Louis Sclavis et sa bande

Il y a quinze jours, dans un article consacré à Michel Portal, j’ai écrit que le jazz français me semblait aujourd’hui moins inovateur et que, Portal mis à part, j’étais de moins en moins surpris, même si la musique restait toujours excellente.

Mais, même si je trouve que le jazz tourne un peu un rond, je me rends toujours avec délices aux concerts de Texier, Humair et Romano lorsqu’ils passent dans le coin. Hier soir, je n’ai pas failli à la règle et je suis donc aller écouter Louis Sclavis entouré de son septet. Et là encore, j’ai une nouvelle fois beaucoup aimé.

Première surprise : un quart d’heure avant le concert, un spectateur du premier rang se lève, se tourne vers le public, sort de sa poche une petite flûte et se met à jouer. Silence dans le public. Applaudissements chaleureux et nourris à la fin de la prestation qui n’aura duré que le temps de deux petits morceaux enchanteurs et très enjoués. Inattendu et spontané. J’aime ce genre d’imprévus.

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(toutes les photos sont de Joëlle)

Sclavis et sa bande arrivent enfin sur scène avec une formation très au point. Il y a évidemment Sclavis lui-même, aussi volubile que d’habitude, passant tour à tour de la douceur la plus émouvante à l’explosion de notes, jouant tour à tour de saxos et de clarinettes.

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Il y avait aussi Médéric Collignon, musicien accompli et délirant jouant aussi bien de la voix, de la trompette que des effets spéciaux. J’avais déjà eu l’occasion de l’écouter l’an passé lors d’un concert étonnant donné dans le cadre du festival des musiques improvisées, également en compagnie de Louis Sclavis.

Je rêvais depuis longtemps d’entendre sur scène Vincent Courtois et son violoncelle. Courtois passe d’un genre à l’autre, on y entend des réminiscences de musique classique pour se retrouver quelques secondes plus tard dans une ambiance très free. J’ai surtout été surpris de constater que le violoncelle pouvait devenir un instrument rythmique à part entière. Le violoncelle de Courtois, associé à la batterie de François Merville, ont parfois donné un rythme très hypnotique et très scandé que n’auraient pas renié les musiciens d’un groupe comme Magma.

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En Jazz, je ne suis pas très porté sur la guitare électrique et j’ai pensé au début du concert que Sclavis aurait pu se passer d’un guitariste. Mais au fil de la soirée, Hasse Poulsen a imposé son style avec des solos de moins en moins jazzy et de plus en plus rock (à un certain moment, on n’était pas très loin de Purple Haze d’Hendrix).

L’une des surprises de la soirée est venues du chanteur de rap Dgiz. J’ai beaucoup apprécié le rythme des mots et la présence sur scène mais je dois dire que je n’ai pas trop compris les paroles, sa voix me semblant moins bien sonorisée que les intruments des musiciens.

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Le concert portait le nom très évocateur de « éloge de la colère ». Le texte présentant le concert résume très bien ce qu’on a entendu : « Jazz, musiques italiennes, bouffées délirantes, fulgurances vocales et cuivrées, le septet atteint quasiment la vitesse et l’énergie d’un groupe de hard-rock avant de redescendre en piqué dans des tarentalles épatantes. Accrochez-vous, délire musical garanti ».

La machine était bien rodée. Bien sûr, le jazz est l’art de l’improvisation, mais on a trop souvent l’habitude aujourd’hui d’entendre des musiciens qui jouent les uns à côté des autres, de manière plutôt individuelle avec parfois l’impression désagréable qu’ils ne s’écoutent pas les uns les autres. Là, ce soir là, à Besançon, il se dégageait de la scène une espèce d’intelligence collective.

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Mais déjà le concert se termine-t-il qu’une autre soirée se profile en vue. Ce soir, toujours à Besac, il y a Michel Portal ! Que je ne louperai à aucun prix !

Ces arbres qui nous enterreront

J’habite un petit village (Bussières en Haute-Saône) où il n’y a pas vraiment de patrimoine, tout du moins au sens où on l’entend habituellement. Les maisons n’ont pas une architecture remarquable et le château y est d’un style très moyen. Seule l’église sort un peu du lot (comme toutes les églises de Franche-Comté d’ailleurs qui sont toutes plutôt belles). Il y avait bien un superbe lavoir mais il a été transformé en petite salle des fêtes. Il y a aussi une fontaine mais sa réfection indispensable et son entretien courant sont sans cesse remis aux calendes grecques.

Alors, en matière de patrimoine, vu la pauvreté ambiante, on s’accroche à ce qu’on peut. Par exemple aux arbres qui font aussi, d’une certaine manière, partie de notre patrimoine. Il y a ainsi un arbre qui m’a toujours semblé donner un peu de cachet au centre du village. Il s’agit d’un marronnier. Oh, c’est loin d’être un arbre remarquable, au contraire, sa taille n’est pas très grande mais il est là depuis quand même pas mal du temps, on ne sait pas trop depuis quand au juste … ! Il a même une petite histoire, faite de petits riens : c’est là que les gamins installaient chaque année la crêche de Noël (j’étais de ceux-là il y a 45 ans), c’est aussi sous ses branches que quelques générations de jeunes garçons ont embrassé leur première fille (je ne dirai pas si j’étais aussi de ceux-la), car cet arbre a été aussi un lieu de rencontre.

