Les oiseaux du Finistère (4)

Impossible de parler de la Bretagne où nous étions cet été sans parler des goélands car ils sont partout en bord de la côte  (cela dit, ils m’ont semblé moins nombreux qu’il y a vingt ans, n’est-ce qu’une impression ?). Difficile de pique-niquer en bord de mer sans avoir aussitôt l’arrivée de goélands argentés … pour le plus grand plaisir de Joëlle !

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L’oeil vif et le bec coloré donnent à cet oiseau un look que j’aime beaucoup.

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Les jeunes goélands sont beaucoup moins colorés et n’acquièrent leur plumage d’adulte qu’au bout de plusieurs années. Difficile pour le non-initié d’identifier facilement les plumages des jeunes des différentes espèces.

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Les goélands argentés semblent progresser très vite à l’intérieur du continent, notamment en milieu urbain où plusieurs villes ont été colonisées récemment. Les Bretons, goélands compris, ont toujours eu le goût de la conquête et des voyages !

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Oiseaux du Finistère (3)

J’ai toujours adoré le comportement du bécasseau sanderling qui joue en permanence avec les vagues. Cet oiseau recherche en effet sa nourriture dans la zone de sable battue par les flots. Les troupes de bécasseaux y font un va-et-vient permanent. Ils vont en direction des vagues lorsque celles-ci se retirent et reviennent à vive allure vers le rivage dès que la vague suivante arrive.

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Ce comportement est leur routine quotidienne et c’est là l’activité quotidienne du sanderling, de l’aube au crépuscule et même au clair de lune. Les flots leur amènent des proies minuscules : diptères, petits crustacés,vers … Ils se rabattent aussi sur les « puces de mer » au niveau des laissées d’algues.

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Les oiseaux ne sont donc pas trop difficiles quand aux espèces recherchées, c’est plutôt la quantité de petites proies disponibles qui compte. Il n’ont donc pas, contrairement à d’autres espèces de limicoles, de spécialisation alimentaire. Leur spécialisation tient donc au milieu qu’ils fréquentent : le rivage de sable battu constamment par les flots.

Lors de mon court séjour dans le Finistère, j’ai pu approcher d’assez près une troupe de sanderlings au repos.

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Ces oiseaux nichent dans le grand Nord, autour de la calotte polaire. Ils quittent leurs lieux de nidification dès le mois de juillet en direction du sud. Lors de mon passage en Bretagne (troisième semaine d’août), la migration semblait battre son plein et les bécasseaux sanderlings étaient présents en grand nombre. Ils vont passer l’hiver sur une zone très vaste allant du Danemark  … à la pointe de l’Afrique du Sud.

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Oiseaux du Finistère (2)

Bécasseaux, bécassines, courlis, pluviers, gravelots, barges, vanneaux, chevaliers, échasses, avocettes, tournepierres … La famille des limicoles (terme qui veut dire littéralement « qui aime le limon ») est sans doute la famille d’oiseaux la plus importante sous nos latitudes. Mais elle est relativement peu représentée dans l’Est de la France où j’habite. C’est au bord de la mer, et notamment au bord des vasières, que l’on peut apercevoir les membres de cette grande famille en grosses quantités.

Lorsque je vais sur l’île Texel en Mer du Nord, je passe une grande partie de mon temps d’ornitho amateur à admirer ces oiseaux au long bec et aux longues pattes (car il s’agit là d’une caractéristique propre à la plupart des espèces de limicoles). Ce long bec et ces longues pattes donnent à ces oiseaux une élégance qui a peu d’équivalent dans le reste du monde des oiseaux. Disons-le tout net : les limicoles sont mes oiseaux préférés.

Lors de mon petit séjour en Bretagne de la semaine dernière, nous étions en pleine période de migration.

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Les bandes de petits limicoles qui passaient au raz des flots m’ont donné du fil à retordre. Car s’il faut beaucoup d’habitude pour les déterminer avec précision dans la longue-vue, il faut bien connaître les caractéristiques de chacune des espèces et avoir de l’expérience pour les déterminer à coup sûr sur l’instant lorsqu’ils volent. Mais avec un appareil photo numérique, on peut s’amuser à les déterminer sur l’écran. Tiens, et si vous essayiez … ?

