Des salades toute l’année !

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Nous voici au 15 août, le moment pour le jardinier de semer cette délicieuse salade qu’est la mâche (communément appelée doucette en Franche-Comté), l’une des salades les plus délicates, au goût subtil de noisette.

S’il n’y avait qu’un seul légume à garder dans mon jardin, ce serait assurément la salade (ou plutôt les salades, il en existe tellement de sortes !). Car en se débrouillant bien, le jardinier amateur peut en consommer tous les jours de l’année (ce que je fais) et les récolter en toutes saisons.

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Voici comment on peut échelonner les semis pour récolter ses propres salades à longueur d’année :

– juillet : semer des chicorées scaroles pour la consommation d’automne (à la fin juillet/début août on peut semer en plus la variété de scarole cornet de Bordeaux, un peu plus dure, mais qui possède une certaine résistance au gel et qui pourra donc être consommée en début d’hiver et même plus tard si l’hiver est assez doux). A la même époque, semer un mélange de chicorées amères (trévise, rouge de Véronne, pain de sucre…) qui seront mangées en fin d’hiver.

– du 15 août au 15 septembre : semer de la mâche qui sera consommée de novembre à avril. Choisir de préférence la variété mâche à grosse graine (la plupart des autres variétés sont trop petites et sont très longues à nettoyer sous le robinet… et comme c’est moi qui fais ce boulot à la maison !).

– début septembre : semer une laitue d’hiver (par exemple la variété Merveille d’hiver) qui sera repiquée en octobre puis consommée en avril-mai du printemps suivant.

– de mars à juillet, faire des semis de salades diverses (il y a toute une gamme de salades possibles : laitues, batavias, romaines, laitues à couper…). Faire des semis tous les mois pour échelonner les récoltes car les salades ont tendance à monter en graines avec la chaleur.

– en avril/mai : semer en pleine terre des endives (que l’on appelle aussi chicorées de Bruxelles) qui seront récoltées en octobre pour être ensuite à nouveau cultivées au noir en cave et consommées ensuite pendant tout l’hiver (je consacrerai prochainement un article sur la culture de l’endive).

Vous vous y retrouvez ? Quelle salade !

Le paillage au jardin

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Nous sommes donc en pleine canicule et certaines plantes du jardin commencent de souffrir. Le jardinier est alors confronté à un dilemne un peu délicat : faut-il arroser ou non ?

La plupart des gens commencent à arroser très tôt, dès le printemps. Les légumes adoptent alors la loi du moindre effort : plutôt que d’aller chercher l’humidité en profondeur, ils ne développent qu’un système racinaire faible car ils trouvent en surface toute l’humidité dont ils ont besoin. Petit problème, une fois qu’on a commencé d’arroser : il va falloir arroser sans cesse, faute de quoi les légumes vont s’étioler (d’autant plus qu’ils vont avoir des besoins en eau de plus en plus importants au fur et à mesure qu’ils grossissent et que la saison avance).

Il y a par contre des jardiniers qui n’utilisent pas d’eau. Ainsi, la plupart de ceux qui ont la chance de pouvoir cultiver leurs légumes en plein champ n’arrosent jamais, d’abord parce qu’ils n’ont pas la possibilité de le faire mais aussi parce que les plantes s’en sortent généralement très bien (je l’ai constaté même pendant la canicule de 2003). Les tomates, par exemple, vont développer un système racinaire très important, de petites radicelles pouvant même aller chercher l’humidité à plusieurs mètres de profondeur.

Depuis ce printemps, je n’ai pas arrosé une seule fois mes tomates, mais aucune n’a encore souffert du manque d’eau (j’ai même déjà deux pieds qui dépassent ma taille et je mange des tomates depuis le 22 juin). Mais comme la canicule sévit en ce moment, qu’elle risque à priori de durer encore quinze jours au moins, j’ai décidé ce matin de mettre en oeuvre une technique que j’utilise régulièrement l’été, le plus tard possible, il s’agit de la pratique du paillage qui permet aux plantes d’avoir à leur disposition de l’humidité en surface tout en arrosant très peu.

Je suis donc allé ce matin récupérer de la paille dans les champs (on peu le faire facilement lorsque les moissons sont terminées et que la paille a été pressée, il en reste toujours un peu sur le terrain). J’ai ensuite mis une couche de paille autour de mes pieds de tomates et je les ai ensuite arrosés. Dans quinze jours, malgré la canicule, la terre sous la paille sera encore humide et je n’aurai plus besoin d’arroser de nouveau.

