Le basilic de l’hiver

LE COIN DU JARDINIER (17)
Quand j’étais gamin, certains légumes et fruits m’étaient inconnus. En Franche-Comté, on ne consommait que des légumes adaptés à l’Est de la France : pommes de terres, haricots, carottes, choux, poireaux, navets, radis… Poivrons et aubergines, réservés au sud, étaient alors inconnus au bataillon. Et puis, progressivement, les modes alimentaires se sont modifiés. Evolution de la culture culinaire ? On a d’abord consommé. Et puis on a planté. Je me demande parfois si la mise en place progressive de légumes méridionaux dans nos jardins n’était pas le signe d’une modification climatique déjà perceptible.

Melons, pastèques, poivrons, piments et aubergines sont maintenant des plantes habituelles de mon jardin. Sans compter évidemment le basilic, ce trésor venu lui aussi du sud, auquel je réserve toujours une petite place.

Le basilic nous vient de loin, de très loin même, consommé déjà par les ancêtres de l’homo sapiens. Cette herbe sauvage, considérée comme sacrée, a longtemps « accompagné le développement de l’humanité dans ce qu’elle a de plus profond : l’alimentation, la médecine, la religion » (Jérôme Goust).

Le basilic est une plante très fragile. Il déteste le froid et sa période de végétation est très courte. Il n’aime pas la terre froide du printemps et ne peut donc être planté qu’en mai. A l’automne, les feuilles s’étiolent rapidement dès qu’il fait un peu frisquet, bien avant qu’il ne fasse zéro au thermomètre. Sa période de culture est très courte et on ne peut tirer parti de cet aromate que quelques mois dans l’année, les quatre mois les plus chauds.

J’ai longtemps supposé que si certaines plantes allaient mal à l’automne, c’est parce qu’on avait affaire à cette époque à des plants âgés, donc moins résistants aux maladies, et ayant de surcroît déjà épuisé les éléments nutritifs du sol. Au fil de mes essais de jardinier amateur, je me suis rendu compte qu’on avait d’ailleurs intérêt à échelonner les semis, par exemple à ne pas hésiter à semer des courgettes et des concombres en plein été, et qu’on pouvait ainsi prolonger les récoltes de quelques semaines, voire d’un ou deux mois. L’échelonnement des semis est l’un des mes premiers principes de jardinier.

La dernière expérience, je l’ai justement réalisée avec le basilic. Comme j’en avais un peu marre de voir cet aromate crever à l’automne, j’en ai semé dans une jardinière au début septembre. Fin octobre, j’avais sur le rebord de ma fenêtre un basilic encore jeune mais resplendissant.

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L’automne a été doux, les premières gelées ont été tardives et je n’ai donc rentré ma jardinière (je ne parle évidemment pas de la femme du jardinier) que courant novembre (je n’ai pas noté la date exacte). La jardinière a été placée au sous-sol non chauffé, sur le rebord intérieur de la fenêtre, et depuis j’en prélève régulièrement pour agrémenter salades et pâtes. Nous sommes au début février, j’ai photographié ce matin mes plants de basilic. Oh, les feuilles, ne sont pas aussi belles qu’en plein été, elles sont un peu pâlottes et souffrent légèrement du manque de lumière et de chaleur, mais elles gardent un bon parfum.

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Pour moi qui adore l’hiver, le basilic est un petit luxe de plus que nous permet cette saison.

Conférences à ne pas manquer !

Notre ami Claude-Roland Marchand, qui intervient régulièrement sur ce blog, va donner une série de trois conférences dans le cadre de l’Université Ouverte de Besançon. Elles auront lieu les trois lundis qui viennent (5, 12 et 19 février) de 17H à 19H dans la salle A21 de la faculté des Lettres. Les thématiques qu’abordera Claude-Roland recoupent l’actualité et des sujets de préoccupation de notre société dans le domaine environnemental. Plusieurs des problématiques qui seront traitées au cours de ces conférences sont d’ailleurs régulièrement abordées sur ce blog. Nul doute donc que le programme vous interessera. Voici donc les sujets de ces trois séances :

Darwin : ses précurseurs, sa théorie, ses détracteurs et ses partisans – Les preuves de l’évolution – Les extinctions d’espèces au cours des temps géologiques – Les extinctions récentes – Les espèces menacées – Les espèces opportunistes, qualifiées parfois de « nuisibles » – Les espèces introduites involontairement : conséquences – Les espèces introduites volontairement : ex. la perche du Nil dans le lac Victoria (impacts, conséquences immédiates et à terme…) – Les O.G.M. (conception, buts, impacts…) – Le réchauffement climatique : impact sur la biodiversité… – Question : « L’espèce humaine va disparaître, bon débarras » ? Quel héritage allons-nous léguer ?…

Dès mardi soir, le lendemain donc de la première conférence, je ferai un petit article et Claude-Roland se fera un plaisir de dialoguer avec nous sur ce blog dans les jours qui suivront la mise en ligne de mon article.

Ce sera une première, j’aimerais pouvoir faire en sorte que les lecteurs de ce blog puissent discuter en ligne avec des conférenciers, des auteurs, des musiciens, … !

La montée en puissance des lionnes

Une amie vient de m’envoyer des images censées représenter les trois étapes de la vie d’un homme. Je vous les laisse découvrir.

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Je ne sais pas ce que ces images vous inspirent, mais je crois que grâce à elles, nous avons là une bonne occasion d’aborder sur ce blog les rapports actuels entre hommes et femmes et surtout la triste et pauvre condition de l’homme d’aujourd’hui.

A vos commentaires donc !

American folk blues festival (1bis)

Du blues, toujours du blues ! Désolé pour ceux qui n’aiment pas trop cette musique jugée comme trop archaïque, mais j’y reviendrai souvent sur ce blog.

En avril dernier, j’avais consacré un article au premier DVD de la série American Folk Blues Festival. Les bluesmen présentés sur les trois DVD de la série font partie de ceux qui ont contribué à faire l’histoire du blues américain. Ils ont tous débarqué au début des années 60 sur notre vieux continent, dans le cadre de la tournée mondiale qui avait pris le nom de American Folk Blues Festival et qui a duré essentiellement de 1962 à 1966.

Quand j’ai écrit mon article sur le premier DVD de la série, je ne connaissais pas encore le site youtube.com qui m’aurait permis à l’époque de vous présenter des extraits de cette vidéo. Je ne résiste donc pas, huit mois plus tard, au plaisir de vous faire partager ce film et de vous en présenter six extraits (sur les 17 morceaux que compte le disque). Il s’agit là d’artistes majeurs de cette époque (cliquer sur les mots en bleu pour accéder directement aux vidéos). La qualité du DVD est bonne mais les extraits présentés ici et qui viennent de youtube sont de qualité très moyenne. Mais au moins, çà donne une idée du DVD.

