Ces vieux qui nous gouvernent

Devient-on un peu plus con, ou un peu moins con en vieillissant ? Brassens a donné son point de vue dans une chanson écrite à l’époque où il balançait entre deux âges : « le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est con, on est con … ». Vous la connaissez peut-être !

Aujourd’hui, je n’ai pas un avis définitif et tranché sur la question, je pense qu’il n’y a aucun mérite, ni à être jeune, ni à être vieux (ni évidemment à être con !). Pourtant, il n’y a pas si longtemps encore, j’étais tenté de penser qu’en vieillissant on devait acquérir un peu de hauteur de vue, un peu de sagesse – le mot est un peu grand, disons « de bon sens » – mais quand j’écoute ou quand je lis les propos de vieux qui sont sous le feu de l’actualité, souvent des politiques, mais aussi des scientifiques, des responsables syndicaux, des journalistes, des hommes ou femmes du show-bizz … je me dis que Brassens devait avoir un peu raison quelque part, ces gens ne semblent pas s’être spécialement bonifiés en vieillissant, le temps ne fait effectivement rien à l’affaire.

Je n’ai évidemment rien contre les vieux (d’autant plus que j’y arrive à grandes enjambées !) mais je pense qu’actuellement ils sont beaucoup trop présents dans la vie publique (notamment dans la vie politique), qu’il pourrait y avoir un rééquilibrage en faisant une grosse place pour des gens nouveaux. J’aimerais entendre des gens différents à l’antenne, pendant les campagnes politiques, pendant les journaux télévisés (je dis ça, mais c’est un peu hypocrite, car de toute façon je ne regarde jamais). Vous n’avez pas envie d’un peu de fraîcheur, vous ?

Le journal « les Inrockuptibles » n° 537 du 14 mars dernier nous donne une info intéressante : en vingt ans, l’âge moyen d’un homme politique ou d’un responsable syndical est passé de 45 ans à 59 ans. Pendant le même laps de temps, le nombre de députés de moins de 45 ans est passé de 38% à 15%.

Ca vous inspire quoi ces chiffres ?

DVD « American Folk Blues Festival »

J’ai toujours écouté beaucoup de musique, mais je dois dire que celles qui me touchent le plus sont, la plupart du temps, des musiques très simples d’un point de vue musical. Peut-on trouver plus pauvre (musicalement parlant) que le blues ? La plupart du temps, trois accords (MI7, La7 et Si7), et c’est tout ! Mais cette forme simple, techniquement peu élaborée (c’est le moins qu’on puisse dire !), permet aux musiciens de s’exprimer sur un autre registre que celui de la richesse musicale, celui de l’émotion et du feeling. Le blues, ce n’est pas très beau, c’est quelque chose de rapeux, les voix sont généralement très hard (il y a du « grain » dans les voix), mais on sent derrière la musique une vraie vie qu’on ne retrouve pas forcément dans des musiques plus actuelles, plus « fabriquées » et plus neutres.

Le blues est arrivé tardivement en France, au début des années 60, propulsé par des musiciens blancs tels que les Stones ou John Mayall, mais aussi par l’arrivée de bluesmen noirs authentiques sur notre vieux continent. Je me souviens ainsi avoir découvert en 69 les disques de Big Bill Broonzy et de Memphis Slim, deux musiciens qui avaient choisi de s’exiler en Europe (le blues ne faisant plus recette outre-Atlantique, mais y a-t-il jamais vraiment fait recette ?).

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(image copyright Terry Cryer) © Terry Cryer

De 1962 à 1969, des concerts réunissant les plus grands musiciens noirs américains de l’époque, furent donner en Europe occidentale. Ces tournées intitulées « American Folk Blues Festival » contribuèrent beaucoup à faire connaître le blues, non seulement en France, mais dans le monde entier. La tournée européenne durait un mois chaque automne et réunissait des musiciens illustrant tous les courants du blues, aussi bien rural qu’urbain.

Les amateurs de blues connaissent probablement les disques qui retracent cette aventure. Ils ont été réédités en CD depuis longtemps. Avec l’arrivée du DVD, nous pouvons redécouvrir ces concerts sous un nouvel aspect (je suis très amateur de DVDs musicaux, je trouve que l’image apporte souvent beaucoup d’émotion à la musique). A ce jour, trois DVD sont déjà parus et s’intitulent tout simplement American Folk Blues Festival, vol. 1, 2 & 3. Tous sont en noir et blanc, un type d’image qui sied bien aux musiciens de blues ou de jazz. Les images sont très expressives (ainsi les gros plans sur le visage de John Lee Hooker ou la manière de filmer Willie Dixon en contre-plongée) ; elles permettent de mettre des visages sur les voix très connues de musiciens tels que Mississippi Fred McDowell, Big Joe Williams, Lonnie Johnson …, musiciens dont on possède peu d’images, aussi bien photographiques que cinématographiques (les bluesmen ont souvent été dédaignés de leur vivant).

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Le volume 1 permet d’admirer, outre les 5 musiciens cités ci-dessus, les plus grands musiciens de l’époque : T.Bone Walker, Sonny Terry & Brownie McGhee, Memphis Slim, Otis Rush, Sippie Wallace, Eddie Boyd, Junior Wells, Sonny Boy Williamson, Otis Spann et bien entendu Muddy Waters. J’ai particulièrement apprécié la profondeur du blues chanté par Willie Dixon à la guitare (je ne le connaissais que comme contrebassiste), la joie communicative d’Otis Spann, le final joué et chanté par une dizaine de musiciens et l’émotion qui se dégage de tous ces vieux bluesmen.

Je parlerai plus tard des volumes 2 et 3, mais ils peuvent de toute façon être achetés les yeux fermés car cette musique fait partie, d’une certaine façon et malgré sa provenance d’un autre continent, de notre héritage musical.

