Petite escapade dans le Haut-Jura

Me voila parti pour une toute petite escapade dans le Haut-Jura. Les valises sont prêtes. Je m’aperçois que plusieurs insectes de mon jardin, persuadés que j’allais les emmener, sont prêts à partir eux-aussi, une valise à chaque main.

Mon prochain article sera mis en ligne samedi matin.

« Mes » petites bêtes de l’été 2008 (1)

LE CLAIRON DES ABEILLES
Comme je l’ai dit dans un précédent article, la passion des petites bêtes me reprend et cet été 2008 risque d’être riche en observations. Ce blog va donc prendre une allure un peu différente et beaucoup d’articles seront consacrés aux coccinelles, abeilles, mouches, papillons et autres insectes que je photographierai pendant l’été.

Voici un premier insecte qui s’est considérablement raréfié. Il s’agit du clairon des abeilles.

Cet insecte est un coléoptère, c’est à dire qu’il possède une carapace qui n’est autre que l’une des deux paires d’ailes transformée en quelque chose de dur et de rigide que l’on appelle élytres. A cause de cette paire d’ailes rigides, les coléoptères sont mieux protégés que les autres insectes mais ils sont par contre, et pour cette même raison, de piètres voiliers.

Pourquoi « des abeilles » ? Simplement parce que les oeufs du clairon sont pondus dans les nids des abeilles, le plus souvent des abeilles autres que notre abeille domestique. Les larves qui vont naître vont ensuite se nourrir du couvain de ces hyménoptères (désolé pour ce gros mot, mais dès qu’on aborde le monde infini des insectes, il est indispensable de se farcir la tête d’un certain vocabulaire !).

L’adulte, quand à lui, est plutôt floricole, c’est à dire qu’il se nourrit du nectar des fleurs. Il arrive aussi parfois que le clairon passe au régime carnivore et qu’il capture des petits insectes qui passent à sa portée.

Quand au mont « clairon », je n’ai aucune explication. Et je ne la cherche d’ailleurs pas. De toute façon j’ai toujours eu horreur du son du clairon et je n’aimerais pas découvrir une parenté entre ce bel insecte et l’horrible instrument du même nom !

Guides d’identification des insectes (1)

La passion des petites bêtes me reprend, après une très longue interruption, et je cours les bords des chemins et les marais à leur recherche dès que j’ai un peu de temps.

Il est vrai que la photo numérique, par sa souplesse d’utilisation, permet beaucoup plus de possibilités que l’argentique.

Il existe de nombreux livres qui permettent d’identifier les insectes que l’on rencontre. Certains guides sont très spécialisés et ne sont consacrés qu’aux libellules, aux papillons nocturnes ou aux mouches. Mais le néophyte désire le plus souvent trouver un ouvrage qui lui permette de reconnaître d’abord les insectes les plus fréquents. A ceux-là, je conseille un très bon guide d’identification, le meilleur ouvrage grand public à mon goût : il s’agit du Guide Vigot des Insectes de Heiko Bellmann intitulé Insectes et principaux arachnides.

Bien sûr, avec cet ouvrage, il vous sera impossible de déterminer les 11 000 espèces de mouches que l’on trouve en France mais le livre présente cependant les 1 400 espèces d’insectes les plus courantes, de quoi satisfaire largement l’amateur. Le texte est plutôt facile d’accès, les illustrations sont très bonnes (dans le domaine des insectes, je préfère de loin les photos aux dessins) et le prix est très correct (26 euros). Bref, un excellent ouvrage de vulgarisation !

dimanche à escargots

Pas grand chose à faire dehors par un dimanche pluvieux, si ce n’est aller observer les escargots !

Et je dois dire que je prends un immense plaisir à renouer avec la photographie macro (après quinze années d’interruption), même sous la pluie !

Sur le mur, à la lueur d’une lampe (1)

Je mets rarement la lumière extérieure, la nuit n’ayant pas spécialement besoin d’être éclairée. Mais il m’arrive d’allumer la lampe qui est devant ma porte, juste pour admirer quelques insectes qui ne manquent jamais de venir, attirés par la lumière.

J’ai pour projet de vous présenter, tout au long de l’année qui viennent, quelques-unes des espèces que je vois régulièrement sur le crépi du mur de la maison.

Voici deux papillons nocturnes que j’ai vus fréquemment les temps derniers.