Hobo blues, par John Lee Hooker.
Spann’s Blues, par Otis Spann.
I Can’t Quit You Baby, par Otis Rush.
Nine Below Zero, par Sonny Boy Williamson
Got My Mojo Working, par Muddy Waters.
– et enfin Weak Brain And Narrow Mind, par Willie Dixon. J’aime particulièrement ce morceau car il y a dans ce document tout l’esprit du blues, la musique y est réduite à sa plus simple expression mais le feeling et la charge émotive sont là. Willie Dixon était un musicien de studio, il jouait habituellement de la contrebasse. Sur ce document, il joue de la guitare, mais il semble ne connaître que deux accords très simples qu’il est d’ailleurs incapable de jouer sans regarder ses doigts. Et pourtant … !

Et pour terminer, bien qu’il ne s’agisse pas du tout du même DVD, voici une nouvelle fois la belle vidéo pétrie d’émotion montrant Sonny Boy Williamson interprétant Bye Bye Bird (voir l’article du 16 décembre que j’avais consacré à ce morceau). Oui, je sais, j’avais déjà mis le lien sur cette vidéo dans un commentaire, mais c’est juste à l’intention des nouveaux arrivés sur ce blog.

Les sans-abris orphelins … en attendant Sarko !

Avec l’abbé Pierre, les sans-abris trouvaient un toit.
Nul doute que Sarko caresse aussi le projet de leur proposer un toit à partir de mai : à Fleury-Mérogis, Fresnes, Paris-la-Santé …
Les sans-abris, qui ne souhaitent pas rester orphelins longtemps, attendent donc avec impatience l’avènement de l’empereur Nabot-Léon (*).
(*) On ne voit pas trop à priori ce que vient faire le mot « Leon » dans le jeu de mot « Nabot-Léon ». Voici l’explication, elle est toute simple : dans l’un de ses derniers discours, Sarko a eu le toupet de faire référence aux hommes de gauche en prenant comme exemple Jaurès (ce qu’une certaine presse a d’ailleurs dénoncé) mais aussi Léon (Blum). Et puis, au rythme de démagogie du personnage (qui semble sans limites), je m’attends à ce qu’il fasse bientôt référence à un autre Léon (Trotsky) (mais dans ce cas-là, ne va-t-il pas s’aventurer sur une pente glissante … en faisant « trop d’ski » ?)

A propos de la fiscalité

En général, je me hasarde peu à parler de l’actualité politique. Non que ça ne m’intéresse pas, au contraire, mais je crains les dérapages au niveau des commentaires (je crains les excès de langage qui desservent leurs auteurs mais je déteste encore plus les discours type « langue de bois » trop consensuels). Il devrait être possible, en théorie, de donner son point de vue sans en recourir forcément aux violences de propos. Mais bon, la vie politique en France ainsi faite, elle est fortement dualisée « gauche-droite » et peu de personnes arrivent à en parler de manière objective et non partisane. Pourtant, il me semble que l’on devrait pouvoir être de gauche et en même temps être capable d’approuver les mesures liées à la sécurité routières de Sarkozy (la seule chose que je lui concède alors que je me suis pris récemment deux excès de vitesse que j’ai d’ailleurs payés avec le sourire) et être de droite et reconnaître le (presque) millions de chômeurs en moins sous Jospin.

Y aurait-il quelques sujets traités dans l’actuelle campagne électorale qui pourraient donner lieu à des débats sur ce blog, sans que l’on s’engueule pour autant ? Oui, peut-être. Enfin, peut-être pas, mais je prends quand même le risque.

Prenons par exemple un sujet parmi ceux dont nous a parlé la presse les temps derniers : la fiscalisation. Il y a eu un gros couac au sein du PS à ce propos, François Hollande ayant annoncé une hausse de la fiscalité pour les personnes gagnant plus de 4 000 euros net par mois (par personne), ces propos ayant aussitôt été contrés par la candidate Ségolène Royal. Il ne s’agit d’ailleurs pas vraiment d’une hausse d’impôt mais simplement de revenir sur la baisse d’impôts des personnes touchant plus de 4 000 euros net, ce qui n’est pas tout à fait la même chose.

Je ne souhaite pas trop placer mon propos sur l’aspect politique. Certes, le PS montre dans cette affaire une absence complète de préparation dans son programme et a loupé l’occasion de montrer un signe fort vis à vis des classes populaires qu’il souhaitait reconquérir. Inutile donc d’en rajouter une couche, beaucoup de choses ont été dites sur le sujet.

D’une manière générale, les propos de François Hollande ont été plutôt démolis par la presse et par le monde politique. A lire un grand nombre d’articles et un grand nombre de réactions politiques qui allaient surtout dans le même sens, j’avais l’impression que beaucoup de gens de notre pays gagnaient plus de 4000 euros net mensuel. Les journalistes de la grande presse qui ont écrit ces articles font probablement partie de ces nantis. Les hommes politiques qui ont réagi aux propos de Hollande, sans doute également. Ceci explique donc peut-être celà.

Peut-être qu’à vouloir trop contenter son électorat (qui n’est plus du tout issu des milieux populaires), Ségolène Royal a-t-elle commis une erreur. Pas seulement sur l’aspect stratégique et ce fossé qu’elle creuse entre le PS et les classes modestes, mais sur le fond. Car, réfléchissons objectivement à la proposition de François Hollande, elle n’était pas si absurde que ça. Je connais beaucoup de gens, je rencontre beaucoup d’amis qui, pour la plupart ont un travail et sont donc bien installés, ont une vie plutôt normale, sont issus de milieux très divers et presque tous, dans leur très grande majorité, ont un salaire inférieur à 4 000 euros net. Si je prends l’exemple de mon village de 300 habitants dans lequel je connais tout le monde, il y a à tout casser 5 ou 6 personnes qui gagnent peut-être cette somme.

A qui va-t-on faire croire que fiscaliser les salaires élevés, c’est dégoûter les gens qui veulent travailler ? Les gens que je connais et dont je parle ci-dessus sont des gens qui travaillent, autant que ceux qui ont des salaires élevés. Je déteste cette idée qui s’installe insidieusement depuis quelques années et qui laisserait à penser qu’il y a d’un côté des gens qui gagnent de l’argent et qui seraient les moteurs de notre société et les autres qui seraient à la traîne.

Je pense que les élus, qu’ils soient de gauche ou de droite, n’ont plus vraiment de contact avec la réalité de terrain. On savait que la plupart ne savent pas combien vaut une baguette de pain, il est probable qu’il ne savent pas non plus ce que gagne un français moyen. En fiscalisant un peu plus ceux qui gagnent plus de 4 000 euros par mois, on ne mécontente qu’une petite partie de la population (d’ailleurs existe-t-il vraiment ce « français moyen’ dont on nous rabat les oreilles ?). Et cette partie là de la population est certes utile dans la marche de notre société, mais ni plus ni moins que les autres parties. Et puis, on le sait, tous les chiffres le montrent : les inégalités se creusent, les pauvres n’ont jamais été aussi pauvres et les riches aussi riches. Il faut donc avoir aujourd’hui le courage de dire STOP !

ALORS OUI, JE SUIS A 100% pour la proposition de François Hollande, tout comme j’aurais été également pour, si elle avait été émise par Nicolas Sarkozy.