Une scène spectaculaire à quelques mètres !

Il y a quelques semaines, j’ai écrit un petit article sur la nécessité de continuer le nourrissage hivernal des oiseaux jusqu’au mois d’avril, ce mois étant particulièrement difficile pour tous les oiseaux de la famille des fringilles (verdiers, chardonnerets, tarins, gros-becs…). Comme pour confirmer mes propos, le nombre d’oiseaux qui viennent à mes mangeoires augmente de jour en jour. Hier matin, il y avait une trentaine de gros-becs (en vingt-cinq années de nourrissage hivernal, je n’en avais jamais vu autant !). Ce nombre est passé à 50 aujourd’hui en début de matinée puis à 90-100 vers midi. A chaque alarme due à un danger quelconque, la troupe s’envole et c’est un spectacle rare de voir un groupe aussi important de gros-becs en vol.

Ce matin, vers 11 H, j’étais dans le jardin en train d’éliminer mes « mauvaises herbes », une oreille toujours à l’écoute des sons de la nature, et j’ai brusquement levé la tête, attiré par des piaillements inhabituels d’oiseaux, qui me semblaient particulièrement excités. Dans le ciel, un milan noir passe, puis un autre rapace qui me semble être un busard des roseaux, mais mes yeux fatigués de quinquagénaire ne me permettent pas de l’identifier avec certitude (dommage, ça aurait été la centième espèce vue depuis la maison et j’ai promis qu’à 100 j’ouvrais une bouteille de champagne !).

C’est au moment ou j’observe un autre petit rapace, haut dans le ciel, l’EPERVIER, que je comprends pourquoi les petits oiseaux poussaient des cris d’alarme (je suis habitué à la présence de l’épervier, il attaque régulièrement chaque hiver les petits passereaux à mon poste de nourrissage, parfois plusieurs fois par jour). Au moment où une petite troupe de verdiers affolée passe au-dessus de moi, l’épervier qui est encore haut dans le ciel, fonce soudain dans ma direction en battant fortement des ailes, puis se laisse d’un seul coup tomber comme une masse, les ailes plaquées contre le corps, ce qui lui permet de prendre beaucoup de vitesse. Je suis alors persuadé qu’il va s’en prendre à la troupe de verdiers partis en direction de la vallée, mais non, il arrive à sept-huit mètres de ma tête à une vitesse qui me semble vertigineuse, et capture de plein fouet un chardonneret perché au-dessus de moi sur le bouleau. La capture est précédée d’un gros bruit, dû à une décélération violente, à la suite de l’ouverture subite des ailes pour limiter la violence de l’impact.

Jusqu’au moment de la capture, je n’avais pas remarqué qu’une petite bande de chardonnerets s’était réfugiée au-dessus de moi. Celui qui a été capturé n’a pas eu le temps de voir venir l’épervier, il a quasiment été « cueilli » sur la branche, sans avoir eu le temps de fuir. L’épervier est parti aussitôt, sa proie entre les serres. Une minute plus tard, verdiers, chardonnerets et gros-becs revenaient progressivement au poste de nourrissage, ils savaient que l’épervier avait eu sa proie et qu’ils avaient maintenant quelques heures devant eux avant qu’une nouvelle attaque ne se produise.

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J’ai déjà assisté à une dizaine de captures de passereaux par l’épervier, celle-ci a sans doute été la plus spectaculaire de toutes.

Ah, si nous étions des chardonnerets et si la mort était aussi prompte !

Antony & the Johnsons (1)

Question musique, j’essaie d’être à l’affût de nouveautés, mais je dois dire que j’ai du mal à trouver, dans la production actuelle, des disques qui retiennent vraiment mon attention. J’ai l’impression que le jazz tourne un peu en rond (malgré le flirt avec les musiques du monde et la musique électronique), que la chanson française a du mal à se démarquer de Bénabar, Sanséverino, les Têtes raides & Co. Mes coups de coeur des dernières années sont peu nombreux, ils s’appellent Devendra Banhart, Sufjan Stevens, Anouar Brahem, Bright Eyes … et c’est à peu près tout !

Cette semaine, Steph m’a prêté un petit bijou : le disque s’appelle « I am a bird now » d’Antony & the Johnsons.

Dès les premières notes, on est conquis par la charge émotive de la voix. Celle-ci est étonnante, faite de fragilité et de délicatesse, toujours un peu « sur le fil du rasoir ». C’est une voix androgyne, on sent tout au long du disque la personnalité troublante d’Antony. Sur le site d’Amazon, un auditeur écrit : « Par bien des aspects, l’intensité des chansons d’antony n’est pas sans rappeler la douleur des lieds de Schubert, hantés par la quête de l’amour et le sentiment de ne pas appartenir au monde (voir le Voyage d’Hiver). Et le choix d’avoir mis en musique le poëme d’Edgar Poe « The Lake » me semble confirmer cette filiation avec les romantiques du XIXème siècle. »

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De multiples influences traversent ce disque. Les premiers mots chantés m’ont aussitôt fait pensé à Tracy Chapmann mais très vite, j’ai senti une filiation directe avec la voix et la manière de chanter de Bryan Ferry, dans ses premiers disques avec Roxy Music. Le climat qui s’installe est aussi celui que l’on trouve sur les disques de Robert Wyatt. On sent aussi une fêlure, quelque chose de très fragile, qui n’est pas sans rappeler Tom Waits ou Devandra Banhart (qui est l’une des mes découvertes de la dernière année et qui est d’ailleurs un ami d’Antony). Antony est donc un chanteur « sous influence », mais malgré toutes ces références à d’autres artistes, on sent derrière sa voix et sa musique une personnalité hors du commun, faite « de douleur et de quête d’identité » (référence au texte du même auditeur).

