Et vive les parents d’élèves !

L’école est en bout de chaîne, elle est le reflet de toutes les contradictions de notre société.
Il y avait longtemps que j’ai envie de parler de ce thème sur ce blog et notamment des parents d’élèves. Mais je ne savais comment aborder le sujet. Et Christophe vient de m’envoyer un lien qui pourrait être une bonne entrée pour une discussion. Pour écouter la bande-son du répondeur d’un enseignant, cliquer ci-dessous.

Z’auriez pas une recette de fenouil par hasard ?

LE COIN DU JARDINIER (48)
Je me suis mis en tête de cultiver la plupart des légumes que l’on peut produire dans l’Est de la France… et d’en essayer des tas d’autres. Cette année, je me suis par exemple penché sur la culture de bulbes de fenouil. Et je n’en reviens pas des résultats ! J’ai rarement vu une culture aussi facile et aussi rapide.

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Les fenouils sont méconnaissables d’une semaine à l’autre et poussent si vite que les semis en godet de la fin mars donnent en guère plus de deux mois des bulbes énormes que nous consommons depuis une quinzaine de jours. En voici un cueilli ce soir :

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La culture du fenouil me semble extrêmement facile, d’autant plus que les jeunes plants repiqués lorsqu’ils sont très jeunes ne semblent pas du tout stressés par le fait d’être mis en terre (avec les autres plantes, il y a souvent un stress à la plantation qui bloque la croissance de la plante pendant quelques jours,parfois même une ou deux semaines).

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On peut semer des fenouils en godet tous les mois environ afin d’échelonner les récoltes. Je n’ai par contre pas encore essayer de semer directement en pleine terre.

Petit problème : Joëlle et moi ne savons pas trop les cuisiner. La plupart du temps, nous les coupons crus en tous petits bouts et les mélangeons à une salade quelconque. Il y a quelques jours, nous avons fait par exemple une salade de concombre/fenouils avec une sauce vinaigrette, mais pas avec n’importe quelle moutarde – de la moutarde au miel – et c’était délicieux.

Claudine nous a préparé par ailleurs un excellent gratin de fenouil au saumon mélangé avec du riz qui avait cuit dans du vin blanc. Très très bon également (et je suis sûr qu’elle va mettre la recette en ligne dans l’un de ses commentaires).

Mais pour le reste, on est un peu sec, on n’a pas trop d’idées. Alors si vous connaissez d’autres recettes, on est preneur, mettez-les dans un commentaire et tous les lecteurs de ce blog pourront en profiter !

Bonne fête de la musique !

Proposé par Yves.

Voici des découvertes de bouche à oreille. Des artistes qui ne font pas la une mais qui sans artifices me font passer un bien bon moment souvent plein d’émotion .
Je propose de vous faire « peut-être » découvrir cinq de mes découvertes de ces dernières années .

Le groupe Karpatt, un groupe parisen de chanson française au style plein de Poésie, humour, jazz, sonorités afro-cubaines et brésiliennes … Sur cette vidéo ils interprètent « Le fil » :
Le groupe Beirut un mélange de folk, de musique traditionnelle d’Europe de l’Est et de chanson française, créé par le formidable Zach Condon.Claire Diterzi auteur – compositeur – interprète et guitariste, cette fille d’une française et d’un père kabyle a une voix et un jeu de guitare très accordés.Le trio La rue kétanou est un groupe de musique de rue, mêlant musique Tzigane , reggae et folk . Et ce son d’accordéon qui m’emporte le long de ses mélodies .
Avec leur devise « C’est pas nous qui sommes à la rue, c’est la Rue Kétanou ! ».
Avec la chanson  » Les hommes que j’aime  » que l’on peut écouter en cliquant ici.

Et bien-sûr Batlik un artiste à découvrir sur scène, de la poésie de l’humour … Un homme vrai au jeu de guitare personnel .

Bonne fête de la musique et surtout ne ratez pas le petit groupe du coin de la rue qui peut avoir beaucoup de choses à vous dire et à partager.