Il y a cinq ans, la commune a pris un arrêté municipal pour le couper, sans vraiment de raisons apparentes. Il est possible que quelques vieux grincheux du coin (ceux que Brassens appelaient les « vieux cons ») aient été gênés par les feuilles mortes à l’automne. J’ai ouï dire qu’un expert avait trouvé l’arbre en mauvaise santé mais aussi qu’un contre-expert l’avait trouvé plutôt sain. Alors, allez savoir … ! Il aurait pu y avoir débat au sein du village mais la municipalité a pris une décision unilatérale et arbitraire, selon l’adage bien connu « qui veut couper son arbre l’accuse de la hache ! ».

En ville, les vieux arbres dépérissants, même dangereux, font l’objet d’attentions particulières, ce qui est la moindre des choses. Ainsi les arbres des parcs publics de Besançon. En milieu rural, au contraire, on s’en tape !

La décision était prise, mais l’arbre n’était pas encore coupé ! Quand je me suis étonné de la décision des élus, le maire de l’époque a reconnu que le conseil municipal était peut-être allé un peu vite en besogne et que l’abattage de l’arbre n’était pas forcément une bonne décision. Souhaitant même visiblement faire marche arrière, il m’a conseillé de donner mon avis dans le bulletin municipal. Ce que j’ai évidemment fait.

Les arguments de mon article étaient faciles : l’arbre avait une allure saine, il n’avait aucune branche morte, aucun signe extérieur de maladie, il avait surtout essuyé sans dommages les deux tempêtes de juin et décembre 99… Beaucoup d’habitants ont été de cet avis, d’autant que j’ai joué aussi sur la corde sentimentale en rappelant la petite histoire de l’arbre (voir ci-dessus). A la suite de l’article, ça a discuté un peu dans le village et les élus n’ont pas osé appliquer l’arrêté.

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Aujourd’hui, l’arbre est toujours debout, en très bonne santé apparente. Et même en très bonne santé tout court, comme semble le confirmer le fait qu’il ait passé sans encombres la canicule de 2003 et n’en ait même pas subi les contrecoups. Par contre son sort n’est toujours pas complétement réglé car si la commune n’a pas osé le tronçonner (par conviction ou par peur de la réaction des habitants ?), elle n’a pas non plus annulé sa décision, de peur peut-être de se désavouer.

Quand je regarde aujourd’hui les protagonistes de cette histoire qui date d’il y a cinq ans déjà, je m’aperçois que les moustaches du Dédé ont blanchi, que le René, depuis son opération, n’a plus la démarche aussi sûre, que moi-même ai pris pas mal de rides et même quelques kilos superflus (mon « tronc » s’est épaissi mais de manière moins harmonieuse que celui d’un arbre) … mais que le marronnier se porte … comme un charme !

Dans un contexte haut-saônois où bon nombre de vieux arbres du département sont systématiquement éliminés, notamment le long des routes, je me dis que tous ces arbres, que l’on accuse d’être malades, si on les laissait vivre jusqu’à leur belle mort, enterreraient tous ces élus éphémères qui prennent à la hâte les décisions d’abattage… et peut-être enterreraient même aussi leurs descendants les plus proches !

C’est peut-être aussi ma petite fierté à moi, de penser que cet arbre, sauvé (pour l’instant) à la suite d’un tout petit article de rien du tout, va probablement me (nous) survivre !

Spermatozoïdes en souffrance ! Ah bon ?

L’espèce humaine ne se porte pas bien. Les dernières études montrent même que le nombre de spermatozoïdes de l’homme a baissé de moitié, en cinquante ans seulement !

Diminué de moitié en cinquante ans ! A la réflexion, ces chiffres me réconfortent. Car si j’ai deux fois moins de spermatozoïdes à 90 ans qu’à 40 (c’est à dire que 50 ans plus tôt), ça me permet d’espérer quand même une vieillesse beaucoup plus « guillerette » que je ne n’aurais pu l’imaginer !

A mes admiratrices : patience : dans 38 ans, ça ira encore !

Faut-il des riches, faut-il des pauvres ? (5)

Suite de notre rubrique destinée aux naïfs qui croient encore que la baisse du niveau de vie, c’est pour tout le monde. Deux infos très récentes :

1 – Zacharias, patron de Vinci, n° 1 du BTP, se fait éjecter de son siège avec la coquette somme de 200 à 300 millions d’euros, plus peut-être 8 millions supplémentaires qu’il réclame à corps et à cris pour avoir réussi le rachat des autoroutes du sud de la France. Les journaux ont calculé qu’il avait mis de côté une somme représentant l’équivalent de 5 766 années de la rémunération moyenne d’un salarié de Vinci (source : Le Canard Enchaîné du 21 juin). Je viens de faire un petit calcul rapide : en se basant sur 40 annuités de travail par salarié et 2 enfants par couple, les petits Zacharias à venir vont pouvoir se rouler les pouces pendant toute leur vie, et ceci pendant 6 générations complètes. Les 64 Zacharias de la dernière génération à en profiter pourront donc remercier ce lointain aïeul qui avait travaillé si dur. Et à mon avis, comme je n’ai pas pas pris en compte les intérêts de la somme (trop dur à calculer !), les 128 pauvres petits Zacharias de la 7ème génération devraient aussi en profiter (je dis bien « les pauvres petits » car il n’est pas certain que « chez ces gens-là, Monsieur », on puisse vivre avec le salaire moyen d’un employé de chez Vinci).