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Si vous aimez les voix qui racontent quelque chose, attardez-vous auprès d’Antony & the Johnsons, vous ne pouvez qu’être conquis(e) !

La Cantillon, une bière d’exception !

Je suis tranquillement devant mon pc en train de siroter une bière, offerte aujourd’hui par la compagnie Mag & Mat à l’occasion de mon anniversaire. Eh oui, les années s’entassent : 52 au compteur, mais bon, on va faire avec ! La bière est très bonne, belge (comme il se doit), bien titrée en alcool (évidemment), avec une troisième refermentation en bouteille (d’où le nom de triple), très ancienne (fabriquée depuis le 17ème siècle) et brassée dans un cloître de Carmes, d’où son nom de Tripel Karmeliet.

En buvant cette bière, il me revient en mémoire une petite escapade faite à Lyon il y a un mois. J’avais fait la connaissance d’une charmante blonde (une bière, il va de soi) dans un endroit extraordinaire et je m’étais promis de faire un petit article sur elle. Et puis le temps a passé, rien n’est advenu, et l’idée d’un petit article me revient seulement ce soir. Jusqu’à présent, j’ai écrit 65 articles sur mon blog, sans parler une seule fois de bière (bien qu’Albert, dans un de ses commentaires, m’ait un peu titillé la-dessus) : un exploit ! Mes amis, qui lisent régulièrement mon blog, se demandaient même si c’était bien moi qui écrivais. Voilà donc un article qui va rassurer certains.

Le Palais de la Bière à Lyon (tout près de la place des Terreaux) est un endroit étonnant. Le mot « palais » me faisait craindre un endroit un peu prétentieux, tout en paillettes. Non, le lieu est plutôt sobre et très sympa. Mais que choisir ? Je ne me rappelle plus du nombre de bières différentes que l’on peut y boire, mais je sais que ce nombre est de plusieurs centaines (il me semble que c’était 300, mais la soirée était trop arrosée pour que je m’en souvienne avec précision). Devant tant de choix, j’opte pour une solution : me diriger d’emblée vers une valeur sûre, genre Orval, Chimay ou Westmalle. Sauf qu’au Palais de la Bière, ce n’est pas possible ! Car si le serveur met tout en oeuvre pour cerner vos goûts personnels, il fait aussi le maximum pour vous emmener vers l’inconnu ! Et ça marche, tellement il est persuasif : on se laisse donc conduire avec délectation en territoire nouveau. J’ai d’abord bu deux bières très fruitées (dont j’ai malheureusement oublié le nom), goûtant aussi au passage d’autres bières dans le verre de mes voisins (dont la Bourgogne des Flandres que m’avait conseillée Albert, il faudra que j’en parle un jour … de la bière, pas d’Albert, quoique !).

A la troisième bière (la dernière de la soirée, j’ai rarement été aussi sérieux !), le serveur, sûr de son coup, m’amène une Cantillon. Je ne connais pas cette bière. A la première gorgée, je ne regrette pas de ne pas la connaître, car elle me semble être plus proche du vinaigre que de la bière. La deuxième gorgée me fait déjà changer d’avis, elle a quand même un « goût de reviens-y », comme on dit chez nous autres en Franche-Comté. Tous les gens de la tablée goûtent dans mon verre et tout le monde (sauf Mélanie) trouve cette bière plutôt mauvaise, voire même infecte.

Les gorgées passent les unes après les autres, à un rythme très lent, à cause peut-être de l’acidité mais aussi parce que le goût reste très longtemps en bouche, une saveur très particulière que je ne saurais décrire (c’est dur de décrire avec des mots des saveurs !). Et puis une idée fait progressivement son chemin au fil de la dégustation : il ne peut s’agir que d’une bière d’exception !

Rentré le lendemain en Franche-Comté, je me précipite sur mon ordi où je me souviens avoir enregistré il y a quelques années un fichier excel réalisé par je ne sais qui et qui présente plusieurs centaines de bières, dûment décrites et notées. Et là, surprise (ou plutôt demi-surprise), la Cantillon est classée la meilleure des bières (classée 18,5/20) parmi un choix de 642. La Cantillon y est décrite avec les mots suivants : « arôme exceptionnel acide, boisé, aux tons verts de pommes et de miel mêlés, structuré et complexe. Saveur évolutive, acidité douce. Paradoxe du goût brut et fin. Alliance de saveur sublime ».

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Cette bière exceptionnelle se garde plus de vingt ans, elle fait partie de la famille des lambics, une famille de bières particulières que l’on obtient uniquement autour de Bruxelles. Plutôt que de cultiver, comme pour les autres bières, une souche particulière de levures, les lambics sont obtenues en ouvrant les fenêtres de la brasserie à certaines périodes de l’année : ce sont ainsi les levures atmosphériques, à l’origine d’une fermentation dite « spontanée », qui vont ensemencer le « brassin ». C’est en mélangeant plusieurs lambics (des jeunes, des vieux) et en procédant à un assemblage savant que l’on obtiendra les bières de la famille des gueuzes (la Bécasse, la Mort Subite …) qui sont des bières n’ayant – me semble-t-il – pas un grand succès dans notre pays. La Cantillon est obtenue par mélange de 5-6 lambics plutôt jeunes, ce qui explique probablement ce côté très décapant.

La Cantillon vaut le détour ! Mais plus encore, c’est le Palais de la Bière qui, à lui seul, vaut que l’on s’arrête à Lyon. Alors, dans quelques mois peut-être … !

L’actualité vibrante

Quand l’actualité est morrose – et ça arrive souvent ces temps-ci – on aimerait entendre de temps en temps aux infos un petit truc rigolo, qui nous fasse sourire. Il doit quand même bien se passer des choses humoristiques dans notre bon vieux pays, non ?

