Le poids des mots

Le choix des mots est important. Certains journalistes utilisent des adjectifs qui sont lourds de signification. Ainsi, quelques-uns de ces gratte-papiers, dont ceux du Monde, nous parlent actuellement « d’extrême-droite radicale » (pour qualifier la réunion qui s’est tenue il y a quinze jours à Paris entre catholiques traditionnalistes, racialistes et autres illuminés de la mouvance facho).

Cet adjectif de radical laisserait à penser qu’il existerait une autre extrême-droite plus ordinaire, presque normale et presque respectable. En un mot » acceptable ». Et ça, ça ne l’est pas !

Je ne sais pas quelle attitude il faut adopter face au parti extrémisme. J’avais été très sensible aux arguments défendus ici sur ce blog qui affirmaient que plus on diabolisait ce parti, plus on favorise sa montée en puissance. J’en conviens. Du bout des lèvres, mais j’en conviens. Mais en même temps, les idées extrémistes se propagent aussi rapidement quand on respectabilise le discours du FN. Ce parti joue sur deux tableaux a priori opposés. La stratégie est double. Voire triple car les idées extrémistes se propagent aussi de manière rampante et insidieuse.

Et ne venez pas me dire que la forte baisse du FN lors des dernières élections est un bon signe. Il y a juste des idées extrémistes qui ont fortement imprégné tous les discours ambiants.

J’avoue que je suis plutôt désorienté.

Réchauffement climatique : encore plus inquiétant ?

Dans son histoire, la terre a connu successivement des périodes de glaciation et des périodes chaudes. On en connaît l’explication principale : en tournant autour de la galaxie, notre système solaire traverse régulièrement des zones de poussières qui filtrent un peu les rayons du soleil. Ces poussières font en quelque sorte écran, l’intensité des rayons lumineux s’en trouve réduite et il s’ensuit une période plus froide.

C’est un peu le même phénomène qui se passe aujourd’hui avec les poussières émises dans l’atmosphère par l’activité humaine : les rayons du soleil baissent d’intensité en traversant notre ciel. C’est du moins ce qu’a constaté un climatologue américain de l’université du Wisconsin. Tout a commencé le lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Ce chercheur qui travaillait depuis quinze ans sur les conséquences des poussières émises par l’homme avait fait le constat que l’arrêt total des avions pendant trois jours avait éclairci le ciel et provoqué une hausse des températures de 1°C sur l’ensemble des Etats-Unis.

Ces travaux confirment les résultats d’un autre chercheur, Gerald Stanhill, qui avait mesuré qu’en Israël, l’ensoleillement avait baissé de 22% entre 1960 et 1990 (mais ces travaux n’avaient pas eu vraiment d’écho car on n’avait pas constaté de refroidissement au niveau de la planète). D’autres travaux récents dans diverses régions du monde vont dans le même sens et montrent une baisse générale de l’intensité lumineuse (qui est de l’ordre de 30% en Russie entre 1950 et 1990).

Ce phénomène que l’on appelle « obscurcissement » est dû aux minuscules particules de suie et de cendre rejetés par l’Homme et qui réfléchissent les rayons du soleil. C’est un phénomène inquiétant dans le contexte actuel car il montre clairement que nous avons peut-être largement sous-estimé la vitesse à laquelle notre climat se modifie. Le réchauffement climatique aurait donc été en quelque sorte masqué, depuis des années, par un autre phénomène tout aussi inquiétant, mais agissant dans le sens contraire : l’obscurcissement du ciel.

Bonne chance !

Il existe de nombreux sujets tabous en France. L’augmentation alarmante du nombre de cancers en est un. Le sujet des pesticides et de l’ensemble des produits phytosanitaires en est un autre. Notre société sait qu’il y a corrélation entre les deux, mais l’ensemble des pouvoirs publics et des médias préfère fermer les yeux.

Pourtant, les légumes qui sont à l’étalage ont l’air bien honnêtes, bien mignons et bien proprets. Bien rassurants en tous cas. Peut-être un peu trop justement.

