De retour de Camargue avec des images plein les yeux ! Moins d’oiseaux cette fois-ci, les centaines de milliers de canards qui d’habitude viennent hiverner dans cette région semblent être restés plus au nord en raison du temps extrêmement doux qui règne sur la plus grande partie de l’Europe. Beaucoup d’étangs et de marais sont encore déserts.
Mais il reste les oiseaux classiques de la Camargue. Et parmi eux, un petit héron blanc qui l’on voit partout dans le delta du Rhône : le héron garde-boeuf (Bubulcus ibis). Impossible de louper cet oiseau qui passe une bonne partie de son temps en compagnie des chevaux et des tauraux camarguais.
Si la voiture s’arrête trop près des chevaux, les garde-boeufs auront tôt fait de s’envoler un peu plus loin.
Mais si l’on reste calme dans son véhicule, ils reviendront vite, d’abord dans les grandes herbes avoisinantes puis sur le dos de « leur » monture dès que le calme sera revenu.
Mais d’où viennent ces oiseaux qui semblent faire définitivement partie du paysage camarguais ? Il faut rechercher l’origine de ces oiseaux dans les savanes d’Afrique tropicale. C’est là que, dans des temps très anciens, ce petit héron a pris l’habitude de s’associer aux grands mammifères herbivores (éléphants, rhinocéros, buffles et zèbres), étant tantôt presque sous leurs pieds, tantôt perchés sur leur dos. Lorsqu’est née la civilisation pastorale en Afrique, les garde-boeufs sont devenus les satellites des troupeaux de bovidés domestiques, sous l’oeil bienveillant des bergers qui ont toujours, ici comme ailleurs, toléré la présence de cet oiseau.
Cet oiseau africain est arrivé un jour au sud de l’Espagne. Et c’est de là qu’il est parti à la conquête de la Camargue, en des temps plutôt récents.
Une période un peu difficile, faite de tentatives avortées de nidification, a précédé l’implantation durable du héron garde-boeuf. Cette implantation a été étudiée par Hafner, en voici les principales étapes : les deux premiers hérons ont été aperçus en 1953. Un couple a ensuite essayé de nicher sans succès en 1957, 1958 et 1961. Des présomptions de nidification ont été notées en 1966, 1967 et des oeufs inféconds ont été pondus en 1968. C’est en 1969 qu’a lieu la première nidification de deux couples avec 9 jeunes à l’envol (source : « Guide des oiseaux de Camargue » de Jacques Blondel et Paul Isenmann, 1981).
C’est le début d’une colonisation à grande échelle.
La suite, vous la connaîtrez dans un prochain article que je consacrerai à cet oiseau.