Goéland à ma fenêtre

Ce matin, j’étais en train de trier des diapos de goélands en vue d’une petite présentation demain soir lors d’une assemblée générale. Le tri des diapos est un truc que je n’aime pas faire, j’ai l’impression de me bousiller les yeux en les regardant à la loupe. A un moment donné, j’ai regardé par la fenêtre et savez-vous ce qu’il y avait dans le ciel ? Vous l’avez déjà deviné : un goéland. J’ai pris mes jumelles et eu le temps de constater qu’il s’agissait très probablement d’un goéland argenté. C’est la première fois que je vois ce goéland dans la commune où j’habite.

Ce genre de coïncidence m’arrive régulièrement. Par exemple, un jour, j’arrivais de Texel, une île de la mer du nord que vous connaissez au moins pour me lire souvent sur ce blog, la tête chargées d’images d’oiseaux et notamment de sternes pierregarins que j’avais pu observer à quelques mètres. En arrivant dans mon bureau, qui surplombe un cours d’eau, il y avait une sterne qui volait au-dessus de la rivière. C’était la première fois que je voyais une sterne dans la vallée de l’Ognon.

Tiens, à propos de Texel, justement, c’est bientôt le moment du départ. Dans une semaine, nous serons quelques-uns à rejoindre cette île magique. Mon blog sera alors en vacances pour dix jours mais d’ici là, quelques articles, notamment politiques qui me trottent dans ma tête seront mis en ligne. Il va bien falloir que je parle un de ces jours de la douche froide et de cette envie de vomir du week-end dernier. Mais laissez-moi encore un ou deux jours pour digérer avant de régurgiter.

J’ai bien peur que les goélands de Texel que j’ai déjà dans la tête, remplissent complétement ma petite boîte cranienne dans les jours qui viennent. Les derniers jours au boulot vont être durs.

Lors d’un même voyage à Texel il y a juste un an, j’avais essayé de photographier les goélands à contre-jour en surexposant de deux diaphragmes, histoire de faire ressortir la structure des ailes. En voici quelques photos, justement celles que j’étais en train de trier ce matin au moment où l’un d’entre eux est venu me narguer.

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Scènes de la vie quotidienne

Trois petites scènes intéressantes vues hier matin 1er mai.

Au lever du jour, j’étais en train de rempoter une plante lorsqu’une fauvette babillarde est venue chanter son ru tu tu tu classique à moins de deux mètres dans la haie. Je me suis immobilisé, l’ai cherchée du regard et j’ai eu le temps de l’observer deux secondes avant qu’elle ne s’envole. Observation rare et extrêmement proche d’un oiseau pas très commun et qui ne se montre jamais à découvert. C’est la première fois qu’il m’est donné de voir cet oiseau dans ces conditions exceptionnelles.

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Une heure plus tard, je suis en plein champ en train de piocher mes haricots qui commencent à sortir de terre. Des cris étonnants, sortes de roulements liquides sortis du fond d’un gosier, viennent du ciel. Je reconnais aussitôt le guêpier d’Europe, extrêmement rare dans la vallée de l’Ognon, même en migration. Je lève la tête pour voir six guêpiers qui remontent en hâte la vallée. Je n’avais jamais vu cet oiseau dans ma commune. Moment purement magique, bien que furtif.

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Encore plus tard, alors que je suis rentré à la maison, je remarque depuis la cuisine un moineau friquet qui arrive dans un gros pommier avec une grande herbe sèche dans le bec. Il la lâche juste au moment où un autre moineau friquet sort du nichoir voisin et vient la récupérer en plein vol. Suit alors une chose très curieuse : ce moineau friquet va déposer son matériau, non pas dans le nichoir dont il est sorti, mais dans un autre situé à trois mètres sur le même arbre. Une fois le brin de paille installé, il revient dans le premier nichoir.

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Les deux sexes ayant le même plumage, il est difficile de dire qui, dans cette scène, est le mâle ou la femelle. La seule explication que j’aie trouvé à ce drôle de manège est que nous avons probablement affaire à un mâle polygame. C’est lui, sans doute, qui a récupéré l’herbe amenée par la femelle pour l’utiliser ensuite en aménageant le nid de son autre compagne. C’est un peu compliqué comme raisonnement mais je ne vois pas d’autre explication.

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Ma conclusion : « Devenir polygame, c’est quand même plus facile quand on est friqué ! »

L’hirondelle grivelée

En allant à un stage de formation à Paris il y a une quinzaine de jours, j’ai croisé dans le train l’une de mes anciennes connaissances d’il y a trente ans : Marc R. Nous étions tous deux à l’université ensemble, je me rappelle juste qu’à l’époque il était parti faire son DEA à Lille dans sa région d’origine. Et je n’avais plus entendu parler de lui.

Nos retrouvailles se sont faites autour d’un café à 7 heures du matin, au bar du TGV. Nous avons papoté pendant plus d’une heure de temps et avons beaucoup parlé de musique, Marc est un passionné de musique soul et c’est un très grand connaisseur de la musique d’Otis Redding, de Wilson Pickett et surtout de Sam Cooke. Comme le disque live de Sam Cooke enregistré en 1963 est l’un de mes disques préférés, toutes musiques confondues, nous avons vite été en pays de connaissance.

Mais nous avons aussi beaucoup parlé d’oiseaux. Car Marc, après son départ de la fac de Besançon, avait eu la chance de faire un DEA puis une thèse dirigée conjointement par deux grands bonhommes du monde ornitho : Frochot & Blondel, puis d’être embauché au Muséum d’Histoire Naturelle à Paris. Depuis vingt cinq ans, Marc travaille sur des tas de missions internationales et se déplace aux quatre coins de la planète (ça le gonfle parfois, car à plus de cinquante ans, il commence d’en avoir un peu marre des hôtels et des voyages et aspire à être un peu plus auprès de sa famille).

