Autour du Canon de Pachelbel (1)

En 1680, Pachelbel, un musicien Allemand composait un très beau morceau de musique de chambre pour trois violons et basse continue, oeuvre au ton solennel et majestueux. Le célèbre « canon de Pachelbel » allait traverser les siècles et être adapté sous des formes diverses par des tas de musiciens. Ainsi cette version avec voix :

Dans les années 60 et jusqu’à nos jours, les grilles d’accord de cette oeuvre ont  été réutilisées dans la musique de variété. Vous retrouverez aisément le thème de ce canon dans chacune des quatre chansons qui vous sont proposées aujourd’hui : Rain and Tears des Aphrodites’s Child, La maladie d’amour de Michel Sardou (je dois dire que je n’aime pas Sardou, c’est juste pour illustrer mon propos), Can’t stop loving you de Phil Collins et Le temps de vivre de Georges Moustaki.

Bon dimanche à tous ! En buvant un canon (de Pachelbel), naturellement !

Bilan des pluies

Jour après jour, Dan note le temps qu’il fait. C’est ainsi qu’il relève tous les jours la quantité d’eau tombée et qu’il note précieusement les données de son pluviomètre. Année après année, ces données s’accumulent. Elles m’intéressent bigrement car Dan habite à quelques kilomètres de chez moi et je peux donc considérer que ces données sont sensiblement les mêmes que celles de mon village (encore qu’il doit y avoir sans doute des différences).

Dan vient de me transmettre les données des dix dernières années. Les voici :

1999 : 1479 mm
2000 : 1312 mm
2001 : 1457 mm
2002 : 1352 mm
2003 : 888 mm
2004 : 1161 mm
2005 : 1021 mm
2006 : 1187 mm
2007 : 1281 mm
2008 : 1211 mm
2009 : 982 mm

Il n’a donc pas beaucoup plu l’an passé. Pourtant, combien de fois n’ais-je pas entendu en 2009 des phrases telles que  « il pleut tout le temps », « on habite une sale région », « fait chier ce temps » … !

Butor étoilé

Le butor étoilé on en rêve mais il ne reste bien souvent qu’un oiseau mythique. Je connais bon nombre d’ornithos qui n’ont pas encore eu la chance de l’apercevoir. Je ne l’ai vu qu’à quelques reprises dans ma vie. La dernière fois, c’était il y a plus de dix ans en Camargue. Il faut dire que cet oiseau mène une vie d’une discrétion extrême au milieu des grands massifs de roseaux.

Je m’étais fait à l’idée de ne jamais apercevoir l’ombre de son bec dans la vallée de l’Ognon. Mais c’était sans compter sur l’oeil aiguisé de Céline, l’une de mes collègues (les femmes, on le sait, rien ne leur échappe, elles voient tout !). Il était environ 16H15 cet après-midi quand elle a vu un butor étoilé arriver au vol et se poser en bordure de la rivière. Appelé aussitôt par Céline,  je suis arrivé juste au moment où l’oiseau s’est mis à marcher et est venu tranquillement dans notre direction à moins d’une dizaine de mètres des fenêtres du bureau. Il est resté immobile derrière un petit talus, invisible pendant quelques minutes. Puis il a repris sa marche, a traversé une petite zone d’herbe en s’éloignant de nous et s’est installé dans les roseaux en bordure d’un petit ruisseau. Il y a eu ensuite quelques observations furtives, on voyait de temps en temps l’oiseau bouger et se déplacer dans les roseaux. Dix minutes plus tard, il partait au vol …

Céline, Joëlle, Christiane, Régis et moi avons assisté (en totalité ou en partie) à cette scène. Un grand moment d’émotion ! L’une de mes plus belles observations de ma vie d’ornitho !

La photo réalisée, sans téléobjectif, est extrêmement mauvaise. Aussi, une fois n’est pas coutume, j’utiliserai pour illustrer cet article une photo de cet oiseau prise sur le net, sur ce site.

Nouvelle pandémie en vue !

