La révolte de Léo

Il y a longtemps que j’ai envie d’écrire des articles sur un grand bonhomme, incontestablement le plus grand des poètes-chanteurs : Léo Ferré.

Je ne sais pas encore comment l’aborder, ça me tarabuste depuis plusieurs mois mais je n’ai pas encore trouvé la porte d’entrée.

Et puis, c’est important pour moi : dans Ferré, il y a toute la révolte et la poésie dont je me suis nourri quand j’avais seize ans, au lycée.

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Je retrouve ce soir sur le Net deux extraits de textes écrits à cette époque inouïe du début des années 70. J’en connais presque les mots par coeur. Ils m’ont abreuvé jusqu’à plus soif (ah bon Dupdup, t’es capable d’avoir plus soif ?).

Je viens de regarder ces deux extraits avec une émotion énorme. Attention, on ne peut pas rester indifférent. Vous allez peut-être vibrer (je l’espère), mais vous allez peut-être détester. Prenez le temps, car le deuxième extrait dure seize minutes.

C’est parti pour un voyage dont vous ne reviendrez peut-être pas indemne (cliquer sur les liens en couleur) :
Le chien
Il n’y a plus rien.

Et puis il y a aussi ce morceau qui, à lui seul, résume toute l’écriture de Ferré : La mémoire et la mer. De la poésie à l’état brut. Dis Vincent, tu te souviens ? C’était peut-être il y a quinze ans. Il était peut-être deux heures du mat’. L’un de nous nous deux a commencé à réciter ce texte. Et quand il ne savait plus la suite, l’autre continuait. Et ainsi de suite. Bon an, mal an, nous sommes arrivés, je crois, les deux ensemble, au bout de ce texte extradordinaire que nous avions emmagaziné dans nos têtes. L’alccol avait sans doute dû contribuer un peu à ce moment magique.

Première tomate

LE COIN DU JARDINIER (19)
L’alternance de pluie et de soleil métamorphose le jardin de jour en jour. Le jardin regorge de salades, les petits pois commencent de donner leurs premières gousses et la récolte des premiers choux et poivrons n’est pas loin.

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Les pieds de tomates, surtout les variétés dites « à feuilles de pomme de terre » se garnissent de fruits.

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Ma plus belle surprise de ce printemps sera sans doute la première tomate mûre à la fin mai. De ma mémoire de vieux jardinier, je n’ai jamais eu de récolte aussi précoce.

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Jusqu’à présent, j’étais toujours heureux de manger ma première tomate dès le 15 juin, ce qui me semblait déjà être un exploit en Franche-Comté, mais là je dois dire que je suis plutôt surpris. Plusieurs explications à ce phénomène : j’ai fait mes semis très tôt (dès février), j’ai protégé certains jeunes plants avec le water-wallo (se référer à mon article du 28 avril) et il n’y a pas eu de gelées tardives. Mais il y a aussi quelque chose d’un peu inquiétant derrière cette précocité et je pense que les chaleurs exceptionnelles d’avril et de mai y sont aussi pour quelque chose. Mais bon, ne boudons pas notre plaisir et dégustons cette première tomate avec toute la solennité qui s’impose. Certes, elle n’aura pas la saveur d’un fruit gorgé du soleil du mois d’août mais la dégustation de la première tomate échappe à ces considérations. La première tomate est toujours « la meilleure ». Forcément.

J’en profite pour rappeler que j’organise chez moi à l’intention des lecteurs de ce blog une petite rencontre autour du thème des tomates le mardi 21 août à 18H30 ouverte non seulement aux personnes qui mettent des commentaires mais aussi aux simples lecteurs réguliers (voir mon article du 20 février). Au programme, il devrait y avoir, si tout se passe bien, la dégustation d’environ 25 variétés de tomates (et évidemment, d’un certain nombre de boissons adéquates).

Retour de Texel

OISEAUX DE TEXEL (3)
Je « reprends du service » après une dizaine de jours d’absence, because un petit séjour en mer du nord.

L’île Texel est connue des amoureux des oiseaux. Ne dit-on pas que c’est la seule île où les faucons font du vélo et où les cormorans font du stop le long des routes ?

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Je reviens de Texel, la tête une fois de plus chargée de belles images (117 espèces d’oiseaux observées, voir la liste dans le premier commentaire de cet article). J’aime ces régions où les oiseaux n’ont pas peur de l’Homme et où les busards saint-martin viennent parfois dire un petit bonjour de près aux promeneurs.