L’an passé, Marc a travaillé sur un projet étonnant. Avec une équipe de chercheurs danois, suédois et allemands, il a consacré son temps à une nouvelle espèce d’hirondelle, découverte il y a deux ans, en Ukraine. Cette hirondelle a été appelée Delichon macularia (traduction littérale en français : hirondelle grivelée). Très vite, une polémique a vu le jour, car cette hirondelle est apparue au sud-ouest de la centrale de Khmelnytskyi, dans une zone où le taux de radioactivité est très supérieur aux normales admises (voir l’article danse macabre autour d’un sarcophage du 10 mai dernier que j’avais d’ailleurs consacré aux fuites des centrales ukrainiennes). La possibilité que cette hirondelle ait pu apparaître à la suite d’une mutation sous l’effet des radiations a été prise très au sérieux par les scientifiques. D’abord, parce que mis à part l’aspect « grivelé » du poitrail, cette hirondelle ressemble étrangement, pour les autres caractères, à l’hirondelle de fenêtre. Et ensuite parce qu’il est peu probable qu’une espèce d’hirondelle ait pu être ignorée par l’Homme pendant des millénaires. Cette hirondelle ne pouvait donc qu’être apparue récemment.

Mais cette hypothèse de mutation pour cause de radioactivité a été abandonnée par les autres chercheurs. Marc enrage car il est persuadé que les autres chercheurs se sont laissés graisser la patte par les autorités ukrainiennes. Depuis des mois, lui qui croyait tenir un véritable « scoop », ne décolère pas. Officiellement donc, cette hirondelle grivelée (qui va faire l’objet d’une publication scientifique en mai prochain) existe depuis fort longtemps mais vient seulement d’être découverte par l’Homme. Il s’agit donc d’une espèce endémique (très localisée) dont les effectifs sont extrêmement faibles (92 couples seulement).

La polémique est donc close. Sauf que Marc a entendu dire qu’une habitante de Clansayes, en France, avait chez elle une colonie d’hirondelles de fenêtre et que trois d’entre elles avaient le poitrail grivelé. Et ce village de Clansayes est situé … à 3 km seulement de la centrale nucléaire du Tricastin (vallée du Rhône), qui a déjà eu de sérieux problèmes de fuites. Marc a appris ça en novembre dernier, après son retour en France, à une époque où les hirondelles étaient déjà parties pour l’Afrique. Il n’a donc pas pu encore vérifier ce fait troublant.

Le 14 mars dernier, dans ce TGV Besançon-Paris, il y avait donc un homme tout excité dans l’attente du retour imminent des hirondelles.

Tambourinage à ma porte dès dimanche matin

Géant parmi les pics, le pic noir est l’un des oiseaux forestiers les plus spectaculaires. Dans son livre consacré aux passereaux, Paul Géroudet écrit que le pic noir est « une expression des forces primitives de la forêt ».

Lorsque j’ai aménagé il y a six ans, la présence du pic noir dans la forêt derrière la maison a été l’une de mes plus grandes satisfactions (il est vrai que j’ai la chance rare d’avoir autour de la maison toutes les espèces de pics qui nichent dans le département de Haute-Saône : pic épeiche, pic mar, pic épeichette, pic vert, pic noir, pic cendré et torcol).

Mais depuis six ans, je me désespérais d’entendre le tambourinage du pic noir. Le tambourinage est considéré comme un chant, il est obtenu par martèlement du bec de l’oiseau contre un tronc d’arbre, au rythme de plusieurs fois pas seconde. J’entends à longueur d’année les cris de l’oiseau, des kvik, des khlick, des kyak, des klicka, des kouikouikouikoui mais jamais un seul tambourinage.

J’ai fini pas penser que j’avais affaire à un pic noir anormal, d’autant que Géroudet parle d’une vingtaine de tambourinages par jour en période de nidification et que « le mien » n’avait jamais daigné s’exprimer, ne serait-ce qu’une seule fois, en six ans. Et puis ce matin vers huit heures, miracle, une véritable rafale de mitraillette, ou plutôt un énorme roulement de tambour, a retenti dans la forêt, à trois reprises. Magique et puissant. D’autant que l’oiseau était très proche, à une cinquantaine de mètres seulement de la maison.

Voilà, c’était mon petit plaisir du dimanche matin.

Vol de migrateurs

La migration des grues est probablement l’un des phénomènes les plus spectaculaires auquel on puisse assister. Je me souviens d’un lever du jour avec brume et soleil sur le lac du Der. Trente mille grues avaient alors décollé du site dans un vacarme assourdissant et j’en garde un souvenir magique.

Il faut dire que le lac du Der est un passage presque obligatoire pour ces oiseaux. En octobre-novembre, après s’être concentrées sur la presqu’île de Rügen au nord de l’Allemagne, les grues traversent la France en enfilade en direction des Landes, ne s’écartant que très peu de cet axe de migration. Le lac du Der, qui est un immense réservoir d’eau champenois alimenté par la Marne, est à cette époque à un niveau très bas. Il offre alors de vastes étendues découvertes qui permettent à ces oiseaux de rester quelques jours, parfois même quelques semaines, à la faveur de nombreux champs de céréales qui leur permettent de s’alimenter.

