pas d’effet positif sur les salaires et l’emploi.

Mais bon, ne soyons pas chien, prenons le rapport le plus optimiste, celui qui dit qu’il y aurait eu la création ou le maintien de 45 000 à 115 000 emplois. Vous noterez tout de suite qu’on parle de « création ou de maintien ». Il n’est donc pas certain qu’il y ait eu création d’emploi mais peut-être seulement leur sauvegarde.  Mais le pire, c’est que ces chiffres sont lamentables car avec 22,7 milliards, à raison d’un coût annuel de poste au Smic de 26 640 € l’Etat aurait pu créer (et non pas seulement maintenir) 850 000 emplois. Oui, vous avez bien lu ! 850 000 ! Je vous dirai dans les commentaires à quoi ont bien pu servir les 22 milliards …

Mais puisque je vous ai annoncé que dans mes articles je serais autant dans le positif que dans la critique, on va se livrer à un petit exercice qui va vous faire rêver.

Imaginons que vous venez d’être élu(e) Président(e) de la République et que vous supprimez ce CICE (car vous vous étiez engagé dans votre campagne électorale à transformer en 850 000 emplois cette somme qui était jusque-là dépensée inutilement ou presque).

Alors, vous les mettez où ces 850 000 emplois ?

Vous allez voir, qu’avec le blogadupdup nouvelle mouture on va refaire complètement la société ! Car rien n’est inéluctable et nous sommes dans un pays bien plus riche qu’on ne le dit !

BLOG : CHANGEMENT DE DIRECTION

Quelques-uns parmi vous le savaient depuis quelques temps : j’envisageais sérieusement d’arrêter ce blog en ce début d’année. Je crois qu’au bout de 11 années d’animation de ce site et 1850 articles, j’ai à peu près fait le tour de ce que j’avais envie de dire sur le thème de la nature, du jardin et de mes passions musicales. Enfin non, à vrai dire je suis loin d’avoir épuisé mon intérêt pour ces sujets, ce sont des domaines à développement infini, mais je crois qu’à partir du moment où certains articles me prenaient énormément de temps et qu’ils n’amenaient plus grand chose de nouveau, il était vraiment temps que j’arrête … ou que je passe à autre chose.

Alors passons à autre chose ! (peut-être aviez vous compris au contenu de ma carte de voeux que ce blog ne s’arrêtait pas et repartait dans une autre direction plus militante).

Notre pays est dans une grande souffrance. Le monde du travail s’est délité. L’agriculture sombre. Le mal-être de la population s’installe à la vitesse grand V. La pauvreté s’installe plus que durablement (alors que la richesse est pourtant là, accaparée par quelques-uns). Le libre-échange, ce miroir aux alouettes pour gogos, fait des ravages sur la planète, il ruine les économies locales, les modèles sociaux, les écosystèmes ainsi que les dernières ressources disponibles.

Mais parallèlement à tout cela, il y a de bien belles expériences individuelles ou collectives qui se mettent en place ça et là, souvent de manières très concrètes. Il y a aussi des journaux alternatifs qui nous permettent de nous abreuver à d’autres sources d’informations que celle qu’on nous inflige à longueur de journée et qui nous tirent vers le haut en faisant appel à notre intelligence et notre esprit critique. Et puis il y a aussi des tas de penseurs, associatifs, syndicalistes, chercheurs, travailleurs aussi tout simplement, … qui ont une vraie vision du monde et qui proposent des solutions. Car il y a toujours des solutions, aussi minimes soient-elles. Même lorsqu’une entreprise coule parce qu’un patron-prédateur a décidé que le profit n’était pas assez important et qu’il fallait supprimer l’entreprise elle-même, dans presque tous les cas il y a des propositions de reprise de l’outil de travail par les salariés eux-mêmes. Donc rien n’est inéluctable !

C’est de tout ça dont j’ai envie de parler maintenant.
Le négatif et le positif !
L’état des lieux (souvent pas très drôle) mais aussi les solutions !
Il y aura donc sur ce blog autant de coups de coeur que de coups de gueule !

A noter que si je pars dans une nouvelle direction, c’est parce que j’ai envie de m’approprier des thèmes qui ne me sont pas forcément familiers et qui sont pourtant d’une importance capitale dans notre société. C’est ainsi que j’aborderai dans les mois qui viennent des sujets aussi différents que l’aménagement du territoire, l’économie du numérique, la précarité, l’éducation, la laïcité … Mon premier article de ce nouveau genre sera mis en ligne mardi et traitera de l’AGRICULTURE (autant me faire la main avec un thème que je connais assez bien et que je côtoie quotidiennement, étant issu de ce milieu-là).

Il devrait y avoir également de temps à en temps des articles sur des sujets qui ne sont pas forcément liés à notre société mais en rapport à la vie en général. L’article « lâcher prise » que j’ai écrit avant les vacances de Noël était une petite incursion dans cette direction.

Il est possible que plus tard j’intercale de temps en temps un article sur la nature, le jardinage ou la musique. Mais ce n’est pas à l’ordre du jour dans l’immédiat. De toute façon, ce blog est un blog d’habitués et chacun sait que s’il a envie de dire quelque chose sur les oiseaux, sur le dernier disque qu’il a aimé, ou sur son expérience en matière de jardinage, les discussions redémarreront au quart de tour sur les articles anciens. Il suffit souvent d’un commentaire et hop ça repart (et c’est sans doute ce qui, grâce à vous tous, différencie ce blog de la plupart des autres) ! Alors ne vous privez surtout pas, allez-y de vos commentaires sur les tomates, les mésanges ou je ne sais quoi ! Les commentaires qui pourraient repartir sur ces thèmes-là sont d’ailleurs les seules choses qui pourraient me remotiver pour écrire plus tard des articles sur les Fous de Bassan, la culture des concombres du Mexique ou le dernier disque de Waed Bouhassoun.

La charte graphique de ce blog n’est évidemment plus adaptée aux nouvelles thématiques que je vais traiter. Elle évoluera dans les mois qui viennent mais je veux à ce sujet-là prendre mon temps.

Oui, il est évident que certains vont être déçus de ce changement, mais je sais aussi que les habitués de ce blog me pardonnent tout … par avance ! Car ils se doutent bien que ce n’est pas à mon âge déjà bien avancé que je vais me refaire. Et ceux qui me connaissent mieux, souvent depuis plusieurs dizaines d’années, savent aussi que je ne peux faire autrement que de continuer à suivre le fil de mes passions et de mes révoltes. Désolé, mais c’est inscrit dans mes gènes !

Merci de votre compréhension. Et en avant pour de nouvelles aventures !