2 – Le numéro Un européen de l’assurance Allianz a annoncé aujourd’hui la suppression de 7 500 emplois. Ceci dans un contexte où l’entreprise vient de faire, non pas un déficit, mais un bénéfice record de 4,9 milliards d’euros. Le responsable d’Alliantz, Gerhard Rupprecht, a déclaré sans rire que la suppression des emplois est « un pas douloureux mais nécessaire pour sécuriser la compétitivité durable d’Allianz » (source : LeMonde.fr d’aujourd’hui). Il fallait oser le dire !

L’Europe en marche. Pour le meilleur ou pour le pire ?

L’Europe continue d’avancer. Malgré les pieds de nez des Français et des Néerlandais. Malgré aussi l’arrêt du processus démocratique de consultation de la base (la plupart des Etats, qui craignent la contagion, ont arrêté de demander l’avis du bas-peuple sur la question de la constitution). L’Europe continue donc, comme si de rien n’était. Pour le meilleur et pour le pire.

Deux infos glanées dans leMonde.fr des dernières semaines :

1 – L’Agence Européenne des Médicaments (EMEA) s’est déclarée favorable, mardi 6 juin, à l’utilisation de l’antidépresseur Prozac chez les enfants âgés de 8 ans et plus en cas d’épisodes dépressifs majeurs. Le comité scientifique de l’EMEA a considéré que « le bénéfice de l’utilisation de Prozac dans cette indication l’emporte sur les risques potentiels ». La décision d’étendre la consommation du Prozac aux enfants s’appliquera à tous les pays de l’Union et devrait entrer en vigueur en France à la fin de l’année.

2 – La commission européenne travaille sur un nouveau réglement de l’agriculture bio. Si ce projet était accepté, l’Union Européenne tolèrera que les produits étiquetés « bio » puissent contenir des OGM et puissent être cultivés avec des produits chimiques comme les pesticides. En outre, selon le projet de la Commission, il sera interdit de mentionner sur les étiquettes qu’un produit a été soumis à des exigences supérieures au règlement européen. En gros, si le produit est réellement bio, il sera interdit de le dire ! Ce réglement pourrait sonner le glas de l’agriculture bio. Une première mouture du projet a été rejetée mais le dossier va être repris à partir du 1er juillet prochain.

Jusqu’à présent, j’étais persuadé que s’il y avait au moins un domaine où l’Europe allait dans le bon sens, c’était bien le domaine de l’environnement (directive habitats, oiseaux migrateurs…). J’ai subitement un doute.

On nous dit que l’Europe stagne à cause de la France. Mais les lobbies, qu’ils soient agricoles ou pharmaceutiques ne stagnent pas, ils continuent d’avancer.

Braves gens, vous pouvez une fois de plus dormir sur vos deux oreilles, nos élus européens veillent sur vous et votre santé !

Ma chanson du jour

J’ai souvent une chanson qui me trotte dans la tête. Il n’est pas rare qu’on attrape au vol un air et qu’il ne vous quitte plus de la journée. Pour le meilleur ou pour le pire. Car si une mélodie de Trenet peut vous accompagner tout le jour durant, il arrive aussi qu’on récupère au passage l’air de « la danse des canards », l’air probablement le plus bétifiant que l’on puisse rencontrer sur la planète et alors … impossible de s’en débarasser, impossible de le refiler à quelqu’un d’autre !

Aujourd’hui j’ai plus de chance, la chanson du jour est plutôt pas mal, elle m’est venue en tête en revenant de piocher mes patates.

Ma visite aux champs a commencé par une très mauvaise surprise : mes pommes de terres sont envahies de doryphores. Aucun pied n’est épargné, ils sont partout, et en plus ça baise sur toutes les feuilles, la chaleur ayant probablement donné des tas d’idées torrides à ces petites bestioles.

En me penchant et en observant de très près (mon oeil de naturaliste cherchant toujours la petite bête), je me suis rendu compte que pendant l’accouplement, les femelles continuent de grignoter leurs feuilles de pommes de terre, comme si de rien n’était. Le mâle est sur leur dos, mais tant pis, elles continuent de becqueter, becqueter … Cela dit, les mâles n’ont pas l’air d’y mettre beaucoup d’ardeur, on ne peut pas dire que ça gigote beaucoup sur les feuilles de patates, ceci explique donc peut-être celà … !

En revenant des champs, tout en souriant de mes observations entomologiques dont on ne trouve aucun mot dans les manuels, un air de Brassens m’est venu, allez savoir pourquoi, tout naturellement en tête. Il s’agit de la chanson « Quatre-vingt quinze fois sur cent, la femme s’emmerde en baisant, qu’elle le taise ou le confesse, c’est pas tous les jours qu’on lui déride les fesses… ».