Au retour de printemps, les grues sont en général moins présentes sur le Der car elles ne s’y arrêtent que pour en repartir aussitôt, poussées par un irrésistible instinct qui les incite à regagner les lieux de reproduction nordiques au plus vite. Mais leur observation au lac du Der est aussi spectaculaire qu’à l’automne car toutes les grues arrivent alors de la même direction : le sud-ouest. Il suffit juste d’être placé au bon endroit.

Nous étions quelques franc-comtois à les observer vendredi dernier. Le spectacle fut au-delà de nos attentes. Les conditions météo avaient été exceptionnelles. En début de semaine, un grand nombre de grues étaient restées bloquées en Espagne en raison d’une mauvaise météo. Le jeudi matin, une éclaircie subite sur les Pyrénées leur a permis de traverser en grand nombre la chaîne de montagnes et de gagner dans la journée le centre de la France. Vendredi, le ciel se découvrait aussi subitement sur l’ensemble de la France et les grues ont donc pu repartir aussitôt pour arriver au bout de quelques heures en Champagne au lac du Der.

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En fin d’après-midi, de nombreuses bandes de grues sont passées au-dessus de nos têtes. Des bandes qui comptaient souvent plus de cent grues. A certains moments, nous avions au-dessus de nous une douzaine de bandes, soit un millier de grues dans notre champ de vision. Le spectacle était magnifique, accentué par une très belle lumière. D’après un spécialiste qui était là, il y avait plusieurs années que l’observation de la migration de printemps n’avait été aussi riche. Le hasard avait voulu que nous ayions choisi ce jour faste.

Si la détermination de l’espèce « grue » ne fait aucun doute (avec ses 2 mètres d’envergure), il en va de même de celle des observateurs franc-comtois qui se reconnaissent au premier coup d’oeil. Allez donc savoir pourquoi !

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Merci à Christophe Mauvais qui vient de m’adresser une très belle photo de grue faite dans la vallée de l’Ognon à Marnay. Je viens juste d’ajouter cette image, deux jours après la mise en ligne de cet article. Une telle photo manquait gruellement !

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La sittelle torchepot

LES OISEAUX AU POSTE DE NOURRISSAGE HIVERNAL (2)
Après la mésange charbonnière, voici une autre habituée des mangeoires en hiver : la sittelle torchepot. L’une d’entre elles est venue tout à l’heure voler une noisette sur le rebord de la fenêtre. C’est la première de l’hiver. Il faut dire que, pour la première fois depuis trente ans, je n’ai presque pas d’oiseaux au poste de nourrissage. Sans doute que les conditions climatiques très douces, le faible nombre d’oiseaux nés en 2006 et le fait que la nature regorge encore de nourriture (2006 ayant été une bonne année de fructification) expliquent cette désaffection très inhabituelle.

La sittelle, habitante typique des grands arbres, est l’un des oiseaux les plus facilement réconnaissables : forme pointue, dessus gris ardoisé, dessous orangé et un beau masque de cambrioleur qui lui traverse l’oeil. Mais c’est souvent par son comportement qu’on l’identifie rapidement, l’oiseau ayant l’habitude de descendre les troncs d’arbres la tête en bas. C’est « l’oiseau acrobate » par excellence, elle n’hésite pas à inspecter le dessous des branches en se maintenant à l’aide de ses ongles munis de longues griffes.

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En hiver, du tournesol, des noisettes et des mélanges à base de graisse l’attireront facilement. Le bec de la sittelle est long et dur. La robustesse du bec lui permet de casser des graines ou des fruits coriaces, comme par exemple les noisettes dont cet oiseau raffole. Sa longueur lui permet, en faisant office de pinces, d’attraper des insectes, la sittelle se nourrissant de chenilles au moment de l’élevage des jeunes au printemps.

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Au poste de nourrissage, ne vous attendez pas à voir plus de deux sittelles. Cet oiseau reste très territorial en hiver et les mangeoires ne seront fréquentées que par un seul couple au maximum. Je me rappelle d’une petite anecdote qui s’est déroulée à la fin des années 70 : alors que j’étais immobile contre un arbre en train de photographier un pic épeichette à son nid, j’ai eu la surprise de sentir une petite chose heurter ma jambe. C’était la sittelle qui était venue se plaquer contre mon pantalon, prenant ma jambe pour le tronc d’un arbre. C’était je crois mon premier contact avec un oiseau sauvage. Plus tard, beaucoup plus tard, la sittelle est devenue familière de la main à Dupdup, ayant eu, l’hiver dernier, 2 028 fois l’occasion de se frotter à ma peau !

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Les nouveaux venus sur ce blog, qui souhaiteraient en savoir plus sur mes expériences un peu délirantes de l’hiver dernier et sur ces oiseaux qui sont venus plus de 23 000 fois sur ma main, pourront se référer aux 8 articles « Des oiseaux en veux-tu en voila « , écrits entre janvier et avril 2006, dans la rubrique Coups d’ailes ci-contre (articles du 23 janvier, 30 janvier, 8 février, 10 février, 21 février, 23 février, 19 mars et 23 avril).

Hiboux moyens-ducs

Petit appel de Régis jeudi dernier : “j’ai trouvé un dortoir de hiboux moyens-ducs, y’en a vingt ou trente, ça t’intéresse de venir ?”. Et comment, ça m’intéresse ! Depuis longtemps, je rêvais de voir ces rassemblements. Je savais que de telles concentrations d’oiseaux hivernants existaient, favorisées généralement par des pullulations locales de campagnols, mais je n’avais jamais eu l’occasion de repérer un seul dortoir. Pourtant, ce n’est pas faute de m’être baladé en hiver.