Pudeur en Brenne

Je reviens tout juste d’un stage qui se déroulait dans la Brenne. C’était une formation en botanique mais j’ai quand même pris le temps de photographier quelques petites bestioles de la région. Et j’ai constaté que les animaux de là-bas ont bien plus de pudeur que chez nous.

Par exemple, les punaises graphosomes baisent sans enlever leur pyjama …

punaises

Les papillons se cachent derrière le rideau.

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Quand à la grenouille, elle attend son partenaire … cachée sous la couette !

grenouille

Que voilà de bons exemples pour notre jeunesse entomologique et amphibienne franc-comtoise dépravée !

Vivre à la marge !

Dans la nature, la plupart des individus d’une espèce donnée vivent dans le même type de milieu, dans des conditions écologiques proches. Mais il en est d’autres qui s’en écartent un peu, qui vivent « à la marge ». Quand les conditions changent, d’un point de vue écologique ou climatique par exemple, ce sont les quelques individus qui vivaient déjà dans des conditions un peu différentes de celles dévolues habituellement à leur espèce, qui ont le plus de chances de s’en sortir. Ce sont ces individus marginaux qui présentent le plus gros potentiel de survie de leur espèce, qu’il s’agisse d’une espèce animale ou végétale.

N’en est-il pas ainsi de l’espèce humaine ? Notre monde change vite, très vite même, les conditions de vie se dégradant actuellement sur l’ensemble de la planète. Mais n’est-ce pas celles et ceux qui vivent « à la marge » aujourd’hui (qui inventent des solutions alternatives, qui vivent de leur art, qui mettent en oeuvre leur propre décroissance, qui sacrifient leur avenir professionnel à leur passion, …) qui sont aujourd’hui le seul espoir pour que l’humanité s’en sorte ?

Vaste débat.

Je vous laisse avec cette question importante et, tel un lâche,  je me tire … Hé oui, je pars une semaine dans l’ouest de la France pour un stage de formation.

Les articles reprendront samedi prochain 20 juin

Antony & the Johnsons (3)

Dans quelques semaines, c’est le quarantième anniversaire du festival de Woodstock (ben oui, papy … !). Sans doute que je consacrerai à ce moment-là quelques articles (j’avais d’ailleurs commencé avec un premier article consacré à Joe Cocker, la plus grande révélation de ce festival).

En attendant, j’ai envie de vous présenter une nouvelle fois quelques vidéos de quelqu’un qui me touche beaucoup. Il s’agit de Antony (« and the Johnsons » selon qu’il joue ou non avec sa formation d’origine). Il me touche car toute sensibilité qui est à fleur de peau me touche en général. J’aime en plus quand la voix est « sur le fil du rasoir », laissant échapper des nuances dont sont souvent incapables bon nombre de chanteurs, même considérés comme des grands de la chanson.

If it be your will est la première vidéo. La chanson originale est de Leonard Cohen (que l’on voit d’ailleurs apparaître dans le film). J’aurais voulu intégrer cette vidéo à cet article mais, pour des raisons de droits de propriétés sans doute, Youtube ne permet pas son intégration à un site. Mais en cliquant ici, vous y accéderez directement (merci de le faire avant de passer à la suite).

Fistul of love ensuite, enregistré lors d’une session en 2005 à la BBC.

Un classique d’Antony : You are me sister enregistrée sur un plateau télé.

Et pour finir deux vidéos réalisées en duo, la première avec Lou Reed (Candy says), la deuxième avec Björk (Dull flame of desire) (merci à Antonine de m’avoir fait connaître cette dernière version).

Bon dimanche à tous.

Il y a tout jute 20 ans : Scott Ross

C’était il y a tout juste 20 ans aujourd’hui, le 13 juin 1989, Scott Ross disparaissait au terme d’une longue maladie. Un grand claveciniste nous quittait après avoir laissé un monument gravé sur disque : l’oeuvre complète des 555 sonates de Domenico Scarlatti. C’est un travail titanesque (et un défi sans doute) que s’était donné Scott Ross : enregistrer ces sonates en guère plus d’un an (juin 1984 à septembre 1985), à raison le plus souvent de deux sonates enregistrées par jour. La qualité d’interprétation des 34 CD qui sortiront est restée inégalée à ce jour.