Qu’elle est belle cette scarole au coeur jaune-blanc que l’on trouve au rayon des légumes ! Pourtant, les jardiniers savent que ce n’est pas facile d’obtenir ce coeur clair, même en retournant un pot de fleur sur la salade une semaine avant la cueillette pour que l’absence de lumière la blanchisse. Un ami a son beau-frère qui travaille chez un maraîcher. La solution de ce maraîcher pour blanchir la scarole est simple : un léger coup de désherbant sur la salade juste au moment de la commercialisation. Oui, vous avez bien lu : un désherbant !

Et si cette pratique était courante ? En en parlant autour de moi, je me suis rendu que les producteurs de pommes de terre de mon secteur faisaient une opération similaire : au lieu de s’emmerder à faucher les grandes herbes qui poussent dans les pommes de terre, ils traitent le champ avec un « défanant » (qui n’est autre qu’un désherbant) une semaine avant la récolte. Et tous les résidus se retrouvent dans notre assiette.

Jean-Luc est atteint d’un cancer. Les cancérologues de Besançon lui ont conseillé de ne manger que des légumes de son jardin ou des légumes dont il est sûr de la provenance. La profession médicale doit certainement savoir des choses …

Nul doute que l’utilisation de produits phytosanitaires est une bombe à retardement et que tout ça est en train de nous pèter en pleine gueule, comme le montre l’exemple des bananes de la Martinique.

Cela me fait penser à un propos de Pierre Rabhi lors de sa conférence à Besançon : « Et si, avant un repas, au lieu de se dire Bon appétit, on se disait plutôt Bonne chance » ?

Fraternité bafouée (2)

Dans la prison de Fleury-Merogis, il faut mieux filer tout doux. Car les punis sont installés dans un espace de déambulation … de 4,15 m2. Oui, vous avez bien lu ! C’est ce que vient de constater L’Observatoire International des Prisons (OIP) : « La personne se retrouve donc maintenue, 23 heures sur 24, pour une durée pouvant atteindre un mois et demi, dans une situation qui s’apparente à celle d’une bête en cage. » Et l’OIP de rappeler que « la surface minimale fixée par la règlementation pour la détention des chiens de chenil est de 5 m2 par animal », soit 0,85 m2 de plus pour un chien que pour un prisonnier, comme le constate le Canard Enchaîné de la semaine dernière.

Le journal Marianne a tort d’affirmer qu’avec Sarko, c’est le retour au IIIème Empire. L’époque de Louis XI et de ses oubliettes serait plus appropriée comme référence !

Liberté bafouée (2)

Au début juillet, Sarkozy avait demandé à Michèle Alliot-Marie de « réfléchir à un vaste plan d’installation de caméras dans nos réseaux de transports en commun ». La Ministre avait très vite réfléchi car elle annonçait, dès fin juillet, qu’elle allait tripler le nombre de caméras installées sur notre territoire. De quoi évidemment être plus performant dans la lutte antiterrorisme … avec évidemment comme conséquences de fliquer un peu plus les citoyens et de restreindre leur espace de liberté.

D’ailleurs, dans son rapport d’activité 2006 publié le 9 juillet, la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) avait mis en garde contre la généralisation de trois dispositifs : vidéosurveillance, biométrie et géolocalisation des véhicules. Au moment même où le gouvernement décidait de multiplier le nombre de caméras, la CNIL lançait, cet été et dans l’indifférence générale, « une alerte à la société de surveillance » qui menace « la protection des données et nos libertés ». Selon la CNIL, « l’innovation technologique est à la fois porteuse de progrès et de dangers (…). Les individus sont tentés par le confort qu’elle procure, mais ils sont peu conscients des risques qu’elle comporte ».

Ce matin, les médias nous annoncent la mort de Jean-Baptiste Bizot, un personnage hors du commun, cofondateur du journal underground Actuel et fondateur de Radio Nova. Dans les derniers temps, Jean-Baptiste Bizot ne cessait de pester contre les atteintes aux libertés. Attention, disait-il, à « cette société de la liberté surveillée qui se crée dans notre dos, par une coalition de quadragénaires psychomoralisateurs ».