 

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Pour le grand public, l’oiseau le plus représentatif de Texel est sans aucun doute la spatule blanche qui trouve sur cette île l’une de ses rares zones de nidification d’Europe occidentale. Mais je dois dire que pour moi, le hibou des marais est l’espèce qui symbolise le plus Texel. A cette époque de l’année, ce rapace est presque aussi actif le jour que la nuit. Dès la fin d’après-midi, on peut suivre ses activités dans les belles dunes de Cocksdorp. Il rase le terrain d’un vol louvoyant (un peu à la manière d’un busard) et chasse les campagnols qu’il ramène régulièrement au nid. Les observations peuvent durer des heures d’affilée.

 

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L’observation du hibou des marais est celle qui me procure le plus de plaisir. Toutes les conditions sont réunies pour faire de ces moments-là des « moments d’exception » : cadre magnifique, lumière saturée de fin d’après-midi, très bel oiseau à observer, herbe tendre, farniente, présence des amis … et même l’inévitable petite bouteille de Pontarlier, histoire d’assumer notre nationalité et de ne pas trop nous laisser dénaturer par les bières du Nord. D’ailleurs, je dois dire que je n’imagine pas trop l’ornithologie dans d’autres conditions !

 

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Blog en congés (5)

Il n’y aura pas de nouveaux articles avant une bonne semaine. Le prochain ne sera mis en ligne que le dimanche matin 27 mai.

Direction : l’île Texel aux Pays-Bas, ses nuages et son vent, ses moulins, ses moutons, ses fleurs et ses oiseaux … !

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« devoir de vacances »

Avec mon article sur Ségolène, je croyais en avoir terminé avec ce maudit blog avant de partir en vacances. Mais voilà-ti pas que Vincent, au sujet de l’article « il s’en passe des choses autour d’une maison » vient de mettre dans ses commentaires des liens très rigolos pour illustrer certains oiseaux (cliquer sur les mots en couleur) :
– la mésange charbonnière
– le pic vert
– un rassemblement de jeunes pics épeiches
– la huppe fasciée
– le macareux
– le chardonneret
– et même un maillot de loriot d’Europe !

J’ai trouvé ces rapprochements trop drôles. Et ça m’a donné l’idée d’un petit jeu. Donc voilà, si pendant mon absence qui va durer huit jours, certain(e)s ont du temps pour rechercher sur le net d’autres animaux de ce type-là, la liste est ouverte. Ce sont mes « devoirs de vacances » !

Dis Ségolène, le kärcher, tu connais ?

Un dernier article, avant de prendre congés de ce blog, l’espace d’une dizaine de jours seulement. J’ai envie de revenir un dernière fois sur les présidentielles. Avec l’intention de rendre hommage à Ségolène Royal.

J’ai espéré jusqu’au dernier moment que les urnes parleraient différemment. Mais à y regarder de plus près, les jeux étaient presque faits d’avance. Finalement le résultat est plutôt logique.

Pendant cinq ans, le PS n’a rien foutu. Pas l’ébauche d’un programme. Rien. Seules les ambitions personnelles ont prévalu : « succéder au déserteur ». En voilà une ambition pour le pays !

Ségolène est arrivée avec probablement beaucoup d’ambition personnelle. On ne peut le lui reprocher. Pour faire de la politique, il faut avoir soit un égo demesuré, soit un très gros complexe à compenser. Je préfère l’égo au complexe de celui qui a une revanche à prendre sur la société.

On ne peut non plus reprocher à Ségolène Royal de ne pas s’être appuyée sur son parti. Vous rigolez ? Sur quel parti ? Un parti en cendres parce qu’il n’a pas fait l’inventaire des années Jospin. Il n’y avait aucun point d’appui possible dans ce panier de crabes laminé par les guerres intestines. Sans pouvoir bénéficer d’un vrai programme et avec des éléphants qui souhaitaient la défaite de la gazelle (cela ne fait aucun doute), Ségolène a fait ce qu’elle pouvait, c’est à dire en comptant avant tout sur elle-même et sur quelques proches. Elle a donc avancé seule avec le lot de maladresses que cela comporte (la presse a d’ailleurs été beaucoup plus encline à relever ses quelques fautes que les bourdes de Sarko). La grosse erreur de Ségolène Royal aura été, à un moment donné, de revenir vers les DSK, Hollande & Co. Elle n’avait pas compris (ou peut-être a-t-elle simplement douté de sa stratégie à un moment donné) que les français ne voulaient plus de cette génération-là. Dans un combat, on ne change jamais de stratégie. Ce fut sa faute.