Je me rappelle qu’au tout début des années 90, Roland m’avait prêté une cassette VHS. Il s’agissait d’une émission au cours de laquelle Scott Ross donnait une (ultime ?) leçon à l’un de ses élèves. Je me rappelle le côté pathétique de cette émission car je savais qu’elle avait été enregistrée quelques semaines seulement avant la mort de l’interprète. Scott Ross y apparaissait fatigué, malade, le regard vitreux. C’est en revenant tout à l’heure en voiture que j’ai entendu sur France-Musiques que c’était aujourd’hui l’anniversaire de sa mort. Je suis allé sur Youtube et j’ai retrouvé avec beaucoup d’émotion quelques extraits de l’émission. Vous pouvez retrouver sur le site toute l’émission qui est découpée en plusieurs tranches. Voici l’un des extraits de cette émission :

Je vous propose ensuite un extrait d’un concert que Scott Ross avait donné un an plus tôt. Il s’agit de l’une des fameuses sonates de scarlatti (K 209).

Oui, je sais, il n’y a qu’une personne sur cent qui aime le son crin-crin du clavecin. Tant pis donc pour ce que je vous inflige.

Deux orchidées dans ma pelouse

Je cherche à maintenir la biodiversité autour de la maison. Il y a des zones que je ne fauche que deux fois par an, parfois même une seule. Autant dire que ma pelouse n’a rien d’une pelouse, elle est riche en herbes et fleurs de tous genres mais je ne suis pas sûr que le ray-gras anglais y ait sa place.

Tout ça a un prix, question effort. Pour sauvegarder certaines plantes qui aiment les milieux pauvres, je fauche régulièrement à la main et j’enlève l’herbe afin de ne pas enrichir le milieu. Pour protéger « mes » grillons et criquets, je ne fauche que par places, selon un roulement, laissant toujours des zones refuges pour les petites bestioles. Et quand la tondeuse se trouve nez à nez avec un petit endroit fleuri, elle contourne comme si elle était mue d’un instinct de préservation de la biodiversité (c’est fou comme les tondeuses d’aujourd’hui sont intelligentes, enfin la mienne surtout !). Résultat, quand je regarde derrière la maison depuis la fenêtre de la cuisine, ça fait un peu désordre …

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J’ai la chance extraordinaire d’avoir deux espèces orchidées dans ma pelouse.

La première est l’orchis pyramidale. Habituellement, le nombre de pieds varie de 4 à 11. Mais pour la première fois, il y en a 13. Ma méthode de fauche commencerait-elle de porter ses fruits ? Je commençais à désespérer. J’en étais arrivé à me dire que ma méthode, très contraignante, ne servait à rien.

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La deuxième est la platanthère à deux feuilles. Habituellement, il y en avait entre 20 et 30. Et là, cette année, ça fleurit de partout : 104 exactement ! Les fleurs de platanthères ne dégagent leur parfum que la nuit et sont donc pollinisées par des papillons nocturnes qui viennent pomper le nectar.

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Allez, je vous laisse, je file maintenant compter les grillons et les sauterelles.

Mes salades de l’année 2009 (2)

LE COIN DU JARDINIER (47)

Les temps derniers il a pas mal plu. De quoi régaler le jardinier que je suis. J’adore être dans mon jardin (en plein champ) lorsque de gros nuages arrivent.

nuages
J’attends en général d’être mouillé, d’avoir senti l’eau assez longtemps sur ma peau, avant de quitter les lieux.

La pluie a fait du bien à toutes les plantes et le jardin a repris du poil de la bête après un période de sec où certaines plantes n’avaient pas très bon aspect. Mais là, c’est reparti et certains légumes ont doublé de volume en moins d’une semaine.

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La période de fin mai/début juin marque le vrai début des récoltes. Les petits pois d’abord qui sont un véritable luxe après une période où il n’y avait pas grand chose au jardin.