Petite note discordante

Quelques mois après Rostropovitch, un autre Grand de la musique s’éteint : Luciano Pavarotti. Un timbre extraordinaire. Reconnaissable entre mille. Un ténor comme on en trouve difficilement un ou deux par siècle.

Tous les médias rendent hommage à l’artiste. Un hommage plus que mérité. Et France-Musiques s’en est donné à coeur joie, si j’ose dire.

C’est avec Pavarotti que j’ai découvert Verdi et il représente énormément pour moi. Mais j’aimerais apporter un petit bémol à l’unanimité des louanges. Pourquoi Pavarotti, un homme de cette trempe, s’est-il prêté à ce point à l’univers de starisation voulue par le système médiatique ? Et surtout, pourquoi est-il devenu si capricieux ?

Avait-il besoin, alors qu’il était reconnu comme « le » ténor de la deuxième moitié du XXème siècle, qu’on déroule devant lui, à chaque descente d’avion, un tapis rouge ? Pourquoi pousser le caprice au point d’exiger que l’on affrête un avion de victuailles pour le Japon où il allait donner un concert, oblige que l’on transforme une suite d’hôtel en cuisine et, au dernier moment, fasse jeter toutes les victuailles amenées par avion sous prétexte qu’il y avait un fameux restaurant italien à l’étage en dessous ? Aurait-il vraiment dû annuler certains concerts, pour des semblants de grippe, alors que les spectateurs américains avaient payé leurs places plusieurs milliers de dollars ?

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Rappelons-nous l’âge d’or des voix de haute-contre. Les castrats, devenus les stars de l’époque, étaient devenus si capricieux et si gourmands en rémunération qu’ils se faisaient construire des châteaux. Les caprices de ces « pavarotti d’avant l’heure » ont sans doute précipité la fin de cette époque unique dans le monde de la musique, plus encore que des raisons d’éthique (la castration étant finalement relativement bien acceptée à cette époque).

J’aimerais que la mort de Pavarotti sonne le glas de la médiatisation outrancière de l’opéra. Mais les journalistes sont déjà, j’imagine, à la recherche d’un nouveau Pavarotti. Il ne peut en être autrement. Si je m’appelais Placido Domingo, je ferais gaffe !

Insup-portables (1)

Le chiffre vient de tomber : 83,2% des français possèdent un portable. Ce chiffre montre que vraisemblablement, si l’on excepte les impotents, les vieillards, les nourrissons, les sans-abris, les prisonniers, les sans-le-sou, les « paumés du fin fond de leur cambrousse », … tous les gens dits « normaux », sans exception, possèdent un portable.

Eh bien non, il y a encore quelques exceptions. Je fais partie de cette minorité d’indécrottables, irréductibles et irrécupérables gaulois qui pensent qu’on peut encore, dans notre société, se préserver quelques espaces de liberté. J’avoue donc, sans honte que je fais partie des 16,8% qui ne peuvent être joints à tous moments et qui arrivent quand même à vivre !

Devoirs de vacances du CSA

Nous voilà donc au mois d’août. Mais comment prononcer « août » ? Quatre prononciations différentes sont largement utilisées : ou, out, a-ou et a-out. Moi, je prononce « le mois dou », je trouve ça plus doux.

Mais il semblerait que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) soit chagriné que le bon populo donne ainsi dans la diversité et dans la démesure. « Quatre prononciations différentes, mais vous n’y pensez pas mon brave ! » Les Sages du CSA viennent donc de se pencher sur le problème. Et quand les sages se penchent, vous êtes priés d’écouter ! La conclusion de cet épineux problème, je vous la livre : « le CSA rappelle que Pierre Fouché, dans le Traité de prononciation française (1969), conseille la prononciation [ou] et précise : « La prononciation [a-ou] est archaïque ou dialectale. Il en est de même de [out] et à plus forte raison de [a-out]. »

Quand je pense que le CSA s’occupe de ces broutilles, comme s’il n’avait que ça à foutre, alors qu’il est incapable de veiller au temps de parole et de présence dans les médias de Sarko-ministre, de Sarko-candidat et de Sarko-président, je me demande si cette petite leçon de morale sur le mot « août » ne tient pas de la farce ou de la provocation ! Ou alors, le CSA est complètement out !!!