Elle s’est retrouvée face à un Sarkozy qui avait quatre années de campagne d’avance et qui a probablement fait une campagne exemplaire, grâce d’une part à ses qualités personnelles exceptionnelles (son punch surtout, qu’il faut lui reconnaître) mais aussi grâce à des choses moins avouables, notamment le système de noyautage de la presse et de désinformation mis en place autour de lui.

Si l’on regarde tout ce qui a desservi Ségolène Royal (la campagne forcenée et réussie de Sarko, la désinformation du public, l’absence de programme du PS, les coups de poignards dans le dos ou l’inertie volontaire des vieux socialistes, les dérapages verbaux des machos, la déliquescence complète de la gauche de la gauche…), force est de reconnaître qu’en faisant passer la gauche de 35% au premier tour à 47% au 2ème tour, Ségolène a réussi un petit miracle. Ce petit tour de force, elle le doit à ses propres qualités d’abord (son courage avant tout) mais aussi, il faut le reconnaître, au front anti-Sarko qui s’est installé en fin de campagne.

S’il fallait que je garde une image, une seule, de cette campagne, c’est bien celle, lumineuse, de cette femme, entourée d’adversité, avançant avec courage et détermination vers son destin.

Mais revenons aux éléphants : DSK, Fabius, Lang, Hollande et Jospin. Il est évident qu’ils ont plombée Ségolène Royal, du début à la fin. Par le fait d’abord de n’avoir eu aucun programme à proposer à leur candidate. Mais aussi par le fait de ne pas l’avoir aidée ou, pire, d’avoir entravé sa marche. Jamais dans l’histoire des présidentielles, un candidat n’avait été aussi peu soutenu par son propre parti. Chacun des éléphants, pour des raisons personnelles ou pour des visées stratégiques à moyen terme (2012), a souhaité la défaite de sa candidate, c’est une véritable honte, le pire peut-être ayant été le PIRE (c’est l’abréviation que j’ai trouvé pour le Planqué de l’Ile de RE, je suis assez content de ma trouvaille).

Finalement, si Ségolène Royal méritait de gagner, le PS lui, méritait de perdre.

Juste un petit conseil à Ségolène pour finir. Face à une telle adversité dans son propre parti, il n’y a qu’une seule méthode qui vaille : la méthode Sarkozy, c’est à dire la méthode kärcher. « Vas-y Ségo, pulvérise-les avant qu’il ne reprennent le dessus. Beaucoup de gens sont avec toi. Mais le chemin sera long pour reconstruire ce qui est aujourd’hui en ruine ».

Liberté bafouée (1)

Dans un commentaire à mon article Valeurs républicaines en danger, Anne me demandait de préciser ma pensée sur les intentions que je prêtais à Sarko de fliquer la société. Finalement, ça m’a donné l’idée de relever dans l’actualité différents dérapages verbaux, prises de position, décisions du nouveau chef de l’Etat, tendances … qui iraient dans le sens d’atteintes aux trois valeurs fondamentales de la République. Il devrait donc y avoir plus ou moins régulièrement sur ce blog des articles intitulés « liberté bafouée », « égalité bafouée », « fraternité bafouée ».

Mon premier article concerne la liberté de la presse.

J’ai beaucoup apprécié les dossiers fondamentaux que le journal Marianne a consacré aux élections présidentielles en nous éclairant notamment sur des aspects troublants de la personnalité de Sarko. J’ai encore plus apprécié le fait que ce journal, dès les résultats du 2ème tour, soit « entré en résistance ». J’ai trouvé que son rédacteur en chef, Jean-François Kahn, était courageux et n’avait pas froid aux yeux. Le ton libre du journal est actuellement une véritable bouffée d’air frais dans le monde médiatique actuel dominé par les muselières.

Or, voilà que Daniel Carton publie un livre « Une campagne off » aux éditions Albin Michel et cite une déclaration de Sarko au directeur du Figaro Magazine lors d’un déjeuner : « Je sais déjà ce que je ferai sitôt à l’Elysée : je m’occuperai personnellement de Jean-François Kahn ».

Liberté de la presse, vous avez dit ?

