Hier soir, Maxime Leforestier était à Besançon au Kursaal pour interpréter les chansons de Brassens. En arrivant plus d’une demi-heure avant le spectacle, j’espérais être dans les premiers rangs mais la salle était ouverte et une bonne partie était déjà pleine (la soirée fonctionnait à guichets fermés). Je me suis donc trouvé relégué au 20ème ou même peut-être au 30ème rang.
Une voix d’aéroport (mais en moins sexy, très monocorde, presque déprimée et sans même l’accent franc-comtois de circonstance) nous a demandé d’éteindre nos portables. La lumière a diminué progressivement puis Maxime est arrivé. Tenue simple, sourire chaleureux, très détendu, à l’image même du concert qui allait suivre.
Avec sa seule guitare pour accompagnement, il a entonné la première chanson « le temps ne fait rien à l’affaire ». A partir de la deuxième, la soirée s’est déroulée telle une loterie : les spectateurs choisissaient un nombre de 1 à 99 et Maxime chantait la chanson correspondante. Il y a bien sûr quelques inconvénients mineurs à cette méthode aléatoire (les 10 premières chansons étaient presque sur le même rythme, il n’y a eu aucun rythme de valse, quasiment aucune chanson des disques 7,8, 9 et 10 de Brassens n’a été tirée au sort). Mais la méthode a surtout beaucoup d’avantages. Elle permet surtout d’écouter des chansons peu connues et même rares (sur scène, Brassens lui-même chantait beaucoup de chansons connues car il n’était pas sûr que les autres soient appréciées). Cette méthode aléatoire nous a donc permis d’apprécier ou de réapprécier des chansons que l’on pourrait qualifier de petites histoires mineures (« les lilas », « l’amandier », « la fille à cent sous »), d’autres grands textes que Brassens lui-même n’aurait peut-être pas oser chanter sur scène (notamment l’une de ses plus belles chansons « le blason ») mais aussi des chansons de la dernière période, celle où Brassens est, à mon avis, un peu désabusé, notamment par rapport au sexe féminin (« si seulement elle était jolie » et « les casseuses »).
Il y a eu un moment très drôle lorsque Maxime a refait l’histoire de la chanson « voir le nombril de la femme d’un flic » en chantant deux autres versions antérieures : « Carcassonne », dont le texte est de Gustave Nadaud, et surtout « la chaude-pisse » que Brassens, avec un humour de potache, avait composé pour ses copains de chambrée lorsqu’il était au STO en Allemagne. Nombreux rires dans la salle !
Beaucoup de spectateurs savaient les textes par cœur, c’était un public de connaisseurs qui a repris en chœur plusieurs refrains. A ce propos je mettrais un petit bémol, non plutôt un gros, à la chanson « le roi des cons », la seule de toute l’œuvre chantée par Brassens que je n’aime pas du tout (ce n’est pas du tout à cause des paroles, que j’apprécie), et que Maxime n’arrive pas à rehausser, bien au contraire (il la chante sur un rythme un peu trop lent et même cassé, ce qui fait que la reprise des paroles par le public tombe un peu à plat). Enfin, ceci est un avis très personnel. A ce petit détail près, j’ai adoré le concert.
Maxime a un très grand respect pour l’œuvre et les musiques de Brassens. La voix est nuancée et très chaleureuse. Le tempo est généralement plus lent que dans les enregistrements de Brassens, ce qui permet de prendre un peu plus de temps pour savourer les paroles. Le texte est évidemment respecté … à un détail près : dans la chanson « la fille à cent sous », Leforestier remplace le prénom de Ninette par Nina, et en insistant sur ce prénom : nul doute que Maxime connaît une Nina qu’il identifie à l’héroïne de la chansonnette. Au total : 29 chansons dont je vais mettre la liste dans les jours qui viennent dans un commentaire lié à cet article. Leforestier aime Brassens, ça se sent tout au long du concert. Remercions-le pour contribuer ainsi à faire vivre l’œuvre du maître, vingt cinq ans après, notamment auprès de publics plus jeunes.
Il paraît que Maxime repasse ce printemps, en juin à Besançon à Micropolis, et je ne sais trop quand à Baume-les-Dames. Quelqu’un connaît-il les dates ?