Le premier est un papillon de la grande famille des noctuelles. Il s’appelle la double tache mais les scientifiques l’ont appelé d’un nom beaucoup plus intime : agrostis exclamationis (affublé d’un nom pareil, ça en jette dans les soirées nocturnes où se rend notre animal !) Ce papillon est assez fréquent dans les régions cultivées car la chenille peut vivre sur de très nombreuses plantes herbacées.

Le deuxième papillon appartient aussi à une grande famille, celle des phalènes (appelées aussi « géomètres »). Il s’appelle la timandre aimée (nom latin : timandra griseata), il est aisément reconnaissable à cette bande pourpre qui traverse obliquement les deux ailes.

Michael Chinery, dans son livre, dit que la chenille de ce papillon vit dans les lieux incultes, ça tombe bien, je suis inculte dans plein de domaines, je ne devrais donc pas tarder à trouver plein de chenilles autour de chez moi !

Bouquet d’araignées

Petite réponse à l’article précédent. Il s’agissait de jeunes araignées fraîchement écloses. Fred D s’était approché de la vérité et je crois que Kn’L et Oetincelleo, en fines observatrices qu’elles sont (les nanas, ça voit tout, ça devine tout … hélas), puis Yves (en fin naturaliste qu’il est), avaient trouvé !

Oui, cette petite boule regroupe une multitude de petites araignées, il suffit d’ailleurs de toucher un peu le feuillage autour d’elles pour les voir partir affolées dans toutes les directions et ensuite revenir se pelotonner ensuite dans la masse dès que le calme revient.

Petite bestiole à identifier

Aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, je travaille à la maison. Je cherche des diapos dont j’ai besoin pour le boulot. Depuis ce matin, des centaines et des centaines de clichés passent entre mes mains. C’est un travail que je n’aime pas faire, allez savoir pourquoi …

Certaines diapos ne me disent pas grand chose, visiblement c’est moi qui les ai faites à la fin des années 70, mais je ne me rappelle de rien (début d’Altzheimer ?). Par contre je tombe sur certaines photos que je n’avais pas revues depuis trente ans, dont j’ai gardé un souvenir vivace, et qui me replongent loin en arrière à mes débuts de naturaliste.

Tiens par exemple, voici cette image retrouvée il y a dix minutes. Il s’agit d’une petite bestiole photographiée en 1979 et que je n’ai jamais revue depuis.

Et comme vous avez l’air de prendre goût aux devinettes (cf. mon dernier article), je vous laisse deviner de quel animal il s’agit … Ce qui m’évite d’ailleurs de faire un long article à son propos. Pas folle la guêpe !

Du changement dans l’air (4)

La saison avance à grand pas et chaque jour apporte son lot de nouveautés.

Mercredi 27 février, les bergeronnettes des ruisseaux étaient déjà en train de visiter des cavités pour construire leur nid.

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Jeudi 28 février, j’observais le premier bruant des roseaux et le premier rouge-queue noir fraîchement arrivés du Sud.

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Samedi 1er mars, cinq bergeronnettes grises suivaient le tracteur de mon frère à la recherche de quelques petites bestioles retournées par le soc de la charrue.

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Tiens, il manque à mon tableau le tarier pâtre que je n’ai pas encore remarqué mais qui devrait déjà être revenu. Il était pourtant au bord de la mer du nord à Texel il y a trois semaines …

Et vous, vous avez remarqué d’autres changements ?

Retrouvailles photographiques (2)

Dans un précédent article, j’ai raconté comment j’ai retrouvé par hasard d’anciennes diapos réalisées il y a huit ans. J’avais fouillé un placard dans tous les sens, persuadé qu’elles y étaient, mais en vain… Et finalement, c’est dans ce même placard que je les ai retrouvées, bien des années plus tard. « Dieu fait bien des miracles », m’avait dit Sarko, il va donc falloir que je m’habitue à cette idée je dois dire un peu nouvelle pour moi. Pourtant, ma mère me l’avait pourtant assez dit quand j’étais p’tit …

Parmi celles que j’ai regardées ce soir (car évidemment, je ne sais pas encore vraiment tout ce qu’il y a dans ce carton de boîtes diapos … et à vrai dire je ne suis pas très pressé), il y avait une série consacrée à la mante religieuse. En cet été 2000, j’avais photographié l’accouplement, juste à côté de ma maison. Drôle d’accouplement d’ailleurs car il arrive fréquemment que la femelle finisse par croquer le mâle.