Avant-hier, nous nous sommes donc retrouvés, avec Anne et Nico, à l’entrée d’un petit village proche de Besançon. Avant même d’avoir garé ma voiture, j’avais remarqué deux formes allongées dans l’un des conifères. Après un examen rapide, nous avons pu comptabiliser rapidement cinq hiboux depuis le bord de la route, mais quelques autres se sont malheureusement envolés. Le feuillage était très dense et il est probable que beaucoup d’autres étaient encore cachés à l’abri des branches. Dans la longue-vue, l’image etait superbe, les hiboux nous fixaient avec attention, avec des yeux étonnés. Les conditions lumineuses étaient très mauvaises, je n’ai pas réussi à faire de bonne photo. Heureusement, Nico m’en a aussitôt adressé une qu’il m’a autorisé à publier sur ce blog.

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Cela me rappelle une petite anecdote. C’est en février 79 que j’ai observé pour la première fois de ma vie cet oiseau, dans des circonstances plutôt particulières. Un moyen-duc épuisé était bizarrement en train de barboter dans une petite mare. Je l’ai pris délicatement, l’ai posé sur un piquet mais il n’a pas réussi à s’envoler.

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Je me souviens avoir ramené l’oiseau chez moi et l’avoir passé au sèche-cheveux. Après plusieurs jours de nourrissage, l’oiseau avait repris des forces. Lorsqu’il a commencé de voler dans la cuisine et d’arracher les rideaux de la fenêtre, j’ai estimé qu’il était temps de le relâcher sur le site même où je l’avais trouvé. J’ai retrouvé tout à l’heure le cliché fait au moment de l’envol, il est de très très mauvaise qualité, abîmé en plus par des tas de poussières. Mais bon, c’était mon premier sauvetage d’oiseau !

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La mésange charbonnière

LES OISEAUX AU POSTE DE NOURRISSAGE HIVERNAL (1)
L’hiver est l’une des saisons que je préfère. Peut-être parce que j’aime la force des éléments naturels et que le vent, le froid, la pluie sont bien plus présents en hiver qu’aux autres saisons. Mais aussi parce que les oiseaux font de l’hiver la saison la plus animée. Mésanges, sittelles et verdiers voltigent en continu devant les fenêtres et ce ballet bariolé nous rappelle qu’il n’y a pas de morte saison et que la vie est toujours là.

Habituellement, je commence le nourrissage hivernal des oiseaux fin novembre ou début décembre. Les mésanges sont toujours les premières à trouver la nourriture, parfois au bout de quelques minutes seulement. Mais peut-être s’agit-il des « vieilles mésanges » de l’année précédente qui ont encore un vague souvenir de la table à Dupdup. La mésange charbonnière est invariablement la première à trouver la nourriture.

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Très reconnaissable à son ventre jaune coupé en deux par une barre noire (fine chez la femelle), la mésange charbonnière peut venir en nombre chercher des graines de tournesol mais il est impossible de savoir combien exactement viennent se nourrir. Car les mésanges arrivent, prennent une graine, et repartent aussitôt. Une seule graine de tournesol à chaque voyage. Ce qui explique leur ballet incessant.

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Les mésanges font partie des oiseaux qui ont un régime alimentaire alterné. A la belle saison, elles se nourrissent essentiellement d’insectes. Mais dès que l’hiver approche, plutôt que de partir en Afrique comme le font d’autres oiseaux insectivores, elles adoptent un régime alimentaire différent, composé presque uniquement de graines.

La charbonnière est un oiseau placé sous le signe de la diversité : diversité des milieux fréquentés (forêts, parcs boisés, abords des maisons, jardins, haies), diversité du régime alimentaire (chenilles, pucerons, coléoptères, petits papillons nocturnes, sauterelles, abeilles, araignées, mille-pattes, graines de pins, pépins de pommes pourries, céréales, graines d’arbres divers, amandes, noisettes, faines, jeunes pousses, boutons en fleurs, …) et surtout diversité du chant (en 1961, Gompertz a identifié une quarantaine d’émissions vocales différentes, soit un vocabulaire presque aussi riche …que les titulaires du baccalauréat d’aujourd’hui !).

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Si vous ne connaissez pas cet oiseau, n’hésitez pas à installer quelques graines de tournesol sur le rebord de votre fenêtre. Il est probable qu’une charbonnière découvrira la nourriture en quelques jours ou, au plus tard, quelques semaines, même si vous habitez en ville (pour peu qu’il y ait quelques arbres).

En selle les hirondelles !

L’une de mes collègues, Céline, vient de faire un stage dans la Brenne. Elle a ramené de cette région des photos étonnantes, qu’elle m’a permis d’utiliser sur mon blog.

Sur une ancienne ferme, des hirondelles de fenêtre ont mis à profit l’architecture du bâtiment. On admirera d’abord la construction des nids qui est d’une symétrie presque parfaite.

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Mais le plus surprenant encore est à l’intérieur du bâtiment. Des vélos sont suspendus dans la grange. Jusque là, rien d’inhabituel. Sauf qu’en y regardant bien, on s’aperçoit que des hirondelles rustiques (une autre espèce) ont construit leurs nids directement sur les vélos. Ainsi, sur la route avant du vélo violet :

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Un couple d’hirondelles a même utilisé la selle d’un vélo pour y construire son nid.

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Bel exemple d’adaptation aux activités humaines. Est-ce là le signe d’une nouvelle évolution de cette espèce, ce qui lui permettrait ainsi de recoloniser peut-être un habitat humain qui lui est de moins en moins favorable ? A suivre.