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Oiseaux du Finistère (1)

Tout juste rentré de Bretagne donc. La Bretagne est une belle région, notamment le Finistère et ses côtes découpées.

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Je n’ai pas été bon côté photos, ayant encore du mal à m’approprier toute la complexité des appareils réflex numériques et n’ayant sans doute plus, l’âge aidant (ou plutôt n’aidant pas), la vivacité d’esprit pour digérer les 281 pages de la notice technique. Mais bon, j’ai quand même réalisé quelques clichés et réussi à extraire quelques photos parmi les centaines dont la plupart seront éliminées ou sont déjà passées illico à la poubelle.

Je dois dire que je n’étais pas allé dans le Finistère depuis quelques années et que je n’ai pas retrouvé cette fois-ci les quantités d’oiseaux d’autrefois. Là aussi, comme ailleurs, on assiste à une diminution drastique des populations. C’est très net au niveau des passereaux mais ça l’est également chez les sternes et les limicoles.

Une petite balade à la pointe St Mathieu (à côté du Conquet) m’a permis d’observer d’assez près le cormoran huppé. Lui qui me semblait autrefois présent en grand nombre, m’a semblé en diminution.

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Sur cette même pointe, j’ai pu voir d’assez près le pigeon biset qui est l’ancêtre de notre pigeon domestique et dont il subsiste encore, notamment sur le littoral breton, quelques populations sauvages se reproduisant sur les falaises maritimes.

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Et puis, au détour d’un chemin, juste au moment de finir la balade, la vision fugitive d’une femelle de busard saint-martin en train de chasser les petits rongeurs ou quelques petits oiseaux.

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Martinets en congés

Tiens, vous aviez vu que les martinets nous avaient quitté depuis une quinzaine de jours !

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Vous avez remarqué le départ d’autres espèces ?

Pic cendré

L’association d’éducation à l’environnement dans laquelle je travaille utilise un terrain de 7,5 ha qui est d’une diversité exceptionnelle : 22 espèces de libellules, 137 espèces d’oiseaux observées sur une surface très restreinte, … La LPO Franche-Comté y effectue un suivi des populations d’oiseaux sous forme de séances de baguage d’oiseaux (7 séances par an).

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Les résultats montrent bien la diversité du milieu naturel : le nombre d’espèces capturées (et relâchées après baguage des oiseaux) est supérieur de 50% à ce qui est observé dans les réserves nationales de Franche-Comté. Autant dire qu’on n’en est pas peu fier … !

Les séances de baguage des dernières années se sont singularisées par la capture du hibou moyen-duc, du coucou ou celle de l’autour des palombes. Cette année, trois mâles de gros-bec viennent d’être capturés en pleine période de nidification et il est probable que cette espèce niche désormais sur ce petit terrain.

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Mais la plus grosse surprise de la semaine dernière a été la capture d’un pic cendré. Il s’agissait d’un jeune sorti du nid depuis peu. En 25 ans, le pic cendré n’avait été entendu qu’une seule fois (en juin 1994) et nous n’imaginions pas qu’il se reproduisait sur le site.

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(un grand merci à Brigitte qui a réalisé cette photo)

Comme quoi, même en croyant avoir un oeil (ou une oreille) averti, nous côtoyons parfois, sans même nous en douter, de biens beaux trésors !

Rouges-queues en tracteur !

Les oiseaux ont une capacité d’adaptation étonnante et j’ai déjà trouvé des nids dans des lieux inhabituels. Ainsi ce nid de troglodyte photographié il y a deux mois dans un atelier.

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Samedi dernier, Guy, un habitant du village m’appelle pour venir voir de petits oisillons dans un nid construit … dans la cabine de son tracteur !

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Jusqu’à présent, j’avais déjà vu des nids d’oiseaux installés dans des endroits insolites, aussi n’ai-je guère été surpris qu’un tracteur ait pu être utilisé par un rouge-queue noir (avant d’arriver sur le site, j’avais déjà deviné qu’il ne pouvait s’agir que d’un rouge-queue noir).