Toujours à propos du sport

En matière de dopage, on peut être désolé aussi de voir aussi le football, le rugby, l’athlétisme, la natation et le tennis prendre le même chemin que le cyclisme.

Que restera-t-il du sport professionnel dans vingt ans ? Et du sport tout court ?

Heureusement, il reste encore la pratique sportive entre copains ou, beaucoup plus modestement comme moi, un peu de marche à pied.

« Droits dans leurs bottes »

Lu hier sur le Monde, cette réaction d’un lecteur (MD) du Monde à un article sur le Tour de France :

« le sport professionnel est à l’image de notre société, il est pourri par l’argent et n’est plus qu’un vecteur publicitaire pour les sponsors et annonceurs. Tous les moyens sont bons pour se mettre en « valeur » avec la complaisance sinon la complicité des dirigeants de fédérations et les autorités sportives, politiques en tête dont il sert les intérêts. La bonne question est : est-ce que le sport a un jour réellement véhiculé les nobles valeurs dont on le gratifie, une base de notre éducation ? »

La réaction du lecteur duMonde est un peu épidermique, je vous l’accorde, mais les questions que ce lecteur aborde ont le mérite d’être posées. Et beaucoup se les posent aujourd’hui.

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Evidemment, il y a de quoi être choqué par ce qu’est devenu le sport. Mais ce qui est plus choquant encore, c’est de voir les médias qui hier ont largement contribué à la mise en place de ce système de starisation des professionnels, encourageant ainsi, comme le public, le « toujours plus » avec son inévitable corrolaire « le dopage », jeter aujourd’hui ce même système aux orties.

Certes, les coureurs mis en question ne sont pas seulement de pauvres victimes naïves du système. N’ont-ils pas eux-mêmes, alors qu’ils n’étaient encore que de simples cyclistes amateurs, commencé à touché à des produits que l’on trouve dans tous les rayons des magasins de sports un peu spécialisés (le dopage des cyclistes amateurs est un autre scandale passé sous silence). Mais l’injustice vient du fait qu’eux seuls aujourd’hui sont livrés à la vindicte populaire et que tous les autres s’en sortent les cuisses à peu près propres.

Le plus grand scandale de la polémique actuelle, c’est que tous – qu’il s’agisse des organisateurs du Tour, des fédérations de sport, des politiques, des sponsors, des chaînes de télévisions, des journaux sportifs, et surtout du public – viennent de se découvrir soudain une virginité, une bonne conscience et une innocence « plus blanc que blanc » qu’on ne leur soupçonnait pas hier encore.

Tous « droit dans leurs bottes ! » Plus Juppé qu’eux tu meurs !

Fraternité bafouée (1)

Sarko a demandé à Hortefeux d’atteindre l’objectif de 50% d’immigrés issus de l’immigration économique (basée sur l’existence de contrats de travail) au détriment donc de l’imigration familiale qui prévalait jusqu’à maintenant. On pourrait s’offusquer du fait que l’économie prenne le dessus sur l’Humain.

Mais il reste un point encore plus choquant : c’est qu’en demandant implicitement à son ministre de freiner par tous les moyens l’immigration familiale, Sarko ne respecte pas le droit à la vie de famille qui est inscrit dans le préambule même de la constitution.

Et s’il est un rôle primordial que doit avoir un chef d’Etat, c’est bien celui d’être garant de notre Constitution, non ?

A reculons

La presse nous annonce que Jean-Louis Borloo quitte le ministère de l’économie avec beaucoup de regrets. Un économiste qui entre en marche arrière au ministère de l’écologie et qui vit cette nomination comme une punition, ça nous laisse de belles perspectives !!!