Hirondelles mélomanes

Les jeunes hirondelles qui sont dans la grange de mes parents passent leurs journées complètes à chanter les cantates de Jean-Sébastien Bach. Vous ne me croyez pas ? La preuve :

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Oeufs cuits dur

Ce matin, j’ai vu un oiseau qui couvait ses oeufs. Malgré la canicule !

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Ah, s’il savait qu’il est en train de couver des oeufs cuits dur ! Je n’ai pas osé le lui dire !

Petit plaisir du jour

Le printemps se termine. La saison de reproduction des oiseaux tire à sa fin. Déjà bon nombre d’oisillons ont quitté le nid. Ainsi les mésanges, bergeronnettes, sittelles … !

En ce moment, le rouge-queue à front blanc nourrit ses jeunes derrière la maison, ceux-ci devraient sortir du nid d’ici un jour ou deux (voir la série d’images que j’ai déjà consacrée à cet oiseau).

A vingt mètres de là, un torcol fourmilier s’est également installé dans un nichoir (celui dont je parlais dans mon article du 6 avril) et les jeunes sont également sur le point de s’envoler vers une vie nouvelle (voir également la série d’images sur cet oiseau). Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion d’observer cet oiseau très discret et Nico est venu le photographier hier. Il m’a envoyé ses photos, et là, surprise : le torcol qui est photographié porte une bague !

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(photographie aimablement prêtée par Nico)

Il n’y a que quelques endroits en Franche-Comté où l’on pratique le baguage (activité scientifique d’étude des oiseaux), dont notamment le centre où je travaille et où le torcol est régulièrement capturé, bagué puis évidemment relâché. Il y a seize kilomètres entre mon lieu professionnel et le village où j’habite et il est possible que l’oiseau vienne de là-bas. Evidemment, il pourrait aussi venir d’ailleurs, mais bon, l’idée que cet oiseau ne soit pas arrivé chez moi par hasard (et qu’il m’ait « suivi » en quelque sorte) me plait assez bien. J’aime bien ce genre de coïncidences, j’ai parfois l’impression que ça n’arrive qu’à moi ce genre de truc.

Voilà, c’était mon petit plaisir du jour. On a les petits plaisirs qu’on peut (ou qu’on se donne !).

Les oiseaux de ce printemps

Dans l’un de ses commentaires en réponse à l’un de mes articles, Roland s’inquiétait de la baisse des effectifs d’hirondelles mais constatait par ailleurs une très forte présence, ce printemps, de certaines espèces, dont la fauvette à tête noire et le rossignol.

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Effectivement, ce printemps apporte, comme chaque année, son lot de bonnes et mauvaises surprises. Ainsi, quelques espèces me semblent être en forte diminution, c’est le cas du verdier, du chardonneret, du rouge-gorge ou du martin-pêcheur alors que d’autres ont plutôt des effectifs en hausse comme effectivement la fauvette à tête noire ou le rossignol. Il en est même qui me semblent reprendre un peu « de la plume de la bête » après quelques années difficiles, comme l’hirondelle de rivage ou le faucon hobereau.

Mais gardons nous des conclusions hâtives ! Des conditions locales qui prévalent à tel endroit peuvent sans doute expliquer de fortes variations d’effectifs alors que ce constat ne sera pas valable ailleurs, même parfois dans des zones assez proches. Ainsi Roland a dit dans son commentaire que la fauvette grisette était peu commune cette année alors que je n’en ai jamais vu autant près de la gravière de Geneuille. Il est difficile d’analyser avec certitude ces fluctuations et de leur trouver une explication objective.

Je suis souvent admiratif de la capacité qu’ont les oiseaux à reconstituer leurs effectifs. Le cas le plus frappant me semble être celui du martin-pêcheur qui semble parfois avoir complètement disparu après un hiver rigoureux mais qu’on retrouve dès l’été en grand nombre le long de nos rivières (Paul Géroudet dit qu’il peut faire jusqu’à trois nichées de 7 petits dans l’année, soit une vingtaine d’oiseaux, je vous dis pas les allocations familiales… !). Je me souviens aussi des pie-grièches écorcheurs qui étaient peu communes dans les années 80, qui sont revenues en masse au début des années 90 mais dont les effectifs sont à nouveau faibles aujourd’hui. Les effectifs varient souvent « en dents de scie » et je crois que c’est le cas de beaucoup d’espèces et que ça a toujours été ainsi.

Là où par contre je suis inquiet, c’est de constater qu’il y a globalement, au fil des années, une baisse générale de la quantité d’oiseaux. Une étude menée sur l’ensemble de l’Europe a montré qu’en dix ans, une quarantaine d’espèces plutôt communes, avaient vu leurs effectifs diminuer, quelque soit l’endroit en Europe, y compris des espèces que l’on pense commune comme le moineau domestique ou la pie bavarde.

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Il est donc difficile de démêler ces deux phénomènes différents, d’une part une propension naturelle des espèces à avoir des effectifs qui varient de manière sinusoïdale, et d’autre part une dégradation générale des conditions de vie avec des conséquences négatives sur la plupart des espèces. En gros, pour résumer, je dirais que les effectifs d’oiseaux prennent l’allure d’une sinusoïde à la pente descendante. Comme le dit si justement Roland, je pense qu’il y a une vraie inquiétude à avoir pour certaines espèces comme les hirondelles, qu’il s’agisse de l’hirondelle rustique ou l’hirondelle de fenêtre.

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Pour beaucoup d’espèces donc, la courbe descend, avec des sursauts épisodiques nous laissant parfois croire à un léger mieux, mais globalement, y’a pas de doute, ça va plutôt vers le bas !