Quant à la question de la bonne utilisation du budget de l’Etat issu de ces prélèvements directs sur le revenu, c’est évidemment une autre question.

J’espère qu’avec cet article, je ne me suis pas aventuré sur un sujet trop scabreux. Sinon, je me remets vite à ne parler que de tomates, de papillons et de musique !

La sittelle torchepot

LES OISEAUX AU POSTE DE NOURRISSAGE HIVERNAL (2)
Après la mésange charbonnière, voici une autre habituée des mangeoires en hiver : la sittelle torchepot. L’une d’entre elles est venue tout à l’heure voler une noisette sur le rebord de la fenêtre. C’est la première de l’hiver. Il faut dire que, pour la première fois depuis trente ans, je n’ai presque pas d’oiseaux au poste de nourrissage. Sans doute que les conditions climatiques très douces, le faible nombre d’oiseaux nés en 2006 et le fait que la nature regorge encore de nourriture (2006 ayant été une bonne année de fructification) expliquent cette désaffection très inhabituelle.

La sittelle, habitante typique des grands arbres, est l’un des oiseaux les plus facilement réconnaissables : forme pointue, dessus gris ardoisé, dessous orangé et un beau masque de cambrioleur qui lui traverse l’oeil. Mais c’est souvent par son comportement qu’on l’identifie rapidement, l’oiseau ayant l’habitude de descendre les troncs d’arbres la tête en bas. C’est « l’oiseau acrobate » par excellence, elle n’hésite pas à inspecter le dessous des branches en se maintenant à l’aide de ses ongles munis de longues griffes.

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En hiver, du tournesol, des noisettes et des mélanges à base de graisse l’attireront facilement. Le bec de la sittelle est long et dur. La robustesse du bec lui permet de casser des graines ou des fruits coriaces, comme par exemple les noisettes dont cet oiseau raffole. Sa longueur lui permet, en faisant office de pinces, d’attraper des insectes, la sittelle se nourrissant de chenilles au moment de l’élevage des jeunes au printemps.

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Au poste de nourrissage, ne vous attendez pas à voir plus de deux sittelles. Cet oiseau reste très territorial en hiver et les mangeoires ne seront fréquentées que par un seul couple au maximum. Je me rappelle d’une petite anecdote qui s’est déroulée à la fin des années 70 : alors que j’étais immobile contre un arbre en train de photographier un pic épeichette à son nid, j’ai eu la surprise de sentir une petite chose heurter ma jambe. C’était la sittelle qui était venue se plaquer contre mon pantalon, prenant ma jambe pour le tronc d’un arbre. C’était je crois mon premier contact avec un oiseau sauvage. Plus tard, beaucoup plus tard, la sittelle est devenue familière de la main à Dupdup, ayant eu, l’hiver dernier, 2 028 fois l’occasion de se frotter à ma peau !

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Les nouveaux venus sur ce blog, qui souhaiteraient en savoir plus sur mes expériences un peu délirantes de l’hiver dernier et sur ces oiseaux qui sont venus plus de 23 000 fois sur ma main, pourront se référer aux 8 articles « Des oiseaux en veux-tu en voila « , écrits entre janvier et avril 2006, dans la rubrique Coups d’ailes ci-contre (articles du 23 janvier, 30 janvier, 8 février, 10 février, 21 février, 23 février, 19 mars et 23 avril).

Discographie de Brassens (6)

Suite de notre petite exploration de l’oeuvre de Brassens, disque par disque. Le sixième disque contient les chansons suivantes : La traîtresse – Tonton Nestor – Le bistrot – Embrasse les tous – La ballade des cimetières – L’enterrement de Verlaine – Germaine Tourangelle – A Mireille dit « Petit Verglas » – Pénélope – L’orage – Le mécréant – Le verger du roi Louis – Le temps passé – La fille à cent sous.

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Ce disque est plutôt méconnu. Une seule chanson de l’album a connu un fort succès : L’orage (cliquer sur les liens en bleu) qui nous raconte tous les bienfaits du mauvais temps jetant parfois une voisine apeurée dans vos bras (relativisons cependant : j’ai beau « guetter » la porte d’entrée les soirs d’orage, j’en suis arrivé à la conclusion que ce genre de chose n’arrive que dans la poésie). René Fallet, écrivain et ami de Brassens, avait suggéré que cette voisine ne pouvait être que Pénélope dont Brassens nous a parlé juste avant dans la chanson précédente. Pénélope est le symbole même de la fidélité mais ses désirs inavoués l’emmenent parfois en rêve (et en rêve seulement) dans les bras du voisin. Aurait-elle enfin franchi le pas ? J’avoue que cette idée me séduit et peut-être était-ce là l’idée du poète de juxtaposer ces deux textes (peut-être aussi que Fallet tenait cette information directement de Brassens).

La mort est peut-être moins présente sur cet album que dans les autres disques. On sait depuis longtemps que Brassens affectionne les cimetières. En racontant l’histoire invraisemblable de ce jeune homme qui collectionne, partout où il le peut, caveaux, tombeaux et sépultures diverses, on pourrait croire que la chanson La ballade des cimetières est placée sous le signe de l’irrespect. Je crois qu’il s’agit, une fois de plus, d’une immense farce dont Brassens a le secret.

A l’opposé, Le verger du roi Louis est par contre emprunt de gravité et même d’une certaine solennité. Malgré l’aspect rieur du lieu (« des grappes de fruits inouis », « un essaim d’oiseaux réjouis »), on sent la présence oppressante des pendus qui ornaient autrefois les branches des arbres. Brassens a-t-il écrit ce texte en pensant à François Villon, pendu célèbre, dont il s’est toujours senti très proche ? Brassens, farouchement opposé à la peine de mort, écrira beaucoup plus tard (dans son dernier disque) La messe au pendu.

Après avoir enregistré sur le disque 5 Le cocu, Brassens continue dans la même veine avec cette autre farce qu’est La traîtresse, chanson dans laquelle il s’en prend à Madame Dupont qui lui fait l’infidélité de coucher avec son propre mari.

Le thème de l’amour libre est développé dans l’une des plus belles chansons du disque Embrasse-les tous. Sous une apparente incitation à l’amour volage, se cache la recherche éperdue de l’amour vrai et René Fallet n’a pas hésité à parler, à propos de cette chanson, « d’hymne à la pureté ».

Brassens n’a aucun respect pour cette institution vénérable qu’est le mariage et on s’en rendra compte plus tard à l’occasion de la célèbre Non-demande en mariage (disque 9). Pour l’instant, il se contente de raconter les mariages successifs et malheureux de Jeannette gâchés par un vieux malappris : Tonton Nestor. Et, avec La fille à cent sous, loin aussi des préoccupations de mariage, il se contente de raconter le quotiden et les amours passagères des pauvres gens, ceux qui vivent dans le « quatrième dessous » et qui voient parfois fleurir, au milieu de leur pauvre vie, l’amour et la tendresse.