Carignon en liberté

Condamné à cinq ans de prisons pour « corruption, complicité, recel et abus de biens sociaux », Alain Carignon sort tout juste de prison après y avoir passé vingt neufs mois effectifs. Ce personnage malhonnête envisage de reconquérir la mairie de Grenoble. C’est un comble. Il déclare par ailleurs, comme le rapportent les journaux du week-end dernier, qu’il voterait « volontiers une loi interdisant le retour en politique des élus qui ont été condamnés ». On croît rêver.

Mais derrière ce cynisme il y a un autre truc qui me choque profondément. Il me semble que toute personne « normalement constituée », après deux ans et demi passés à l’ombre n’aurait qu’une chose à coeur : 1 – rejoindre enfin sa femme, ses enfants et les amis qui lui restent. 2 – se cacher à jamais aux yeux de la société. Mais non, le monsieur, qui n’a aucune once d’amour propre, ne vit plus que pour une seule ambition : se refaire une nouvelle carrière politique.

Il y a une inhumanité terrible derrière un tel personnage qui est prêt à tout sacrifier, même sa vie privée, à sa soif de pouvoir. Comme tous les hommes politiques, que je considère depuis belle lurette comme « des gens à part », Carignon ne vit pas dans le même monde que le nôtre.

Décidément, ce n’est pas ce triste sire qui va me réconcilier avec le monde politique.

Liberté bafouée (1)

Dans un commentaire à mon article Valeurs républicaines en danger, Anne me demandait de préciser ma pensée sur les intentions que je prêtais à Sarko de fliquer la société. Finalement, ça m’a donné l’idée de relever dans l’actualité différents dérapages verbaux, prises de position, décisions du nouveau chef de l’Etat, tendances … qui iraient dans le sens d’atteintes aux trois valeurs fondamentales de la République. Il devrait donc y avoir plus ou moins régulièrement sur ce blog des articles intitulés « liberté bafouée », « égalité bafouée », « fraternité bafouée ».

Mon premier article concerne la liberté de la presse.

J’ai beaucoup apprécié les dossiers fondamentaux que le journal Marianne a consacré aux élections présidentielles en nous éclairant notamment sur des aspects troublants de la personnalité de Sarko. J’ai encore plus apprécié le fait que ce journal, dès les résultats du 2ème tour, soit « entré en résistance ». J’ai trouvé que son rédacteur en chef, Jean-François Kahn, était courageux et n’avait pas froid aux yeux. Le ton libre du journal est actuellement une véritable bouffée d’air frais dans le monde médiatique actuel dominé par les muselières.

Or, voilà que Daniel Carton publie un livre « Une campagne off » aux éditions Albin Michel et cite une déclaration de Sarko au directeur du Figaro Magazine lors d’un déjeuner : « Je sais déjà ce que je ferai sitôt à l’Elysée : je m’occuperai personnellement de Jean-François Kahn ».

Liberté de la presse, vous avez dit ?

Alors que j’allais mettre ce petit article en ligne, je tombe ce soir sur un article du Monde qui donne encore un peu plus d’eau à mon moulin. Il relate un autre événement, à savoir une lettre que le syndicat des journalistes du Journal du Dimanche a adressé à Arnaud Lagardère, propriétaire du journal, qui est intervenu auprès de la direction pour qu’un article sur Cécilia Sarkozy ne soit pas publié. Cinq petits extraits de ce courrier :

« Vous êtes intervenu samedi auprès de la direction de la rédaction pour que cet article ne soit pas publié ».
« Nous estimons qu’il s’agit là d’une censure inacceptable, contraire à la liberté de la presse. L’ensemble des journalistes du JDD s’indigne de cette pratique d’un autre âge, d’ailleurs largement dénoncée par l’ensemble de notre profession, en France comme à l’étranger »
.
« Vos relations privilégiées avec Nicolas Sarkozy ne sauraient nous contraindre à renoncer une nouvelle fois aux exigences de notre métier. La rédaction du JDD, indépendante, revendique le droit de refuser toute subordination qui voudrait la priver de son devoir d’informer »
.
« En l’espace d’un week-end, cette intervention a donné du crédit aux graves accusations portées contre les titres du groupe, soupçonnés d’avoir favorisé la campagne de Nicolas Sarkozy ».

