L’histoire de nos salades

L’HISTOIRE DES FRUITS ET DES LEGUMES (5)
Cet été, je teste des tas de variétés de salades dans mon jardin (plusieurs d’entre elles m’ont été données par Dan, Didier et Frédéric avec qui je pratique des échanges de graines). Je vais en profiter pour mettre en ligne, tout au long de l’été, des articles consacrés à ce légume (voir ici et les deux premiers articles que j’ai écrits à ce propos).

Aujourd’hui, il est question d’un peu d’histoire. D’où nous viennent toutes ces salades ? Après avoir donc parlé sur ce blog de l’histoire de la tomate, de l’endive et de la carotte, voici quelques éléments nous permettant de mieux comprendre l’histoire des salades, notamment des laitues (image 1) et des chicorées (image 2).

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Le terme de « salade » est un terme générique. Botaniquement parlant, il ne veut rien dire et il n’y a rien de commun entre la mâche, la laitue, le pissenlit ou le cresson qui appartiennent tous à des familles de plantes différentes.

La tradition de cueillir des salades à l’état sauvage remonte à très loin, bien avant l’apparition de l’agriculture. Cette lointaine habitude subsiste encore de nos jours, et on en a un bon exemple avec le pissenlit que l’on continue de cueillir dans les prés au tout début du printemps. Cette consommation d’herbes sauvages concernait aussi, dans des temps plus ou moins lointains, la mâche, le cresson ou la roquette.

Deux formes de salades ont une origine assez semblable. Il s’agit des laitues et des chicorées. Il existe différentes espèces sauvages de laitues et de chicorées en Europe mais il est probable que l’origine de leur culture vient de l’Orient et du Moyen-Orient. C’est là qu’on lieu, plusieurs millénaires avant JC les premières sélections de salades. Car il y a un monde entre les salades sauvages et les salades d’aujourd’hui. Les salades sauvages ne pommaient pas, elles montaient en graines rapidement, elles étaient plus amères et portaient des petits poils peu agréables à manger. Il a ainsi fallu plusieurs millénaires de cultures pour débarrasser cette plante de ces défauts. Ce sont donc des salades déjà un peu améliorées (par rapport au type sauvage) qui sont arrivées en Grèce et chez les Romains 4 siècles avant JC. Lors de la conquête de la Gaule par les Romains, nos ancêtres se mettent eux-aussi à cultiver leurs premières salades.

Les Italiens continuent à sélectionner de nombreuses variétés et la culture de la salade reste avant tout une affaire méditerranéenne. Plus au nord, la consommation de salade n’est pas vraiment rentrée dans les moeurs et la littérature agricole française du Moyen-âge ne cite que cinq variétés : « la petite, la commune, la crépue, la têtue et la romaine ».

Mais la Renaissance arrive et l’influence de l’Italie va avoir lieu dans tous les domaines, dans le domaine des arts surtout mais aussi dans le domaine du jardin (tout ce qui venait d’Italie était « le must » de l’époque). C’est à partir de la Renaissance que la gamme de salades va se développer. Plus tard, la Quintinie, le célèbre jardinier du roi Louis XIV, cultivera dans son jardin royal une quinzaine de variétés de laitues (« la Perpignanne », « la capucine », « l’impériale » …). Le nombre de variétés disponibles va augmenter, grâce à la sélection de jardiniers amateurs et professionnels, et nous aurons, au XIXème siècle, un catalogue de salades qui préfigure ce qui existe aujourd’hui.

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Les salades européennes avaient traversé l’Atlantique dès Christophe Colomb et ont continué pendant plusieurs siècles de déferler sur le continent américain. C’est un fait important, car dans les années 1920, ce seront les producteurs de semences américains qui donneront un nouvel essor aux salades en développant des variétés modernes résistantes au mildiou et à la rouille.

La rouille ! Quand je cultive ces salades modernes, résistantes à la rouille, j’ai quand même le dos cassé à force de les travailler au pied et l’impression d’être complètement rouillé. Vous n’auriez pas un jardinier sélectionneur américain parmi vos connaissances ?

18 réflexions au sujet de “L’histoire de nos salades”

  1. C’est dingue sur ces photos , on dirait que tes salades sont plantées dans du ciment !!!

    Les escargots et les limaces n’ont pas fait trop de dégâts dans tes cultures ?? Pour moi la semaine dernière , une catastrophe , j’avais de belles salades et pafff , en une nuit , de la dentelle de Pont-l’Abbé !!! Un manque de vigilance dans un potager ne pardonne pas .
    :sad:

  2. La terre dans laquelle je fais du jardin est particulière, très sablonneuse et très argileuse en même temps.

    Je crois avoir trouvé le seul moyen vraiment efficace de ne pas avoir de limaces. J’ai prévu d’en faire un article dans les temps qui viennent.