Le mécréant, qui a donné son nom au titre du disque, est une drôle de chanson dont les 21 couplets très courts (de deux lignes seulement) sont égrénés de façon un peu martiale. Ce n’est pas ma préférée et je dois dire que je trouve le dernier vers particulièrement mal écrit.

Brassens était un admirateur de Paul Fort, qu’il connaissait bien, et dont il mettra en musique plusieurs textes (La marine, Le petit cheval et Si le Bon Dieu l’avait voulu). Sur ce disque, il récite successivement trois autres poèmes. Mais qui sait que Brassens a enregistré l’un d’eux L’enterrement de Verlaine sur un document vidéo probablement rare, en réutilisant l’air de la Marche nuptiale (sur le disque 4) ?

En retravaillant actuellement les chansons de ce disque à la guitare, je les redécouvre et leur qualité musicale me saute aux yeux. Je me demande d’ailleurs pourquoi elles sont été un peu boudées par le public. Une chanson comme Embrasse-les-Tous méritait certainement un très grand succès. C’est, en tous les cas, l’une des plus belles de Brassens.

Une eau à boycotter

L’eau du robinet a de plus en plus la faveur du public. Ce changement d’attitude a démarré l’an passé lorsque l’Académie de Médecine l’a plébiscitée en affirmant par ailleurs que l’eau en bouteille n’était pas la panacée. Et puis il y a eu ce scandale étouffé dont j’ai déjà parlé sur ce blog : l’Université d’Heidelberg en Allemagne avait analysé les principales eaux minérales européennes, et il apparaissait que neuf eaux françaises contenaient jusqu’à 200 composés chimiques. Le principal accusé parmi ces composés était l’antimoine (dont les doses sont parfois 160 fois supérieures à celles du robinet) qui est un métal suspect, dont on ne connaît pas grand-chose, si ce n’est que sa toxicité semble proche de celle de l’arsenic.

Les industriels cherchent donc à faire face à cette désaffection du public. A court d’arguments, le groupe Castel (qui possède 1/4 du marché des eaux embouteillées) vient de mener une campagne ignoble pour vanter les bienfaits de son eau (marque Cristaline). Je vous laisse découvir le panneau publicitaire qui s’étale depuis une semaine à 1400 exemplaires sur le territoire français :

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Les bornes ont été dépassées par le groupe Castel dans son communiqué de presse : « Accepteriez-vous de boire une eau dont une partie peut être issue du retraitement des eaux usées ? ». Rarement on a vu une campagne publicitaire aussi éhontée. D’ailleurs, le comité de déontologie du Bureau de Vérification de la Publicité a donné un avis défavorable à cette publicité mais Cristaline a opté pour le maintien de sa stratégie.

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Voilà, cette info était juste un élément de plus à verser au dossier du lobbying des grands firmes de l’agro-alimentaires (car la publicité mensongère n’est-elle pas l’une des formes les plus insidieuses du lobbying ?).J’imagine d’ici la tête de mes amis, lecteurs de ce blog : « Qu’est-ce qu’il raconte Dupdup à essayer de nous faire croire qu’il boit de l’eau ? Une dupduperie de plus ? ». Non, non, je les rassure : l’eau ne m’intéresse que très très moyennement, qu’elle soit du robinet ou en bouteille. Je suis juste soucieux de la santé des lecteurs de ce blog, ma démarche ne va pas plus loin, et je continuerai évidemment à boire de nombreuses petites mousses avec les amis.

Tiens, au fait, à propos de bières, vous connaissez celles qui sont produites par le chanteur Robert Charlebois (Charles boit ?), propriétaire d’une brasserie ? Je viens de déguster la Maudite, la Don de Dieu, la Fin du Monde et quelques autres. Je vous les conseille toutes.

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Premier anniversaire

Pour mon cadeau de Noël 2005, Stéphane m’avait offert « l’installation et la configuration de mon blog ». A l’époque, je ne savais même pas ce qu’était un blog. Et en plus, je venais juste de lire un article du Monde disant que … 95% des blogs n’étaient jamais lus et n’avaient jamais de commentaires. Très engageant et très encourageant ! J’ai mis quelques semaines avant de prendre la décision d’écrire ou de ne pas écrire des articles. Et puis, il fallait bien que j’assume ce cadeau de Noël, je me suis donc lancé et j’ai écrit mon premier article le 17 janvier 2006, il y a un an exactement, jour pour jour.

Je ne savais pas où cette aventure allait me mener. Et je dois dire que je ne sais pas plus aujourd’hui !

Les premiers commentaires, dès le premier article, m’ont encouragé et je me suis alors mis à écrire sur les sujets qui me trottaient dans la tête et qui tournaient toujours autour des mêmes thèmes : la musique, la nature, le jardinage et (un peu) l’actualité.

Je me suis un peu plus investi lorsque d’autres blogueurs se sont aussi pris au jeu, ajoutant commentaires sur commentaires, mon blog a été pris l’été dernier d’une certaine frénésie. Il a fallu que j’arrête (provisoirement) ma galerie d’images (voir ci-contre) que je renouvelais tous les jeudis soirs pour arriver à suivre le rythme que mon blog m’imposait par ailleurs. Aujourd’hui, l’administration de mon blog me livre les statistiques suivantes : 223 articles en un an, 2 883 commentaires, 15 663 visites (dont 1 521 on duré plus d’une heure !), 92 723 pages consultées et maintenant plus de 600 visiteurs différents chaque mois.

C’est un blog assez atypique finalement car il n’a pas de thème unique. Ceux qui me connaissaient en tant que passionné de nature ont dû être déboussolé en tombant sur un article consacré à Bob Dylan. Ceux qui partagent mes nombreuses passions musicales ont dû tomber des nues en tombant sur un article sur la culture des carottes. Mes amis rockers ne m’imaginaient pas trop passionné par Bach, Ferré ou Miles Davis et la mésange charbonnière n’a pas dû trop les brancher. Mais bon, ce blog restera toujours ainsi fait, il vivra au rythme de mes passions et celles-ci ne sont pas du tout en train de se restreindre ou de s’émousser avec l’âge, bien au contraire.

Le blog est un truc frustrant. A peine les commentaires sur un article commencent-ils de devenir intéressants qu’ils sont aussitôt recouverts par l’arrivée d’un nouvel article puis d’un deuxième, un troisième … Lorsque l’article en question arrive en 5ème ou 6ème position sur le blog, le thème de la discussion s’arrête (parfois au bout de 138 commentaires, le record) puis ressurgit quelques mois plus tard lors d’un nouvel article. La vie d’un blog est ainsi faite, elle a son propre rythme, ses propres contraintes, c’est la vie qui se déroule dans sa fugacité même. Le plus dur a été d’accepter cette frustation permanente, ce mouvement continu qui casse ce qui a été construit. Un article et ses commentaires, c’est un peu comme un château de sable sur la plage que les vagues viennent progressivement détruire.

Autre chose frustrante : de nombreuses personnes que je connais vont régulièrement sur ce blog, parfois quotidiennement, mais n’osent pas mettre en ligne un seul commentaire. J’aimerais tant qu’elles franchissent le pas !