Et vous, avez-vous fait des constats de ce genre, ce printemps plus particulièrement mais aussi les années passées ? Vincent, tu en penses quoi de l’évolution des martinets de Besançon ?

Festival de faucons hobereaux

Il y a quelques semaines, j’ai raconté la capture étonnante d’un chardonneret par un épervier. Il ne m’est pas donné souvent d’observer ce genre de spectacle.

Mardi dernier, j’étais dans mon bureau (eh oui, je bosse de temps en temps, y’a pas que le blog dans le vie, faut bien becqueter et je n’ai pas les moyens physiques d’attraper des chardonnerets) lorsqu’une hirondelle de fenêtre est arrivée dans la cour, « à fond les gamelles », suivie par un faucon hobereau qui la talonnait à moins d’un mètre. Tous deux ont disparu de mon champ de vision mais je n’aurais pas donné cher de la peau de l’hirondelle, son sort semblait scellé d’avance.

Vingt minutes plus tard, un faucon hobereau (le même ?) traverse la cour au ras du sol, alourdi par une grosse proie qu’il tenait entre les serres. Les deux scènes ont été très fugitives, ce qui est souvent le cas pour ce genre d’observation.

Le soir même, lors d’une petite balade sur la gravière de Geneuille, peu de temps après avoir aperçu une femelle de busard des roseaux en migration, un faucon hobereau débouche dans le paysage et attaque les hirondelles qui tournoyaient au-dessus du plan d’eau (il y avait là des hirondelles rustiques, des hirondelles de fenêtre ainsi que des hirondelles de rivage, la totale quoi !). Il loupe une première hirondelle, plonge entre les arbres, une hirondelle en sort, poursuivie rapidement par le faucon hobereau qui remonte dans les airs « en chandelle », la loupe et replonge au milieu des arbres avant de quitter le site. La scène a duré un certain temps, le faucon hobereau me semble être un chasseur beaucoup plus endurant que l’épervier (qui s’arrête vite de chasser s’il a raté sa proie, le temps au moins de reprendre des forces).

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(photographie réalisée en captivité)

Jusqu’à présent, j’avais observé trois fois ce genre de scènes en vingt sept années d’observation ornitho. Et là, trois fois dans la même journée ! Les dieux seraient-ils avec moi ?

Voilà, c’était ma rubrique « Le saviez-vous ? » car si certaines personnes ignorantes du monde des oiseaux, pensaient que nos petits hommes politiques locaux étaient les seuls petits hobereaux connus à ce jour (leur nombre étant en augmentation rapide, conséquence de la décentralisation), mon article aura au moins le mérite de leur faire savoir qu’il existe d’autres hobereaux, les vrais, un peu moins rapaces mêmes, ceux qui ont un peu plus de panache et qui, du haut du ciel, ont un peu plus de hauteur de vue ! (c’était mon petit coup de griffes de la journée ! Mais n’en disons pas plus pour l’instant, c’est un sujet que je garde en réserve pour plus tard).

Des oiseaux, en veux-tu, en voilà ! (8)

SUITE ET FIN DE MON AVENTURE
Depuis quelques mois, je raconte l’histoire assez étonnante qui m’arrive avec les oiseaux du voisinage que j’ai habitués à venir manger sur ma main. Tout au long de l’hiver, je suis allé de surprise en surprise, avec l’arrivée d’espèces que je n’attendais pas. Les nouveaux lecteurs de mon blog pourront se reporter aux articles « des oiseaux, en veux-tu, en voilà », n°1 à 7 dans la rubrique ci-contre « coups d’ailes ».

Assez confortablement installé dans mon affût, les mains dépassant de la toile et les yeux pouvant observer, grâce à une petite visière, les oiseaux à moins de trente centimètres, j’ai pris l’habitude de noter au fur et à mesure, dès le début de l’hiver, le nombre et la liste des espèces qui sont venues et de reporter toutes mes données sur un fichier excel sur mon ordi.

Avec l’arrivée du printemps, ma petite aventure se termine pour cette année (elle se termine en beauté grâce à un véritable festival de gros-becs le week-end dernier). Voici donc le moment de faire le bilan de mes observations hivernales. Je vous livre les chiffres, tel que l’ordinateur les a additionnés, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois (pour les années après années, revenez faire un tour sur mon blog dans cinquante ans !) :

– les oiseaux sont venus mangés 23 125 fois (oui, oui, vous avez bien lu !) dans mes mains, soit une moyenne de presque 1000 fois chaque semaine (le week-end en général), avec un total de 15 espèces différentes.

– deux espèces se partagent le haut du tableau et représentent environ chacune 30% des données : la mésange bleue (7 080 fois ; 31,1%), la mésange charbonnière (6 668 fois ; 29,3 %)

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– quatre espèces se situent à environ 10% ou à peine moins et sont venues à peu près 2 000 fois chacune : le tarin des aulnes (2 284 fois ; 10%), la mésange nonnette (2 068 fois ; 9,1%), la sittelle torchepot (2 028 fois ; 8,9%) et la mésange boréale (1 915 fois ; 8,4%)

– le pic épeiche est venu régulièrement tout au long de l’hiver (434 fois ; 1,9%) (la peau de mon avant bras, écorchée par les griffes acérées du pic, se souvient bien du passage de l’oiseau)

– cinq espèces, dont un mammifère, sont venues de manière irrégulière et ne représentent au total qu’1% des données : le gros-bec (179 fois), le chardonneret (36 fois), l’écureuil (35 fois), le verdier (17 fois), le geai (16 fois).