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Un peu plus tard dans la matinée, je suis aller repiquer des petits choux que j’avais semés, en utilisant la même technique de paillage. En temps normal, il serait impossible de repiquer des choux avec de telles chaleurs. Le paillage par contre le permet, je l’ai souvent constaté. Et avec cette technique, les choux vont grossir très vite.

La technique est donc simple, gratuite, économe en eau. Elle n’a que des avantages, d’autant plus qu’il se développe sous la paille toute une vie organique intéressante à observer, avec des tas de petites bestioles qui sont de précieux auxiliaires pour le jardinier. Mais j’aurai l’occasion d’en parler plus tard.

Quand on sera devenu vieux, ce serait sympa si on pouvait aussi nous pailler, afin d’éviter qu’on se dessèche trop. Mais bon, je n’y crois pas vraiment. Alors, avec cette chaleur torride, quand je me dessèche un peu trop, j’aime encore bien appliquer la vieille méthode classique, éprouvée par des générations de jardiniers : je file chercher une bière ! Ce que je fais d’ailleurs sur le champ !

Plantons des espaliers

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Les arbres fruitiers du jardin fleurississent. La semaine dernière, c’était les pêchers, c’est maintenant au tour des pommiers et des poiriers de fleurir les uns après les autres. J’aime beaucoup ce moment de l’année et je me demande souvent pourquoi les gens plantent des arbres exotiques d’ornement alors qu’un fruitier, c’est si beau ! Et en plus, ils donnent des fruits à l’automne !

Si j’aime beaucoup les vergers traditionnels avec leurs arbres de plein vent qui sont un élément irremplaçable du paysage, je dois dire qu’en tant que jardinier amateur, j’ai un faible pour les petits arbres, ceux que l’on appelle « espaliers ».

Ces arbres ont plein d’avantages. D’abord, ils donnent des fruits très rapidement, au bout de trois années seulement, alors qu’avec des formes plus classiques, il faudra attendre une dizaine d’années. Ensuite parce qu’on peut les tailler, récolter les fruits, … à hauteur d’homme, à hauteur des yeux, ce qui présente un avantage certain quand on a, comme moi, la fâcheuse idée de vieillir (et qu’on est de moins en moins à l’aise sur des escabeaux ou des échelles). Et enfin parce que sur un espace limité, on peut mettre un grand nombre de variétés différentes car on peut espacer les arbres de 1,5 m seulement avec deux mètres entre les lignes (alors qu’habituellement, il faut 8 mètres en tous sens). Mes 25 espaliers (25 variétés différentes) prennent ainsi peu de place.

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Si les gens ne plantent pas d’espaliers en général, c’est d’abord parce que leur plantation est plus difficile (il faut installer des poteaux et du fil de fer car ces arbres, greffés sur des porte-greffes faiblement vigoureux, ont un système racinaire faible et doivent donc être palissés) mais aussi parce que leur taille est beaucoup plus compliquée. Alors que pour un arbre de plein vent, on peut se contenter de ne tailler qu’une fois par an en début de formation, puis tous les deux ou trois ans ensuite, les espaliers necessitent qu’on s’occupe d’eux plusieurs fois chaque année : d’abord pour former les arbres, les diriger pour leur donner la forme qu’on veut, souvent sur un seul plan, mais aussi pour attacher les branches, ajouter des baguettes verticales (de noisetier par exemple) pour y attacher les cordons …

Mais pour moi, ce surcroît de travail n’est pas un inconvénient, au contraire. Car à force d’intervenir en permanence sur ces arbres, on finit par bien les connaître, la moindre branchette nous est alors familière dans ses moindres détails, on s’y attache beaucoup. Un jardinier qui possède des espaliers leur porte en général beaucoup d’affection. Quand il va au jardin, il coupe en passant une petite branchette qui dépasse dans l’allée, il incline telle autre pour favoriser la mise à fruits sur cette branche … car sur les espaliers, il y a toujours quelque chose à faire, pour le plus grand plaisir de ceux qui, comme moi, ont le sécateur qui les démange en permanence.

Si vous aimez vous occuper d’arbres fruitiers, plantez des espaliers, votre plaisir sera alors multiplié par dix. Mais surtout ne les achetez pas, il vous suffit d’acquérir des jeunes plants de l’année (que l’on appelle scions) et de les former vous-mêmes. C’est alors un vrai travail de création.