Alors que j’allais mettre ce petit article en ligne, je tombe ce soir sur un article du Monde qui donne encore un peu plus d’eau à mon moulin. Il relate un autre événement, à savoir une lettre que le syndicat des journalistes du Journal du Dimanche a adressé à Arnaud Lagardère, propriétaire du journal, qui est intervenu auprès de la direction pour qu’un article sur Cécilia Sarkozy ne soit pas publié. Cinq petits extraits de ce courrier :

« Vous êtes intervenu samedi auprès de la direction de la rédaction pour que cet article ne soit pas publié ».
« Nous estimons qu’il s’agit là d’une censure inacceptable, contraire à la liberté de la presse. L’ensemble des journalistes du JDD s’indigne de cette pratique d’un autre âge, d’ailleurs largement dénoncée par l’ensemble de notre profession, en France comme à l’étranger »
.
« Vos relations privilégiées avec Nicolas Sarkozy ne sauraient nous contraindre à renoncer une nouvelle fois aux exigences de notre métier. La rédaction du JDD, indépendante, revendique le droit de refuser toute subordination qui voudrait la priver de son devoir d’informer »
.
« En l’espace d’un week-end, cette intervention a donné du crédit aux graves accusations portées contre les titres du groupe, soupçonnés d’avoir favorisé la campagne de Nicolas Sarkozy ».

Liberté de la presse, vous avez dit ?

Il s’en passe des choses autour d’une maison

L’actualité me déprime depuis quelques temps. Je n’ai pas consulté de médecin, connaissant par avance le diagnostic à ma maladie : la sarkophobie aigüe. Sachant que cette maladie est incurable, j’ai essayé de trouver quelque activité sédative. Et je dois dire que le jardinage (comme l’a fait remarquer Nanou dans son dernier commentaire) et l’observation de la nature ont des vertus thérapeutiques insoupçonnées.

Le seul avantage de la déprime post-électorale est qu’elle a toujours lieu au printemps, saison riche par excellence qui permet, par de belles observations chargées d’émotions, d’atténuer son vague-à-l’âme et d’espérer pouvoir remonter la pente. C’est vrai qu’à cette saison, les découvertes se succèdent les unes après les autres. Quelques exemples d’observations des derniers jours autour de notre maison (illustrés par des images puisées dans ma photothèque) :

Je continue de nourrir les écureuils qui viennent sur ma fenêtre. Il semblerait qu’il y ait actuellement cinq individus différents que j’observe tous les jours à moins de cinquante centimètres. Les noix que je mets à leur disposition attirent aussi certains oiseaux. Ainsi, jeudi dernier, j’ai eu la surprise de voir un geai des chênes à plusieurs reprises sur le rebord de la fenêtre. En quelques jours, il est devenu un hôte familier de la mangeoire.

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Joëlle et moi avons eu la chance incroyable de voir un pic noir passer d’arbre en arbre derrière la maison (voir mon article du 11 mars que j’ai consacré à cet oiseau). En repensant aujourd’hui à son comportement un peu bizarre, j’ai la conviction qu’il était attiré par le manège des pics épeiches venant prendre les noisettes sur le rebord de la fenêtre. J’ai maintenant le secret espoir (pour ne pas dire le fantasme) de voir cet oiseau dans les semaines qui viennent à très très faible distance.

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Depuis samedi, une fauvette des jardins chante à tue-tête dans la haie près de la maison. Avec la babillarde, la grisette et la tête noire, le pourtour de la maison accueille maintenant les quatres fauvettes franc-comtoises.

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Le même jour, samedi soir, des petits hiboux moyens-ducs faisaient entendre leur cris plaintifs dans les arbres derrière la maison (on dirait un bruit de porte mal huilée). Il semble que 2007 soit une année exceptionnelle pour la reproduction de cette belle espèce.

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Enfin, dimanche, j’ai eu la surprise d’entendre la huppe fasciée que je n’avais pas vue à Bussières depuis plus de vingt ans. Peut-être ne s’agissait-il que d’un oiseau de passage, en migration. Mais qui sait … ?

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Neil Young en DVD

Neil Young fut l’un des musiciens des années 70 que j’ai le plus aimé. Aujourd’hui, je l’écoute toujours avec le même plaisir. Toute une génération se souvient du disque Harvest, son plus gros succès commercial. Depuis, Neil Young a poursuivi une carrière étonnante, passant du folk-rock (sa musique de base, son « fond de commerce » si j’ose dire) au rock avec guitares saturées, à la musique soul, au rockabilly et même à la musique électronique.