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Oui, je sais, on est encore en plein sombre hiver et ces scènes photographiées en plein été lumineux sont un peu anachroniques. Mais mon blog connaît une certaine noirceur actuellement. Alors, j’essaie de le tirer le plus possible ver la lumière. Vers les Lumières !

Et la mante est avant tout religieuse. Alors, pour compenser mes propos (orientés) sur la laïcité et respecter un certain équilibre entre les différentes parties (ne surtout pas avoir un blog engagé), une mante finalement, pourquoi pas … Et les frasques conjugales d’une religieuse, même exhibées à la Une de Paris-Match, je n’ai pas l’impression que de nos jours celà soit si grave et empêche d’aller la tête haute devant sa Sainteté le Pape.

Du changement dans l’air (2)

Décidément la saison avance. Vite. Trop vite probablement. Les plantes et les animaux commencent déjà à se réveiller. Et nous ne sommes qu’en janvier ! Et pas seulement les grenouilles dont il était question la semaine dernière dans mon article (tiens à ce propos, vous avez vu qu’une certaine « grenouille » a pris l’habitude de laisser des commentaires sur mes articles, décidément ce blog attire toutes sortes de bêtes !).

Hier dimanche 13 janvier, j’ai vu voler mon premier citron, ce papillon commun que beaucoup connaissent. Il semblerait qu’il ait été observé à Besançon le même jour. Du jamais vu à cette période (de mémoire de Dupdup).

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Ce matin, à 7H15, alors qu’il faisait encore nuit, un gros blaireau a dévalé une pente en bord de route. Je l’ai évité de justesse (il est vrai que je partais au boulot et je n’étais donc pas pressé !). Le blaireau n’est pas un vrai hibernant, c’est juste un animal qui passe la « mauvaise saison » à se reposer. Il lui arrive de sortir en plein hiver pour se dégourdir les pattes autour du terrier. Mais jamais loin du terrier. Alors, un blaireau qui se balade en pleine campagne à cette saison, ça me semble plutôt inhabituel, voire inhabituel.

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En arrivant au travail, Vincent, l’un de mes collègues, me dit que ses parents ont vu deux hérissons hier dans leur jardin, à Longwy-sur-Doubs dans le Jura. Alors là, je n’en reviens pas car le hérisson est un véritable hibernant. Au train où la nature avance, il ne serait pas surprenant que nous observions de jeunes hérissons très tôt ce printemps.

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Ce genre d’articles me permet d’exhumer de très vieilles diapos qui étaient toutes condamnées à mourir de leur belle mort au fond d’un placard (à rester en diapo’se en quelque sorte). Recyclons, recyclons …

Quand les abeilles nous boudent … !

Depuis quelques jours, des tas de mails circulent à propos de l’abeille et de sa disparition. Ce soir, un mail contradictoire me parvient, argumenté par le fait que l’abeille domestique n’est pas forcément une « sentinelle de la biodiversité » et que sa présence, à elle seule, ne garantit pas forcément la diversité des espèces végétales sauvages. Evidemment ! La nature est trop complexe pour se satisfaire de tels raccourcis.

Mais « sentinelle » ou pas, la disparition de l’abeille n’en est pas moins dramatique. J’ai déjà alerté les lecteurs de ce blog sur la diminution des insectes pollinisateurs. J’ai déjà parlé, au hasard d’un commentaire, de ma production de courgettes qui se fait par à-coups avec de longues périodes sans fruits (ils avortent, à peine formés, faute d’insectes). Je crois donc que c’est aussi et surtout au niveau économique que la disparition de l’abeille aura des conséquences cruelles.

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Dans le journal Le Monde, Bernard Vaissière, chercheur à l’INRA, spécialiste de la pollinisation, a rendu publiques ses interrogations concernant l’avenir de la production de fruits et légumes sur notre planète. Car l’abeille, qui à elle seule représenterait 10% du poids économique de l’agriculture, disparaît de l’ensemble de la Terre (ainsi par exemple aux Etats-Unis où 25% de la population a été décimée par l’hiver 2006-2007). Cette raréfaction touche aussi bien l’abeille domestique que les mille espèces sauvages connues au monde.