Liberté de la presse, vous avez dit ?

Valeurs républicaines en danger

Nous sommes entrés inéluctablement dans une période de régression des acquis sociaux. Ce qui a été obtenu de longues luttes par nos parents et les générations qui les ont précédés peut être mis à mal rapidement. Ils peuvent être défaits bien plus rapidement qu’ils n’ont été gagnés, tout comme un pull-over que l’on peut détricoter bien plus vite qu’on ne l’a tricoté. Et celà, qu’il s’agisse de gouvernements de droite ou de gauche. La droite ira à fond dans le sens du capitalisme financier, cela ne fait aucun doute. La gauche non, mais que peut-elle vraiment faire dans un monde où patronat et actionnaires tirent les ficelles. Depuis longtemps, le pouvoir n’appartient plus aux politiques, c’est un leurre.

Mais bien plus que le danger qui pèse sur ces acquis, il y a une autre menace, bien plus sourde et insidieuse, qui est déjà en marche et qui me semble beaucoup plus inquiétante. Je crois en effet qu’aujourd’hui la république est menacée dans ses fondements mêmes. Liberté, égalité, fraternité. Voilà bien trois mots qui sont déjà mis à mal dans les discours et qui peuvent le devenir rapidement dans les faits.

Liberté, vous avez dit ? On sent bien les vélléités du nouveau chef de l’état de fliquer l’ensemble de la société, y compris ce qui se passe sur internet.

Egalité ? En votant Sarko, les français ont clairement voté pour le creusement des inégalités. Les pauvres seront plus pauvres (comment ont-ils pu voter pour lui ? c’est un mystère) et les riches encore plus (là on comprend le sens de leur vote).

Fraternité ? Tout est actuellement bon pour opposer les différentes catégories de citoyens français entre eux : ceux qui bossent contre ceux qui sont au chômage, les français de souche contre les immigrés, les parents contre les enseignants, ceux du privé contre les fonctionnaires de l’Etat … Alors, fraternité mon cul, oui !

Non, non, on a beau essayer de se rassurer, d’espérer que ce type est respectable, différent du manipulateur d’opinion que nous avons vu pendant la campagne, la situation me semble infiniment plus grave que ce que l’on veut dire.

Mais en y regardant de plus près, la gravité de la situation n’est pas due à Sarko lui-même mais bien au fait qu’il s’appuie sur un véritable mouvement d’opinion publique. Sarko ne fait que surfer sur la vague, poussé par une immense lame de fond. Ecoutez autour de vous : beaucoup de gens sont convaincus aujourd’hui qu’il y a trop de libertés, qu’il y a trop de solidarité dans notre société …

Notre peuple, qui n’a plus d’idéal républicain, est bien malade.

Fraise : d’Espagne ou de nos jardins ?

J’attends le mois de mai pour manger les premières fraises. Elles viennent toujours du jardin. Cette année, la récolte s’annonce exceptionnelle. Pour la première fois, j’ai mis entre les pieds de fraises un fumier de vache contenant pas mal de paille, le couvert végétal entretenant ainsi une certaine humidité (le fraisier aime les endroits frais) et le fumier amenant des matières organiques (le fraisier est une plante très exigeante à ce niveau). C’est une technique qui me semble infiniment plus intéressante que le plastique noir habituel, en raison de l’apport en matières organiques. Hier soir, j’ai donc cueilli mes premières fraises.

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Evidemment, la plupart des consommateurs en mangent depuis deux mois déjà, les rayons des magasins en regorgent. Mais manger des fraises dès février est un privilège de pays nantis. Cela a un prix. Il y a derrière cette habitude de consommer des fruits « hors saison », venant de plus en plus souvent de l’autre bout de la planète, l’un des pires aspects de la mondialisation. Les conséquences sont souvent énormes, que ce soit d’un point de vue énergétique, social et environnemental.