Ses concerts sont souvent très électriques, très rock. J’aime beaucoup, c’est même l’un des aspects de sa musique qui me plait le plus, mais je dois dire qu’en ce moment je préfère le Neil Young des ballades folk-rock. Les derniers DVD qui lui sont consacrés, et qui sont dans cette veine cool, me comblent donc d’aise.

D’abord, il y a quelques années, en 2000, j’avais adoré le DVD Silver & Gold où Neil Young, seul sur scène, joue un concert extraordinaire, à la guitare acoustique et à l’harmonica, parfois au piano et même sur un orgue. La voix est émouvante, il y a beaucoup d’intimité dans ce film (malgré la présence du public), la manière de filmer me plait beaucoup, le décor est très sobre. Les 13 chansons du DVD sont de belles ballades très calmes. Neil Young y respire la sérénité. On le sent en paix avec lui même, contraste étonnant avec les quelques concerts plutôt violents que je connaissais de lui. Malheureusement, je n’ai trouvé aucun extrait vidéo de ce film sur le net pour vous en faire profiter.

Même sensation, même climat, dans le dernier film Heart of Gold que Jonathan Demme (le réalisateur du Silence des agneaux) consacre à un concert de Neil Young. Le concert date de 2005. Le film est sorti en salle en France à l’automne 2006 mais n’est pas passé à Besançon. Par bonheur, il vient d’être édité en DVD. Guitare sèche à la main, chapeau vissé sur le crâne, accompagné par quelques musiciens dont Emmylou Haris à la guitare et à la voix, Neil Young égrène en acoustique les ballades de son dernier album plus quelques morceaux des années 70, dont Heart of Gold, Comes a time et The needle and the damage done.

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Beaucoup d’émotion, de simplicité et de sincérité dans ce film. Jonathan Demme voulait faire un « portrait musical de l’âme de Neil Young ». Le pari me semble plutôt réussi.

Voici quelques vidéos qui illustrent divers moments de sa carrière :
– en 1971, interprétant Out on the week-end
– en 1976, chantant Helpless en compagnie de The Band dans le film The last waltz
– en 1978, chantant Powderfinger avec son groupe le plus habituel, le Crazy Horse
– (date ???) jouant The needle and the damage done
– en 1991, jouant All along the Watchtower (de Dylan) lors du 30ème anniversaire de Dylan
– en concert en 93 avec le groupe Pearl Jam (c’est une période plus hard)
– en 2000, lors de la reconstitution (passagère) du célèbre quatuor Crosby, Stills, Nash & Young avec la chanson Southern
encore en 2000, rejouant avec son groupe d’origine Le Buffalo Springfield (son premier groupe avec lequel il jouait en 67 et 68).

En allant sur Dailymotion et sur Youtube, on trouvera des tas d’autres vidéos sur Neil Young.

Valeurs républicaines en danger

Nous sommes entrés inéluctablement dans une période de régression des acquis sociaux. Ce qui a été obtenu de longues luttes par nos parents et les générations qui les ont précédés peut être mis à mal rapidement. Ils peuvent être défaits bien plus rapidement qu’ils n’ont été gagnés, tout comme un pull-over que l’on peut détricoter bien plus vite qu’on ne l’a tricoté. Et celà, qu’il s’agisse de gouvernements de droite ou de gauche. La droite ira à fond dans le sens du capitalisme financier, cela ne fait aucun doute. La gauche non, mais que peut-elle vraiment faire dans un monde où patronat et actionnaires tirent les ficelles. Depuis longtemps, le pouvoir n’appartient plus aux politiques, c’est un leurre.

Mais bien plus que le danger qui pèse sur ces acquis, il y a une autre menace, bien plus sourde et insidieuse, qui est déjà en marche et qui me semble beaucoup plus inquiétante. Je crois en effet qu’aujourd’hui la république est menacée dans ses fondements mêmes. Liberté, égalité, fraternité. Voilà bien trois mots qui sont déjà mis à mal dans les discours et qui peuvent le devenir rapidement dans les faits.

Liberté, vous avez dit ? On sent bien les vélléités du nouveau chef de l’état de fliquer l’ensemble de la société, y compris ce qui se passe sur internet.

Egalité ? En votant Sarko, les français ont clairement voté pour le creusement des inégalités. Les pauvres seront plus pauvres (comment ont-ils pu voter pour lui ? c’est un mystère) et les riches encore plus (là on comprend le sens de leur vote).