D’après Bernard Vaissière, 80 % des espèces de végétaux cultivés en Europe dépendent directement de la pollinisation par les insectes, des abeilles pour l’essentiel. Evidemment, d’autres vecteurs comme le vent ou l’autopollinisation contribuent à la reproduction sexuée mais « sans les butineuses, la plupart des cultures n’atteignent plus une production satisfaisante ». C’est le cas de la plupart des arbres fruitiers, des grandes cultures oléagineuses (colza, tournesol) et protéagineuses, des cultures maraîchères (cucurbitacées, tomates, fraises), des crucifères (radis, choux, navets), des ombellifères (carottes, céleri, persil) et des alliacées (oignons, poireaux). Il semble donc difficile d’imaginer un repas auquel les abeilles ne soient pas associées de très près !

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Vaissière rapporte qu’une étude internationale a évalué, pour la première fois, la dépendance aux pollinisateurs de la production agricole mondiale des 115 cultures les plus importantes. La conclusion est alarmante : 35 % de la production de nourriture, rapportée au tonnage, dépend des insectes. Ne seraient pas concernées cependant des céréales essentielles comme le blé, le maïs et le riz.

Il n’y a pas d’alternative à la disparition des abeilles et les essais d’augmentation de la pollinisation par le vent (en utilisant des hélicoptères) ont été jugés trop peu rentables pour être mis sur le marché.

Bernard Vaissière pointe du doigt les causes de la raréfaction des abeilles : élimination de leurs sites de nidification, raréfaction des plantes qui leur fournissent nectar et pollen, parasites et maladies … Et, surtout, l’épandage de pesticides, car des travaux récents concernant le séquençage du génôme de l’abeille montrent que celle-ci possède peu de « gènes de détoxification ». Les propos de Vaissière confortent mon intuition : je suis en effet persuadé que l’utilisation de pesticides est une bombe à retardement qui aura des effets considérables, pas seulement sur les espèces animales, mais sur la santé publique.

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Je pense que cette raréfaction des abeilles (et de l’ensemble des insectes pollinisateurs) va accentuer la pénurie de nourriture au niveau de la planète. Elle va s’ajouter au reste : à savoir que le lait commence à manquer, que les moussons de ne se font plus régulièrement et que la récolte de riz devient moins régulière en Asie, que les terres arables disparaissent et entraînent déjà des exodes de population en Afrique, que le manque d’eau va diminuer la rentabilité des cultures, que la généralisation des biocarburants va avoir un effet dévastateur sur la production de nourriture (et notamment sur ce que l’on daignera laisser aux pays du Sud). Bref, avant même que ne soit rendue publique cette nouvelle menaces sur les insectes, notre planète était probablement déjà en situation d’insuffisance alimentaire.

Bien sûr, cette idée de pénurie alimentaire fait froid dans le dos. Mais je dois dire que j’aime particulièrement cette idée que le destin de l’Homme, quelque part, est intimement lié à celui de nos frères inférieurs. Je ne sais pas s’il y a là, matière à un peu (un tout petit peu) d’optimisme mais il y a en tous cas matière à réfléchir, pour peu que nous soyions en mesure d’en tirer les leçons.

Coccinelle invasive

Petite surprise samedi dernier avec la découverte d’une coccinelle asiatique dans mon jardin.

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Cette espèce a été introduite volontairement et massivement par l’Homme à la fin des années 80 pour des raisons de lutte biologique contre les pucerons. Mais les introductions d’espèces exotiques sont toujours hasardeuses et rarement heureuses : la coccinelle asiatique, non contente d’éliminer les larves de pucerons, s’en est pris aussi aux autres espèces de coccinelles autochtones. Les « bêtes à bon Dieu » de notre enfance sont ainsi remplacées progressivement par « les bêtes du diable ».

Robert, le diable

PAPILLONS DE NOS JARDINS (8)
J’aime beaucoup le houblon sauvage, c’est une très belle plante grimpante qui pousse dans les endroits plutôt humides. Je connais plusieurs endroits de la vallée de l’Ognon où elle pousse naturellement sur les poteaux électriques ou les poteaux téléphoniques. Ainsi, devant chez moi, quelques pieds de houblons tentent de partir à l’assaut des poteaux mais sont régulièrement détruits par les ouvriers de l’Equipement.

