Un article proposé par Christophe
L’hiver est fini, bien qu’il ait tardé à nous libérer des froidures…
Cela a provoqué des retards et des aléas dans nos plantations ou notre programmation au potager comme dans nos sorties en quête de la nature. Mais… Mais la nature n’attend parfois pas l’élévation de la température ou l’extinction des cheminées pour suivre son rythme. Ainsi les hirondelles ont elles pâti de conditions difficiles, et de même, mes chères abeilles, programmées dans leur chronologie, n’ont-elles pas attendu plus que le lilas une phase de leur développement qui est bien connue : l’essaimage.

La reine, une pondeuse invétérée, soit qu’elle ne dispose plus de place pour pondre, soit que d’autres conditions l’y obligent (issue d’une variété essaimeuse par exemple), entraîne avec elle un groupe plus ou moins important d’abeilles, qui vont quitter la ruche après s’être emplies de munitions pour la route : jabot plein de miel.
Cette situation peut être vécue comme un désastre pour l’apiculteur, mais répond aussi à une nécessité biologique qui permet la multiplication de la colonie.
Le désastre de l’apiculteur est compréhensible : le miel stocké est en grande partie exporté, et la nouvelle reine qui sera élevée, après fécondation, ne permettra un nouvel essor de la colonie, et donc une nouvelle production de miel, que lorsque près d’un mois aura permis l’éclosion de nouvelles ouvrières et une nouvelle croissance. La chute de production (de miel !) est donc conséquente à un moment où les ressources sont considérables.
Cet essaimage constitue toutefois un moyen naturel pour l’espèce de reproduire l’espèce en fondant de nouvelles colonies. Je vous laisse le soin d’épiloguer sur ce que la notion d’essaimage peut évoquer de négatif ou de positif… Mais l’apiculteur que je suis, pas trop soucieux de la productivité, capable de récupérer un essaim, et surtout heureux de voir la vie prospérer, ne s’émeut pas outre mesure de ce comportement.
L’an passé, j’ai pour la première fois attrapé des essaims, et j’ai enrichi mon expérience cette nouvelle saison. L’essaim peut être plus ou moins important : celui qui est en image est de taille moyenne, mais j’en ai capturé un cette année qui était au moins 4 fois plus important, équivalent à deux ballons de basket : difficile à faire rentrer dans une seule ruche !
La manipulation consiste à placer cet essaim dans une nouvelle ruche, soit en secouant au-dessus, quand c’est possible, la branche qui supporte la grappe d’abeilles, soit en transférant dans un sac par exemple, l’essentiel de la grappe vers une ruche.
Si la reine se trouve dans le lot et accepte son domicile, la phase suivante offre tout simplement une possibilité d’observation extraordinaire…

Quelques abeilles battent le rappel (voir le cercle rouge qui montre l’abdomen d’une abeille en pleine activité d’émission, ce qui manque, ce sont les battements d’ailes qui appuient le message) de la troupe en émettant une phéromone (contact chimique) indiquant ainsi à celles qui forment un nuage où se retrouver. Les insectes ne tardent pas à entrer en masse, rapidement, comme en une réunion urgente et minutée dans ce nouveau lieu, une nouvelle colonie se trouve alors fondée.
La reine se remettra à pondre dès que les « cirières » auront bâti les alvéoles nécessaires, mais si le lieu ne convient pas, tout repartira !
4 essaims au compteur cette année, et une dizaine de ruches cette année, on verra la suite de cette inflation.
Je repense à ma première année au cours de laquelle je me demandais comment obtenir ma première colonie (il y a deux ans), et je réalise qu’une étape est franchie… Je suis devenu apiculteur !
Un grand plaisir, mais un drame personnel : cette intense activité des abeilles à cette période (et donc de l’apiculteur) coïncide avec une grande effervescence chez les oiseaux. Alors entre ça et le potager… ce sont presque de trop nombreux plaisirs et déplacements pour un seul homme en un mois de mai qui ne compte, désespérément, que 31 jours. Le temps qui passe, le temps qu’il fait.
Une prochaine fois, je vous parlerai sans doute du miel et de son extraction, un sujet tout de même fort appétissant, bien qu’il ne suffise pas à contenter l’horrible exploiteur que je suis devenu ! Je viens de cuisiner une tarte « crumblée » aux cerises, améliorée au miel… je ne vous raconte pas la misère de calories !