Il y a quelques semaines, un lundi matin, je suis allé à mon travail « la mort dans l’âme ». Non pas parce que je n’avais pas envie d’aller bosser – j’ai cet immense privilège de faire un travail passionnant – mais parce que c’était au moment où les relations ont été tendues sur ce blog.
Et puis avant d’entrer dans mon bureau, je suis allé à la boîte aux lettres de l’association pour relever le courrier qui était arrivé le samedi. Et là, miracle, il y avait au courrier une petite lettre sympa d’un monsieur que je ne connaissais pas. Claude B…. m’envoyait par la poste, « comme promis » disait-il, des graines de tomates. Il y avait dans l’enveloppe cinquante petits sachets préparés minutieusement, un vrai petit travail d’orfèvre avec un texte me décrivant toutes les variétés. Et je ne connaissais quasiment aucune de ces variétés (j’en ai pourtant cultivé plus de 120 variétés jusqu’à présent), mis à part quelques-unes que j’avais cultivées vingt ans auparavant mais dont je n’avais pas pris la précaution à l’époque de sauvegarder les graines.
Je n’ai absolument aucun souvenir de ce monsieur qui m’écrit « comme promis ». Peut-être l’ais-je rencontré lors de la conférence que j’ai donnée sur l’histoire de la tomate l’automne dernier mais honnêtement, je ne me rappelle pas que quelqu’un s’était engagé à m’envoyer un tel trésor (je me demande si je ne commence pas, à 54 ans, à avoir justement le cerveau comme de la sauce tomate). Car c’est bien d’un trésor qu’il s’agit. Des variétés anciennes venues probablement de tous les pays du monde.
Et le plus drôle, c’est que je venais de décider de mettre enfin un frein à cette irrésistible envie qui me pousse, chaque année depuis vingt ans, à planter dix fois plus de variétés que je ne peux en consommer. Je m’étais donc promis de ne mettre cette année que des tomates-cerises et de ne semer aucune autre variété. Grâce à (ou à cause de) ce monsieur inconnu, me voilà donc engagé cette année, contre mon gré, dans une aventure qui va s’avérer, je le sais déjà, passionnante.
Les graines de tomates peuvent encore germer au bout de cinq ou six ans mais comme les sachets de Claude B… ne contiennent que 3 ou 4 graines seulement, j’ai en effet intérêt à les semer dès ce printemps pour bénéficier au maximum de leur pouvoir germinatif encore intact et pour pouvoir me constituer cet été (à partir des tomates que je récolterai) une vraie réserve de graines pour les années suivantes. Il me faut donc absolument semer ces graines dès cette année.
Pour les franc-comtois que je connais et qui souhaitent m’aider dans ce projet de conservation de graines, je pourrai leur donner fin avril des replants d’autant de variétés qu’ils le désirent (5, 10 , 15…). La seule contrepartie est de me redonner cet été deux tomates de chaque variété, l’une pour la dégustation, l’autre pour la récolte de graines. Avis donc aux amateurs. Pour les jardiniers qui habitent ailleurs, je pourrai dès l’an prochain puiser des graines dans ma réserve ainsi faite et leur envoyer par la poste.
Et encore un grand merci à ce brave monsieur qui m’avait rendu ce lundi si doux et si facile à digérer.