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Les salades ensuite. Le mois de juin est assurément le mois des laitues, le jardin en donne à profusion et elles poussent sans encombre, les grandes chaleurs ne les faisant pas encore monter en graines.

Il existe essentiellement quatre sortes de laitues.
Les plus communes sont les laitues pommées aux feuilles fines qui forment un coeur serré.
Viennent ensuite les laitues batavias, au feuillage dentelé, assurément les meilleures car beaucoup plus croquantes que les laitues pommées.
Il y a aussi les laitues romaines, volumineuses, sans doute moins consommées qu’autrefois, dont le coeur serré forme une pomme allongée, toute en hauteur.
Les laitues à couper, de type bowl, forment un quatrième groupe et ont pris une place plus importante dans nos jardins (mis à part le mien) .
A cela il faudrait aussi ajouter un cinquième groupe, celui des laitues italiennes, mais une seule semble consommée en France : la variété lollo rossa.

Je parlerai de la plupart de ces types de laitues tout au long de l’année (d’autant plus qu’avec les variétés que j’ai échangées avec Dan, Didier et Fred, je dois avoir près de 40 variétés différentes, vous avez pas fini d’en bouffer ! J’espère pour vous que vous êtes végétarien ou en voie de le devenir !).

Aujourd’hui, je vous parlerai d’une laitue pommée très originale que je viens de récolter. Il s’agit de la laitue truitée, originaire d’Autriche. Son véritable nom est forellenschluss, il veut dire « tacheté comme une truite », ce que montre bien le feuillage marbré de brun rouge.

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Les feuilles du milieu, plus claires, sont très belles et les tâches rougeâtres donnent un aspect que je trouve plutôt appétissant mais lorsque je les ai montrées à Christian, un autre jardinier, il m’a dit « Et tu manges ça ? elles ont l’air malade tes salades ! ».

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Question goût, on sent tout de suite qu’il y a une pointe d’originalité. Un ami m’a parlé de goût de noisette. Je lui ai trouvé une saveur plus sucrée que les autres salades. Et je lis ce soir sur le catalogue Baumaux que cette variété a obtenu, sur le plan gustatif, le premier prix dans un concours où étaient présentées 900 variétés de salades.

Entre nous, je me demande comment on peut goûter 900 variétés de salades, rester objectif pendant toute la durée du concours et aimer encore les salades à la fin de la dégustation ! Avec des bières, je dis pas, mais des salades … !

Les immortels d’Agapia

Proposé par Christophe.
Alors nous y voilà : j’espère que vous avez suffisamment avancé dans votre lecture et qu’elle a été intéressante !
J’avais commandé à nouveau ce livre (prêté)… et bien introuvable depuis plus d’un mois malgré des recherches approfondies dans les différents rayonnages de la maison ! Ce n’est donc qu’avec des souvenirs anciens que je pourrai échanger sur ce bouquin, mais vous saurez animer la discussion aussi bien que moi, et ce sera une troisième lecture originale.

titrePour amorcer la discussion, si vous le souhaitez, ce petit commentaire :

Avec le personnage de Savonarola Mold, Gheorghiu ne peut laisser indifférent. On pourra trouver que le tableau « à charge » de la société qu’il dénonce est un peu exagéré (atmosphère, injustice, maltraitance…), j’en conviendrais. Mais je crois que ce serait mal connaître tout de même les conditions de vie à cette époque dans la région. L’auteur a souffert dans son enfance de la misère : « dans son village, l’argent manque tellement qu’une famille n’y achète une boite d’allumettes que tous les cinq ans. »

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Gheorghiu est aussi un homme profondément attaché à la terre, et à la sienne particulièrement « La terre m’est depuis toujours familière. Je n’ignore rien d’elle. Je la connais comme je connais mon propre corps… » Difficile de rester insensible à cet aspect de l’auteur, hein Dupdup ?!

Je considère que la situation décrite n’est pas si éloignée de la réalité… passée ou actuelle, et qu’elle illustre assez bien la comédie humaine, celle du pouvoir notamment.