Voilà, je l’ai ma chanson du jour !

Retour inespéré du castor

Le retour du lynx a fait coulé beaucoup d’encre il y a une dizaine d’années. Celui du loup, aujourd’hui aux portes de la Franche-Comté, fait aussi l’objet d’attention de la part des médias.

Par contre, le retour du castor est passé un peu plus inaperçu, malgré un article dans l’Est Républicain il y a quelques mois.

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La Haute-Saône peut s’enorgueillir du retour de cet animal, disparu depuis problablement trois siècles (on considère qu’avant cette époque, cette espèce vivait sur toutes nos rivières) . La réapparition de ce rongeur énorme (jusqu’à trente kilos, 1,20 m de longueur) s’est faite sur la rivière « la Coney », petit affluent de la Saône, dans le secteur de Corre/Vauvillers. La découverte du castor sur le territoire de la Haute-Saône est due, il faut le souligner car une fois n’est pas coutume, à deux agents passionnés de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (Olivier Roch et Nicolas Petit).

Mais d’où vient cet animal, alors qu’il n’en subsistait que quelques colonies dans la basse vallée du Rhône ? C’est dans les années 80 que quinze castors de la vallée du Rhône ont été capturés et relâchés en Lorraine où la réintroduction a été un véritable succès. En 1992, il occupait tous les sites de la Moselle et de ses affluents. Alors, comment passer du bassin rhénan à la petite rivière « le Coney » qui est dans la bassin rhôdanien ? C’est en suivant le canal de l’Est que ce sympathique animal a fini par découvrir le département de la Haute-Saône. Cette observation est d’autant plus intéressante qu’elle peut préluder à une colonisation de toute la vallée de la Saône et de ses affluents (ce qui était impossible en remontant le Rhône car Lyon et son urbanisation constituent un verrou infranchissable).

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L’Est Républicain qui avait, en son temps, salué la réapparition du castor, avait alors publié ces lignes : « Sur la planète, 30 à 60 espèces animales et végétales disparaissent chaque jour. A contre-courant, la Haute-Saône enrichit son patrimoine naturel ». Faut pas exagérer, la Haute-Saône ne va pas quand même pas sauver la planète ! Enfin, si ça pouvait être vrai … !

Petit plaisir du jour

Le printemps se termine. La saison de reproduction des oiseaux tire à sa fin. Déjà bon nombre d’oisillons ont quitté le nid. Ainsi les mésanges, bergeronnettes, sittelles … !

En ce moment, le rouge-queue à front blanc nourrit ses jeunes derrière la maison, ceux-ci devraient sortir du nid d’ici un jour ou deux (voir la série d’images que j’ai déjà consacrée à cet oiseau).

A vingt mètres de là, un torcol fourmilier s’est également installé dans un nichoir (celui dont je parlais dans mon article du 6 avril) et les jeunes sont également sur le point de s’envoler vers une vie nouvelle (voir également la série d’images sur cet oiseau). Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion d’observer cet oiseau très discret et Nico est venu le photographier hier. Il m’a envoyé ses photos, et là, surprise : le torcol qui est photographié porte une bague !

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(photographie aimablement prêtée par Nico)

Il n’y a que quelques endroits en Franche-Comté où l’on pratique le baguage (activité scientifique d’étude des oiseaux), dont notamment le centre où je travaille et où le torcol est régulièrement capturé, bagué puis évidemment relâché. Il y a seize kilomètres entre mon lieu professionnel et le village où j’habite et il est possible que l’oiseau vienne de là-bas. Evidemment, il pourrait aussi venir d’ailleurs, mais bon, l’idée que cet oiseau ne soit pas arrivé chez moi par hasard (et qu’il m’ait « suivi » en quelque sorte) me plait assez bien. J’aime bien ce genre de coïncidences, j’ai parfois l’impression que ça n’arrive qu’à moi ce genre de truc.

Voilà, c’était mon petit plaisir du jour. On a les petits plaisirs qu’on peut (ou qu’on se donne !).

Bordel de bordel !

On parle assez peu dans les journaux de cette gigantesque foire au sexe organisée en marge de la coupe du monde de football. 40 000 filles ont été « importées », principalement de l’Europe de l’Est et de l’Europe centrale, pour cette occasion. La législation allemande rend la chose possible, la prostitution ayant été légalisée dans ce pays en 2002.

Je ne sais pas combien de « passes » peut faire une fille dans la soirée et la nuit. Une dizaine ? Il pourrait donc y avoir 400 000 personnes qui se rendent le soir dans ces endroits un peu particuliers, que l’on a construits pour l’occasion. Il y en a pour toutes les bourses (si j’ose dire) : dans des hôtels pour les plus riches, mais surtout dans des cabanons construits dans des parcs clos de la taille de terrain de foot pour les moins riches. On y prend un ticket d’entrée et on y fait la queue ! Le chiffre quotidien de plusieurs centaines de milliers de mecs qui se livrent à cette activité montre l’ampleur de cette industrie naissante (la relation sport/sexe n’est peut-être pas nouvelle mais son officialisation est récente, elle date des derniers jeux olympiques d’Athènes). La mafia du proxénétisme s’y fait des « couilles en or » (l’officialisation de la prostitution, comme aux Pays-Bas, montre que sa légalisation n’empêche pas le développement des systèmes parallèles mafieux).