L’un des aspects les plus troublants de ce blog est l’impact des écrits sur sa propre perception des choses. On écrit par exemple un article un peu pamphlétaire sur le sport et voila que des commentaires très argumentés, faits par des lecteurs chevronnés (n’est-ce pas Nico, Vincent ou Roland ?), viennent vous apporter un éclairage différent et nuancer votre point de vue. Le monde n’apparaît plus aussi en Noir et Blanc, le gris et les teintes nuancées y ont leur place. Cela a été pour moi mon principal enseignement de l’année.

Peut-être que certains l’ont compris mais ce blog a quelque peu changé ma vie. Des nouvelles relations, j’allais dire des complicités, se sont tissées. Et ces relations n’ont rien de virtuel. Des blogueurs qui ne se connaissaient pas vont maintenant chanter Brassens ensemble, se retrouvent parfois pour boire une bière (enfin, c’est toujours un peu les mêmes et j’en fais toujours partie) ou lors d’une soirée de découverte musicale chez les uns ou les autres. Je ne m’attendais pas à avoir s’installer autant de relations concrètes et durables grâce à internet.

Me voilà donc reparti pour une année. Pas de changement de cap pour cette année si ce n’est une petite expérimentation en février avec Roland, conférencier dans le cadre de l’Université ouverte de Besançon, qui dialoguera avec nous tous sur les sujets de ses trois conférences (consacrées à l’environnement). Pour le reste : zoziaux, bières et zique. Comme d’hab’, quoi !

Merci à tous ceux qui, par leur participation active, par leur simple lecture ou parfois par un simple mot, m’ont aidé dans ce projet. Encore merci à Steph pour ce beau cadeau de Noël. Et merci à Joëlle qui « supporte » toutes les heures que je passe maintenant devant l’écran.

Environnement : le silence des intellectuels

La planète agonise mais rien, ou presque, n’a vraiment bougé jusqu’à présent dans notre pays. Pourtant, des générations d’hommes de valeur, auréolés de leur pratique de terrain, nous avaient mis en garde depuis longtemps : René Dumont, Jean-Yves Cousteau, Paul-Emile Victor, Théodore Monod, Haroun Tazieff, Jean Dorst…

Dans le bruissement médiatique actuel, il semble impossible de faire entendre sa voix. La science est devenue trop cloisonnée aujourd’hui pour qu’on puisse reconnaître à ses représentants la capacité d’avoir une vision globale des problèmes. Albert Jacquard (philosophe), Pierre Rhabi (agronome), Edgar Morin (philosophe) Serge Latouche (économiste), Gilles Clément (paysagiste et écrivain) ont beau s’égosiller, la sauce ne prend pas et ne prendra jamais. Il semblerait donc qu’il n’y ait point de salut en dehors des médias. Ce qu’ont bien compris d’ailleurs Nicolas Hulot, Yann Arthus-Bertrand, Hubert Reeves et quelques autres. Il ne viendrait à personne l’idée de leur jeter la pierre, la médiatisation de la cause de la Terre est peut-être l’ultime recours, l’écologie politique ayant failli, en attendant le temps bien improbable où les Terriens changeront en profondeur.

Il y a un mois, Télérama avait soulevé le problème du silence des intellectuels français sur la question de l’environnement. C’est vrai que ce silence est inexplicable a priori. On sent bien qu’il va falloir tout réinventer, redéfinir les rapports entre l’Homme et l’environnement, redonner du sens à la vie. C’est peut-être la première fois que l’Homme se trouve confronté à un enjeu aussi important. Il ne s’agit plus aujourd’hui de simplement cantonner le débat à un niveau technique, sur les questions de la grippe aviaire, des esthers de glycol, du nucléaire ou de la diminution de la ressource en eau (même si ces débats sont primordiaux) mais bien de repenser entièrement le système, notre système de vie, dans toutes ses composantes. Il ne s’agit plus de « s’enfermer dans une vision pûrement esthétique de la nature comme s’il ne s’agissait que d’un tableau » mais bien de remettre à plat nos rapports avec notre environnement, à la lumière de ce que nous sommes devenus et savons aujourd’hui. Dans ce débat, le monde intellectuel devrait avoir une place de choix, qu’il n’a pas su occuper.

L’article très intéressant de Télérama, écrit par Weronika Zarachowicz, met l’accent sur les deux derniers siècles et sur l’idée de DEVELOPPEMENT qui règne en maître sur la pensée française. L’intellectuel français est l’héritier du siècle des Lumières. Pour lui, les principales références sont « le progrès et la raison, la croissance et l’accumulation des richesses indéfinies » alors que finalement ces valeurs perpétuent « un humanisme non écologique et un développement techno – économico – scientifique ».

Ces considérations sont probablement vraies en ce qui concerne les intellectuels français, mais je pense que, d’une manière générale, la difficulté à réagir de l’ensemble de la population est à rechercher beaucoup plus loin. Pour survivre, l’Homme a dû, pendant des centaines de milliers d’années, se battre contre la nature et l’asservir (tout du moins dans notre société occidentale). L’idée de l’homme dominateur de la nature est à rechercher très loin, elle constitue l’essentiel de l’histoire de l’humanité. On ne passe pas du concept « dominer » à celui de « composer avec » en quelques décennies seulement. C’est pourtant bien ce que nous sommes aujourd’hui dans l’obligation de faire, faute de crever rapidement et faute d’avoir su anticiper à temps.

Le drame, c’est que nous allons nous poser de vraies questions au moment même ou d’autres civilisations (notamment chinoises et indiennes) sont ent train de faire le chemin inverse. Elles, qui avaient forgé au fil des millénaires un art de vivre basé sur l’harmonie entre l’homme et la nature (la nature étant source en elle-même de spiritualité), viennent de succomber aux charmes des sirènes du monde occidental.

La culture des endives

LE COIN DU JARDINIER (16)
La culture des endives est pour moi une nouveauté. Je ne la pratique que depuis l’an passé. Mais je me souviens, que lorsque j’étais tout môme, il y a peut-être 45 ans, j’aidais ma grand-mère à mettre en terre pour l’hiver les précieuses racines.

En raison de son mode de culture qui est très particulier, l’endive est un drôle de légume. La culture de cette salade (qui appartient à la famille des chicorées au même titre que nos scaroles) nécessite plusieurs étapes bien distinctes. J’ai photographié tout au long de l’année ces différentes étapes en vue du présent article.

Les graines de chicorée sont à semer en pleine terre au mois de mai. Au fil de l’été, le feuillage va se développer, de la même manière qu’une autre salade, si ce n’est que l’intérieur du feuillage ne « pomme » pas comme celui d’une laitue. Il arrive parfois que l’un des pieds fleurisse et les fleurs ressemblent alors à s’y tromper aux chicorées sauvages que l’on trouve dans les prés ou sur les abords des routes.