Et finalement, même romancée ou dramatisée, la vie décrite dans ce livre de Gheorghiu n’est-elle pas assez proche du réel, de l’actuel ?
Où se situe la puissance des Hommes : chez les immortels qui décident du sort de chacun, ou chez Savonarola qui accomplit finalement une épopée héroïque ?
Avons-nous tant avancé que cela grâce au progrès essentiellement technologique, avec beaucoup plus d’allumettes ?
Enfin, le monde qui apparaît si immuable, intemporel, dans « Les Immortels d’Agapia », est-il plus accessible au simple, plus juste ?

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Au plaisir de vous lire !

Dans un mois sur ce blog : « Magasin général »

Poursuite de notre lecture mensuelle proposée par l’un des lecteurs de ce blog. Le mois prochain, le mardi  7 juillet exactement, nous discuterons non pas d’un roman ou d’un essai littéraire, mais d’une BD qui nous est proposée par Luc de Belgique. Il s’agit de “Magasin général” de Loisel & Tripp. Voici la présentation que nous en fait Luc :

Dans le monde de la bande dessinée, « Magasin Général » est une exception en ce sens où le dessin a été réalisé à parts égales par deux dessinateurs.
Mais outre cette particularité technique expliquée en préambule dans le livre, c’est surtout le côté local et  intimiste de l’histoire qui me semble lui valoir une place dans nos lectures sur le blog à Dupdup.
Pour le mois de Juillet, je vous invite donc à découvrir, de Loisel et Trip, aux éditions Casterman, le tome 1 de « Magasin Général » : Marie. Un classique dont le premier tome de 2006 est encore facilement trouvable dans toutes les librairies spécialisées BD.

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L’histoire.
Notre-Dame-des-Lacs, petit village au fin fond du Québec dans l’entre deux guerre.
Félix Ducharme est mort, Marie son épouse reste seule avec le magasin. Le magasin, c’est la survie du village et il y a tout à faire. Marie assumera-t-elle la lourdeur de la tâche ?
Le suspense importe peu, c’est la vie au quotidien de cette communauté rurale qui fait le récit.
Même avec la mort, ce n’est jamais larmoyant. Il faut rire pour survivre : une comédie haute en couleur, très humaine.

Extrait.
Marie à Jacinthe :- Ben voyons, t’est pas bien gentille avec lui, Qu’est-ce qu’il t’as fait ?
Jacinthe : – On a fait un pari devant ses chums… et puis j’ai gagné.
M.- C’était quoi le pari ?
J. – J’ose pas trop le dire… c’est gênant.
M. – Ben si ça te gêne, dis moi le pas…
J. – Tu le répèteras à personne ? J’ai pissé plus loin que lui…
M. – …

C’est Jimmy Beaulieu, auteur montréalais qui a aidé les auteurs à trouver un juste niveau de langage qui satisfasse les lecteurs Français et québécois.

Quand au dessin, comme disait l’autre, mieux vaux un petit dessin qu’un long discours. Surtout pour parler d’un dessin…

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Du sable plein la voix

Proposé par Luc de Belgique

Pas moyen de sortir une ligne intelligente à propos du thème de ce jour… et pourtant, je sens, je sais qu’il y a tellement de chose à dire.
Sur la beauté « sauvage » (c’est comme ça que je la ressens) des langues arabes ; sur la force des traditions musicales du Maghreb ; sur la richesse de l’hybridation des musiques du monde et la désastreuse soupe qu’elle engendre.
Mais surtout, sur la fascination qu’exerce sur moi un style de voix, un style de chant bien particulier.
Après quelques heures de recherche sur le net (je savais ce que je voulais entendre), j’ai réalisé qu’elles venaient toutes du même coin du monde, ces voix plus que humaines, de Mauritanie.

Malouma Mint Moktar Ould Meidah est la plus connue. Déjà surnommée la Diva des Sables, c’est elle qui joue le plus entre modernité et tradition.
Personnellement, je trouve qu’elle joue parfois avec le feu du mauvais goût, mais quand c’est bien, c’est très bien.