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– enfin, trois espèces ne sont venues que très occasionnellement : le pinson du nord (3 fois), l’accenteur mouchet (1 fois) et la buse variable (1 fois) qui est sans doute l’oiseau le plus exceptionnel de la liste.

– virus H5N1 : zéro

Après l’hiver qui fût la période du nourrissage des oiseaux, voici le printemps qui est celle du jardinage. Allez, je file compter les vers de terre !

Une scène spectaculaire à quelques mètres !

Il y a quelques semaines, j’ai écrit un petit article sur la nécessité de continuer le nourrissage hivernal des oiseaux jusqu’au mois d’avril, ce mois étant particulièrement difficile pour tous les oiseaux de la famille des fringilles (verdiers, chardonnerets, tarins, gros-becs…). Comme pour confirmer mes propos, le nombre d’oiseaux qui viennent à mes mangeoires augmente de jour en jour. Hier matin, il y avait une trentaine de gros-becs (en vingt-cinq années de nourrissage hivernal, je n’en avais jamais vu autant !). Ce nombre est passé à 50 aujourd’hui en début de matinée puis à 90-100 vers midi. A chaque alarme due à un danger quelconque, la troupe s’envole et c’est un spectacle rare de voir un groupe aussi important de gros-becs en vol.

Ce matin, vers 11 H, j’étais dans le jardin en train d’éliminer mes « mauvaises herbes », une oreille toujours à l’écoute des sons de la nature, et j’ai brusquement levé la tête, attiré par des piaillements inhabituels d’oiseaux, qui me semblaient particulièrement excités. Dans le ciel, un milan noir passe, puis un autre rapace qui me semble être un busard des roseaux, mais mes yeux fatigués de quinquagénaire ne me permettent pas de l’identifier avec certitude (dommage, ça aurait été la centième espèce vue depuis la maison et j’ai promis qu’à 100 j’ouvrais une bouteille de champagne !).

C’est au moment ou j’observe un autre petit rapace, haut dans le ciel, l’EPERVIER, que je comprends pourquoi les petits oiseaux poussaient des cris d’alarme (je suis habitué à la présence de l’épervier, il attaque régulièrement chaque hiver les petits passereaux à mon poste de nourrissage, parfois plusieurs fois par jour). Au moment où une petite troupe de verdiers affolée passe au-dessus de moi, l’épervier qui est encore haut dans le ciel, fonce soudain dans ma direction en battant fortement des ailes, puis se laisse d’un seul coup tomber comme une masse, les ailes plaquées contre le corps, ce qui lui permet de prendre beaucoup de vitesse. Je suis alors persuadé qu’il va s’en prendre à la troupe de verdiers partis en direction de la vallée, mais non, il arrive à sept-huit mètres de ma tête à une vitesse qui me semble vertigineuse, et capture de plein fouet un chardonneret perché au-dessus de moi sur le bouleau. La capture est précédée d’un gros bruit, dû à une décélération violente, à la suite de l’ouverture subite des ailes pour limiter la violence de l’impact.

Jusqu’au moment de la capture, je n’avais pas remarqué qu’une petite bande de chardonnerets s’était réfugiée au-dessus de moi. Celui qui a été capturé n’a pas eu le temps de voir venir l’épervier, il a quasiment été « cueilli » sur la branche, sans avoir eu le temps de fuir. L’épervier est parti aussitôt, sa proie entre les serres. Une minute plus tard, verdiers, chardonnerets et gros-becs revenaient progressivement au poste de nourrissage, ils savaient que l’épervier avait eu sa proie et qu’ils avaient maintenant quelques heures devant eux avant qu’une nouvelle attaque ne se produise.

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J’ai déjà assisté à une dizaine de captures de passereaux par l’épervier, celle-ci a sans doute été la plus spectaculaire de toutes.

Ah, si nous étions des chardonnerets et si la mort était aussi prompte !

Un drôle d’oiseau !

Non, non, Vincent, si tu as cru qu’avec un titre pareil j’allais parler de toi, c’est raté. Ce sera pour une autre fois. Je veux simplement parler d’un petit volatile que peu de personnes connaissent. Sans être fréquent, il n’est pourtant pas rare : il s’agit du torcol fourmilier.

Ce petit oiseau a sensiblement la taille du moineau. Il est étonnant mais il faut avoir la chance de l’observer de près. Etonnant d’abord par son plumage finement chamarré qui est une extraordinaire tenue de camouflage. Etonnant aussi par les mouvements de la tête, l’oiseau ayant la possibilité de tourner la tête à 180°, tel un jouet articulé, d’où son nom de torcol. Vous aurez compris aussi que c’est un mangeur de fourmis, son nom complet le précise.

Le chant du torcol est très particulier, on ne peut le confondre avec aucun autre, ça ressemble à une série de cris de pics mais en très nasillard, on peut le traduire par kin kin kin kin kin kin … (on dirait un pic épeichette qui aurait trop écouté Bob Dylan ! Mais peut-on trop écouter Dylan ?).

Samedi matin, au lever du jour, j’ai crû entendre un cri de torcol depuis mon jardin. La veille encore, il n’était pas encore revenu d’Afrique, j’en suis quasiment sûr, je l’aurais sans doute remarqué, étant très habitué à entendre son chant et j’avais passé la journée entière dans le jardin. Une heure plus tard, un torcol se met à chanter à tue-tête à une dizaine de mètres. C’est bien lui, il est enfin là. Plus tard dans la matinée, je passe à côté d’un nichoir à oiseaux et me dis que je ferais bien de le nettoyer, avant que les oiseaux ne s’y installent. A peine ais-je touché le nichoir qu’une tête affolée de torcol passe par le trou d’ouverture du nichoir puis y retourne précipitamment.