Le Canard enchaîné a relevé un truc sympa dans « le Progrès » du 23 mars dernier. Il y est fait état d’une opération entreprise par 15 militaires et le service de déminage de la Préfecture du Rhône en raison d’une alerte à un colis piégé au bureau de poste d’Eculy. En fait, il ne s’agissait que d’un vibro-masseur qui s’est mis en marche dans le bureau de poste à l’intérieur du colis. J’imagine la gueule hilare des mecs qui ont ouvert le colis. Le Canard a publié un entrefilet sur cette affaire sous le titre de « Oh, my Gode ! ».

Des infos comme ça, donnez-nous-en tous les jours. Je suis sûr qu’en cherchant bien, il y en aurait des tonnes !

Un drôle d’oiseau !

Non, non, Vincent, si tu as cru qu’avec un titre pareil j’allais parler de toi, c’est raté. Ce sera pour une autre fois. Je veux simplement parler d’un petit volatile que peu de personnes connaissent. Sans être fréquent, il n’est pourtant pas rare : il s’agit du torcol fourmilier.

Ce petit oiseau a sensiblement la taille du moineau. Il est étonnant mais il faut avoir la chance de l’observer de près. Etonnant d’abord par son plumage finement chamarré qui est une extraordinaire tenue de camouflage. Etonnant aussi par les mouvements de la tête, l’oiseau ayant la possibilité de tourner la tête à 180°, tel un jouet articulé, d’où son nom de torcol. Vous aurez compris aussi que c’est un mangeur de fourmis, son nom complet le précise.

Le chant du torcol est très particulier, on ne peut le confondre avec aucun autre, ça ressemble à une série de cris de pics mais en très nasillard, on peut le traduire par kin kin kin kin kin kin … (on dirait un pic épeichette qui aurait trop écouté Bob Dylan ! Mais peut-on trop écouter Dylan ?).

Samedi matin, au lever du jour, j’ai crû entendre un cri de torcol depuis mon jardin. La veille encore, il n’était pas encore revenu d’Afrique, j’en suis quasiment sûr, je l’aurais sans doute remarqué, étant très habitué à entendre son chant et j’avais passé la journée entière dans le jardin. Une heure plus tard, un torcol se met à chanter à tue-tête à une dizaine de mètres. C’est bien lui, il est enfin là. Plus tard dans la matinée, je passe à côté d’un nichoir à oiseaux et me dis que je ferais bien de le nettoyer, avant que les oiseaux ne s’y installent. A peine ais-je touché le nichoir qu’une tête affolée de torcol passe par le trou d’ouverture du nichoir puis y retourne précipitamment.

Je suis stupéfait de voir qu’un oiseau qui était encore absent la veille puisse aussitôt reprendre possession de ses anciens quartiers aussi rapidement. Car il s’agit bien entendu du même torcol que l’an passé et qui aura fait un petit séjour en Afrique entre temps ! Cette facilité à revenir sur les mêmes lieux, année après année, est étonnante, elle m’impressionne à chaque printemps. On pourrait écrire des pages et des pages sur les mystères de la migration.

Cette petite anecdote m’a donné envie de mettre en ligne aujourd’hui, sur ma galerie photos, une petite série d’images consacrée à ce drôle d’oiseau.

Avril : mois difficile pour certains oiseaux !

Dan me fait savoir ce soir qu’il y a beaucoup d’oiseaux à son poste de nourrissage, des verdiers, des tarins, et notamment huit gros-becs. Beaucoup de gens pensent qu’il faut arrêter de nourrir les oiseaux aux premiers rayons de soleil et c’est ainsi que beaucoup ont cessé cette activité juste après la période de neige du début mars. Erreur ! Car s’il est des mois difficiles pour nos amis les zoziaux, c’est bien les mois de fin d’hiver et de début de printemps.

S’il ne fallait nourrir que quatre mois, ce ne sont surtout pas les mois de novembre, décembre, janvier et février mais bel et bien ceux de janvier, février, mars et avril. Il y a un groupe d’oiseaux, regroupés au sein de la famille des FRINGILLES, qui souffrent beaucoup en fin d’hiver. Font partie de cette famille les verdiers, les chardonerets, les gros-becs, les tarins … en gros ceux qui ont un bec puissant et s’en servent pour décortiquer des graines. Ce sont donc des granivores et ils vont donc avoir énormément de mal à faire la jonction avec la belle saison. Les mésanges, elles, pourront toujours se nourrir des premiers insectes printaniers. Mais les bouffeurs de graines : tintin ! Vous remarquerez d’ailleurs que le nombre de verdiers, chardonnerets … augmente avec le déroulement de l’hiver. Les fringilles sont bien plus nombreux aux mangeoires en mars qu’en décembre.

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En temps normal, je nourris ces oiseaux à longueur de journée jusqu’en fin mars, puis réduis progressivement l’apport de nourriture, en ne mettant plus que quelques poignées de graines au lever du jour. Mais cette année, il y a deux raisons supplémentaires pour continuer à pratiquer le nourrissage des oiseaux un peu plus longtemps que d’habitude :

1 – l’automne passé a été marqué par une quasi-absence de graines dans la nature, 2005 ayant été une des années les plus pauvres en fruits, baies et graines. De ce fait, l’hiver a été rude pour beaucoup d’oiseaux qui ont dû fuir plus au sud (exode sans retour pour la plupart !).

2 – cet hiver est particulièrement long (il a beaucoup neigé aujourd’hui alors que nous sommes le 5 avril) et les fringilles en souffrent d’autant plus.

En résumé : absence de graines + hiver long font de l’hiver 2005-2006 l’un des plus durs pour la faune sauvage et notamment pour la famille des fringilles, la plus exposée.

Alors, faisons comme Dan, continuons encore un peu à nourrir ces oiseaux. Et comme c’est pour le plus grand plaisir des yeux, ça ne gâte rien !