Attention, attention ! Une épidémie de gastro-entérite est annoncée.
La France a commandé 94 millions de rouleaux de papier toilette.
Le surplus éventuel sera utilisé pour confectionner les bulletins de vote ! ! !

Ces chansons qui me rappellent … !!

Un article proposé par Yves.
J’avais une petite idée pour un  dimanche musical. Parler d’une de ces périodes de ma vie. Je voulais parler pour cet article de ma période collège fin 70 début 80. Cette période pleine de changements en nous et autour de nous où la puberté fait son travail. Pour moi c’était une période magnifique faite de voyages grâce à la musique de rencontres de liberté …. Des débuts de cette amour pour la nature, l’eau, la terre, la vie.
Des chansons accompagnent cette période de ma vie. Pourquoi ne pas les partager pour un dimanche. Elles réveilleront peut-être en vous d’autres souvenirs, d’autres situations suivant les âges.

Voici ces chansons :

Supertramp : Goodbye Stranger

XTC : Making plans for Nigel

Dexys midnight runners : Come on eileen

The Cure : Three imaginary boys

Ma boîte à graines « spéciale tomates »

Quand Michel et Pascale vous offrent quelque chose, c’est toujours très classe ! Il y a toujours la petite note personnelle. La boîte destinée à ranger mes graines potagères, qu’ils m’ont offerte il y a pas loin de quinze ans, n’échappe pas à la règle. Peinte à la main, décorée à souhait !


Depuis une quinzaine d’années, j’y range minutieusement mes graines. Et puis, mes envies de jardiner n’ayant pas de limites, la boîte s’est rapidement avérée trop petite. Alors, depuis trois ans, je la réserve uniquement au rangement de mes graines de tomates (plus de 160 variétés pour l’instant).


Il n’est pas facile de gérer correctement le renouvellement des graines. Comme celles de tomates gardent longtemps leur pouvoir de germination, on peut se contenter de ne les renouveler que tous les cinq ans (voir ici la méthode que j’utilise pour récolter mes graines). Ce qui veut dire qu’il me faut renouveler une bonne trentaine de variétés chaque année. Justement, la boîte est divisée en casiers, ce qui permet de pouvoir ranger toutes les graines d’une même année dans un même casier.  Ce n’est pas forcément facile à gérer, je suis loin d’avoir des tas aussi équilibrés d’un casier à l’autre, d’autant que j’ai tendance à augmenter chaque année le nombre de variétés que j’ai. Mais la « boîte à graines » m’aide à m’y retrouver.


Les graines récoltées au cours d’un été sont rangées dans la case « année zéro ». En janvier de l’année suivante, elles passent dans la case « année moins 1 » et ainsi de suite au fil des ans.


Quand elles arrivent dans la case « moins 6 et + », il est grand temps de les semer pour renouveler les graines.


C’est très simple …. et c’est très efficace !

Evidemment, quand Marie-Jo, Francisca, Christophe, Daniel ou Marjorie m’envoient par la poste de nouvelles variétés, ça fait gonfler le tas d’une année et ça fout le bordel dans la boîte ! Mais bon, que ne ferait-on pas pour la cause de la biodiversité ! :wink:

L’éloge de la métamorphose

La semaine dernière, dans la rubrique « opinions » du Monde paraissait un très beau texte de Edgar Morin. A 89 ans, notre philosophe-sociologue-chercheur a encore beaucoup de choses à dire. Voici l’intégralité de ce texte (texte assez long, prenez le temps de lire quand vous disposerez d’un peu de temps devant vous) :

« L’éloge de la métamorphose », par Edgar Morin

Quand un système est incapable de traiter ses problèmes vitaux, il se dégrade, se désintègre ou alors il est capable de susciter un meta-système à même de traiter ses problèmes : il se métamorphose. Le système Terre est incapable

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Fabriquer soi-même sa choucroute

Il existe de nombreuses méthodes de conservation des légumes. Beaucoup nécessitent cependant une grande quantité d’énergie (congélation, stérilisation, pasteurisation, …). La lacto-fermentation est une méthode traditionnelle efficace, très utilisée dans certains pays comme les pays de l’Est. Je vais me pencher dans les années qui viennent sur cette méthode originale qui permet de conserver aussi bien du chou, que des poivrons, des carottes, des haricots … Il faut savoir que cette méthode est un petit miracle qui permet, sans apport d’énergie extérieur et sans aucun agent de conservation, de garder intactes la fraîcheur et les vitamines, voire d’améliorer la qualité nutritive des légumes.