Les plantes s’aiment ou se détestent

LE COIN DU JARDINIER (5)
Il y a des gens qu’on aime et d’autres qu’on n’aime pas. Le monde est ainsi fait. Allez savoir pourquoi certaines personnes vous hérissent alors que vous vous sentez en harmonie avec d’autres. Les plantes connaissent elles-aussi aussi le même type de problèmes existentiels : le voisinage de certaines leur convient bien alors que d’autres plantes leur sont indésirables.

L’homme, doué d’intelligence, a toujours inventé des tas de solutions selon les personnes qu’il a en face de lui, qu’il aime ou qu’il n’aime pas selon le cas : insulter le voisin qu’il déteste et le forcer même à déménager, casser la gueule à un rival, draguer une personne avec qui il estime avoir des affinités … Les plantes n’ont pas toute cette panoplie à leur disposition. D’autant plus que l’absence de mobilité est un facteur limitant. Impossible d’aller casser la figure à la plante voisine par exemple. Elles ont alors recours à des moyens plus limités certes mais très spécifiques au monde des plantes.

Ainsi, de nombreuses plantes émettent par leurs racines (mais aussi parfois par leurs fruits) des gaz ou des acides qui ne sont pas problématiques pour certaines plantes voisines mais qui en perturbent d’autres. Par ailleurs, à l’opposé, le développement de certaines plantes favorise le développement dans le sol de micro-organismes qui ont plutôt un impact favorable sur d’autres plantes du voisinage. Les plantes entretiennent donc entre elles des relations qui sont soit favorables, soit néfastes, soit neutres.

Dans la nature, les plantes sont disposées de manière plutôt harmonieuse, les millénaires qui se sont succédés ayant bien régulé les choses, et l’on trouve souvent ensemble des plantes dont les influences réciproques sont plutôt favorables. Mais le jardinier, en imposant la présence de plantes à d’autres, perturbe cet ordre naturel et oblige certaines plantes « qui ne s’aiment pas » à cohabiter.

Depuis les premiers travaux de scientifiques publiés pour la première fois en 1908 par le biologiste allemand Küster, le jardinier possède cependant quelques éléments dont il peut s’inspirer pour aménager son jardin. Les connaissances se sont affinées pendant tout le 20ème sièce et l’on sait maintenant que l’on a intérêt à faire cohabiter le poireau et la carotte car le poireau éloigne la mouche de la carotte alors que la carotte éloigne le ver du poireau. A l’inverse, certaines associations défavorables sont aussi bien connues et il faut éviter par exemple de planter des haricots ou des pois à côté des oignons car les bactéries fixatrices d’azote qui se trouvent sur les racines des légumineuses sont inhibées par les composés sulfurés émis par les oignons.

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Ces effets bénéfiques ou au contraire indésirables durent dans le temps et il l’on peut utilement en tenir compte pour la rotation de ses cultures. Par exemple, on sèmera avantageusement de la salade dans un coin où il y aura eu des radis l’automne précédent et où l’on mettra l’année suivante des choux ou des concombres.

La liste de toutes les associations favorables ou défavorables est longue et c’est un peu compliqué (aussi compliqué que chez l’homme, ce n’est pas peu dire !). Un livre est paru sur le sujet : il s’agit d’un ouvrage de Hans Wagner, intitulé « le poireau préfère les fraises » aux éditions Terre vivante, qui permet de trouver tous les renseignements utiles sur le sujet. Coût : 14,48 euros. Mais si vous cherchez dans ce livre comment vous débarasser de certaines personnes, en émettant certaines substances particulières, sachez que le livre ne dit rien de tout ça. Dommage ! Tout ouvrage a ses limites !

Bonnes et mauvaises herbes

LE COIN DU JARDINIER (4). Le printemps amène son lot de bourgeons et de fleurs, mais aussi son tas de … mauvaises herbes ! Le jardinier passe beaucoup de temps à les éliminer ou tenter au moins de les contenir à un niveau acceptable. Toutes les herbes réputées mauvaises ne le sont pas vraiment toutes, et d’ailleurs le concept de « mauvais » ou de « nuisible » n’est plus, à mon sens et dans un contexte de diminution de la biodiversité, à employer aujourd’hui. D’autant plus que les jardiniers modernes se mettent aujourd’hui à parler de « bonnes mauvaises herbes », allez donc vous y retrouver !