Armstrong, « le roi du bottin » !

Quand on prononce le nom d’Armstrong, 95 % des gens pensent bien sûr à Lance, le cycliste, celui que certains admirent et élèvent au rang d’un dieu et que d’autres accusent de se shooter à des substances illicites non détectables. Il y aura 4% des gens qui penseront plutôt à Neil, ce premier homme à avoir marché sur la lune en 1969. Et puis, il ne restera peut-être que 1% des gens à penser à Louis, le musicien, chanteur et trompettiste de jazz, qui fut l’un des plus grand musiciens du 20ème siècle. Je fais partie de ce 1%, non pas que j’ignore les exploits de Lance et de Neil, mais la musique d’Armstrong revient tellement souvent sur ma platine !

Il y a bien sûr le son et les notes qu’Armstrong tire de sa trompette. Les biographes disent qu’Armstrong a appris tout seul à jouer de cet instrument. Il était alors adolescent et avait été placé en maison de redressement pour coup de feu prohibé en pleine rue. C’est donc au sein de cet établissement peu fréquentable qu’il découvre le cornet (c’est un peu l’ancêtre de la trompette) et apprend seul à s’en servir, ce qui explique le son particulier qu’il en tire, n’ayant pas appris à plaquer correctement les lèvres sur l’instrument.

Cette manière de composer et de jouer de la trompette influencera considérablement le jazz, Armstrong pouvant être considéré comme l’un des pères de cette musique et en tous ces cas, celui qui sortit la musique des ghettos de la Nouvelle Orléans pour en faire cette musique universelle que le jazz est ensuite devenu.

Il faudra attendre trente ans pour qu’un autre musicien donne à la trompette de nouvelles lettres de noblesse : Miles Davis qui influencera tellement le jazz que l’on peut considérer qu’il y a un « avant Miles Davis » et un « après Miles Davis ». Encore aujourd’hui, cinquante ans après l’arrivée de Miles sur la scène musicale, tous les trompettistes ou presque se réclament de lui … même si évidemment le son et le phrasé de Miles Davis se reconnaissent dès la première note et ne peuvent être imités. Mais ceci est une autre histoire.
Revenons donc à Louis Armstrong. Il y a surtout la voix de Louis. Une voix incroyable, reconnaissable entre mille, chaleureuse et expressive comme jamais le jazz n’en a connu. Evidemment, les puristes préféreront la période des années 30 où Louis était accompagné par les Hot Five (groupe qu’il fonda en 1925), avant qu’il n’aborde, dans les années 50 et 60 (il est mort en 71) une musique plus commerciale, flirtant un peu avec la variété (Mack the Knife, Hello Dolly, La vie en rose …). Mais même dans sa dernière période, certes moins riche sur le plan musical, la voix d’Armstrong suffit à hisser sa production de l’époque à un très haut niveau, celle des plus grands. J’aime aussi ces dernières années de sa vie, même si, en général, je n’aime pas trop ce qui s’approche de la variété. Dans les années 60, la musique d’Armstrong était encore si appréciée que la chanson Hello Dolly a même réussi à détrôner, en pleine effervescence rock en 1964, can’t buy me love des Beatles, au hit parade. Un exploit quant on sait que les Beatles y occupaient la première place, quasiment en permanence ! Le succès posthume qu’a connu a wonderful world dans les dernières années est une illustration de cette période « variétés », assez éloignée de l’esprit du jazz, mais ô combien émouvante, grâce à l’émotion qui passe dans la voix.

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Je ne sais plus qui a dit que même si Armstrong chantait le bottin (l’annuaire), ça serait génial. Je le crois volontiers.

Mais revenons à la case départ : quand on écoute certains morceaux déjantés comme la version de basin street blues de 1933, dans lesquelles Armstrong donne libre cours à sa voix, on se demande si lui aussi, n’était pas, comme son homonyme Lance 70 ans plus tard, lui aussi shooté à l’EPO. Vous ne croyez pas ?

Au rythme des saisons

Ce matin, dès 9H30 des coups de fusil en série éclatent de l’autre côté de la rivière. Ah oui, j’avais oublié, le ball-trap hebdomadaire du dimanche matin recommence, et ce, jusqu’à septembre prochain (jusqu’à l’ouverture de la chasse à vrai dire). Qu’il est doux le son du fusil qui vient faire taire, le temps de quelques instants, le vacarme assourdissant des oiseaux qui nous cassent les oreilles. J’aime ces sons de 22 long riffle et de carabines qui marquent le rythme des saisons.

Le bruit des balles marque le rythme saisonnier avec une grande précision. Il suffirait que je ferme les yeux, en m’imaginant coupé du monde sans la moindre notion du temps, pour que j’arrive à deviner, grâce aux sons des fusils, quel mois, quel jour de la semaine et même parfois quelle heure de la journée on est. Des coups de feu qui recommencent après plusieurs mois d’absence ? Facile : nous sommes en septembre, la chasse à réouvert. Des coups de feu qui durent 24H sur 24 ? Nous sommes assurément en octobre, le Dédé est à la passe aux canards jour et nuit, même aux heures illégales. Ca tiraille de partout : aucun doute, c’est la fin janvier, les gars sont énervés car c’est le dernier jour de chasse et ils tirent sur tout ce qui bouge ! Des tirs continus deux jours consécutifs ? Ce sont les deux jours de tournoi de ball-trap du 15 août. Aucun tir dans la journée ? Nous sommes donc vendredi (jour de fermeture hebdomadaire de la chasse). Des tirs qui s’arrêtent brusquement ? il est 11H30, quelqu’un a dû crier “apéro !” au ball-trap.