Mais pour l’instant, juste un premier essai avec la seule méthode de lacto-fermentation qui semble encore être utilisée chez nous par certains jardiniers : la fabrication de la choucroute. C’est donc la première fois que Joëlle et moi avons fabriqué notre propre choucroute. C’était en novembre dernier.

Nous avons utilisé pour cela une variété de chou réputée pour cela : la variété Filderkraut. On peut utiliser aussi la variété Quintal d’Alsace. Attention, la choucroute ne peut se fabriquer qu’avec des choux denses, à la pomme très serrée.

Il faut disposer d’un couteau spécial à choucroute, muni de trois couteaux et d’un cadre coulissant qui permet de bien tenir le chou lorsqu’on le fait glisser sur les couteaux. Ce n’est pas très facile, c’est une opération qui se fait plus facilement à deux car il faut tenir fermement le récipient dans lequel tombe le chou coupé.

La recette que nous ont donnée Michel et Pascale, nos « maîtres ès choucroute »,  nécessite un pot en grès spécial dit « à joint d’eau » (j’expliquerai tout à l’heure l’intérêt de ce joint).

Voici cette recette. Le principe est simple. Pour 10 kg de choux, il faut 100 g de sel, 3 cuillerées à soupe de baies de genévrier, 2 cuillerées à soupe de graines de cumin, un saladier de pommes (qui restent fermes et ne noircissent pas, par exemple la belle fille de Salins), 1/4 de verre de raifort hâché fin, 3 feuilles de laurier et éventuellement un radis d’hiver hâché fin. On installe le chou coupé dans le pot, par couches de 10/15 cm d’épaisseur. Il faut tasser très fort chaque couche avec le poing et répartir tous les ingrédients cités ci-dessus entre chaque couche, sur l’ensemble de la hauteur du pot.

Au bout d’un moment, lorsque vous avez tassé suffisamment, le chou baigne dans son jus.

Il ne faut pas remplir le pot jusqu’en haut. Laisser un espace d’une dizaine de centimètres pour pouvoir installer deux pierres (spécialement conçues pour épouser la forme du pot). On aura au préalable recouvert les choux hâchés de quelques feuilles de choux entières (ce qui évite le dessus de la choucroute de noircir). Avant de refermer le pot, on appuie bien sur les pierres pour qu’elles soient recouvertes de liquide et pour faire ressortir l’air éventuel.

On rebouche ensuite le pot avec son couvercle et on verse de l’eau dans la rainure prévue à cet effet. Ce joint d’eau va empêcher l’air de rentrer et de venir oxyder la choucroute. Il va par contre permettre aux gaz de fermentation de pouvoir s’échapper du pot (on entend régulièrement les bulles qui traversent le joint d’eau). Attention, les bulles qui s’échappent assez fortement vont avoir tendance à faire couler de l’eau et il faut en rajouter régulièrement. Vous aurez sans doute remarqué que grâce à ce joint d’eau qui empêche l’oxydation par l’air extérieur, il ne faut que très peu de sel : 100 g seulement pour 10 kg de choux. On est donc très loin des quantités énormes de sel qu’on utilisait autrefois avec des pots en grès plus classiques.

On laisse ensuite le pot quelques jours à température ambiante (température propice au démarrage de la fermentation) puis on installe ensuite le pot au frais à la cave.

Au bout d’un mois, on peut commencer à consommer la choucroute, et ce pendant tout l’hiver.