Fraternité ? Tout est actuellement bon pour opposer les différentes catégories de citoyens français entre eux : ceux qui bossent contre ceux qui sont au chômage, les français de souche contre les immigrés, les parents contre les enseignants, ceux du privé contre les fonctionnaires de l’Etat … Alors, fraternité mon cul, oui !

Non, non, on a beau essayer de se rassurer, d’espérer que ce type est respectable, différent du manipulateur d’opinion que nous avons vu pendant la campagne, la situation me semble infiniment plus grave que ce que l’on veut dire.

Mais en y regardant de plus près, la gravité de la situation n’est pas due à Sarko lui-même mais bien au fait qu’il s’appuie sur un véritable mouvement d’opinion publique. Sarko ne fait que surfer sur la vague, poussé par une immense lame de fond. Ecoutez autour de vous : beaucoup de gens sont convaincus aujourd’hui qu’il y a trop de libertés, qu’il y a trop de solidarité dans notre société …

Notre peuple, qui n’a plus d’idéal républicain, est bien malade.

Goéland à ma fenêtre

Ce matin, j’étais en train de trier des diapos de goélands en vue d’une petite présentation demain soir lors d’une assemblée générale. Le tri des diapos est un truc que je n’aime pas faire, j’ai l’impression de me bousiller les yeux en les regardant à la loupe. A un moment donné, j’ai regardé par la fenêtre et savez-vous ce qu’il y avait dans le ciel ? Vous l’avez déjà deviné : un goéland. J’ai pris mes jumelles et eu le temps de constater qu’il s’agissait très probablement d’un goéland argenté. C’est la première fois que je vois ce goéland dans la commune où j’habite.

Ce genre de coïncidence m’arrive régulièrement. Par exemple, un jour, j’arrivais de Texel, une île de la mer du nord que vous connaissez au moins pour me lire souvent sur ce blog, la tête chargées d’images d’oiseaux et notamment de sternes pierregarins que j’avais pu observer à quelques mètres. En arrivant dans mon bureau, qui surplombe un cours d’eau, il y avait une sterne qui volait au-dessus de la rivière. C’était la première fois que je voyais une sterne dans la vallée de l’Ognon.

Tiens, à propos de Texel, justement, c’est bientôt le moment du départ. Dans une semaine, nous serons quelques-uns à rejoindre cette île magique. Mon blog sera alors en vacances pour dix jours mais d’ici là, quelques articles, notamment politiques qui me trottent dans ma tête seront mis en ligne. Il va bien falloir que je parle un de ces jours de la douche froide et de cette envie de vomir du week-end dernier. Mais laissez-moi encore un ou deux jours pour digérer avant de régurgiter.

J’ai bien peur que les goélands de Texel que j’ai déjà dans la tête, remplissent complétement ma petite boîte cranienne dans les jours qui viennent. Les derniers jours au boulot vont être durs.

Lors d’un même voyage à Texel il y a juste un an, j’avais essayé de photographier les goélands à contre-jour en surexposant de deux diaphragmes, histoire de faire ressortir la structure des ailes. En voici quelques photos, justement celles que j’étais en train de trier ce matin au moment où l’un d’entre eux est venu me narguer.

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Fraise : d’Espagne ou de nos jardins ?

J’attends le mois de mai pour manger les premières fraises. Elles viennent toujours du jardin. Cette année, la récolte s’annonce exceptionnelle. Pour la première fois, j’ai mis entre les pieds de fraises un fumier de vache contenant pas mal de paille, le couvert végétal entretenant ainsi une certaine humidité (le fraisier aime les endroits frais) et le fumier amenant des matières organiques (le fraisier est une plante très exigeante à ce niveau). C’est une technique qui me semble infiniment plus intéressante que le plastique noir habituel, en raison de l’apport en matières organiques. Hier soir, j’ai donc cueilli mes premières fraises.

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Evidemment, la plupart des consommateurs en mangent depuis deux mois déjà, les rayons des magasins en regorgent. Mais manger des fraises dès février est un privilège de pays nantis. Cela a un prix. Il y a derrière cette habitude de consommer des fruits « hors saison », venant de plus en plus souvent de l’autre bout de la planète, l’un des pires aspects de la mondialisation. Les conséquences sont souvent énormes, que ce soit d’un point de vue énergétique, social et environnemental.