D’autres personnes, écolos rêveurs probablement , affirment sans rire que le rythme des saisons est plutôt marqué par les cris et le chant des oiseaux. Fadaises que tout ceci : il arrive que la mésange se mette à chanter en septembre alors que l’on ne s’y attend point, que la poule d’eau se mette à crier en pleine nuit et que l’étourneau en mars imite le chant du loriot du moi de mai. Non, non, les oiseaux ne sont pas fiables, ce ne sont pas de bons indicateurs saisonniers. Alors qu’avec les armes à feu : la précision horlogère d’une mécanique bien huilée !

Des statistiques qui en disent long …

A la fin de chaque mois, je consulte les statistiques de mon blog pour voir un peu comment ça évolue au niveau fréquentation. C’est fou ce que c’est intelligent ce machin qui vous dit tout, jour par jour, mois par mois. Ainsi, pour le mois de mars, il y a eu 1028 consultations du site, 321 visiteurs différents (chacun effectuant en moyenne 3,21 visites par mois et restant en moyenne plus de 12 minutes) etc …

Mais le plus rigolo, c’est de voir comment les gens sont parvenus sur mon blog. Ainsi un internaute y est arrivé en tapant avec google les deux mots clés « photos nues ». Alors mec, pas trop déçu d’y trouver beaucoup de bêtes à plumes et aucune à poil ?

Bonnes et mauvaises herbes

LE COIN DU JARDINIER (4). Le printemps amène son lot de bourgeons et de fleurs, mais aussi son tas de … mauvaises herbes ! Le jardinier passe beaucoup de temps à les éliminer ou tenter au moins de les contenir à un niveau acceptable. Toutes les herbes réputées mauvaises ne le sont pas vraiment toutes, et d’ailleurs le concept de « mauvais » ou de « nuisible » n’est plus, à mon sens et dans un contexte de diminution de la biodiversité, à employer aujourd’hui. D’autant plus que les jardiniers modernes se mettent aujourd’hui à parler de « bonnes mauvaises herbes », allez donc vous y retrouver !

Mais bon, là n’est pas mon propos d’aujourd’hui, il est plutôt de vous apprendre à reconnaître de manière facile et imparable si une herbe est « mauvaise » ou « bonne ». C’est un véritable scoop car les jardiniers se la posent, mais sans la résoudre avec certitude, depuis des millénaires. En fait, la réponse est très simple, il suffit d’arracher la plante. Si elle repousse, elle était forcément « mauvaise ». Intéressant comme technique, non ?

J’imagine d’ici la tête de celui qui est sceptique quant à la méthode employée, mais j’imagine aussi le regard allumé et malicieux de celui qui a compris toutes les applications qu’on peut en tirer. Je l’entends déjà me dire avec un sourire en coin « et si j’extrapole et que j’utilise ta méthode pour faire la différence entre mauvaises gens et bonnes gens ? ». En un sens, je comprends sa question car je remarque qu’il arrive à beaucoup de mauvaises gens de mourir mais qu’il en revient toujours autant. Et je lui répondrais tout de go « Extra, Paul ! Mais sache que je décline toute responsabilité quant à la méthode employée ».

Je ne tiens tout de même pas à me retrouver face à un procès, pour un simple conseil en jardinage !

Histoire de planète déprimée

Je ne sais plus où et quand j’ai entendu cette histoire. C’était il y peut-être six mois, ou un an, ou même deux. Je ne sais même plus qui me l’a racontée (Dupdup, tu ferais pas un début d’Alzheimer, par hasard ?).

Ca racontait l’histoire d’une planète qui en rencontre une autre. Cette dernière a l’air fatiguée, déprimée. « Qu’est-ce que tu as, tu m’as pas l’air bien, tu as mal où ? « . L’autre lui répond « J’ai mal à l’humanité ». Et la première : « Oh tu sais, ça finit par passer ».

Voilà, c’était juste la petite histoire du soir, pour vous redonner le moral !

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A propos de la grippe aviaire (6)

Dans mon dernier article sur la grippe aviaire, la semaine dernière, je regrettais que des journaux considérés sérieux comme le Monde puissent continuer à montrer du doigt les oiseaux migrateurs sans prendre du recul et sans même relater les propos des scientifiques qui affirment de plus en plus que les élevages industriels sont à l’origine du problème. Ce soir, un article du Monde parle enfin de cette hypothèse, renforcée par le fait que l’évolution de la maladie se fait le long des routes commerciales et non selon les voies de migration des oiseaux. Il était temps !

Mais voilà aussi que le même journal nous apporte un éclairage nouveau et intéressant sur l’épizootie. L’article d’aujourd’hui s’intitule « soupçons sur les poissons et les porcs » et nous dit que « la pisciculture associée à l’élevage de la volaille et du porc (ou aquaculture intégrée) peut présenter un risque sanitaire. Dans ce type d’exploitation, généralement de taille moyenne, les fientes et les lisiers sont utilisés pour fertiliser l’eau douce où les poissons sont élevés. Or le guano d’un animal porteur du H5N1 est particulièrement infectieux. Et les particules virales peuvent demeurer actives plusieurs jours dans une eau à température moyenne – jusqu’à plusieurs semaines dans une eau à quelques degrés. Le virus peut alors se diffuser dans l’environnement et atteindre les oiseaux sauvages ». L’article nous dit aussi que c’est en Asie du sud-est que ce mode d’élevage est le plus pratiqué et que ça correspond justement aux zones où le virus pathogène est apparu.. Tiens, tiens … !

Quel dommage, c’est juste au moment où nous avons tous les yeux braqués sur le CPE que les journaux se mettent à publier sur la grippe aviaire autre chose que des âneries. Mais comme nous sommes focalisés (et avec raison) sur la crise sociale, les révélations du Monde passeront inaperçues ! Pourtant la chaîne qui est dénoncée, c’est aussi, quelque part, une sorte de CPE : Cochons – Poissons – Environnement.