Beth Gibbons

Un article proposé par Luc de Belgique.
Lorsque j’ai dit oui à Bernard pour un petit dimanche musical Beth Gibbons, pour moi c’était du tout cuit. J’avais en mémoire une musique multi-influence, libre, créative, sortant des canevas de la pop-rock : le Trip Hop. J’étais donc bien heureux de revisiter après quelques années une musique qui m’avais bien fait Hop Triper. Il y avait même des belges avec le groupe hooverphonic ; Morcheeba que j’adorais et bien d’autre encore. Les voix féminines du Trip Hop des années ’90: super pour un article!

Quelle déception! Les goûts peuvent-t-ils changer à ce point ? Est-ce mon nouvel amour pour le Jazz qui me rend la voix humaine si convenue, les musiques « à la mode » si formatées ? Ou simplement faut-il quelques années pour voir ce qui reste quand on a tout oublié…

En tout cas, Beth Gibbons reste.

Trois albums avec le groupe Portishead (plus un live), et un retour en 2002 en duo avec Rustin Man, le bassiste de Talk Talk, c’est très peu mais il n’y a rien à jeter. Sa voix est unique, presque palpable et c’est surtout sa façon de chanter qui est particulière. Une véritable interprète. Chacune de ses chansons est une plongée dans l’humain, contrastant de manière remarquable avec l’artificielle froideur de la musique synthétique du groupe Portishead. Pour moi, Beth gibbons, c’est celle qui sauve le monde.

J’hésite pour l’extrait suivant entre deux vidéos. Une en direct pour la justesse de l’art de Beth…

L’autre en clip, très beau, reflétant magnifiquement l’onirisme inquiétant du groupe Portishead.

Lorsqu’en 2002, Beth Gibbons réapparait dans les médias avec Rustine Man, elle est au sommet de son art. Sa voix a muri sans rien perdre de son originalité. L’album « Out of Season » est un pur chef d’oeuvre.

Après avoir encensé Beth Gibbons et exprimé mon dépit face aux musiques qui passent, je m’en voudrais d’en rester là, sans avoir rendu hommage à une autre immortelle. Elle fait également partie de ces voix improbables, de ces personnalités musicales qui sauvent le monde, c’est la Mozart de la musique populaire. Elle a conquit la critique comme le grand public, elle est sublime et reprise entre autre comme artiste Trip Hop, alors, pourquoi bouder mon plaisir…

Bjork.

« Sécurité », vous avez dit « sécurité » ?

Le risque zéro, on en crève (voir ici un article que j’avais écrit il y a quatre ans sur le sujet). Dans l’association où je travaille, on est dans l’obligation de mettre en place un plan sécurité (Document Unique de Prévention des Risques). Ceux qui l’ont déjà fait dans d’autres boîtes sont unanimes pour dire que ce plan frise le ridicule. Ainsi va-t-il falloir par exemple que, pour me couvrir, j’écrive noir sur blanc aux animateurs que quand ils se déplacent, ils doivent respecter … le code de la route ! Mais j’écrirai un article sur ce sujet quand je me serai attelé à la mise en place de ce plan. Nul doute que je rangerai alors l’article dans la catégorie « humour ».

Lorsque nous sommes allés observer les vautours fauves au printemps dernier en Lozère, Joëlle et moi étions hébergés dans un petit village de vacances VVV. Pas génial. Mais pas cher du tout.

Dans le coin salon minuscule, il y avait des consignes de sécurité expliquant comment éteindre le feu avec l’extincteur. Le panneau est assez explicite (même si on se demande pourquoi il faut se baisser au niveau du sol alors que, si on suit l’ordre des phrases du panneau, vous avez déjà attaqué le feu au préalable).


Imaginons qu’il y ait réellement le feu (ça peut arriver, non ?). Qu’est-ce que je fais ? Ou plutôt qu’est-ce que Joëlle et moi faisons ? Bêtes et disciplinés, nous suivons d’abord les consignes. Nous cherchons donc d’abord l’extincteur. Bon Dieu, il est où ?

Constatant vite que l’extincteur n’est pas dans la salon près du panneau, nous nous partageons les rôles. Comme il y déjà de la fumée qui s’épaissit au fil de secondes qui passent, Joëlle part en rampant à la recherche de l’extincteur dans la chambre n°1 tandis que moi je rampe en direction de la chambre n°2. L’extincteur n’est ni dans l’une ni dans l’autre. Un peu paniqués, nous nous retrouvons l’un et l’autre, les mains vides, dans le couloir.