Je suis indigné en imaginant que chaque soir, des centaines de milliers de personnes, imbibées de bière et profitant de leur anonymat passager (la plupart ayant leur domicile à plusieurs milliers de kilomètres de là), vont aller se vautrer dans leur bestialité, réduisant la femme à une fonction purement hygiénique et ne la considérant que comme « un trou et du poil autour ». Faut-il leur rappeler que la masturbation peut rendre d’éminents services ?

Je suis également scandalisé de voir que les autorités apportent leur bénédiction à ces pratiques esclavagistes (toute forme de prostitution relève à mon avis de l’esclavagisme, aucune des prostituées n’ayant choisi de son plein gré de faire ce métier qui n’est pas, comme on le dit souvent, le plus vieux métier du monde… cette expression n’étant qu’un truc de mec voulant trouver à tout prix un argument pour légitimer la prostitution).

Comment Angela Merkel peut-elle accepter que la dignité de la femme soit ainsi bafouée ? Comment peut-elle accepter que l’image de l’Allemagne soit ainsi salie ? Pourquoi aucun des 32 pays ayant ratifié la convention contre la prostitution ne dénonce-t-il pas officiellement la chose ? Pourquoi les sportifs eux-mêmes (la Fifa, les équipes de footballeurs, …) restent-ils en majorité muets sur cette affaire (laissant ainsi se ternir un peu plus l’image du sport en général, et du foot en particulier) ? Et les médias, pourquoi ne parlent-ils pas plus de ce scandale ? Car la mondialisation de la marchandisation du sexe est bien un scandale !

Et les hommes ! On ne les entend pas beaucoup ! Car si cette affaire est une honte pour les sportifs, pour les autorités, pour les médias et pour nos sociétés dites « avancées », elle l’est avant tout et surtout pour les hommes.

Sous les vents dominants

(le 100ème article du blogadupdup)
Vendredi dernier, le vent avait viré à la bise. Bonne occasion pour aller observer les blaireaux en forêt. En effet, vu l’emplacement de mon affût, seule la bise ne porte pas mon odeur au terrier et me permet de faire des observations. A mon arrivée sur le site, j’ai soudain un doute puis une affreuse certitude : le vent vient à nouveau de changer de sens et la situation ne m’est plus du tout favorable, bien au contraire. Effectivement, à peine assis sur mon surplomb qui domine les terriers, un blaireau passe la tête de son antre, hume l’air avec circonspection puis rentre vite au plus profond de sa tanière. Une heure et demie plus tard, je quitte les lieux sans avoir revu l’animal. J’aurai passé tout de même une bonne soirée, le blaireau dérangé un peu moins : IL NE FAIT PAS BON ÊTRE SOUS LES VENTS DOMINANTS.

Dimanche matin, c’est jour de ball-trap pour les blaireaux du coin. Le bruit des kalashnikov est parfois supportable. Mais ce dimanche, le vent propage le bruit des canons avec une grande violence dans le petit jardin qui est habituellement mon domaine de tranquillité. IL NE FAIT PAS BON ÊTRE SOUS LES VENTS DOMINANTS.

Ce matin, je tombe sur un petit article qui traite des cas de cancers dans la zone située au nord-est de l’incinérateur d’ordures ménagères de Besançon. Le taux de lymphomes non hodgkiniens, étudié par le professeur Viel (voir la revue Environmental Science and Technology), y est multiplié par 2,5 par rapport à la normale. Tiens donc, peut-être un début d’explication, ceci explique peut-être celà ! DECIDEMENT, IL NE FAIT PAS BON ÊTRE SOUS LES VENTS DOMINANTS !

Et vive la décroissance ! (1)

La science et le progrès sont des mythes bien solides au sein de nos sociétés occidentales. Beaucoup sont persuadés que des trouvailles scientifiques finiront bien, au bout du compte, par sauver l’homme et la planète. Que l’on arrivera à inventer des machines qui fixeront l’excès de CO2 atmosphérique par exemple. Ou même qu’on arrivera, quand tout semblera perdu, à vivre sous cloche.

Les hommes ne croient à la science que quand ça les arrange. Or, c’est une science fondamentale (LES MATHEMATIQUES), qui nous démontre, non pas que l’on trouvera des solutions, mais au contraire que l’on va droit dans le mur. Je m’explique : tout notre système économique actuel est basé sur la CROISSANCE et tous les hommes politiques n’ont que ce mot à la bouche. Or, nous avons oublié que nous vivons dans un monde fini, qui a ses propres limites. Il est évident qu’il n’existe aucun avenir, à terme, à un modèle basé sur une croissance infinie (aussi faible soit-elle) se développant dans un monde aux dimensions limitées. Tôt ou tard le système en développement se heurte aux murs. C’est mathématique et c’est l’évidence même. On aurait d’ailleurs pu écrire ceci il y a plusieurs siècles ou même deux millénaires, les grands principes mathématiques étaient déjà les mêmes.