Justement, le Canard enchaîné a publié la semaine dernière un article au sujet des fraises. En voici de larges extraits  » : « Bien rouge, bien ronde, bien calibrée, autant de goût qu’un fruit en plâtre. Elle se fabrique dans le sud de l’Espagne, sur 5000 hectares où s’affairent des centaines d’ouvriers agricoles sous-payés, venus du Maghreb et d’Europe de l’Est… On l’enferme sous des kilomètres en plastique, on la bourre d’engrais et on l’asperge d’insecticides et de fongicides. Tous les jours, 400 tonnes de fraises espagnoles prennent la route des supermarchés français. Une juteuse affaire pour les centrales d’achats qui déboursent 1,5 euros le kilo contre 2 pour la fraise française. Hic : elle constitue un fléau écologique… Tout autour du parc national de Donana, où poussent 95% des fraises ibériques, l’irrigation intensive a pompé la moitié des nappes phréatiques, dont l’eau est désormais bourrée de nitrates. Qui plus est, 110 hectares, sur 2000 cultivés illégalement, empiètent sur le parc naturel. Autre joyeuseté : chaque année, 4500 tonnes de résidus plastiques sont éparpillées dans la nature. Fraise sur le gâteau, le WWF a détecté dans l’eau, dans l’air et dans le sol du bromure de méthyle, un pesticide interdit par l’Union Européenne notamment parce qu’il détruit la couche d’ozone. »

On voit, avec cet exemple pris dans un pays proche, que la mondialisation engendre aussi la déréglementation. Le profit et les envies hors normes des consommateurs français engendrent ailleurs le non-droit. Et l’Espagne est un pays occidental ! On imagine sans peine comment cela peut se passer dans les pays dits « du sud ».

Toujours à propos des fraises, Serge Latouche, auteur de « Le pari de la décroissance » nous rappelle qu’un yaourt aux fraises, avant de parvenir à nos assiettes, aura parcouru 9000 kilomètres, si l’on cumule le trajet du lait et celui des fraises.

Des pays du sud qui étaient, il n’y a pas bien longtemps encore en autosuffisance alimentaire, crèvent aujourd’hui de faim. Le système économique que nous leur avons imposé les contraint à exporter leur nourriture vers nos pays riches. On se donne bonne conscience en disant que si on ne leur achetait pas ces produits, ils mourraient encore plus de faim. A voir ! Ne serait-ce pas notre système bien-pensant, à la solde des grandes firmes de l’agroalimentaire, qui entretient cette idée ?

J’ai la certitude que nous ne pourrons pas faire face aux enjeux énergétiques, sociaux et environnementaux d’aujourd’hui sans revenir à un monde « relocalisé » où l’on produise au plus près des lieux de consommation.

Patriotisme, nationalisme et identité nationale

Relevé cette semaine, dans Télérama, cette citation de Romain Gary rapportée par un lecteur : « Le patriotisme, c’est l’amour des siens. Le nationalisme, c’est la haine des autres. »

Et dans le même courrier des lecteurs, juste en dessous, un petit texte de Y. Mathieu : « Et si le ministère de l’Identité nationale dont rêvent certains c’était « tout simplement » le ministère de la Culture ? ».

Les élections sont terminées. Mais que cela ne nous empêche pas de continuer à discuter ensemble de thèmes importants dont certains, notamment la culture, ont été « oubliés » dans cette campagne.

J’irai lire sur vos tombes

Il y a un mois, j’étais à un baptême dans un petit village de la vallée de l’Ognon. Comme chaque fois, je m’emmerde pendant l’office. Un enterrement, c’est beaucoup plus pratique, il y a toujours beaucoup de monde (surtout dans les campagnes) et, en n’arrivant pas trop tôt, on se retrouve systématiquement à l’extérieur, faute de place. Un baptême, ce n’est pas pareil. La foule s’y presse moins. Dans le cas présent, même avec cinq baptêmes à la fois (on fait ça à la chaîne maintenant), l’église était aux trois quarts vides. Impossible donc d’éviter l’office.

Le curé était super bien, du genre cool à la voix douce, une voix d’agneau. Mais je me méfie de ceux-là, c’est les plus dangereux à mon avis. Alors je suis sorti discrètement au bout de dix minutes.