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Mais là où j’en suis resté « sur le cul », c’est d’apprendre que depuis des mois, Guy part en forêt tous les mercredis et tous les samedis pour faire son bois. Depuis deux mois, il a tenu ce rythme et deux fois par semaine, le voilà donc parti à plusieurs kilomètres de là pour débarder des arbres, fendre du bois avec la fendeuse attachée au tracteur, … emmenant avec lui, et sans le savoir, les oeufs des rouges-queues puis les jeunes oisillons. Les oiseaux bénéficiaient même de musique, Guy ayant installé des hauts-parleurs tout près du nid (il a même rechangé un haut-parleur la semaine dernière sans se rendre compte que des jeunes oiseaux étaient juste à côté).

Chaque fois que Guy partait en forêt, les parents rouge-queues se séparaient de leur progéniture et ne la récupéraient que trois ou quatre heures plus tard. Guy ne s’est aperçu de la présence des jeunes que vendredi, alors qu’il était en train de jardiner près de son tracteur et que son attention a été attirée par les cris des jeunes lors du nourrissage par les parents.

Samedi, j’ai pu constaté, installé à une dizaine de mètres, l’arrivée de la femelle, insectes au bec, qui venait sur le nid et j’ai entendu les piaillements des jeunes. Je n’ai fait qu’une photo rapide du nid, sachant qu’on ne peut en voir l’intérieur, le nid étant au ras du plafond de la cabine (sur la photo on devine juste deux petites touffes de plumes sombres qui dépassent à peine).

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Hier soir mercredi, soit quatre  jours plus tard, Guy m’a appelé pour me signaler que les rouges-queue venaient de quitter le nid (il a vu la femelle nourrir trois d’entre eux hors du nid). Il a vu une couleuvre lovée sur le nid et pense qu’un ou deux jeunes rouge-queues ont pu être croqués par le reptile.

Vu la durée d’incubation des oeufs (14 j) et la durée moyenne du séjour au nid (17 j), j’ai calculé qu’au rythme exact de deux voyages hebdomadaires en forêt, les oeufs et les jeunes ont chacun été trimballés de la sorte quatre fois.

Les rouge-queues auront-ils pris goût aux voyages en tracteurs et reviendront-ils nicher là l’an prochain ?

Au pays des vautours (6)

Suite et fin de mon aventure.
12H, 13H, 14H, 15H, 16H… Le temps passe et plus aucun vautour ne viendra. Un milan noir cherche à plusieurs reprises à prendre quelques lambeaux de chair en passant. La seule activité sur le site est celle des grands corbeaux, bien moins réguliers que le matin, mais qui reviennent tous les quarts d’heure.

En milieu d’après-midi, les grands corbeaux prennent possession du cadavre de la chèvre.

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Les grands corbeaux attaquent l’animal par les yeux mais le cuir de l’animal est coriace et ils ne pourront pas aller plus loin dans leur tentative.

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Il fait certainement plus de 30°C à l’ombre ce jour-là. La puanteur est à son comble, le vent est fort et je suis malheureusement « sous le vent ». Il était convenu que Joëlle vienne me chercher à l’affût à 17H. C’est avec un peu de soulagement que j’entends sa voix à cette heure précise. Je m’extirpe péniblement de mon petit abri avec, comme chaque fois dans ce genre de situation, l’impression d’être un petit vieux fourbu et plein de rhumatismes.

Ainsi se termine cette belle aventure. Merci aux deux amis qui m’ont permis de réaliser ce rêve que j’avais depuis longtemps.

Le soir, je m’endors avec dans la tête de belles images … !

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Au pays des vautours (5)

Les vautours fauves ont quitté les lieux depuis une demie-heure. Il est midi et quart. De temps en temps, je vois apparaître une petite tête bien reconnaissable à travers les hautes herbes à gauche du charnier. Pendant un bon quart d’heure, le percnoptère va me donner l’impression de jouer à cache-cache avec moi. En fait, ce petit vautour est en train de manger quelques menus déchets un peu à l’écart du charnier. Et puis tout à coup il débouche devant moi et se montre enfin.

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Pendant trois quart d’heure, le percnoptère va se nourrir de petits lambeaux de chair devant moi.

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Les grands corbeaux évoluent autour de lui sans vraiment tenir compte de sa présence.

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J’ai su plus tard que ce percnoptère avait son nid … à une soixantaine de kilomètres de là !