On en apprend tous les jours : vous le saviez-vous que les poissons que vous mangez se nourrissent de merdes de cochons ? Saviez-vous par exemple qu’aux Pays-Bas, ce type d’élevage est de plus en plus pratiqué : les porcs sont au 1er étage, et chient directement sur les poissons qui sont l’étage en-dessous. On peut transposer cette image évocatrice à notre propre situation : nous ne sommes que des poissons : les grands lobbyings que sont les grandes filières de production se conduisent comme des porcs et nous chient dessus. Et nous : nous gobons ! Mais jusqu’à quand ? Nous ne sommes peut-être que des poissons (qui nageons de plus en plus en eau trouble, il est vrai) mais le pouvoir de révolte en plus !

Après la maladie de la vache folle due à des conditions d’alimentation du bétail anormales (farines animales données à des herbivores), la grippe aviaire due à des modes d’élevage concentrationnaires et peut-être aussi à des modes d’alimentation anormaux à base de fientes, toutes les conditions sont maintenant réunies pour qu’apparaissent, dans les années à venir, des problèmes viraux sur des tas d’animaux que nous consommons et notamment sur le poisson et le porc. Accusera-t-on alors les poissons de nos rivières ? Ou les sangliers sauvages ?

Vous avez encore envie de manger, vous ?

Tuons les hommes … par précaution !

Avant, lorsque je recevais Télérama, je filais droit à la chronique « mon oeil » d’Alain Rémond. Depuis, plusieurs années que la direction s’est séparée de son talent, Alain nous manque cruellement avec son impertinence et son humour-pince-sans-rire. Alors maintenant, chaque mercredi, mon réflexe premier est de courir, non pas à la chronique de son remplaçant, mais au courrier des lecteurs où je trouve souvent matière à réflexion, avec parfois beaucoup d’humour (les lecteurs de Télérama ont en général plus d’humour que les rédacteurs du journal, un peu coincés par leur académisme parisien très étroit).

Ainsi dans le numéro de la semaine dernière, ce courrier d’Elizabeth Giordano qui m’a fait beaucoup rire : « Une femme meurt tous les quatre jours de mauvais traitements conjugaux. Au nom du principe de précaution, je propose de tuer tous les hommes ». Ah, si les femmes se mettent à avoir autant de pulsions de violences que nous, les mecs, où va le monde ?

Un scandale de plus, me direz-vous ! (1)

Il va falloir un jour que dans mon blog il y ait une rubrique du genre : « on nous ment », « on nous manipule » ou « on nous dit pas tout ».

Il y a des tas d’infos qu’on ne lit jamais dans les journaux classiques, il faut fouiller pour les trouver ou on les reçoit alors par des amis via internet.

Ainsi cette info scandaleuse, diffusée par un conseiller municipal de Montélimar, mais dont on ne nous parle pas à 20 H sur TF1 : Sainte Bernadette est venue recueillir les 200 kg de pièces jaunes qui avaient été collectées à Montélimar, ce qui représente la somme d’environ 10 000 €. Jusque là tout va bien. Sauf que la commune de Montélimar reconnaît avoir déboursé 80 000 € pour accueillir la brave dame. Sauf aussi qu’il faut rajouter à ce montant le prix de l’affrètement du TGV spécial, du détournement de plusieurs trains sur l’Ardèche et le coût du personnel des services techniques et de la police municipale. Sauf enfin, et c’est là le plus choquant, que les chambres et repas de la « première dame de France » et de sa suite de 130 personnes ont été réglés avec un chèque de l’association « Opération Pièces Jaunes ».

Notre république prend des allures de monarchie ! Je suis scandalisé ! Pour qui prend-on le populo ?

Annulation d’une conférence très attendue

Pierre Rabhi est l’un des chantres de la décroissance et le fondateur de Terre et Humanisme. J’étais très content par avance à l’idée d’aller écouter la conférence qu’il devait donner à Besançon cette semaine. Mais une dépêche vient d’annoncer que Pierre Rabhi ne pourra pas venir et qu’il est malade. Pas atteint du virus rabhique tout de même ?

En fait, Pierre Rabhi a attrapé le virus du paludisme en Afrique. Heureusement que dans son état, il ne vient pas à Besançon, la soirée aurait été « paludique pour un sou ».

Petit problème de synchronisation et de relais locaux : quel dommage que les associations aient fait de la pub pour cette conférence pendant tout le mois de mars, alors que Pierre Rabhi avait annulé toutes ses interventions … dès le 1er mars !

John Mayall, figure de légende (2)

John Mayall passait avant-hier soir à Besançon pour un concert qui fait partie d’une tournée européenne, (avec notamment 20 concerts en France). Avec cinquante ans déjà de vie consacrée au blues (son premier groupe date de 1956), le Monsieur n’est plus un débutant : bientôt 73 balais au compteur.

Il y avait pas mal de monde ce soir-là à Micropolis mais la salle n’était pas pleine. Beaucoup de cinquantenaires comme moi, dont quelques mecs un peu éméchés et un peu chiants pendant le concert, mais aussi pas mal de jeunes. Après une première partie consacrée à un chanteur-guitariste qui s’accompagne d’un séquenceur, les Bluesbreakers arrivent sur scène. La formation n’a plus rien à voir avec le premier groupe mythique de Mayall, les musiciens (qui, à l’époquent s’appelaient Eric Clapton, Jack Bruce ou Peter Green) ne sont plus les mêmes. Ils sont rejoints par John Mayall au 3ème morceau.