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En octobre ou novembre, vient le temps de la récolte des racines. Celles-ci sont volumineuses et pendant longtemps elles ont servi à obtenir, après torréfaction, la chicorée que l’on mélangeait au café. Ces racines seront débarassées de leurs feuilles (à couper à quelques centimètres au-dessus du collet) puis stockées dans la cave en attendant d’être mises en terre au fur et à mesure des besoins.

Le repiquage consiste simplement à mettre les racines verticalement dans un mélange de terre/terreau humidifé, en laissant la partie supérieure du collet à l’air libre. Attention, la terre ne doit pas être trop humidifiée car les racines pourriraient alors (j’en ai fait la douloureuse expérience l’an passé et je n’a pas réussi cette année à éliminé complétement ce problème).

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Si l’on veut échelonner la production et ne récolter que peu d’endives à la fois, un simple seau, plutôt haut, suffira. Les plantes devant rester à l’obscurité, le seau sera recouvert d’un plastique noir ou d’un autre récipient retourné (ce qui permet dans ce cas d’avoir un volume supplémentaire pour que les endives se développent). Les endives vont se développer en puisant dans les réserves accumulées dans les racines. Au bout de quelques semaines (variable selon la température du local), on pourra commencer de récolter ses premières endives. Ne pas oublier de mettre régulièrement d’autres racines en terre pour avoir une production régulière jusqu’en fin d’hiver et même jusqu’en début de printemps.

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Il semblerait que ce mode de culture très particulier, unique chez les jardiniers, ait été découvert en 1850 seulement par le chef de culture du jardin botanique de Bruxelles, un certain Brézier, qui aurait obtenu son premier « chicon » à partir de la variété de chicorée « à grosse racine de Bruxelles ».

En matière de jardinage, nous resterait-il encore aujourd’hui d’autres découvertes de ce type à faire ?

La ségolitude de Madame Royal

Etonnant comme la presse a glosé autour des déclarations de Ségolène Royal sur la muraille de Chine et sur ce fameux mot bravitude qu’elle a employé ! On pourrait croire que le sujet ne revêt pas une grande importance. Et bien non ! Ce non-événement a entraîné des réactions innombrables.

C’est en premier lieu un député UMP qui a ouvert le feu suivi par de nombreux journalistes. Mais le feu nourri s’est en partie retourné contre ses auteurs ; en effet, il a semblé rapidement qu’il ne s’agissait peut-être pas d’une énorme faute de français mais tout simplement de l’invention osée d’un nouveau mot qui serait une contraction de Bravoure attitude, c’est à dire un peu dans la lignée de Positive attitude employée jadis par un âne du Poitou mais avec – il fallait oser le faire – la contraction en plus. L’explication est à peine tirée par les cheveux mais semble du domaine du possible et même du probable car c’est sans hésitation et même avec un certain délice que Ségolène Royal semble avoir prononcé ce méfait linguistique. Un homme politique a même déclaré sans rire « Je suis un peu envieux, j’aurais un peu aimé inventer ce beau mot. Le mot est beau, il exprime la plénitude d’un sentiment de bravoure. L’inventivité sémantique fait partie de la capacité d’un candidat à parler une autre langue que la langue de bois ». Cétait signé Jack Lang-de-Bois, vous l’aviez probablement reconnu.

Les réactions des lecteurs du Monde ont été très contrastées. J’ai lu le terme de nullitude employé à l’égard de Ségolène Royal. Certains ont été choqués de voir que les critiques et arguments de la droite se confinaient à ce niveau aussi bas. D’autres n’ont trouvé dans ce mot bravitude qu’un stratagème utilisé par Ségolène Royal pour couvrir la vacuité et la platitude de sa visite en Chine. En soulignant le fait que le mot bravitude était déjà fort employé par les internautes et dans certains jeux vidéos, certains lecteurs du Monde ont montré du doigt à la fois les députés UMP qui ignorent déjà l’usage de ce mot et Ségolène Royal qui se donne la paternité d’un mot qui vient d’ailleurs.

J’ai lu tellement d’opinions contrastées que j’ai du mal à me faire une idée et je dois avouer que je n’ai pas trop d’avis sur la question (une fois de plus, diront certains, alors pourquoi est-ce qu’il nous balance des articles sur son blog ?) mais je pense que Ségolène Royal est très forte en stratégie et en communication et que rien n’est laissé au hasard. Le coup était probablement prévu, et une fois de plus, la petite polémique l’aura servie (avec de tels mots, elle se forge une image plutôt djeune). Dommage, car si ses propos l’avaient isolée, j’aurais inventé le mot ségolitude. Enfin, voilà qui est fait de toute façon, le mot est inventé, même s’il ne sert à rien.

Hiboux moyens-ducs

Petit appel de Régis jeudi dernier : “j’ai trouvé un dortoir de hiboux moyens-ducs, y’en a vingt ou trente, ça t’intéresse de venir ?”. Et comment, ça m’intéresse ! Depuis longtemps, je rêvais de voir ces rassemblements. Je savais que de telles concentrations d’oiseaux hivernants existaient, favorisées généralement par des pullulations locales de campagnols, mais je n’avais jamais eu l’occasion de repérer un seul dortoir. Pourtant, ce n’est pas faute de m’être baladé en hiver.

Avant-hier, nous nous sommes donc retrouvés, avec Anne et Nico, à l’entrée d’un petit village proche de Besançon. Avant même d’avoir garé ma voiture, j’avais remarqué deux formes allongées dans l’un des conifères. Après un examen rapide, nous avons pu comptabiliser rapidement cinq hiboux depuis le bord de la route, mais quelques autres se sont malheureusement envolés. Le feuillage était très dense et il est probable que beaucoup d’autres étaient encore cachés à l’abri des branches. Dans la longue-vue, l’image etait superbe, les hiboux nous fixaient avec attention, avec des yeux étonnés. Les conditions lumineuses étaient très mauvaises, je n’ai pas réussi à faire de bonne photo. Heureusement, Nico m’en a aussitôt adressé une qu’il m’a autorisé à publier sur ce blog.

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Cela me rappelle une petite anecdote. C’est en février 79 que j’ai observé pour la première fois de ma vie cet oiseau, dans des circonstances plutôt particulières. Un moyen-duc épuisé était bizarrement en train de barboter dans une petite mare. Je l’ai pris délicatement, l’ai posé sur un piquet mais il n’a pas réussi à s’envoler.

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Je me souviens avoir ramené l’oiseau chez moi et l’avoir passé au sèche-cheveux. Après plusieurs jours de nourrissage, l’oiseau avait repris des forces. Lorsqu’il a commencé de voler dans la cuisine et d’arracher les rideaux de la fenêtre, j’ai estimé qu’il était temps de le relâcher sur le site même où je l’avais trouvé. J’ai retrouvé tout à l’heure le cliché fait au moment de l’envol, il est de très très mauvaise qualité, abîmé en plus par des tas de poussières. Mais bon, c’était mon premier sauvetage d’oiseau !