Nous ne sommes plus très loin de la porte de sortie. Joëlle suffoque. Je rampe encore deux mètres et j’ouvre la porte (qui n’est même pas pourvue de serrure au ras du sol – j’hallucine ! – faudra que j’en parle au gardien !). Joëlle se glisse dans l’ouverture. Il était temps, j’avais une godasse qui commençait à cramer et Joëlle subissait une début d’épilation naturelle grâce aux petites flammèches qui lui couraient le long des jambes.

Et enfin à l’air libre, sains et saufs, nous nous frottons les yeux, nous les écarquillons. Et là, que voyons-nous dehors, pour notre plus grand bonheur ? Un extincteur accroché au mur extérieur !

Le tétras sombre

Un article proposé par Etincelle
Quelle bonne idée que d’avoir cheminé, en ce mois de mai 2008, sur le « 4th of July » Trail, le seul sentier non enneigé de toute la Chaîne des Cascades.
Il faut dire que la quantité de neige tombée ici cet hiver, est à faire pâlir de jalousie les adeptes du ski dans les Alpes.
Les cols routiers ouverts (deux seulement) ont encore des murs de neige de 6 ou 7 mètres de haut de chaque côté de la route.
Nous sommes au nord-ouest des Etats-Unis (Etat de Washington), dans une région montagneuse sauvage où la faune est nombreuse et facilement observable.
Mais revenons à notre sentier sans neige, qui se révèlera être lui aussi recouvert d’une épaisse couche de neige, après seulement deux heures de montée.
Deux heures malgré tout suffisantes pour faire une rencontre inoubliable.
Pas trop rassurée à l’idée d’un nez à nez surprise avec un ours, qui pourrait être attiré par l’odeur du pique-nique que je transporte dans mon sac à dos, je tends l’oreille.
Un bruit bizarre se fait entendre. Un peu comme un bruit de ventriloque.
C’est alors qu’un bout de queue en éventail apparait derrière un rocher.


Oh ! Quel bel oiseau !
Il s’agit d’un tétras sombre mâle (Dendragapus obscurus), blue grouse en anglais.
En pleine parade nuptiale, perché sur un rocher, il dresse sa queue en éventail et hérisse des plumes d’un blanc pur, situées sur le côté de son cou, qui laissent apparaître un sac dilaté, de couleur jaune-orangé… Une marguerite en guise de collier.
Tout ça pour attirer le regard d’une dame !
Messieurs, prenez-en de la graine !


Et ça marche …
La femelle, beaucoup plus discrète que le mâle, n’est pas dénuée de charme pour autant.


Avec son sourcil maquillé d’orange, sa délicate bavette sous le cou et l’arrangement harmonieux des couleurs de ses plumes, pas de doute, elle doit être tout à fait séduisante pour l’original oiseau à la marguerite.


Nous aussi, en France, nous avons nos tétras, mais celui-ci, nous ne le verrons ni dans le Jura, ni dans les Alpes ou les Pyrénées car il ne vit que dans les montagnes de l’ouest du continent nord-américain.
Dès que la neige commence à fondre dans les hautes forêts de conifères, le mâle entame ses appels pour attirer les femelles. Ce son résonnant comme un fredonnement dans la tête pour qui se tient à faible distance de l’oiseau, est si grave que seule une partie est audible pour l’oreille humaine. Ce cri est un des signes les plus précoces du printemps.
Le Tétras sombre mâle est à peu près de la taille d’une poule (environ 50 cm de longueur). La femelle est légèrement plus petite.
Ils se nourrissent de baies, de feuilles, de bourgeons, de graines, de fleurs …
Des végétariens ?
Que nenni, il leur arrive de croquer une sauterelle ou deux au passage, notamment la femelle pendant la saison de reproduction.
Durant la saison hivernale, cette alimentation se réduit aux seules aiguilles de conifères, ce qui conduit l’oiseau à passer une bonne partie de son temps sur les branches des arbres. Cette habitude a inspiré le choix de son nom, Dendragapus, qui veut dire « ami des arbres » en grec.
Comme tous les autres tétras, le tétras sombre est recherché par les chasseurs.
Comment peut-on appuyer sur la gâchette et tuer un animal aussi fabuleux ?