Mais bon, là n’est pas mon propos d’aujourd’hui, il est plutôt de vous apprendre à reconnaître de manière facile et imparable si une herbe est « mauvaise » ou « bonne ». C’est un véritable scoop car les jardiniers se la posent, mais sans la résoudre avec certitude, depuis des millénaires. En fait, la réponse est très simple, il suffit d’arracher la plante. Si elle repousse, elle était forcément « mauvaise ». Intéressant comme technique, non ?

J’imagine d’ici la tête de celui qui est sceptique quant à la méthode employée, mais j’imagine aussi le regard allumé et malicieux de celui qui a compris toutes les applications qu’on peut en tirer. Je l’entends déjà me dire avec un sourire en coin « et si j’extrapole et que j’utilise ta méthode pour faire la différence entre mauvaises gens et bonnes gens ? ». En un sens, je comprends sa question car je remarque qu’il arrive à beaucoup de mauvaises gens de mourir mais qu’il en revient toujours autant. Et je lui répondrais tout de go « Extra, Paul ! Mais sache que je décline toute responsabilité quant à la méthode employée ».

Je ne tiens tout de même pas à me retrouver face à un procès, pour un simple conseil en jardinage !

Découvrons les « courges d’hiver » asiatiques.

LE COIN DU JARDINIER (2)
Quand j’ai mis en ligne mon blog, il y a plus d’un mois, c’était aussi avec la ferme intention d’écrire régulièrement des articles sur le thème du jardin, qui est l’un de mes loisirs préférés. Mais au bout de cinq semaines, le bilan est plutôt maigre : ma rubrique « coups de pioche » ne fait état que d’un seul article sur ce thème. Il va donc falloir y remédier, d’autant que le printemps approche à grands pas. Vous allez me dire que le froid est bien installé (la neige devrait encore tomber cette nuit) et que rien ne presse, c’est vrai, mais tout peut aller très vite d’ici une semaine ou deux. Mais bon, ne nous pressons pas, les jardiniers sont toujours trop impatients (et je fais malheureusement partie de ceux-là) !

En attendant que l’hiver finisse et que l’on puisse faire les premiers semis au jardin, le jardinier dispose encore d’un peu de temps pour feuilleter les catalogues de graines et faire des commandes. Pour certains légumes se semant tardivement, il reste même encore beaucoup de temps pour se pencher sur les variétés à semer. C’est notamment le cas des courges et potirons. C’est l’un de mes légumes préférés, tant par la diversité des formes, des couleurs, des goûts et des possibilités culinaires (je profite de l’audience que me donne mon blog pour essayer de faire croire que c’est moi qui fait la cuisine !). 

Certains catalogues en présentent des dizaines de variétés, parfois même une centaine comme les graines Baumaux (oui, certains vont me reprocher de faire de la pub pour Baumaux qui vient d’attaquer en justice l’association Kokopelli, je sais, c’est regrettable, et je vais d’ailleurs faire prochainement un petit article sur ce problème épineux). Il est difficile de s’y retrouver, tant la gamme des cucurbitacées (non, non, c’est pas une insulte !) est étendue. 

Au cours des dernières années, j’ai essayé des tas de variétés différentes mais je reviens souvent aux mêmes : Muscade de Provence (la meilleure pour la soupe), Jack Be Little (ou Little Be Jack) et Sweet Dumpling (ces deux dernières variétés peuvent être utilisées de manière très originale, plantez-les sans hésiter, je donnerai des recettes à l’automne prochain) et surtout les « courges d’hiver » que presque personne ne connaît, et qui sont d’un goût très délicat. Vous allez me dire : « et les potimarrons ! ». C’est vrai que les potimarrons jouissent d’une réputation excellente et que leur parfum (de chataîgne) et leur chair dense en font le potiron idéal pour les gratins. Oui, mais désolé de vous décevoir, il me semble que les potimarrons d’aujourd’hui ne sont plus aussi savoureux que ceux d’il y a vingt ans (dégénérescence génétique ? Manque de rigueur dans la sélection des graines ?). Et puis sourtout, tout ça est remis en cause par l’apparition récente des courges d’hiver !

