Je ne crois pas vraiment aux experts. Enfin si, je crois à la science, mais l’avis des experts est devenu bien plus politique que scientifique et cela enlève toute la crédibité du propos. Quand on paye quelqu’un pour avoir un avis, on obtient l’avis qu’on a envie d’entendre. Et quand celui qui donne son avis au Pouvoir défend des intérêts extérieurs privés, cela ne laisse plus aucun doute sur le sujet … Et on en arrive à voir paraître des documents expertisés disant que les rivières franc-comtoises sont en bon état alors que la merde crève les yeux !
Par contre, si je suis devenu très sceptique sur ce qui se dit sur le plan scientifique, je crois beaucoup plus au bon sens. Et comme je viens de ma cambrousse, j’ajouterai « le bon sens paysan ». Ce bon sens a souvent raison. Pas toujours, mais souvent. Je n’ai pas forcément partagé les revendications hétéroclites des gilets jaunes. Mais il y avait beaucoup de bon sens dans certaines d’entre elles et notre pays aurait gagné à débattre de ces idées. En tous les cas, on n’avait pas à les écarter d’un revers de main.
A propos de cette oppostion « bon sens / expert », exemple des changements climatiques. Dans les années 70, le paysan qui observait un peu autour de lui observait déjà des changements, celui qui avait une vigne commencait de s’apercevoir qu’on vendangeait de plus en plus tôt, celui qui jardinait notait des choses très inhabituelles, celui qui s’intéressait un peu aux oiseaux ou aux insectes constatait déjà l’arrivée d’espèces méridionales, celui qui allait se promener en montagne voyait déjà l’évolution de l’étagement de la végétation, …. Les ONG environnementales ont alerté très tôt l’opinion sur ces changements climatiques. Et pendant ce temps-là, des experts discutaillaient sur le sujet et, pour la très grande majorité d’entre eux, niaient ces changements. Il aura fallu 40 ans pour que la communauté scientifique s’accorde (à peu près) sur le fait que ce que l’homme de la rue avait pressenti quelques décennies auparavant était vrai. C’est assez incroyable.
En ce qui concerne la crise sanitaire actuelle, si Macron avait demandé à une personne lambda qui possède juste un sou de jugeotte (je ne parle même pas d’intelligence moyenne), ce qu’il faut faire pour empêcher les gens de trop se côtoyer et de se contaminer, la plupart des personnes interrogées auraient répondu plein de choses évidentes, à savoir qu’il ne faut aller que dans les lieux les moins fréquentés (c’est à dire autoriser les gens à aller dans les forêts, à aller se promener à des dizaines de kilomètres de la ville loin du monde, à quitter même la ville pour aller en vacances ou en résidence secondaire à la campagne, … ), à autoriser l’ouverture des magasins sur des amplitudes horaires les plus larges possibles pour fluidifier la fréquentation, à avoir des règlements différenciés selon que l’on habite dans des zones à forte densité de population ou au contraire dans les déserts ruraux, …
Mais voilà, Macron a demandé à ses têtes d’oeufs.
C’est quoi une tête d’oeuf ? J’ai recherché tout à l’heure la définition de ce terme, j’en ai trouvé plusieurs qui valent ce qu’elles valent mais qui, pour beaucoup, visent des énarques (et autres sortis des grandes écoles) qui prennent des décisions abstraites loin des réalités de terrain. Pour moi, ce sont avant tout des gens dont la devise est « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? ».
Alors ces têtes d’oeufs ont proposé l’interdiction d’aller se promener dans les forêts (c’était au printemps dernier), de faire des activités extérieures en groupe (sauf la chasse !), de quitter la ville pour aller à la campagne, … Et on se retouve avec des situations ubuesques, en tous les cas incompréhensibles pour le commun des mortels : le fait de pouvoir aller dans une église mais pas au théâtre, d’aller se serrer au milieu de centaines de personnes dans le métro mais de limiter à six convives les regroupements familiaux, le fait de ne plus pouvoir aller dans des galeries de peinture (là où il n’y a personne), mais par contre d’aller dans des galeries marchandes (là où il y a plein de monde). Et surtout, cette mesure incroyable d’interdire l’activité de certains magasins (au printemps dernier surtout) et d’instaurer un couvre-feu dans certains départements dès 18H. En interdisant certains lieux et en réduisant l’amplitude horaire des lieux ouverts, on ne pouvait qu’avoir une conséquence désastreuse (vis à vis de l’objectif fixé par le gouvernement), à savoir qu’on a concentré l’activité humaine sur certains lieux et sur certains horaires. L’exact contraire de ce qu’aurait dit l’homme de bon sens.
Tout à l’heure, il y avait un monde fou au Super U de Devecey (tout çà parce que le magasin est obligé de fermer le magasin à 17H45, couvre-feu oblige). Je vous dis pas la promiscuité !
Perso, je ne suis que très peu impacté par tout ça car, en tant que retraité, j’ai énormément de latitude pour m’organiser et, bien évidemment, je n’ai pas à me plaindre. Mais, avoir fait toute cette casse économique et sociale de la vie de nos enfants (et petits enfants), sous prétexte de lutte sanitaire alors qu’en fait les mesures aboutissent à l’inverse, je ne comprends pas …
Il fallait vraiment être tête d’oeuf pour concevoir toute ce dispositif abracadabrantesque (merci Chichi pour avoir popularisé ce mot !).
Et, comme je suis dans l’oeuvre de Brassens en ce moment, je vous propose le Grand Pan. C’est une chanson connue pour sa chute peu réjouissante (« j’ai bien peur que la fin du monde soit bien triste »). Mais si je vous la propose c’est surtout parce que chaque fois que je la chante sur ma guitare, je change l’expression « la bande au professeur Nimbus est arrivée » par « la bande au professeur Macron est arrivée ». Et ça me fait bien rire. Et j’en ai bien besoin en ce moment !