Mes salades de l’année 2009 (5)

J’aime beaucoup les chicorées italiennes en raison de leur amertume. Beaucoup de personnes n’aiment pas. Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas …

Je ne sais pas trop où en sont les miennes qui sont encore en plein champ mais, vers Noël, camouflées sur une belle couche de neige, elles avaient résisté à un froid d’au moins 17°C en dessous du zéro. Les dernières que nous avons consommées datent de la fin décembre.

J’en avais semé une douzaine de variétés différentes mais les étiquettes se sont perdues en cours de route et j’ai un mal terrible à mettre un nom sur chacune d’entre elles.


Il n’est pas toujours facile de les faire « pommer ». Je ne sais d’ailleurs pas comment il faut faire, j’ai l’impression que certaines sont récalcitrantes. Pourtant je leur parle avec la même douceur qu’aux autres, sans doute est-ce l’accent franc-comtois que les font se hérisser. Mais lorsqu’elles poussent de manière serrée, il faut plusieurs repas pour arriver à bout d’une salade.

(variété bianca invernale qui est une sélection blanche de di chioggia).

S’il ne fallait garder qu’une seule de ces chicorées italiennes, ce serait sans doute la castelfranco, salade aux feuilles veinées, qui existe sous plusieurs formes, toutes très belles.


A noter que la coloration de ces salades n’apparaît en général qu’avec les premiers froids.

Lhasa, une étoile qui disparaît …

C’est un coup dur pour la musique que la mort de Lhasa. Atteinte d’un cancer au sein, elle avait dû annuler au printemps dernier sa dernière tournée à peine commencée. Les deux concerts donnés en Islande en mai auront donc été ses derniers.

Passionnée, sensuelle, indomptable, douce, profonde, troublante, incantatoire, hypnotisante, feutrée, puissante, intense, millénaire, âme bouillonnante, femme d’instinct et tête chercheuse. Il s’agit là des adjectifs qui ont le plus souvent affublé, dans la presse, cette chanteuse hors norme.

D’origine americano-mexicaine, Lhasa a eu une enfance étonnante : elle a passé ses jeunes années à sillonner l’Amérique et le Mexique dans un bus avec ses parents hippies et ses neuf frères et soeurs. A 13 ans, elle chantait du jazz dans un café de San Francisco.

C’est au Québec qu’elle s’est trouvée une véritable terre d’adoption et c’est à Montréal qu’elle vivait désormais (à part une courte période de deux ans et demi passée à Marseille).

Son premier disque, la Llorona (1999) est considéré d’emblée comme un grand disque, Lhasa y chante en espagnol (c’est l’un des disques que j’ai le plus écouté). Il est le reflet d’une « Amérique latine à la fois réelle et imaginaire, née de la mémoire d’une enfance itinérante ». Dans le deuxième disque The living road (2003), plus personnel, Lhasa chante en espagnol, en français et en anglais. C’est le disque de la consécration. « Elle est reconnue comme une enfant du pays, un peu partout dans le monde ». Son dernier disque Lhasa, plus intimiste, « crépusculaire » si j’ose dire, est sorti en 2009. La chanteuse n’y chante que dans sa langue maternelle, l’anglais. Chacun des ces trois disques s’est vendu à plus d’1 million d’exemplaires.

Quatre vidéos pour illustrer cet article, successivement Los Peces (1999), La Celestina, De Cara a la pared (2006) et Rising. Le dernière vidéo a été tournée en avril 2009 en acoustique chez Lhasa elle-même (dans son « loft » de Montréal), c’était juste avant l’annulation de sa tournée.

A sa mort, le soir du nouvel an, la neige s’est mise à tomber pendant 40 heures d’affilée sur Montréal.