    De la dentelle de Pont-l’Abbé ? Pourtant les abbés, ça devrait pas faire dans la dentelle, normalement … ! Pfouh, les bonnes moeurs se perdent, ma bonne dame !

  3. Tu as en partie raison Yves quand tu parles de ciment. La terre sur laquelle je fais mon jardin est ce qu’on appelle une terre « battante ». Dès qu’il y a une pluie forte (et c’était le cas peu de temps avant que je ne prenne les photos), la terre devient damée, ça forme une croute et la surface devient ensuite dure comme du ciment, sous l’action du soleil. Si on travaille la terre juste après, on casse cette croûte très facilement avec le moindre outil. Si on ne le fait pas, la croûte devient de plus en plus profonde après chaque pluie et il devient très difficile de travailler cette terre. Je n’ai pas trouvé d’autre méthode que de travailler cette terre le plus souvent possible. Et en plus comme j’aime bien le faire … !

  4. Juste une toute petite info : dans le cadre de la fête du printemps à Saint-Rémy (nord-ouest de la Haute-Saône), je donne une mini-conférence sur l’histoire des légumes ce dimanche après-midi 17 avril à 15H.

  5. Je suis archichercheur en historique des Fruits et Legume au musee de Limoge et je peut vous assurer que les Juifs pratique le rituel de Whahef qui consiste a vomir la salade fraichement mange , cette pratique est apparu au XVem siecle et

  6. La fleur de la salade, je viens de t’envoyer les photos sur ton mail, je sais pas faire sur le blog :pinch:

  7. On ne peut pas transférer de photo dans un commentaire.
    J’ai reçu les photos.
    La fleur est une fleur de chicorée et la salade est une chicorée scarole. Sans doute la scarole blonde.

  8. Il n’y a pas de différence entre les fleurs des chicorées sauvages qu’on voit sur les talus pendant tout l’été et celles des chicorées cultivées.
    Petite anecdote : un jour un dessinateur a eu, de la part d’un journal pour enfants, une commande d’une illustration de fleur de chicorée. Or, la saison était passée et tout était défleuri. Le dessinateur en question s’est dit que Dupdup avait peut-être une fleur de chicorée cultivée dans son jardin. Et c’est ainsi que l’une des fleurs de mon jardin s’est retrouvée dessinée dans un journal national … :wink:

  9. Je te réponds directement sur le blog, les deux réponses peuvent intéresser d’autres personnes.

    Pour les courges butternut, comme il s’agit de la famille des courges musquées qui est longue à mûrir (exemple de la musquée de Provence qui a du mal à prendre sa couleur bronze à l’automne et qui reste souvent vert bouteille), une partie des fruits à du mal à être bien mure à l’automne. Si tes courges butternuts ne sont pas complètement mures, le mieux est de les laisser au jardin, de les laisser mûrir sur pied, et de ne les enlever que tardivement, juste avant les gelées. Ici, en Franche-Comté, on les récolte vers le 15 octobre, voire plus tard si l’arrière-saison est clémente. Cela dit, si la photosynthèe de la plante ne fonctionne plus parce que les feuilles sont bouffées par l’oïdium, alors là oui, tu peux déjà les rentrer, le fait de les laisser ou de les enlever ne change pas grand-chose.

    La tomate madagascar n’évolue plus une fois cueillie. Cela veut dire que si tu la cueilles à peine rosée, elle ne mûrira pas chez toi. Il faut donc la cueillir bien mûre (sachant toutefois que la tomate madagascar est de couleur rosé lorsqu’elle est mûre et qu’on n’a jamais l’impression qu’elle est bien mûre). Avec un peu d’habitude, on sait quand elle est mûre.

    Désolé pour le retard de ma réponse (grosse journée pour moi hier avec la tenue d’un stand dans une grosse manifestation). :wink:

  10. L’essentiel était la réponse. Je vais donc tout laisser au jardin. As-tu déjà essayé de déraciner le pied de madagascar et de le laisser murir ainsi à l’abri?

  11. Non, jamais essayé. Je pense que ce n’est pas possible, le pied de tomate se repique très bien mais au stade jeune uniquement, avant qu’il n’y ait des fleurs et des fruits.

  12. Non je ne cherchais pas à le repiquer, juste envelopper les racines et la terre qui venait avec dans du journal legerement humide et le suspendre tête en bas, pour que les fruits soient encore nourris et murissent.

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