Ces courges d’hiver, que l’on appelle « winter squash » sont originaires d’Asie. Les fruits sont de petite taille, de 1 à 3 kg seulement, ce qui est un avantage considérable car cela évite d’avoir à garder des grosses courges entamées qui finissent par moisir. Le moelleux de leur chair et leur goût délicat en font des légumes d’exception, bien supérieurs aux potirons classiques et un peu meilleurs que les potimarrons. Et en plus, ils se conservent mieux ! Si vous êtes un gastronome, doublé d’un curieux, nul doute que ces courges d’hiver doivent trouver une place dans votre jardin. Il y avait une super variété nommée « Tasty delite » qui était extraordinaire d’un point du vue gustatif mais d’une apparence très moyenne (couleur marron) qui a disparu des catalogues (je paye un grand nombre de bières à celui qui m’en trouvera quelques graines !), il en subsite quatre autres dans le catalogue Baumaux (eh oui, encore lui !) : deux variétés excellentes que j’ai testées l’an passé (Snow Delite et Iron Cap) et deux autres variétés que je vais m’empresser d’essayer cette année (Amazonka et Golden Debut).

Dans un prochain article il me faudra parler d’autres légumes méconnus qui viennent du même continent : les radis asiatiques !

Baumaux et Kokopelli : prenez-en de la graine !

LE COIN DU JARDINIER (1)
Chaque année en janvier, le jardinier qui sommeille en moi se réveille. Se réveille même violemment : la veille encore j’étais plongé dans la langueur hivernale et le matin, je me réveille soudain avec quelque chose de puissant qui monte en moi. J’ai alors envie d’aller au jardin, de semer, de planter, de travailler la terre. Mais il me faut me rendre à l’évidence : les semis, ce n’est pas avant au moins deux mois ! Alors je trouve une activité « jardinage » de substitution et je me mets à feuilleter, de manière un peu fiévreuse, les catalogues de graines. En janvier et février, ces catalogues deviennent mes livres de chevet et je me plais alors à admirer les poivrons aux couleurs éclatantes, les feuilles biscornues de la laitue « oreilles du diable » ou les formes plantureuses de certains potirons. Mais plus je regarde les catalogues, plus j’ai envie de semer et plus ça devient l’enfer car une petite voix intérieure me répète de manière obsessionnelle « dans deux mois, deux mois … ».

Quand je dis que j’ai souvent la tête plongée dans « les » catalogues, c’est un peu exagéré, car en fait, au fil des années, il n’y en a plus que deux qui retiennent vraiment mon attention. Ils ont chacun leur approche et leur philosophie différentes :

1 – le catalogue des graines Baumaux : c’est le top du top parmi les pros de chez pros, le catalogue est richement illustré (c’est un régal pour l’oeil), il y a une grande diversité (plus de 100 variétés de potirons par exemple) et l’on y trouve un certain équilibre entre variétés anciennes traditionnelles et variétés modernes plus productives (hybrides F1). Seul petit bémol : si les variétés traditionnelles sont d’un prix moyen, les variétés F1 et surtout les nouvelles introductions au catalogue sont chères (mais depuis quelques années, les prix de tous les fournisseurs – qu’il s’agisse de Tézier, Vilmorin … – ont fait un grand bond). Contact : www.graines-baumaux.fr

2 – les graines de Kokopelli : on est là dans un autre univers, non commercial, qui est celui d’une association militante qui fait un travail remarquable de sauvegarde de variétés anciennes menacées, du monde entier, et qui œuvre dans de nombreux pays du tiers-monde pour que les populations s’affranchissent du lobbying inacceptable exercé par les grandes multinationales des producteurs de semences. Le catalogue est très riche, plus riche que celui de Baumaux (plusieurs centaines de variétés de tomates par exemple), mais si l’on est simple acheteur on n’a accès qu’à une gamme limitée (la gamme «boutique») alors que si l’on devient adhérent à l’association, l’ensemble des variétés du catalogue devient accessible. Les graines sont d’un prix très modéré. Seul reproche : un grand nombre de variétés ne sont pas illustrées (mais sont bien décrites). Contact : www.kokopelli.asso.fr

On pourrait aussi se contenter d’acheter des variétés classiques que l’on trouve un peu partout, dans n’importe quel magasin. Mais ce petit article s’adressait en priorité à tous les curieux et amoureux de la biodiversité au jardin. Si vous faites partie de ceux qui ne plantent que des tomates rouges, il n’est pas trop tard, faites le pas : essayez les tomates jaunes, vertes ou roses de Baumaux et Kokopelli !