Aujourd’hui, il est probable que nous avons déjà atteint les limites car tous les indicateurs semblent être au rouge, que ce soit au niveau de la démographie, de la disponibilité des ressources ou de la pollution.

Je suis même persuadé que nous sommes déjà en période de décroissance. Car notre croissance actuelle (qui se ralentit d’ailleurs) n’est peut-être qu’illusoire. Elle se fait au détriment des autres, d’abord au détriment des pays du sud dont on a pillé les ressources et qui se sont appauvris, et ensuite au détriment des exploités de nos propres sociétés. Il n’y a jamais eu autant de pauvres dans le monde, il n’y en a jamais eu autant chez nous. La décroissance me semble donc être déjà là. Mais qu’elle arrive aujourd’hui ou dans vingt ans seulement, ne change pas grand chose au problème.

On peut s’attaquer au mythe de la croissance, mais de toute façon, ce mythe va tomber de lui-même. Il est inutile de s’en prendre aux groupes alternatifs, à ceux qui constituent ça et là des espaces de réflexion et d’action sur ce thème, et de les traiter d’oiseaux de mauvaise augure ou de défaitistes, l’histoire leur donne déjà raison par avance. Il n’y aura pas non plus à choisir entre deux systèmes politiques, l’un basé sur la croissance, l’autre sur la décroissance. Non, il faut dès maintenant prendre le risque d’une décroissance anticipée et maîtrisée ou se résigner plus tard à la récession. Je ne pense pas qu’il y ait d’autres solutions. Le temps joue contre nous et rien ne dit que nous pourrons, d’ailleurs, éviter le pire.

Je ne suis pas d’un naturel pessimiste, au contraire, mais je pense qu’il y aura beaucoup de casse.

Mais je pressens aussi qu’il y a plein d’aspects positifs dans la décroissance. Celà fera l’objet d’un prochain article … si j’arrive d’ici là à mettre mes idées au clair dans ma petite tête (dont les neurones, sont, avec l’âge, déjà victimes de décroissance).

Erreurs plutôt sympathiques

Deux petites anecdotes assez cocasses qui me sont arrivées récemment.

La première : il y a deux mois environ, un voisin est venu m’apporter deux super bouteilles d’Alsace. Du très bon vin. “Tiens me dis-je, c’est probablement pour soigner les relations de voisinage, la démarche est plutôt sympa”. Mais au cours de la conversation, le brave monsieur me dit “oui, c’était gentil de m’avoir aidé l’autre soir”. Or, voilà que je n’avais pas eu l’occasion de le dépanner. M’avait-il confondu avec quelqu’un d’autre ? Est-ce que le dépannage en question avait eu lieu par téléphone, ce qui expliquerait l’erreur sur la personne physique ? Je n’ai pas osé détromper le monsieur (vous auriez fait pareil ?), il est reparti en me laissant ses deux bouteilles de très bon vin. Je rigole en pensant qu’il doit y avoir quelqu’un dans le village qui a dû se dire “quand même, le père machin, il aurait quand même pu m’offrir une bouteille, avec tout ce que je lui ai fait …”.

Deuxième anecdote : la semaine dernière, je pars en direction du champ pour piocher mes pommes de terre (c’est long et fastidieux, la rangée fait 65 mètres de long !). Et voilà qu’en arrivant, je m’aperçois que les pommes de terres sont déjà piochées et butées avec beaucoup de soin. Pensant que mon frère m’avait fait cette faveur pendant mon absence d’une semaine, je pars le remercier. Mais ce n’était pas lui ! En fait, il s’agissait d’un autre jardinier qui s’était trompé de rangée et qui avait travaillé la mienne au lieu de faire la sienne. Il faut dire que l’erreur est plausible car nous sommes 6 personnes à faire du jardinage dans un champ prêté par mon frère et l’espace dévolu à chacun varie d’une année à l’autre. Par contre, sur ce coup-là, c’est moi qui ai évidemment payé la bouteille.

Au train où vont les choses, mon horoscope semblant donc très favorable pour les heureuses surprises, je me demande s’il va encore m’arriver des trucs sympas de ce genre dans les mois qui viennent. Par exemple, ma caisse de retraite qui m’annonce mon départ dix ans plutôt que prévu (parce qu’il y aurait eu une erreur sur les fichiers avec un autre Dupdup). Ou, plus agréable encore, un copain qui me prête sa copine, en croyant me prêter sa belle-mère ! Mais faut quand même pas rêver !

« The Freewheelin’ Bob Dylan (2) »

TRADUCTION LIBRE DE LA CHANSON « A HARD RAIN’S A-GONNA FALL »

Comme je l’avais annoncé, mon ami Jean-Louis me fait le plaisir et l’honneur de m’accompagner dans mon projet consacré à la dicographie de Bob Dylan. Il apportera sa pierre à l’édifice en traduisant chaque mois l’une des chansons du disque concerné. Nous voici donc au jour J !

Vous retrouverez donc le premier week-end de chaque mois l’article consacré au disque (le samedi) et la traduction d’une chanson (le dimanche). Nous voilà donc partis pour une aventure un peu dingue qui devrait durer trois ou quatre ans. A vous de suivre ou de zapper !