Dimi mint Abba.
Même dans son chant, elle me paraît bien plus près de la tradition. C’est l’envoutement qui commence. Dimi Mint apparait rarement en Europe. Par contre dans son pays, les riches familles se l’arrachent pour chanter dans les mariages.

Ouleya Mint Amartichit.
Rien à dire, quand je l’entends, je deviens fou. (Quand je la vois aussi)

Aux urnes citoyens ?

J-1.
Demain, certains d’entre nous iront voter. Il paraît que c’est là le moment le plus fort de notre démocratie. Je veux bien le croire. Mais le coeur n’y est plus. Plus personne ne vibre vraiment à l’idée de cet exercice démocratique.
Pour la première fois j’ai signé un appel pour une liste. Mais sans plus de conviction que ça. Même chez Dupdup, le coeur n’y est plus vraiment.
L’Europe c’est important. Là aussi, je veux bien le croire. Depuis quinze jours on nous en parle. Mais dans les dernières années, vous avez entendu, vous, un seul homme politique émailler son discours d’une quelconque référence (je n’ose employer le terme « ambition ») à l’Europe ? Et les médias ? Si c’est si important que ça, pourquoi est-ce qu’on ne nous en parle jamais ? Facile de dire que le bon populo se désintéresse de la chose publique, alors que l’exemple ne vient pas d’en haut.

dyn004_original_262_300_jpeg_2627716_4d97fab2402b0c06b3fac957892230e9Quelle drôle d’époque dans laquelle nous vivons ! Un clip destiné à inciter les Français à aller voter est censé remplacer le discours politique. Je veux bien. Alors clipons, clipons … Mais sans véritable discours de fond, sans idée forte qui nous fasse un peu bander, qui peut avoir envie d’aller voter ?
Je suis un peu désabusé. Mais bon, je vais allez remplir mon devoir citoyen, une fois de plus. Je n’ai jamais failli à un quelconque rendez-vous électoral, même minime. Demain je ferai partie une fois de plus de la minorité ringarde, celle qui se rend encore aux urnes. Malgré tout.

Au pays des vautours (6)

Suite et fin de mon aventure.
12H, 13H, 14H, 15H, 16H… Le temps passe et plus aucun vautour ne viendra. Un milan noir cherche à plusieurs reprises à prendre quelques lambeaux de chair en passant. La seule activité sur le site est celle des grands corbeaux, bien moins réguliers que le matin, mais qui reviennent tous les quarts d’heure.

En milieu d’après-midi, les grands corbeaux prennent possession du cadavre de la chèvre.

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Les grands corbeaux attaquent l’animal par les yeux mais le cuir de l’animal est coriace et ils ne pourront pas aller plus loin dans leur tentative.

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Il fait certainement plus de 30°C à l’ombre ce jour-là. La puanteur est à son comble, le vent est fort et je suis malheureusement « sous le vent ». Il était convenu que Joëlle vienne me chercher à l’affût à 17H. C’est avec un peu de soulagement que j’entends sa voix à cette heure précise. Je m’extirpe péniblement de mon petit abri avec, comme chaque fois dans ce genre de situation, l’impression d’être un petit vieux fourbu et plein de rhumatismes.

Ainsi se termine cette belle aventure. Merci aux deux amis qui m’ont permis de réaliser ce rêve que j’avais depuis longtemps.

Le soir, je m’endors avec dans la tête de belles images … !

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Au pays des vautours (5)

Les vautours fauves ont quitté les lieux depuis une demie-heure. Il est midi et quart. De temps en temps, je vois apparaître une petite tête bien reconnaissable à travers les hautes herbes à gauche du charnier. Pendant un bon quart d’heure, le percnoptère va me donner l’impression de jouer à cache-cache avec moi. En fait, ce petit vautour est en train de manger quelques menus déchets un peu à l’écart du charnier. Et puis tout à coup il débouche devant moi et se montre enfin.

