La science et le progrès sont des mythes bien solides au sein de nos sociétés occidentales. Beaucoup sont persuadés que des trouvailles scientifiques finiront bien, au bout du compte, par sauver l’homme et la planète. Que l’on arrivera à inventer des machines qui fixeront l’excès de CO2 atmosphérique par exemple. Ou même qu’on arrivera, quand tout semblera perdu, à vivre sous cloche.
Les hommes ne croient à la science que quand ça les arrange. Or, c’est une science fondamentale (LES MATHEMATIQUES), qui nous démontre, non pas que l’on trouvera des solutions, mais au contraire que l’on va droit dans le mur. Je m’explique : tout notre système économique actuel est basé sur la CROISSANCE et tous les hommes politiques n’ont que ce mot à la bouche. Or, nous avons oublié que nous vivons dans un monde fini, qui a ses propres limites. Il est évident qu’il n’existe aucun avenir, à terme, à un modèle basé sur une croissance infinie (aussi faible soit-elle) se développant dans un monde aux dimensions limitées. Tôt ou tard le système en développement se heurte aux murs. C’est mathématique et c’est l’évidence même. On aurait d’ailleurs pu écrire ceci il y a plusieurs siècles ou même deux millénaires, les grands principes mathématiques étaient déjà les mêmes.
Aujourd’hui, il est probable que nous avons déjà atteint les limites car tous les indicateurs semblent être au rouge, que ce soit au niveau de la démographie, de la disponibilité des ressources ou de la pollution.
Je suis même persuadé que nous sommes déjà en période de décroissance. Car notre croissance actuelle (qui se ralentit d’ailleurs) n’est peut-être qu’illusoire. Elle se fait au détriment des autres, d’abord au détriment des pays du sud dont on a pillé les ressources et qui se sont appauvris, et ensuite au détriment des exploités de nos propres sociétés. Il n’y a jamais eu autant de pauvres dans le monde, il n’y en a jamais eu autant chez nous. La décroissance me semble donc être déjà là. Mais qu’elle arrive aujourd’hui ou dans vingt ans seulement, ne change pas grand chose au problème.
On peut s’attaquer au mythe de la croissance, mais de toute façon, ce mythe va tomber de lui-même. Il est inutile de s’en prendre aux groupes alternatifs, à ceux qui constituent ça et là des espaces de réflexion et d’action sur ce thème, et de les traiter d’oiseaux de mauvaise augure ou de défaitistes, l’histoire leur donne déjà raison par avance. Il n’y aura pas non plus à choisir entre deux systèmes politiques, l’un basé sur la croissance, l’autre sur la décroissance. Non, il faut dès maintenant prendre le risque d’une décroissance anticipée et maîtrisée ou se résigner plus tard à la récession. Je ne pense pas qu’il y ait d’autres solutions. Le temps joue contre nous et rien ne dit que nous pourrons, d’ailleurs, éviter le pire.
Je ne suis pas d’un naturel pessimiste, au contraire, mais je pense qu’il y aura beaucoup de casse.
Mais je pressens aussi qu’il y a plein d’aspects positifs dans la décroissance. Celà fera l’objet d’un prochain article … si j’arrive d’ici là à mettre mes idées au clair dans ma petite tête (dont les neurones, sont, avec l’âge, déjà victimes de décroissance).