La dette publique

Intuitivement, j’ai toujours beaucoup aimé Philippe Seguin. Cela pourrait être dur à avouer pour quelqu’un qui, comme moi, revendique son ancrage à gauche (bien que je ne sois pas très fier de cette appartenance en ce moment). Hé bien non, depuis que j’ai vu, il y a longtemps déjà, un très bon débat sur Maastricht entre François Mitterand et Philippe Seguin, je nourris beaucoup d’admiration pour ce dernier. C’était un débat de haute volée, de part et d’autre. Malheureusement, on ne trouve pas ce débat sur le net, ni sur dailymotion, ni sur youtube. Par contre, nul doute que nous trouvons déjà sur ces deux sites des tas de vidéos sur les éloges posthumes (et papati et papata…) que lui font tout aussi bien ses amis que ses ennemis politiques. Mais cela n’a que peu d’intérêt.

Finalement, je n’ai trouvé que très peu de vidéos sur Philippe Seguin. Et il s’agit surtout d’images récentes qui le montrent s’exprimer, en tant que président de la cour des comptes, sur la dette publique. Vaste sujet, mais ô combien intéressant.

Voici deux de ces vidéos. Dans la première, Seguin s’exprime également sur d’autres sujets d’actualité. Le deuxième document est à voir jusqu’au bout. Assurez-vous que vous avez une heure devant vous car cette deuxième vidéo dure 59′ (la minute manquante, c’est pour la minute de silence en ce jour funèbre). Ce deuxième document est assez technique mais il montre l’ampleur du problème des comptes publics, met fin à certaines idées reçues et esquisse des solutions.

Alors, vous avez envie de parler de la dette publique ou on continue à enfouir, collectivement, la tête dans le sable ?

« Codine », de Panaït Istrati

Un article proposé par Christophe (dans le cadre des lectures mensuelles de ce blog)

« Dès que l’homme est trop heureux, il reste seul ; et il reste seul également, dès qu’il est trop malheureux. » Panaït Istrati (extrait de l’oncle Anghel)

Il est probable que ce livre qui retrace une partie de la jeunesse d’Adrien Zograffi ne vous a pas laissé indifférent. La part autobiographique y est sans doute importante, bien qu’il soit difficile de démêler la part du romanesque dans l’œuvre de Panaït Istrati.
De fortes personnalités, souvent excessives, où la part d’ombre des personnages n’est pas occultée, c’est un des aspects de cette écriture qui me plaît énormément chez l’auteur.

Il y a Codine bien sûr, le forçat au grand cœur, mais qui meurtri dans son enfance, maltraite sa mère.

Deux passages qui témoignent de la rencontre entre Codine et Adrien… La naissance d’une amitié :
« Il tira de sa poche une de ces bourses en canevas avec des fausses perles et des franges, que les prisonniers fabriquent dans les maisons centrales ; il m’offrit une pièce en cuivre.
Je dis :
– Merci, monsieur : je n’accepte pas…
Très étonné, il laissa tomber sa main :
– Tu n’acceptes pas ? Pourquoi ?
– Parce que ma mère me dit qu’il ne faut rien accepter quand on rend un service…
– Tiens ! Ça, c’est pas mal… »
[…]
« – Sais-tu ce que c’est : faire mal à quelqu’un ?
– C’est le faire souffrir, dis-je.
– Non mon bonhomme… Tu n’y es pas. Le mal, le seul mal, c’est l’injustice : tu attrapes un oiseau et tu le mets en cage ; ou bien, au lieu de donner de l’avoine à ton cheval, tu lui fous un coup de fouet. »


Et puis deux autres extraits avec l’autre personnage de ce roman, Kir Nicolas, qui donnent un autre éclairage de l’humanité :
« – Alors, tu ne crois pas en la patrie, Kir Nicolas ? demandait Adrien.
– Mais si, pédakimou (mon petit enfant), j’y crois : la nuit, quand je travaille seul. Je me rappelle que je suis ici un « sale Albanais ». Alors je pense aux belles montagnes où je suis né et où j’ai passé une enfance douce et paisible… Et dans ces moments-là, je chante, ou je pleure ; mais jamais l’envie ne me prend d’égorger un homme en pensant à ma patrie. »

