Les oiseaux ont une capacité d’adaptation étonnante et j’ai déjà trouvé des nids dans des lieux inhabituels. Ainsi ce nid de troglodyte photographié il y a deux mois dans un atelier.

Samedi dernier, Guy, un habitant du village m’appelle pour venir voir de petits oisillons dans un nid construit … dans la cabine de son tracteur !

Jusqu’à présent, j’avais déjà vu des nids d’oiseaux installés dans des endroits insolites, aussi n’ai-je guère été surpris qu’un tracteur ait pu être utilisé par un rouge-queue noir (avant d’arriver sur le site, j’avais déjà deviné qu’il ne pouvait s’agir que d’un rouge-queue noir).

Mais là où j’en suis resté « sur le cul », c’est d’apprendre que depuis des mois, Guy part en forêt tous les mercredis et tous les samedis pour faire son bois. Depuis deux mois, il a tenu ce rythme et deux fois par semaine, le voilà donc parti à plusieurs kilomètres de là pour débarder des arbres, fendre du bois avec la fendeuse attachée au tracteur, … emmenant avec lui, et sans le savoir, les oeufs des rouges-queues puis les jeunes oisillons. Les oiseaux bénéficiaient même de musique, Guy ayant installé des hauts-parleurs tout près du nid (il a même rechangé un haut-parleur la semaine dernière sans se rendre compte que des jeunes oiseaux étaient juste à côté).
Chaque fois que Guy partait en forêt, les parents rouge-queues se séparaient de leur progéniture et ne la récupéraient que trois ou quatre heures plus tard. Guy ne s’est aperçu de la présence des jeunes que vendredi, alors qu’il était en train de jardiner près de son tracteur et que son attention a été attirée par les cris des jeunes lors du nourrissage par les parents.
Samedi, j’ai pu constaté, installé à une dizaine de mètres, l’arrivée de la femelle, insectes au bec, qui venait sur le nid et j’ai entendu les piaillements des jeunes. Je n’ai fait qu’une photo rapide du nid, sachant qu’on ne peut en voir l’intérieur, le nid étant au ras du plafond de la cabine (sur la photo on devine juste deux petites touffes de plumes sombres qui dépassent à peine).

Hier soir mercredi, soit quatre jours plus tard, Guy m’a appelé pour me signaler que les rouges-queue venaient de quitter le nid (il a vu la femelle nourrir trois d’entre eux hors du nid). Il a vu une couleuvre lovée sur le nid et pense qu’un ou deux jeunes rouge-queues ont pu être croqués par le reptile.
Vu la durée d’incubation des oeufs (14 j) et la durée moyenne du séjour au nid (17 j), j’ai calculé qu’au rythme exact de deux voyages hebdomadaires en forêt, les oeufs et les jeunes ont chacun été trimballés de la sorte quatre fois.
Les rouge-queues auront-ils pris goût aux voyages en tracteurs et reviendront-ils nicher là l’an prochain ?






