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Comme le cimetière du village est installé autour de l’église, j’ai commencé à déambuler au milieu des tombes, d’autant que ce petit cimetière, dont une partie est sous forme de terrasses, a beaucoup de cachet. Et puis, je dois dire que j’aime l’ambiance particulière des cimetières (comme celle des églises d’ailleurs, s’il n’y avait pas ces soutanés curés !). Je comprends Brassens qui a beaucoup écrit à ce sujet et qui aimait beaucoup ces lieux chargés d’histoire.

Parfois quelques tombes nous livrent des fragments de la vie des gens. Ainsi une tombe de ce cimetière affichant un portrait de Johnny Halliday. Le défunt devait être un vrai fan … ou un Suisse. Mais c’est une autre tombe qui m’a frappé. Il y avait enterré là un couple de chorégraphes de l’opéra de Paris, Pierre et Micheline, morts il y a une dizaine d’années. Plutôt insolite dans ce petit cimetière campagnard. Et puis surtout, gravée sur la pierre, une citation de Nietzche. Un texte de l’auteur de l’Antechrist sur une tombe, avouez que celà a de quoi surprendre !

« Et que soit perdue la journée où l’on ait pas dansé une seule fois. Et que soit fausse la vérité où il n’y ait pas un seul éclat de rire ».

La première moitié de cette citation nous invite à danser tous les jours de notre vie. Elle est très belle.

Demain soir, après l’annonce du résultat de l’élection présidentielle, la moitié de la population aura effectivement envie de danser. L’autre moitié pourra-t-elle, comme le suggère Nietzche, danser quand même malgré le désespoir et le découragement ? Ce sera difficile, mais c’est quand même une belle philosophie de la vie, non ?

Le nouveau Dieu informatique

Mes problèmes de connection internet sont résolus. Je suis désolé d’avoir été moins présent sur ce blog, surtout au niveau des commentaires.

Avant que les problèmes n’aient été résolus, j’ai dû, en raison du peu de répondant de Free, utiliser tous les moyens possibles et imaginables pour tenter de reconnecter la bête capricieuse.

J’ai même dû utiliser les services de deux techniciennes que Dieu-Sait-Qui ou peut-être la Providence m’avaient envoyées. Les voici en train de vérifier les branchements.

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Une image symbolique de l’espèce humaine se prosternant devant le nouveau Dieu Ordinateur, non ?

Scènes de la vie quotidienne

Trois petites scènes intéressantes vues hier matin 1er mai.

Au lever du jour, j’étais en train de rempoter une plante lorsqu’une fauvette babillarde est venue chanter son ru tu tu tu classique à moins de deux mètres dans la haie. Je me suis immobilisé, l’ai cherchée du regard et j’ai eu le temps de l’observer deux secondes avant qu’elle ne s’envole. Observation rare et extrêmement proche d’un oiseau pas très commun et qui ne se montre jamais à découvert. C’est la première fois qu’il m’est donné de voir cet oiseau dans ces conditions exceptionnelles.

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Une heure plus tard, je suis en plein champ en train de piocher mes haricots qui commencent à sortir de terre. Des cris étonnants, sortes de roulements liquides sortis du fond d’un gosier, viennent du ciel. Je reconnais aussitôt le guêpier d’Europe, extrêmement rare dans la vallée de l’Ognon, même en migration. Je lève la tête pour voir six guêpiers qui remontent en hâte la vallée. Je n’avais jamais vu cet oiseau dans ma commune. Moment purement magique, bien que furtif.

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Encore plus tard, alors que je suis rentré à la maison, je remarque depuis la cuisine un moineau friquet qui arrive dans un gros pommier avec une grande herbe sèche dans le bec. Il la lâche juste au moment où un autre moineau friquet sort du nichoir voisin et vient la récupérer en plein vol. Suit alors une chose très curieuse : ce moineau friquet va déposer son matériau, non pas dans le nichoir dont il est sorti, mais dans un autre situé à trois mètres sur le même arbre. Une fois le brin de paille installé, il revient dans le premier nichoir.

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Les deux sexes ayant le même plumage, il est difficile de dire qui, dans cette scène, est le mâle ou la femelle. La seule explication que j’aie trouvé à ce drôle de manège est que nous avons probablement affaire à un mâle polygame. C’est lui, sans doute, qui a récupéré l’herbe amenée par la femelle pour l’utiliser ensuite en aménageant le nid de son autre compagne. C’est un peu compliqué comme raisonnement mais je ne vois pas d’autre explication.

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Ma conclusion : « Devenir polygame, c’est quand même plus facile quand on est friqué ! »