« Ainsi, isolé du monde, enveloppé par le ténèbres, Kir Nicolas redevenait chaque nuit l’homme-nature tel que les montagnes d’Albanie l’avaient créé, tel qu’il avait été avant d’être offensé par les hommes et mis à genoux par la vie.
[…] Il était alors beau à voir. »

C’est un des secrets d’Istrati : révéler l’humanité, même dans les situations les plus difficiles de l’existence.
Et il y en a, de ces moments-là !
J’espère que cette lecture vous aura transporté autant que moi, vers la nature sauvage de Braïla, si près du Danube…

Bye bye bird

Mon idée première, pour ce premier dimanche musical de l’année, était de faire un « best of » des meilleures vidéos que j’avais publiées l’an passé. Et puis, en classant mes anciens articles dans de nouvelles rubriques (vous avez-vu que maintenant tous les « petits dimanches musicaux » sont rangés dans une seule et unique rubrique ?), je suis tombé sur un ancien article que j’avais écrit il y a plus de trois ans et qui concernait un morceau que j’adore : « bye bye bird » de Sonny Boy Williamson. A l’époque, j’avais écrit l’article sans mettre de vidéo, uniquement en essayant de décrire au mieux la prestation de ce bluesman, car  je ne connaissais pas encore Youtube. Plus tard, au cours d’un autre article, je crois avoir mis un lien sur cette vidéo et certains d’entre vous s’en souviennent peut-être.

Finalement, je crois que ce morceau de Sonny Boy Williamson correspond bien à ce que j’ai envie de dire pour un premier dimanche musical de l’année. D’où mon choix de ce jour avec cette vidéo unique.

Et qu’ai-je envie de dire avec cette vidéo ? Que quelque soient les artistes que nous lisons, écoutons ou regardons les oeuvres, il ne faut attacher de l’importance qu’à ceux qui vivent leur art sans artifice, loin du monde du show-bizz, et qui ne trichent pas avec leur public. Sachons reconnaître ceux qui se donnent avec simplicité, même dans la complexité de leur art. Sonny Boy Williamson, inconnu de la plupart de ses contemporains (il est mort il y a 45 ans) était de ces artistes-là, d’une grande sincérité et d’une sacrée trempe.

Ce n’est pas dans mon habitude de recycler un ancien article. Promis, je ne le referai plus. Mais place d’abord à la vidéo.

Image en noir et blanc. Pièce austère au décor très sobre. Au milieu, un grand bonhomme à l’allure déguingandée. Et qui semble un peu étranger à notre monde.

Le son de l’harmonica retentit. Première notes longues et plaintives. Puis un rythme lancinant qui s’installe. Caméra hésitante qui zoome lentement pour s’arrêter sur un visage étonnant. La voix retentit. Un peu lasse mais si émouvante. Les trois mots répétés ressemblent à un hymne incantatoire Bye bye Bird, Bye bye Bird, … Devant le visage, les mains évoluent de manière incroyable. A-t-on déjà vu des mains pareilles ? Les doigts se lient, se délient et jouent une danse reptilienne autour de l’harmonica. Ils semblent presque faire l’amour à l’instrument. Le corps est animé de mouvements chaloupés. L’homme fait corps avec sa musique. Le deuxième couplet est aussi dénudé. Pendant que résonnent les trois mots Bird I’m gone, la caméra refait le chemin inverse. Zoom arrière donc. L’harmonica est alors planté dans le bouche et les mains continuent ailleurs leur travail : les doigt claquent puis les mains se frappent.

La danse hypnotique se termine en douceur. Dos voûté, saluant timidement le public, Sonny Boy Williamson quitte le champ de la caméra sur la pointe des pieds. Le coeur du spectacteur bat alors très fort.

Scène filmée en 1963, avec une seule caméra. Sobriété de moyens typique de l’époque. Et qui sied à merveille à cette musique dépouillée. Toute la magie du blues condensée dans trois minutes d’émotion.