Au pays des vautours (4)

9H. Le dernier vautour est parti et je m’attends à une longue journée. Une heure passe. Puis deux. Les grands corbeaux sont un peu moins actifs mais viennent quand même toutes les cinq minutes, ne s’attardant sur le site que peu de temps à chaque fois.

A partir de 11H, des vautours fauves se mettent de nouveau à survoler le lieu. Cela dure assez longtemps. Les battements d’ailes se font plus proches et puis d’un seul coup deux d’entre eux se posent. Il est exactement 11H40.

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D’autres vautours arrivent et se mettent à manger avec frénésie. Mais ce n’est pas la curée violente telle que je l’imaginais.

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Mais là aussi, même scénario que plusieurs heures auparavant. Les vautours s’arrêtent soudain de manger. Les têtes se lèvent et l’inquiétude gagne les rangs.

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Les vautours se mettent à s’envoler les uns après les autres.

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Deux d’entre eux s’attardent un peu plus que les autres. Je me dis que s’ils restent, les autres reviendront. Mais non, ils finiront malheureusement par quitter les lieux.

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Là aussi, la scène n’aura duré que cinq minutes. Je suis certain de n’avoir pas commis d’erreur et je ne comprends rien à ce départ soudain. Aucune tête de promeneur n’apparaît cette fois-ci.

Joëlle était avec Hélène à quelques centaines de mètres de là. Elles avaient observé toute la scène. Elles me raconteront le soir ce qu’elles ont vu de loin. Ce sont elles qui avaient le meilleur point de vue. Les vautours avaient commencé de descendre en tournoyant. Lorsque les premiers se sont posés, tous les vautours du secteur ont convergé et ce sont 80 vautours qui sont ainsi arrivé quasiment simultanément. Le spectacle était magique paraît-il … !

Allez Dupdup, plus que cinq bonnes heures à attendre !

Et cette odeur qui commence à être entêtante !

Au pays des vautours (3)

Le temps s’égrène lentement. Comme chaque fois, je ne m’ennuie pas dans mon affût (rester immobile des heures durant, c’est un peu une seconde nature pour moi). Les grands corbeaux continuent leurs allées incessantes et c’est la première fois de ma vie que j’arrive à faire des photos correctes de cet oiseau. Ils poussent des cris d’alarme en permanence. Je ne pense pas être l’objet de leur inquiétude car il ne fait aucun doute que dans ce cas-là ils ne viendraient pas sur le charnier.

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8H45. les deux vautours qui s’étaient perchés sur l’arbre à une quarantaine de mètres sont toujours là. Je vois à travers les branchages de l’affût que d’autres descendent au vol de plus en plus bas. J’entends quelques bruits d’ailes, lourds et pesants. Et puis soudain, à 8H55 précises, deux d’entre eux se posent et se mettent aussitôt à manger goulument, provoquant l’envol des milliers de mouches.

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D’autres vautours arrivent et le festin collectif peut commencer.

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Il n’y a plus beaucoup de place pour les grands corbeaux qui ne font alors que tourner autour des vautours ou attendre un peu à l’écart.

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Mais soudain, les cous se dressent, un vautour s’envole, puis deux, puis trois … et en moins de trente secondes il ne reste plus un seul vautour sur le site. La scène n’aura duré au total que cinq minutes.

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Je suis persuadé de n’avoir fait aucune erreur et je ne comprends pas ce départ soudain. Quand tout à coup apparaît devant moi le buste d’un promeneur (un amoureux des orchidées a priori). Il ne pouvait pas savoir …

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Il ne me reste qu’à espérer le retour de la troupe. A vrai dire, je n’y crois plus trop. Mais il n’est que 9H et il me reste encore 8 heures à attendre dans ce minuscule abri, avec la chaleur qui arrive et une puanteur qui commence à être plus que perceptible. Joëlle a prévu de venir me rechercher à 17H et il est évidemment hors de question que je sorte maintenant de manière intempestive et perturbe les oiseaux qui observent sans doute non loin de là. Je me recroqueville donc sur mon siège et me prépare psychologiquement à une attente qui pourrait s’avérer difficile et très inconfortable.