A chaque fois, je ferai un lien avec le texte original en anglais, pour ceux qui voudraient s’y référer.

Les textes de Dylan pouvant être assez longs, seuls les premiers vers de la traduction apparaîtront à l’écran. Il sufira donc de cliquer pour avoir la suite.

Nous commencerons ce mois-ci par la chanson « A Hard rain’s-a-gonna fall » (voir texte original en anglais, écouter 30 secondes de la chanson) traduit de manière libre par Jean-Louis :

AVIS DE TEMPÊTE NUCLEAIRE
Oh, où as-tu mis les pieds, mon fils aux yeux bleus ?
Et toi, où as-tu mis les pieds, ma tendre amoureuse ?
Moi, j’ai trébuché dans le brouillard sur les pentes de douze montagnes

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« The Freewheelin’ Bob Dylan »

DISCOGRAPHIE DE BOB DYLAN (2)
Nous voilà donc en mars 1962. Le premier disque de Dylan, intitulé simplement « Bob Dylan » vient de sortir, sans connaître le succès espéré par la firme Columbia. John Hammond, le « découvreur de talents » va, contre vents et marées, continuer de croire en Dylan, alors qu’il ignorait encore tout du talent de compositeur de son jeune poulain, Dylan n’ayant enregistré dans son premier disque quasiment que des morceaux écrits par de vieux bluesmen et joueurs de country.

Dylan vivait alors avec Suze, qui fut sa première inspiratrice et qui était fortement engagée politiquement. C’est elle qui amena Dylan dans les milieux activistes, militant pour les droits civiques. Le moment était probablement idéal pour devenir un chanteur engagé : les droits des noirs étaient bafoués plus que jamais, la tension montait entre l’Amérique et le bloc soviétique, la jeunesse commençait de remettre en cause l’ensemble du système …

Dylan se met alors à écrire continuellement, puisant l’inspiration dans les journaux qui racontent les faits divers (le lynchage d’un noir, la chasse aux sorcières communistes…). Ses plus grandes chansons sont alors écrites en un temps record. Il écrit partout, même lorsque tout le monde bavarde et piccole autour de lui, il écrit des idées, des phrases, des fragments de poèmes sur des coins de nappe dans les cafés. Dans ces circonstances, il écrivait cinq chansons à la fois et les finissait toutes ! Il y a alors un processus de création qui relève de la magie, personne ne peut interrompre Dylan. Le chanteur Mark Spoelstra dira plus tard que Dylan semblait à cette époque « possédé, illuminé ».

Dylan écrivait, écrivait, écrivait, il disait à l’époque « Tout ce que je peux chanter, c’est une chanson. Tout ce que je ne peux pas chanter, c’est un poème. Et quand c’est impossible à chanter et trop long, c’est un roman ».

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Dylan entre en studio avec 25 compositions majeures à son actif mais treize seulement paraîtront sur le deuxième disque mythique « The Freewheelin’ Bob Dylan » publié en mai 1963 (d’autres compositions extraordinaires ne seront publiées .. que trente cinq ans plus tard dans le disque « Bootlegs, vol. 1 » dont je parlerai … dans quatre ans je pense ! Laissez-moi le temps de souffler un peu !). Comme à chaque article consacré à la discographie de Dylan, je vous invite à écouter sur Amazon.fr des extraits de 30 secondes de chacune des chansons du disque.

Le disque commence par le célèbre « Blowin’ in the wind », écrite en moins d’une demie-heure, qui deviendra rapidement l’un des hymnes emblématiques de la jeunesse. L’interprétation de Dylan est très convaincante, il y a beaucoup de sincérité dans la voix mais c’est la version qu’en feront aussitôt Peter, Paul & Mary qui fera connaître la chanson dans toute l’Amérique et bien au-delà.

La plupart des chansons de ce disque sont engagées. Ainsi la chanson « A hard-rain’s a-gonna-fall » (écrite au moment de la crise de Cuba, au moment où les missilles nucléaires russes étaient aux portes de l’Amérique), « Masters of war » adressée aux dirigeants qui envoient les jeunes au casse-pipe, « Oxford Town » qui traite des droits civiques au Mississippi et « Talking World war III blues » qui traite de l’éventualité d’une guerre mondiale (dans le style parlé « talking blues » que Dylan avait inauguré dans son premier album).

Dylan a toujours accordé beaucoup d’importance à lui-même (il a toujours voulu, je crois, s’affirmer à la face du monde), d’où les titres dans lesquels il se met « un peu » en avant : « Bob Dylan’s blues » et « Bob Dylan’s dream » que l’on retrouve dans ce disque (avis très personnel : Dylan est, je pense, très orgueilleux, il ne fera jamais, même quarante ans plus tard, une seule concession à son public, c’est un peu le genre « je suis Bob Dylan, fier d’être Bob Dylan, je n’irai pas à la rencontre du public, c’est lui qui viendra à moi ». C’est d’ailleurs l’un des aspects du personnage que j’apprécie le plus).