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Nashville Skyline (2)

TRADUCTION LIBRE DE LA CHANSON “ONE MORE NIGHT”

Merci encore à Jean-Louis qui nous accompagne toujours dans cette saga Dylan avec ce mois-ci une nouvelle traduction de l’une des chansons du disque NASVILLE SKYLINE :
Il s’agit de la chanson ONE MORE NIGHT.

Voir le texte en anglais et écouter 30 secondes de la chanson.

Une nuit encore

Cette nuit encore, on peut voir les étoiles
Mais cette nuit je suis aussi esseulé qu’on peut l’être !
Oh, la lune est si brillante

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Nashville Skyline

DISCOGRAPHIE DE BOB DYLAN (9)
La saga Dylan continue. Nous sommes en 68 et Dylan vient donc de sortir un disque apaisé, fortement teinté de folk et de country : John Wesley Harding. Depuis deux ans, il n’est plus vraiment dans son époque, se désintéresse des mouvements musicaux pop qui foisonnent et soigne sa vie privée, avec Sarah et ses deux enfants, loin de la foule.

Bien que menant une vie presque recluse, entrecoupée de musique avec les musiciens du groupe The Band, Dylan entretient des relations très étroites cette année là avec Johnny Cash, le géant de la country. Cash vient de traverser de sombres années, il est en complète renaissance. Dylan aussi. Les deux hommes se voient très souvent.

Lorsque Dylan entre en studio en février 69 pour enregistrer Nashville Skyline (dont on peut écouter ici 30 secondes de chaque chanson) avec des musiciens country de Nashville, Johhny Cash fait naturellement partie des musiciens qui l’accompagnent. Plus tard Robert Shelton dira que « Nashville Skyline est le reflet public de la relation privée existant alors entre Cash et Dylan ». Les deux hommes chanteront ensemble sur la première chanson du disque Girl of a north country (que Dylan avait déjà chantée en 63 et qui sera popularisée en France par Hugues Aufray sous le nom de La fille du Nord).

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Le disque contient le célèbre Lay Lady Lay qui deviendra un tube (j’avais quinze ans et c’était le premier morceau de Dylan que j’entendais, je me rappelle plus tard m’être exercé à jouer la très belle suite d’accords de ce morceau). La plupart des chansons du disque sont très country, le deuxième morceau est d’ailleurs un instrumental – le seul instrumental, je crois, de la carrière de Dylan – et ce disque fait parfois un peu « cow-boy ».

La voix de Dylan est inhabituelle, elle ne ressemble plus du tout à ce qu’elle était, elle lui est presque supérieure d’un octave. Beaucoup de gens qui n’aimaient pas autrefois la voix éraillée et nasillarde de Dylan ont aimé ce disque. C’est presque une voix de musique de variétés. Mais que les fans se rassurent, la voix d’origine reviendra ultérieurement (chez Dylan, chassez le nasillard, il revient au galop !).

Les paroles ne sont pas engagées, il s’agit plutôt de chansons d’amour gentillettes qui désorientèrent le public à la sortie du disque. La première réaction très répandue fut « Comment peut-il nous laisser tomber ainsi ? A déverser tout son amour sirupeux pendant qu’on s’amène défoncés vers « son » Woodstock ? ». Les critiques soulignèrent « ce qui manque à l’album : la constestation, l’amertume, la drogue, le ton branché. Comment peut-il nous faire ça ? ». Plus tard, Dylan avouera dans ses mémoires que le coup était calculé pour se « débarasser d’une réputation trop envahissante et des fans qui vont avec » (source : Robert Shelton). Les fans déçus avaient donc raison, il s’agissait bien d’un bras d’honneur de la part de Dylan.

Chose étonnante : six semaines après sa parution, le disque était classé numéro un des ventes.

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Autre surprise : c’est à la suite du succès de ce disque que des tas de musiciens venus du monde de la Pop sont venus enregistrés dans les studios de Nashville (qui étaient jusque là réservés aux seuls musiciens country).

C’est en grande partie grâce à Dylan qui avait fait de Woodstock son lieu de résidence, que cette petite ville fut choisie pour le grand festival qui eut lieu en juillet 69 (se reporter à l’article que j’ai écrit il y a une dizaine de jours). Mais Dylan en fut le grand absent, il n’y eut que son ombre qui plana pendant toute la durée du festival. Il ne se sentait plus vraiment citoyen de Woodstock, il était devenu depuis quelques temps « citoyen d’honneur de Nashville ».

Ce que le public n’a pas su à l’époque, c’est que le soir même de la fin de l’enregistrement de Nashville Skyline, Bob Dylan et Johnny Cash sont restés en studio, à jouer juste pour le plaisir et qu’ils enregistrèrent ensemble une quinzaine de chansons (ces raretés circulent actuellement sur le net et je peux prêter l’intégralité des enregistrements). Par ailleurs, tous deux ont réalisé une petite prestation de sept duos devant les caméras, dont un seul (One too many mornings) sera autorisé par Dylan à la diffusion.

Les vidéos de Dylan auxquelles vous aviez cru pouvoir échapper !

Comme à chaque premier week-end du mois, je m’apprête à présenter l’un des disques de Dylan. Je parlerai donc demain du 9ème disque Nashville Skyline.

Lorsque j’ai écrit les huit premiers articles, qui couvrent les années 61 à 67, je n’avais pas encore découvert le site Youtube qui permet de visionner toutes sortes de documents musicaux et je n’ai donc pas eu le loisir d’agrémenter mes textes de petits documents vidéos. Dommage diront les uns (ceux qui auraient apprécié d’avoir des témoignages filmés de ces années cultes), tant mieux diront les autres (ceux que je commence de gonfler avec ce Dylan qui ne chante même pas en Français et qui a une voix pourrave).

Et bien, c’est aussi à l’intention de ces derniers, qui avaient crû pouvoir échapper au pire, que je présente ici un petit florilège des vidéos disponibles sur les premières années Dylan. Attention, il s’agit de documents d’époque, la qualité technique n’est pas au rendez-vous :

Blowin’ in the wind filmé en 63 (+ un document de Joan Baez interprétant la même chanson).
Ballad of Hollis Brown (filmé en 63).
Man of a constant sorrow (filmé en 63).
With God on our side (filmé en 63).
Girl from the north country (filmé en 64).
The times, they are a-changin’ (filmé en 64).
All I really wanna do (live 64).
It’s all over now, Baby blue (64?).
Don’t think twice, it’s allright (filmé en 65).
To Ramona (live 65).
Maggie’s farm, lors du passage de Dylan à l’électrique au festival de Newport en 65.
One too many mornings (live 66).
Like a rolling stone (live 66).

A demain donc pour un nouvel article.

Retour sur l’année 2006

Chaque année, au début janvier, on a droit au regard que jettent les médias sur l’année précédente. Tous les journaux sont d’accord pour dire que l’un des événements les plus importants de l’année 2006 a été la crise du CPE, la coupe du monde de football et le coup de boule de Zidane. Je ne sais pas si vous vous y retrouvez dans ce genre d’analyse faite en jetant un coup d’oeil rapide dans le rétroviseur. Moi pas du tout.