Au pays des vautours (2)

Je n’ai pas attendu que le réveil sonne. A quatre heures et quart du matin, les coqs du village se sont mis à chanter. Au bout de quelques secondes j’étais hors du lit. Hélène m’avait préparé la cafetière, je n’ai eu qu’à appuyer sur le bouton (c’est quand même pratique l’électricité nucléaire, non ?). Un quart d’heure plus tard, je quittais le village à pied avec en arrière-plan le chant du petit-duc et celui des coqs. Il faisait nuit noire et j’ai quitté la route principale pour suivre un petit sentier juste au moment où une voiture arrivait. J’ai toujours aimé passer inaperçu et me glisser dans la nuit, je n’aurais pas aimé être vu dans la lueur des phares.

A cinq heures précises, j’étais assis confortablement dans mon petit affût. Il faisait encore bien nuit mais la caille chantait un peu en contrebas, l’alouette lulu s’est mise aussi de la partie, c’était très beau. Les premières lueurs sont apparues, un engoulevent s’est mis à faire son bruit de vélosolex, il semblait excité et j’ai entendu distinctement le claquement de ses ailes (chacun fait ce qu’il peut pour se faire remarquer par sa belle, n’est-ce pas ?). La hulotte a salué le début du jour, moment pour elle d’aller roupiller dans un trou d’arbre. Venus, toujours très proche du soleil, brillait de tous ses feux, elle me faisait de l’oeil a travers les branchages de mon affût.

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Et puis tout est alors allé très vite : le chant du merle, de la grive musicienne, du rouge-gorge, de la fauvette grisette, du pouillot de Bonelli, … En quelques dizaines de minutes, tout ce beau monde était là, piaffant à qui mieux mieux.

Vers 6H30, alors qu’il faisait bien jour, une fauvette est venue chanter pendant cinq minutes à une cinquantaine de centimètres devant mes yeux. Elle ne me voyait pas dans ma pénombre à moi, je la devinais dans sa pénombre à elle mais je ne pouvais pas me permettre évidemment de mettre mes lunettes à ce moment-là. C’est donc avec des yeux de taupe que j’ai apprécié à sa juste valeur ce moment précieux. Il s’agissait d’un chant de fauvette, mais d’un chant que je ne connaissais pas. Mais je l’ai décrit avec suffisamment de précision pour qu’on me confirme le soir même qu’il s’agissait d’une fauvette passerinette.

A 7 heures précises un bruit de moteur  … Comme convenu, X… est apparu et a déposé devant moi, à 23 mètres exactement, 200 kg de viscères faisandés (il y en avait des seaux et des seaux) ainsi qu’une brebis morte.

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Nous avons échangé quelques mots mais nous ne nous connaissions pas jusqu’à ce moment-là (et encore, il n’a pas aperçu le moindre morceau du dupdup qui était caché dans son antre). Il m’a fait répéter certaines phrases qu’il avait du mal à comprendre, … comme quoi l’accent haut-saônois n’est pas ce qu’on fait de mieux pour communiquer !).

X … est reparti à 7H10. Cinq minutes plus tard, les premiers grands corbeaux sont arrivés, allant et venant sans cesse. La lumière était difficile car le soleil se levait en face et c’est avec un fort contrejour que j’ai fait mes premières photos.

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Dix minutes plus tard, deux vautours fauves se sont posés sur un arbre devant moi mais je me suis interdit de les photographier à ce moment-là, je savais q’ils allaient certainement attendre des heures avant de venir au charnier et que le moindre mouvement de l’objectif, aussi minime soit-il, allait tout faire rater. Il ne restait donc plus qu’à attendre …

Au pays des vautours (1)

Pas facile la précédente devinette. 796, 87, 44 et 20 ? En fait, il s’agissait juste d’introduire ma série d’articles sur les vautours.
Il y a 4 espèces de vautours en France. Les effectifs sont très faibles (chiffres officiels 2007) :
– 796 vautours fauves
– 87 couples de percnoptères
– 44 couples de gypaètes
– 20 couples de vautours moines.
Aucun rapport donc avec les maths. Les matheux ont quand même trouvé un rapport entre tous ces chiffres. Je les admire … !

A la fin des années 70, un film avait circulé dans la sphère naturaliste. Il s’agissait d’un documentaire des Frères Terrasse intitulé Le bal des charognards. Depuis, je rêvais d’assister à une véritable curée (c’est à dire au moment où les vautours se nourrissent enfin après de longs jours d’attente à tourner au-dessus de cadavres d’animaux).

