Il y a un mois, j’étais à un baptême dans un petit village de la vallée de l’Ognon. Comme chaque fois, je m’emmerde pendant l’office. Un enterrement, c’est beaucoup plus pratique, il y a toujours beaucoup de monde (surtout dans les campagnes) et, en n’arrivant pas trop tôt, on se retrouve systématiquement à l’extérieur, faute de place. Un baptême, ce n’est pas pareil. La foule s’y presse moins. Dans le cas présent, même avec cinq baptêmes à la fois (on fait ça à la chaîne maintenant), l’église était aux trois quarts vides. Impossible donc d’éviter l’office.
Le curé était super bien, du genre cool à la voix douce, une voix d’agneau. Mais je me méfie de ceux-là, c’est les plus dangereux à mon avis. Alors je suis sorti discrètement au bout de dix minutes.
Comme le cimetière du village est installé autour de l’église, j’ai commencé à déambuler au milieu des tombes, d’autant que ce petit cimetière, dont une partie est sous forme de terrasses, a beaucoup de cachet. Et puis, je dois dire que j’aime l’ambiance particulière des cimetières (comme celle des églises d’ailleurs, s’il n’y avait pas ces soutanés curés !). Je comprends Brassens qui a beaucoup écrit à ce sujet et qui aimait beaucoup ces lieux chargés d’histoire.
Parfois quelques tombes nous livrent des fragments de la vie des gens. Ainsi une tombe de ce cimetière affichant un portrait de Johnny Halliday. Le défunt devait être un vrai fan … ou un Suisse. Mais c’est une autre tombe qui m’a frappé. Il y avait enterré là un couple de chorégraphes de l’opéra de Paris, Pierre et Micheline, morts il y a une dizaine d’années. Plutôt insolite dans ce petit cimetière campagnard. Et puis surtout, gravée sur la pierre, une citation de Nietzche. Un texte de l’auteur de l’Antechrist sur une tombe, avouez que celà a de quoi surprendre !
« Et que soit perdue la journée où l’on ait pas dansé une seule fois. Et que soit fausse la vérité où il n’y ait pas un seul éclat de rire ».
La première moitié de cette citation nous invite à danser tous les jours de notre vie. Elle est très belle.
Demain soir, après l’annonce du résultat de l’élection présidentielle, la moitié de la population aura effectivement envie de danser. L’autre moitié pourra-t-elle, comme le suggère Nietzche, danser quand même malgré le désespoir et le découragement ? Ce sera difficile, mais c’est quand même une belle philosophie de la vie, non ?