S’il fallait que je cite le truc qui m’a fait le plus rire dans l’actualité 2006, ce serait inconstestablement le départ de Johnny vers la Suisse, non pas que nous en soyions enfin délivré (quoique … !), mais surtout parce que plusieurs journaux (de droite essentiellement) ont comparé sa fuite vers l’étranger avec celles des cerveaux. Il fallait oser le dire.

S’il fallait par contre que je cite le truc qui m’a fait le moins rire et qui demeure l’un des événements les plus graves de l’année, je parlerais de la guerre Israël/Liban, pas de la guerre en entier mais seulement des tous derniers jours. Car ce qui est arrivé est une escalade de plus vers la barbarie. Essayons de nous rappeler, bien que les journaux en aient à peine parlé.

Fin juillet, on savait que la guerre allait se terminer de manière imminente, un accord avait enfin été trouvé. Pourtant, profitant des dernières heures de guerre officielle, les Israéliens avaient alors sauvagement pillonés le sud Liban avait des bombes à fragmentation. On considère qu’un million deux cent mille bombes ont été tirées.

La particularité de ces bombes est qu’elles n’explosent pas toutes lors du choc. Il en restera ainsi près de deux cent mille qui gardent toutes leur potentiel destructeur et qui, au fil des années, vont tuer ou mutiler des paysans et des enfants libanais. Trente après, si l’on en croit ce qui se passe encore au Laos aujourd’hui, la tuerie continuera.

Ces bombes, que l’on appelle « sous-munitions » font l’objet d’un vide juridique international. Enfin presque, car ces bombes qui sont considérées comme « non-discriminantes », ne peuvent, d’après la loi, être utilisées contre des civils, il s’agirait alors dans ce cas d’actes pouvant être qualifiés de « criminels ». Cet été, l’Etat israélien a donc bien agit de manière criminelle.

Evidemment, les américains, qui possèdent un milliard de bombes à fragmentation, qui sont les principaux fournisseurs d’Israël et qui ont utilisé eux-mêmes les mêmes bombes sur Bassora pendant la guerre du Golfe, n’on rien dit. Idem ou presque de la communauté internationale. Il me semble pourtant que le chef de l’Etat israélien, qui a donné l’ordre de ce bombardement et qui s’est félicité publiquement de la mort par pendaison de Saddam Hussein, présentait lui aussi toutes les caractéristiques pour être jugé par une cour internationale pour crime contre l’Humanité.

Et vous, qu’est-ce que vous avez retenu de l’actualité 2006 ?

Meilleurs voeux en musique

Avec Brassens, l’année 2006 s’était terminée en chanson sur ce blog. Pourquoi ne pas aussi commencer 2007 avec encore un peu de musique (d’autant plus que depuis que j’ai découvert deux sites qui proposent plein de vidéos, je vais de découverte en découverte) ? Voici donc quelques révélations américaines récentes que je vous propose en ce jour de l’an :

– Conor Oberst, jeune prodige de 26 ans, qui a déjà 7 albums à son actif publiés sous le pseudo beaucoup plus connu de Bright Eyes dans une version live de Let’s not shit ourselves (cliquer sur les liens en bleu).

– Devendra Banhart, personnage mystique, excentrique, bizarre et fascinant, âgé seulement de 25 ans (bien que paraissant beaucoup plus), interprétant Sight to behold.

– Mary Gauthier dans un clip intitulé Mercy now (en général, je n’aime pas les clips, mais bon, une fois n’est pas coutume).

Meilleurs voeux. Avec un immense plaisir pour moi de vous retrouver pendant toute cette année 2007 sur ce blog (ou ailleurs autour d’un verre).

Discographie de Brassens (5)

Il y a un mois, j’ai entrepris de parler sur ce blog des différents disques de Brassens, les douze de l’intégrale vinyle Philips. Et, en toute logique, j’ai commencé par le n°1. Mais comme nous sommes une quinzaine de personnes à nous retrouver tous les mois, depuis septembre dernier, pour chanter les chansons de Brassens et que nous en sommes déjà au disque 5, je suis en train de revoir mon plan. Finalement, histoire d’être plus en phase avec ce que fait notre petit groupe musical, je passe directectement au disque n°5. Tant pis, je parlerai plus tard des disques 2, 3 et 4.

Ce disque n°5 est peut-être le plus court de la discographie de Brassens, il ne contient que 10 chansons enregistrées entre 1956 et 1960 (Le vieux Léon – La ronde des Jurons – A l’ombre du coeur de ma mie – Le pornographe – La femme d’Hector – Bonhomme – Le cocu – Comme une soeur – Le père Noël et la petite fille – Les funérailles d’antan).

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Parmi ces dix chansons, Le Vieux Léon a ma préférence. D’abord parce que c’est l’une des deux plus belles valses qu’ait composé Brassens (l’autre étant incontestablement La Marine sur le 1er disque). Et puis, je dois dire que c’est la chanson qui m’a le plus usé les phalanges, à force de la gratter sur la guitare… depuis trente cinq ans ! Enfin, je dois dire que j’aime en général les rimes courtes et celles-ci ne font que quatre pieds, un vrai délice à l’oreille « Y’a tout à l’heur’, Quinze ans d’malheur… ».

Parmi les autres chansons, j’aime beaucoup Les funérailles d’antan qui nous parle d’un monde qui était en train de disparaître à l’époque où Brassens a écrit cette chanson, un monde où l’on prenait le temps de vivre et aussi celui de mourir. Ce texte me parle particulièrement car, dans le petit village de mon enfance, le corbillard était tiré par un cheval. Et comme le cimetière était à un kilomètre de l’église, ça durait, durait longtemps.

Une troisième chanson, La Ronde des Jurons, est également très axée sur le passé. Les jurons d’autrefois, que Brassens nous énumère, valent bien notre Merde devenu si omniprésent (que Brassens ne cite pas dans cette chanson, celà eut été dommage, mais qu’il réserve un peu plus loin pour la chanson Le pornographe). Brassens était, à mon avis, un homme entièrement tourné vers le passé, et ce disque en est la plus grande illustration.

Le disque comprend deux très beaux portraits féminins : La Femme d’Hector qui nous fait étrangement penser à La Jeanne (que Brassens interprètera quelques années plus tard) et Bonhomme qui est une très belle chanson sur le thème de la fidélité.

Après le thème de la fidélité, vient en contrepoids celui de l’infidélité avec lequel Brassens s’amuse dans la chanson Le cocu. Avec ce texte, Brassens inaugure une série de chansons sur le thème de l’adultère, thème qu’il retournera dans tous les sens et pour lequel il imaginera les situations les plus cocasses (viendront donc plus tard sur d’autres disques La traîtresse, La femme adultère et Lèche-cocu).

On retrouve sur ce disque plusieurs petites chansonnettes, petites histoires dont Brassens a le secret. Ainsi Comme une soeur et surtout A l’ombre du coeur de ma mie et Le père Noël et la petite fille, toutes deux chargées de beaucoup de poésie.

Et vous, ça vous inspire ce disque ?