C’est à cette intention que Joëlle et moi sommes descendus dans les Gorges de la Jonte en Lozère, pensant à tort que c’était le seul endroit où le vautour fauve se reproduisait en France (depuis, Jenofa a rétabli la vérité en me fournissant les chiffres officiels : sur les 796 couples de vautours fauves qui nichent en France, 525 le font dans les Pyrénées, c’est donc dans ce massif que se trouve la plus grosse partie des vautours fauves français).

Le premier jour, nous sommes allés sur la corniche située entre les gorges de la Jonte et les gorges du Tarn, côté Jonte.

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Ce n’était pas un jour favorable, les vautours fauves volaient peu ce jour-là (sans doute les ascendances de chaleur étaient-elles mauvaises), nous avons quand même observé un jeune vautour sur son nid, mais globalement la journée a été moyenne, seuls quelques vautours nous ont timidement survolé (mais même d’assez loin, un oiseau de 2,70 m d’envergure, c’est plutôt impressionnant !).

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Mais je ne connaissais aucune personne dans la région pouvant me faire bénéficier d’un affût auprès d’un charnier. C’est donc bien loin de la colonie (à 160 km à vol d’oiseau de là, c’est à dire à … près de quatre heures de route) que nous sommes allés pour observer et (essayer de) photographier les vautours auprès d’un charnier. Merci aux deux amis qui m’ont permis cette aventure.

Il était prévu que j’aille dans l’affût avant le lever du jour. Nous sommes arrivés évidemment la veille et j’ai eu le temps de prendre connaissance des lieux. La placette de nourrissage était située dans un lieu magnifique. On devinera sur la photo qu’un dispositif avec toile et fosse permet de récupérer d’éventuels jus qui viendraient à couler et donc à limiter les indicences sanitaires du nourrissage artificiel des vautours. Car il s’agit là d’un charnier officiel faisant l’objet d’une autorisation par l’administration.

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La veille de mon entrée dans l’affût, je suis allé repérer les lieux. Si le site est magnifique, la petite cabane à l’entrée donne une idée (peu ragoutante) de ce qu’ont mangé les vautours dans les derniers temps.

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Et c’est l’occasion de découvrir pour moi le minuscule (mais confortable) affût dans lequel j’arriverai de nuit le lendemain matin. L’affût est bien camouflé, la tâche sombre dans le buisson indique l’endroit d’où je pourrai observer la scène. Très discret, non ?

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Et je me couche le soir très excité, au son du hibou petit-duc qui égrène son chant flûté, avec déjà une envie folle d’être au lendemain matin.

La toilette des tadornes

Je suis allé il y a quelques semaines dans le parc ornithologique de Villars-les-Dombes dans l’Ain. Je n’étais pas retourné en ce lieu depuis peut-être une quinzaine d’années. La distinction est parfois difficile à faire dans ce parc entre espèces sauvages et espèces captives. Vous êtes par exemple en train d’observer un fuligule milouin que vous croyez être captif et vous le voyez soudain prendre son envol et partir à tire d’ailes. Plusieurs dizaines de couples de cigognes blanches se sont installées naturellement dans le parc. Une petite colonie de bihoreaux gris s’y est sédentarisée. Des hérons cendrés viennent y pêcher, les poules d’eau s’y reproduisent  dans tous les coins.

Je suis passé à côté d’une petite troupe de tadornes de Belon qui étaient en train de se livrer à une séance collective de toilettage. Les gouttelettes d’eau fusaient dans tous les sens …

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Le chant des oiseaux (2)

Nous sommes en avril et les osieaux chantent partout. A l’heure qu’il est, les premières lueurs du jours sont à peine là et pourtant j’entends déjà le merle, la grive musicienne et le rouge-gorge. Dans  quelques dizaines de minutes, ce sera au tour de la fauvette à tête noire, du troglodyte, du pinson et des  mésanges de s’y mettre aussi. Difficile pour celui qui connait peu le chant des oiseaux de s’y retrouver.

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L’an passé, j’avais présenté un premier diaporama consacré aux chants des oiseaux. Ce diaporama était réalisé par Oetincelleo. La deuxième partie a été terminée il y a quelques semaines. Voici donc cette nouvelle série présentant 8 autres espèces communes. Les photos sont de Yves Le Presse (l’un des internvenants les plus réguliers de ce blog) et de moi-même. Merci à Oetincelleo pour le travail réalisé.