Dylan a écrit deux chansons d’amour sur ce disque (que le chanteur Hugues Aufray popularisera plus tard en France) : « Don’t think twice, it’s alwright » (« N’y pense plus, tout est bien ») et « Girl from the north country » (« La fille du nord »).

La chanson « Don’t think twice it’s alwright » m’impressionne, même après des centaines d’écoute, c’est peut-être celle que je préfère de toute sa carrière. Même lorsqu’on ne comprend pas l’anglais, la chanson est bouleversante, il y a une maturité incroyable dans la voix. Il suffit de regarder la pochette, d’y voir un gars tout jeune de 22 ans au bras de sa belle Suze, et d’écouter en même temps la chanson ; on se dit alors « c’est pas possible, tant de force, tant de nuances et tant de maturité … avec ce visage de gamin ».

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Le disque est devenu mythique. Quand j’ai revu le disque vinyle, trente cinq ans plus tard à Paris, il valait … 42 000 F !

Dylan a frappé très fort avec ce disque. Avant lui, il n’y avait pas de « chanson à texte » aux Etats-Unis (cette particularité n’existait qu’en France finalement). Grâce à ce disque et à ceux qui vont suivre, Dylan va devenir, à vingt deux ans (et malgré lui ?), le porte-parole de la jeunesse américaine. L’idole de Dylan, celui qui avait été son modèle, Woody Guthrie, est déjà dépassée. Aux aspects incisifs et engagés des textes de Guthrie, Dylan a insufflé la poésie, l’ironie, l’intelligence des mots et un côté probablement moins direct (plus oblique) que les paroles militantes de Woody Guthrie. Le génie est indubitable.

Avec ce disque, Dylan quitte le cercle restreint et confidentiel de Greenwich Village pour donner de vrais concerts. C’est là, dans ces « grand’ messes folk » qu’il va rencontrer Joan Baez. Mais c’est une autre histoire… Rendez-vous donc dans un mois pour la suite de la « saga Dylan ».

PS – Mon ami Jean-Louis est partie prenante de mon projet « Discographie Dylan ». Il traduit, de manière très libre et « à tours de bras » des chansons de Dylan et s’est engagé à présenter sur ce blog une chanson de chacun des disques (au moins pour la première décennie de la carrière). J’en suis très honoré. J’envisageais au départ d’inclure ces traductions dans chacun de mes articles mais ceux-ci étant déjà très (trop ?) denses, et les traductions de Jean-Louis si riches (elles devraient susciter pas mal de commentaires), j’ai pris le parti de les publier dans un article à part. La première traduction paraîtra demain dimanche.

L’esprit mal saint

Il est des noms de jours fériés qui ne veulent plus dire grand chose. Si l’on interroge l’homme de la rue et qu’on lui demande ce que signifient les mots Ascension, Pentecôte, Assomption, le plupart des gens sauront que ce sont des jours fériés, mais guère plus … sauf peut-être Raffarin, pour qui la Pente Côte fut rude (et la descente encore plus !) et qui doit donc connaître le sens profond de cette petite fête que lui ont faite les Français.

Même moi qu’on a bassiné avec toutes ces histoires, de l’âge de 9 mois avant ma naissance jusqu’à l’âge de la communion, j’avoue que j’ai oublié la plupart de ces choses (et je m’en porte d’ailleurs plutôt assez bien) et j’ai donc dû m’en référer à ma famille pour savoir quelle était la signification du mot Pentecôte.

La religion catholique dit que l’Esprit-Saint est descendu sur les apôtres ce jour-là. C’est la position officielle de l’église.
Or, je suis obligé d’amener une note discordante et contradictoire à cette assertion de l’Eglise. Les affirmations qui vont suivre, et qui n’engagent évidemment que moi, sont étayées par des faits précis que j’ai observés (avec toute la rigueur scientifique du naturaliste que j’essaie d’être).

Voilà donc les faits : l’an dernier, le jour de la Pentecôte, j’étais sur ma terrasse en train de siroter une bière (la bière du démon, peut-être), lorsque je l’ai aperçu. Qui ça ? Le Saint-Esprit bien sûr ! Premier constat : contrairement à la thèse officielle, l’Esprit-Saint n’est pas invisible, éthéré ou immatériel comme on a bien voulu nous le faire croire, il est d’une forme plutôt ronde et dodue. Deuxième constat et deuxième opposition au dogme officiel : il n’est pas descendu ce jour-là mais, au contraire, s’est élevé vers le ciel. En effet, je l’ai vu sortir de l’église du village, tout gonflé d’importance. Il est d’abord monté à la verticale puis, comme on n’était pas très loin des vacances, il a mis le cap sur le sud.

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Je vous dirais bien que j’ai même vu une petite flamme juste en-dessous, probablement la flamme sacrée de l’Esprit-Saint, mais là, vous ne me croirez-pas !

Une autre preuve que l’Esprit Saint n’est pas descendu au milieu des apôtres, c’est qu’on a déjà du mal, de nos jours, à trouver trois pélerins dans une église, alors 12 apôtres … ! Si vous ne me croyez pas, scrutez quand même le ciel ce week-end, autour de votre église, on ne sait jamais… ! Et prenez quelques bières, ça aide !

Petite question subsidiaire : suis-je sain d’esprit ?