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Pendant trois quart d’heure, le percnoptère va se nourrir de petits lambeaux de chair devant moi.

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Les grands corbeaux évoluent autour de lui sans vraiment tenir compte de sa présence.

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J’ai su plus tard que ce percnoptère avait son nid … à une soixantaine de kilomètres de là !

Au pays des vautours (4)

9H. Le dernier vautour est parti et je m’attends à une longue journée. Une heure passe. Puis deux. Les grands corbeaux sont un peu moins actifs mais viennent quand même toutes les cinq minutes, ne s’attardant sur le site que peu de temps à chaque fois.

A partir de 11H, des vautours fauves se mettent de nouveau à survoler le lieu. Cela dure assez longtemps. Les battements d’ailes se font plus proches et puis d’un seul coup deux d’entre eux se posent. Il est exactement 11H40.

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D’autres vautours arrivent et se mettent à manger avec frénésie. Mais ce n’est pas la curée violente telle que je l’imaginais.

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Mais là aussi, même scénario que plusieurs heures auparavant. Les vautours s’arrêtent soudain de manger. Les têtes se lèvent et l’inquiétude gagne les rangs.

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Les vautours se mettent à s’envoler les uns après les autres.

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Deux d’entre eux s’attardent un peu plus que les autres. Je me dis que s’ils restent, les autres reviendront. Mais non, ils finiront malheureusement par quitter les lieux.

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Là aussi, la scène n’aura duré que cinq minutes. Je suis certain de n’avoir pas commis d’erreur et je ne comprends rien à ce départ soudain. Aucune tête de promeneur n’apparaît cette fois-ci.

Joëlle était avec Hélène à quelques centaines de mètres de là. Elles avaient observé toute la scène. Elles me raconteront le soir ce qu’elles ont vu de loin. Ce sont elles qui avaient le meilleur point de vue. Les vautours avaient commencé de descendre en tournoyant. Lorsque les premiers se sont posés, tous les vautours du secteur ont convergé et ce sont 80 vautours qui sont ainsi arrivé quasiment simultanément. Le spectacle était magique paraît-il … !

Allez Dupdup, plus que cinq bonnes heures à attendre !

Et cette odeur qui commence à être entêtante !

Au pays des vautours (3)

Le temps s’égrène lentement. Comme chaque fois, je ne m’ennuie pas dans mon affût (rester immobile des heures durant, c’est un peu une seconde nature pour moi). Les grands corbeaux continuent leurs allées incessantes et c’est la première fois de ma vie que j’arrive à faire des photos correctes de cet oiseau. Ils poussent des cris d’alarme en permanence. Je ne pense pas être l’objet de leur inquiétude car il ne fait aucun doute que dans ce cas-là ils ne viendraient pas sur le charnier.

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8H45. les deux vautours qui s’étaient perchés sur l’arbre à une quarantaine de mètres sont toujours là. Je vois à travers les branchages de l’affût que d’autres descendent au vol de plus en plus bas. J’entends quelques bruits d’ailes, lourds et pesants. Et puis soudain, à 8H55 précises, deux d’entre eux se posent et se mettent aussitôt à manger goulument, provoquant l’envol des milliers de mouches.

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D’autres vautours arrivent et le festin collectif peut commencer.

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Il n’y a plus beaucoup de place pour les grands corbeaux qui ne font alors que tourner autour des vautours ou attendre un peu à l’écart.

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Mais soudain, les cous se dressent, un vautour s’envole, puis deux, puis trois … et en moins de trente secondes il ne reste plus un seul vautour sur le site. La scène n’aura duré au total que cinq minutes.

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Je suis persuadé de n’avoir fait aucune erreur et je ne comprends pas ce départ soudain. Quand tout à coup apparaît devant moi le buste d’un promeneur (un amoureux des orchidées a priori). Il ne pouvait pas savoir …

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Il ne me reste qu’à espérer le retour de la troupe. A vrai dire, je n’y crois plus trop. Mais il n’est que 9H et il me reste encore 8 heures à attendre dans ce minuscule abri, avec la chaleur qui arrive et une puanteur qui commence à être plus que perceptible. Joëlle a prévu de venir me rechercher à 17H et il est évidemment hors de question que je sorte maintenant de manière intempestive et perturbe les oiseaux qui observent sans doute non loin de là. Je me recroqueville donc sur mon siège et me prépare psychologiquement à une attente qui pourrait s’avérer difficile et très inconfortable.