Je suis stupéfait de voir qu’un oiseau qui était encore absent la veille puisse aussitôt reprendre possession de ses anciens quartiers aussi rapidement. Car il s’agit bien entendu du même torcol que l’an passé et qui aura fait un petit séjour en Afrique entre temps ! Cette facilité à revenir sur les mêmes lieux, année après année, est étonnante, elle m’impressionne à chaque printemps. On pourrait écrire des pages et des pages sur les mystères de la migration.

Cette petite anecdote m’a donné envie de mettre en ligne aujourd’hui, sur ma galerie photos, une petite série d’images consacrée à ce drôle d’oiseau.

Avril : mois difficile pour certains oiseaux !

Dan me fait savoir ce soir qu’il y a beaucoup d’oiseaux à son poste de nourrissage, des verdiers, des tarins, et notamment huit gros-becs. Beaucoup de gens pensent qu’il faut arrêter de nourrir les oiseaux aux premiers rayons de soleil et c’est ainsi que beaucoup ont cessé cette activité juste après la période de neige du début mars. Erreur ! Car s’il est des mois difficiles pour nos amis les zoziaux, c’est bien les mois de fin d’hiver et de début de printemps.

S’il ne fallait nourrir que quatre mois, ce ne sont surtout pas les mois de novembre, décembre, janvier et février mais bel et bien ceux de janvier, février, mars et avril. Il y a un groupe d’oiseaux, regroupés au sein de la famille des FRINGILLES, qui souffrent beaucoup en fin d’hiver. Font partie de cette famille les verdiers, les chardonerets, les gros-becs, les tarins … en gros ceux qui ont un bec puissant et s’en servent pour décortiquer des graines. Ce sont donc des granivores et ils vont donc avoir énormément de mal à faire la jonction avec la belle saison. Les mésanges, elles, pourront toujours se nourrir des premiers insectes printaniers. Mais les bouffeurs de graines : tintin ! Vous remarquerez d’ailleurs que le nombre de verdiers, chardonnerets … augmente avec le déroulement de l’hiver. Les fringilles sont bien plus nombreux aux mangeoires en mars qu’en décembre.

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En temps normal, je nourris ces oiseaux à longueur de journée jusqu’en fin mars, puis réduis progressivement l’apport de nourriture, en ne mettant plus que quelques poignées de graines au lever du jour. Mais cette année, il y a deux raisons supplémentaires pour continuer à pratiquer le nourrissage des oiseaux un peu plus longtemps que d’habitude :

1 – l’automne passé a été marqué par une quasi-absence de graines dans la nature, 2005 ayant été une des années les plus pauvres en fruits, baies et graines. De ce fait, l’hiver a été rude pour beaucoup d’oiseaux qui ont dû fuir plus au sud (exode sans retour pour la plupart !).

2 – cet hiver est particulièrement long (il a beaucoup neigé aujourd’hui alors que nous sommes le 5 avril) et les fringilles en souffrent d’autant plus.

En résumé : absence de graines + hiver long font de l’hiver 2005-2006 l’un des plus durs pour la faune sauvage et notamment pour la famille des fringilles, la plus exposée.

Alors, faisons comme Dan, continuons encore un peu à nourrir ces oiseaux. Et comme c’est pour le plus grand plaisir des yeux, ça ne gâte rien !

Des oiseaux, en veux-tu, en voilà ! (7)

Dernier épisode de ma petite aventure hivernale avec mes amis les zoziaux. Avant-hier matin, une quinzième espèce, un gros-bec, est venue se poser sur ma main. La scène a duré cinq minutes, me laissant largement le temps d’admirer la beauté du plumage, à une trentaine de centimètres seulement des yeux. Hier matin, il est revenu une seconde fois.
L’hiver se termine, j’arrête le nourrissage hivernal des oiseaux à la fin mars. Je ne pense pas qu’une nouvelle espèce vienne d’ici là. Tant pis, ce sera pour l’hiver prochain.

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Dur dur pour les premiers migrateurs !

Dans son commentaire sur mon article consacré à l’ouette d’Egypte, Roland s’interrogeait sur la survie des hirondelles de rochers observées lundi dernier 13 mars à Saint-Claude par une température de -5°C. On se demande effectivement comment de telles bestioles, qui ne se nourrissent que d’insectes volants, arrivent à faire face à de telles conditions.

Michel me faisait remarquer lui aussi qu’une trentaines d’hirondelles de cheminée survolaient le Doubs à Osselle samedi dernier 11 mars (pour ma part, je n’ai jamais observé d’hirondelles aussi précoces). Depuis plus d’une semaine, la température est basse, la bise souffle et il n’y a pas l’ombre d’un moucheron qui puisse servir de nourriture à ces oiseaux (Michel me signale tout de même avoir vu avant-hier son premier papillon, un citron).

On ne peut qu’être admiratif devant ces oiseaux, qui paraissent si fragiles mais qui bravent la force des éléments naturels – certes, au prix d’une mortalité probablement élevée – pour rejoindre avec hâte leurs lieux de reproduction. Ah amour, quand tu nous tiens !

D’autres migrateurs arrivent les uns après les autres, le tarier pâtre, le bruant des roseaux, la bergeronnette grise et même le milan noir et le busard cendré (ces deux dernières observations étant également de Michel). Avez-vous vu d’autres espèces migratrices fraîchement revenues d’Afrique ?