Justement, le Canard enchaîné a publié la semaine dernière un article au sujet des fraises. En voici de larges extraits  » : « Bien rouge, bien ronde, bien calibrée, autant de goût qu’un fruit en plâtre. Elle se fabrique dans le sud de l’Espagne, sur 5000 hectares où s’affairent des centaines d’ouvriers agricoles sous-payés, venus du Maghreb et d’Europe de l’Est… On l’enferme sous des kilomètres en plastique, on la bourre d’engrais et on l’asperge d’insecticides et de fongicides. Tous les jours, 400 tonnes de fraises espagnoles prennent la route des supermarchés français. Une juteuse affaire pour les centrales d’achats qui déboursent 1,5 euros le kilo contre 2 pour la fraise française. Hic : elle constitue un fléau écologique… Tout autour du parc national de Donana, où poussent 95% des fraises ibériques, l’irrigation intensive a pompé la moitié des nappes phréatiques, dont l’eau est désormais bourrée de nitrates. Qui plus est, 110 hectares, sur 2000 cultivés illégalement, empiètent sur le parc naturel. Autre joyeuseté : chaque année, 4500 tonnes de résidus plastiques sont éparpillées dans la nature. Fraise sur le gâteau, le WWF a détecté dans l’eau, dans l’air et dans le sol du bromure de méthyle, un pesticide interdit par l’Union Européenne notamment parce qu’il détruit la couche d’ozone. »

On voit, avec cet exemple pris dans un pays proche, que la mondialisation engendre aussi la déréglementation. Le profit et les envies hors normes des consommateurs français engendrent ailleurs le non-droit. Et l’Espagne est un pays occidental ! On imagine sans peine comment cela peut se passer dans les pays dits « du sud ».

Toujours à propos des fraises, Serge Latouche, auteur de « Le pari de la décroissance » nous rappelle qu’un yaourt aux fraises, avant de parvenir à nos assiettes, aura parcouru 9000 kilomètres, si l’on cumule le trajet du lait et celui des fraises.

Des pays du sud qui étaient, il n’y a pas bien longtemps encore en autosuffisance alimentaire, crèvent aujourd’hui de faim. Le système économique que nous leur avons imposé les contraint à exporter leur nourriture vers nos pays riches. On se donne bonne conscience en disant que si on ne leur achetait pas ces produits, ils mourraient encore plus de faim. A voir ! Ne serait-ce pas notre système bien-pensant, à la solde des grandes firmes de l’agroalimentaire, qui entretient cette idée ?

J’ai la certitude que nous ne pourrons pas faire face aux enjeux énergétiques, sociaux et environnementaux d’aujourd’hui sans revenir à un monde « relocalisé » où l’on produise au plus près des lieux de consommation.

Ce type-là n’est-il pas fou ?

Trois phrases extraites du discours de Sarko hier :

« Mai 1968 nous avait imposé le relativisme intellectuel et moral. Les héritiers de mai 1968 avaient imposé l’idée que tout se valait, qu’il n’y avait donc désormais aucune différence entre le bien et le mal, le vrai et le faux, le beau et le laid. Ils avaient cherché à faire croire qu’il ne pouvait exister aucune hiérarchie des valeurs. D’ailleurs, il n’y avait plus de valeurs, plus de hiérarchie. Il n’y avait plus rien du tout ! ».

« L’héritage de mai 1968 a introduit le cynisme dans la société et dans la politique. Voyez comment le culte de l’argent roi, du profit à court terme, de la spéculation, comment les dérives du capitalisme financier ont été portées par les valeurs de mai 1968 ».

« Voyez comment la contestation de tous les repères éthiques a contribué à affaiblir la morale du capitalisme, comment elle a préparé le terrain au capitalisme sans scrupule des parachutes en or, des retraites chapeaux, des patrons voyous ».

Dire en public que mai 68 a engendré la dérive boursière et les golden parachutes, il fallait oser le faire !

Honnêtement, je me demande si ce type n’est pas fou.