Pendant toute la soirée, Mayall, passera du clavier à l’harmonica et à la guitare. J’ai beaucoup aimé les parties de piano/orgue et celles d’harmonica, Mayall se livrant notamment en milieu de concert à un blues endiablé avec une longue partie d’harmonica assez époustouflante (mais un peu en deça tout de même du célèbre « room to move » que j’ai attendu en vain toute la soirée). Les quelques morceaux joués par Mayall à la guitare sont moins convaincants : il faut dire que les Bluesbreakers comptent un guitariste hors-pair en la personne de Buddy Whittington qui accompagne Mayall depuis 1993. Le son de la guitare de Whittington est incisif et ressemble à celui de Mick Taylor des Stones (qui a fait aussi ses débuts avec Mayall). La complicité entre Mayall et Whittington est très forte, les deux autres musiciens sont beaucoup moins présents et je dois dire que je n’ai pas été très sensible au jeu du bassiste et à celui du batteur, leur fonction se limitant à celle d’accompagnateurs de second plan.

Dès le 5ème ou 6ème morceau, une partie du public s’est levée pour aller juste devant la scène et j’ai dû, moi aussi, quitter mon siège pour aller devant les musiciens car les gens debouts devant moi m’empêchaient de tout capter.

D’un point de vue acoustique, j’ai trouvé que la voix et l’harmonica de Mayall était moins bien sonorisés que les autres instruments, mais peut-être étais-je trop près de la scène ! J’ai beaucoup aimé la plupart des morceaux joués à ce concert, l’énergie de John Mayall et la diversité des morceaux, alternant harmonica, claviers et guitare. Bien que possèdant une trentaine de disques de Mayall (sa discographie est copieuse) et les connaissant plutôt bien, je n’ai reconnu que très peu de morceaux (ais-je la mémoire qui flanche déjà ?). Une mention particulière pour le célèbre « All your love » joué à la fin du concert (pendant le rappel je crois) et qui demeure incontestablement l’un des plus grands blues jamais créé.

Avec son énergie débordante, Mayall est parti pour jouer jusqu’à plus de 80 berges. Alors, à quand une nouvelle tournée en France ?

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(John Mayall dédicaçant ses disques après le concert)

L’histoire des piments et des poivrons

L’HISTOIRE DES FRUITS ET DES LEGUMES (1) – Je viens juste de mettre en ligne sur ma galerie d’images une série de photos consacrées aux piments (présentation de 20 variétés parmi la petite centaine que j’ai déjà cultivée). Comme l’histoire des plantes cultivées me passionne, je profite de l’occasion pour parler sur mon blog de cette plante, sauvage au départ, qui connaîtra, grâce à l’homme, des chemins divers et variés.

Premier constat étonnant : poivrons et piments, malgré les apparences, ne sont qu’une seule et même espèce botanique appelée capsicum annuum (pour les intimes). L’utilisation par l’homme de cette plante date de 5 000 ans avant JC (à une époque où les hommes étaient probablement bêtes puisqu’ils ne savaient même pas qu’ils vivaient 5000 ans avant J.C) et les graines de cette espèce ont été retrouvées lors de fouilles archéologiques de la vallée du Tehuacan au Mexique. La plante utilisée était-elle encore sauvage ou avait-elle déjà été génétiquement modifiée par des phénomènes de croisement hasardeux ou des mutations naturelles accidentelles ? On ne le saura probablement jamais. Toujours est-il que lorsque Christophe Colomb débarque en Amérique, en 1492, il découvre ce fruit (on l’appelle légume, mais botaniquement parlant, c’est un fruit) sous deux formes différentes, car les indiens avaient, au cours des précédents millénaires, déjà sélectionné cette plante pour obtenir un piment assez doux et un autre beaucoup plus fort, probablement plus proche de l’espèce sauvage (il faut rappeler que les civilisations précolombiennes avaient atteint un niveau très performant et très complexe de pratiques agricoles, cette première sélection du piment n’a donc rien d’étonnant).

Colomb pensait avoir découvert une sorte de poivre et c’est donc tout naturellement que les piments, rapidement diffusés sur toute la planète, vont prendre des noms dérivés du mot poivre : poivron, poivre d’Inde, poivre d’Espagne, paprika, pepper (en Angleterre), pepperone (en Italie), pebroun (en Provence)…

La molécule qui donne le goût piquant aux piments est la capsaïcine. Les deux formes différentes découvertes par Christophe Colomb connaîtront des destins différents : la forme la plus forte, celle qui contient le plus de capsaïcine, donnera naissance à ce que nous appelons aujourd’hui communément les « piments » servant d’épice dans de très nombreuses préparations. Ceux-ci seront diffusés grâce aux Portugais (qui étaient à l’époque un peuple d’agriculteurs mais aussi de navigateurs) sur plusieurs continents et notamment en Afrique et en Asie, et évidemment sur tout le bassin méditerranéen.

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L’autre forme, la plus douce, va être progressivement adoucie par la sélection, jusqu’à obtenir un piment complètement dépourvu de capsaïcine, que nous appelons aujourd’hui « poivron ». Le poivron n’est donc qu’un piment doux, dépourvu de piquant et affadi au fil des siècles. C’est ce piment doux qui fera la conquête des européens non méridionaux. Jean-Luc Danneyrolles résume, de manière très imagée, cette évolution : « le poivron va s’embourgeoiser, prendre du poids, de l’épaisseur, et même du ventre ! Il est devenu un beau gros légume débonnaire ».

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La force des piments est évaluée selon l’échelle de Scoville qui va de 0 à 10 selon le taux de capsaïcine contenu (de 0 pour les poivrons, appelés aussi piments doux, à 10 pour les piments très forts tels que Habanero ou Squash Red).

Ceci n’est qu’un raccourci de l’histoire de cette plante étonnante qui est partie un jour à la conquête de la planète. Pour plus de détails, on consultera avantageusement un ouvrage extraordinaire et très documenté: l’encyclopédie du potager (14 auteurs différents), éditions Actes Sud.