Cette rubrique consacrée aux papillons nocturnes que j’ai observés lors d’un stage effectué l’été dernier à Azay-le-Ferron en Brenne (Indre) se poursuit à un rythme lent. Elle pourrait d’ailleurs ne se terminer que dans quelques années. En effet, je pense que je pourrai mettre encore en ligne une cinquantaine d’articles sur ce thème. Si certains d’entre vous n’aiment pas trop les petites bêtes, soyez patient, il ne vous reste que 3 154 jours à souffrir ! Et encore, rien de vous garantit qu’au bout de cette période je ne vais pas entamer une rubrique consacrée aux moustiques de Camargue ! Tiens, justement, à propos des moustiques camarguais, voici une photo expérimentale faite en octobre dernier au-dessus du marais du Mas d’Agon, au nord de l’étang de Vaccarès :
Mais revenons à la Brenne et à ses nuées de papillons attirés à la lueur d’une lampe un soir de juillet 2009.
Plusieurs espèces de sphinx ont été observées lors de ce stage. Parmi elles, le grand sphinx de la vigne dont je vous ai déjà parlé il y a quelques mois (cliquer ici pour voir l’article).
L’article d’aujourd’hui est consacré à un autre membre de cette famille : le sphinx demi-paon (Smerinthus ocellata). Pendant ces quatre nuits de « chasse nocturne », je n’ai observé cette espèce qu’à une seule reprise.
Dans la journée, ce papillon reste immobile contre une écorce et demeure invisible aux yeux de prédateurs. Il est strictement nocturne et ne quitte les milieux humides où il vit qu’après 1h du matin.
Je n’ai jamais eu l’occasion d’observer sa chenille. C’est pourtant une chenille énorme (80 mm). Elle vit sur le saule à feuilles étroites, le saule marsault, l’osier et parfois même sur des arbres fruitiers (le pommier le plus souvent).
Etonnant ce que dit Heiko Bellmann à son propos : « La chenille est de teinte nettement plus claire sur la face dorsale que sur la face ventrale. Mais, du fait qu’elle se tient presque toujours la tête en bas, sa face dorsale reçoit moins de lumière que sa face ventrale, de sorte que sa teinte apparaît uniforme sur ses deux faces. Ce phénomène, connu sous le nom « d’ombre inversée intervertie », a pour effet d’effacer le relief de l’animal qui paraît ainsi plat comme une feuille et ne peut donc être reconnu comme une proie potentielle ».
J’ai remarqué que, comme beaucoup de gros papillons, le sphinx demi-paon se laisse manipuler facilement (un « citoyen idéal » donc !).
Lorsque ce sphinx est dérangé, il écarte brusquement ses ailes antérieures et son corps s’anime de soubresauts rythmiques. L’apparition des « yeux » menaçants suffit en général à faire reculer d’éventuels prédateurs.