Au pays des vautours (2)

Je n’ai pas attendu que le réveil sonne. A quatre heures et quart du matin, les coqs du village se sont mis à chanter. Au bout de quelques secondes j’étais hors du lit. Hélène m’avait préparé la cafetière, je n’ai eu qu’à appuyer sur le bouton (c’est quand même pratique l’électricité nucléaire, non ?). Un quart d’heure plus tard, je quittais le village à pied avec en arrière-plan le chant du petit-duc et celui des coqs. Il faisait nuit noire et j’ai quitté la route principale pour suivre un petit sentier juste au moment où une voiture arrivait. J’ai toujours aimé passer inaperçu et me glisser dans la nuit, je n’aurais pas aimé être vu dans la lueur des phares.

A cinq heures précises, j’étais assis confortablement dans mon petit affût. Il faisait encore bien nuit mais la caille chantait un peu en contrebas, l’alouette lulu s’est mise aussi de la partie, c’était très beau. Les premières lueurs sont apparues, un engoulevent s’est mis à faire son bruit de vélosolex, il semblait excité et j’ai entendu distinctement le claquement de ses ailes (chacun fait ce qu’il peut pour se faire remarquer par sa belle, n’est-ce pas ?). La hulotte a salué le début du jour, moment pour elle d’aller roupiller dans un trou d’arbre. Venus, toujours très proche du soleil, brillait de tous ses feux, elle me faisait de l’oeil a travers les branchages de mon affût.

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Et puis tout est alors allé très vite : le chant du merle, de la grive musicienne, du rouge-gorge, de la fauvette grisette, du pouillot de Bonelli, … En quelques dizaines de minutes, tout ce beau monde était là, piaffant à qui mieux mieux.

Vers 6H30, alors qu’il faisait bien jour, une fauvette est venue chanter pendant cinq minutes à une cinquantaine de centimètres devant mes yeux. Elle ne me voyait pas dans ma pénombre à moi, je la devinais dans sa pénombre à elle mais je ne pouvais pas me permettre évidemment de mettre mes lunettes à ce moment-là. C’est donc avec des yeux de taupe que j’ai apprécié à sa juste valeur ce moment précieux. Il s’agissait d’un chant de fauvette, mais d’un chant que je ne connaissais pas. Mais je l’ai décrit avec suffisamment de précision pour qu’on me confirme le soir même qu’il s’agissait d’une fauvette passerinette.

A 7 heures précises un bruit de moteur  … Comme convenu, X… est apparu et a déposé devant moi, à 23 mètres exactement, 200 kg de viscères faisandés (il y en avait des seaux et des seaux) ainsi qu’une brebis morte.

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Nous avons échangé quelques mots mais nous ne nous connaissions pas jusqu’à ce moment-là (et encore, il n’a pas aperçu le moindre morceau du dupdup qui était caché dans son antre). Il m’a fait répéter certaines phrases qu’il avait du mal à comprendre, … comme quoi l’accent haut-saônois n’est pas ce qu’on fait de mieux pour communiquer !).

X … est reparti à 7H10. Cinq minutes plus tard, les premiers grands corbeaux sont arrivés, allant et venant sans cesse. La lumière était difficile car le soleil se levait en face et c’est avec un fort contrejour que j’ai fait mes premières photos.

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Dix minutes plus tard, deux vautours fauves se sont posés sur un arbre devant moi mais je me suis interdit de les photographier à ce moment-là, je savais q’ils allaient certainement attendre des heures avant de venir au charnier et que le moindre mouvement de l’objectif, aussi minime soit-il, allait tout faire rater. Il ne restait donc plus qu’à attendre …