A quand une troisième série ?

La corneille et le milan

La semaine dernière, j’ai présenté quelques photos de milan royal réalisées à partir d’un affût. Je n’avais parlé que du milan mais j’avais eu également la visite du geai de chênes et de la corneille noire. Cette dernière était arrivée dès mon installation dans mon petit abri et s’était nourrie goulûment.

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Après avoir dû partir précipitamment à l’arrivée du milan royal, elle est revenue tourner autour du rapace, de plus en plus près …

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Mais la corneille ne risque rien, le milan royal se nourrit d’animaux morts et il est incapable de capturer un oiseau vivant. Et la corneille le sait bien …

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Même les sarcelles s’y mettent …

Difficile de trancher dans un débat « heure d’hiver ou heure d’été ? ». Pour donner raison à l’un ou à l’autre des protagonistes de ce débat, il faudrait comme on dit « une âme innocente » dépourvue de partialité. Difficile de trouver une telle âme de nos jours dans la race humaine pervertie par le modernisme et la société de consommation. Alors, finalement je me suis tourné vers les oiseaux qui représentent la candeur et l’innocence même. Difficile de taxer un seul oiseau de manque d’objectivité, non ?

Hé bien, vous n’allez sûrement pas me croire mais les faits sont là et me donnent raison à 100% ! Les voici tels que je les ai constatés.

La semaine dernière, sur le petit étang de Buthiers juste à côté de chez moi, il n’y avait que des sarcelles d’hiver.

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Vous n’allez peut-être pas me croire mais en ce début de semaine, il n’y a que des sarcelles d’été !

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Difficile d’apporter une meilleure preuve, non ? Comment ça « non » ? Seriez-vous de mauvaise foi ?

Face à face avec le milan royal

Alors, il est pas beau et fier « mon » milan royal, posé sur « son » poulet ?

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Journée de chance aujourd’hui. Je me suis caillé dans mon affût mais cela faisait presque vingt ans que le milan royal n’était pas venu se poser devant moi.

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L’occasion pour moi de prendre sur le vif une attitude étonnante :

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Mais celui que j’attends avec le plus d’impatience, c’est le milan noir. C’est « mon oiseau maudit ». Trente ans que j’attends … Cet après-midi, il s’est enfin posé devant moi. Je l’avais dans le viseur. Et comme un con, j’ai voulu attendre qu’il soit bien tranquille avant de faire ma première photo. Et il est parti avant que j’aie pressé le doigt sur le déclencheur. La semaine prochaine ou l’an prochain peut-être … !

Des graines, encore des graines !

Il fait encore froid mais le soleil a été généreux les temps derniers. Il y a dans l’air la sensation que le printemps n’est pas bien loin, malgré les nuits de gel, et les premières fleurs de jardin sont épanouies depuis quelques jours, voire quelques semaines pour certaines d’entre elles.

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Cette sensation de printemps imminent peut conduire les personnes qui ont l’habitude de nourrir les oiseaux l’hiver à arrêter cette activité de nourrissage dès les premiers beaux jours, en février ou en mars. C’est une erreur car le début du printemps est la période la plus difficile pour bon nombre d’espèces. Nous sommes en effet à une période charnière pour tous les oiseaux de la famille des fringilles qui se nourrissent de graines (chardonnerets, verdiers, tarins, bouvreuils, gros-becs…).

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Certes, il fait déjà moins froid qu’en plein hiver mais le stock de graines disponibles dans la nature est épuisé ou presque. Pour ces espèces, la jonction est extrêmement difficile à faire entre l’hiver et le printemps. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il vaut mieux nourrir les oiseaux de janvier à avril (plutôt que de novembre à février comme le font la plupart des gens).

Actuellement, 200 oiseaux fréquentent encore mon poste de nourrissage, dont une majorité de chardonnerets (une centaine), de tarins (20), de pinsons de nord (15), de pinsons des arbres (15), de verdiers (40) et de gros-becs (5).

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Et parmi ces oiseaux, trois ou quatre écureuils qui sont là tous les matins.

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(toutes les photos ont été réalisées hier dimanche)