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Le houblon, tout comme l’orme, le noisetier ou le framboisier, abrite les larves d’un petit papillon très sympathique et reconnaissable à ses ailes très découpées : le Robert-le-Diable. Drôle de nom dont j’ai été incapable de trouver l’origine. Le nom latin c-album est par contre beaucoup plus explicite car le dessous des ailes de ce papillon révèle un C blanc qui tranche sur le fond sombre de l’aile.

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Les quelques adultes qui réussissent à passer l’hiver dans nos régions se reproduisent dès le début du printemps. Les larves donnent naissance en début d’été à une première génération de papillons de couleur fauve clair. La deuxième génération d’automne est beaucoup plus sombre. Les Robert-le-diable sont très actifs et volent beaucoup. Ils butinent les fleurs de nos jardins pendant toute la belle saison.

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Le Robert-le-diable n’est jamais très abondant car les adultes sont territoriaux et défendent chacun leur petit bout de jardin. Ce comportement territorial n’est pas très fréquent chez les papillons. Autre particularité : l’adulte aime sucer la sève qui suinte sur les écorces des arbres.

L’éthylisme du vulcain

PAPILLONS DE NOS JARDINS (7)
Les pluies du début octobre ont été extrêmement importantes et je ne me souviens pas avoir vu la rivière grimper aussi rapidement à cette période de l’année. En une semaine seulement, il est tombé une centaine de litres d’eau (soit l’équivalent de 10 arrosoirs) par mètre carré. C’est la quantité qu’il tombe habituellement en un mois et demi.

Le soleil est largement revenu il y a une quinzaine de jours, pour une très belle période que seul l’automne peut nous offrir. Aussitôt, quelques espèces de papillons se sont alors montrées. Je reste toujours impressionné par la faculté qu’ont ces bestioles à ressurgir après la pluie (à laquelle s’était, cette fois-ci, ajoutée une mini-tempête) comme s’il ne s’était rien passé.

Le premier papillon qui a pointé le bout de ses antennes a été le vulcain. Parmi les nombreuses espèces qui ont les trois couleurs orange, blanc et noir, ce papillon est celui qui est certainement le plus reconnaissable, de loin, grâce à ses ailes sombres traversées d’une large bande orangée.

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Le vulcain est un véritable migrateur, c’est même l’un des papillons dont la migration est la mieux connue. Les premiers migrants nous reviennent en avril mais le gros de la troupe n’arrive qu’en mai et juin. Aussitôt arrivés, aussitôt accouplés ! Les oeufs vont être pondus isolément sur des feuilles d’orties. La chenille va se confectionner un petit nid en enroulant autour d’elle une feuille qu’elle maintient avec quelques fils de soie. C’est dans cet abri que la chenille va se transformer en chrysalide puis en papillon ailé.

Les adultes de la deuxième génération vont repartir vers le sud à l’automne pour hiverner dans les bois et les rochers. Ceux qui tentent d’hiverner plus au nord (dans l’Est de la France par exemple) ont peu de chance de passer l’hiver.

Joëlle a été la première à remarquer la réapparition des vulcains après la pluie. Elle a surtout observé un comportement étonnant : les vulcains venaient se nourrir sur des grains de raisin fermentés que la pluie avaient abîmés ; ils avaient un vol tellement papillonnant qu’ils semblaient complétement saouls. Effectivement, après avoir vérifié sur le livre de Heiko Bellmann Quel est donc ce papillon ?, le vulcain a l’habitude à l’automne de venir fréquenter les jardins et les vergers à la recherche de fruits en état de décomposition avancée. Il s’agit même sûrement là de leur nourriture habituelle en cette saison car j’ai observé, toute cette dernière semaine, de nombreux vulcains qui passaient tout leur temps affalés sur des pommes pourries et sur les derniers raisins de l’automne.

Et c’est donc le ventre plein de jus fermenté, complétement bourrés, que nos vulcains vont prendre la route en direction du sud (en prenant les chemins de traverse pour éviter les contôles). Pas étonnant donc qu’une partie seulement des vulcains nous revienne au printemps suivant !

Le Paon du jour

PAPILLONS DE NOS JARDINS (6)
Le mois de septembre voit fleurir les premiers asters de nos jardins. C’est pour moi l’occasion de revoir ce beau papillon qu’est le paon du jour et qui n’avait guère fréquenté mon jardin depuis ce printemps. C’est l’un des papillons communs les plus beaux, il est facilement reconnaissable à ces belles taches, que l’on appelle ocelles, et qui sont disposées comme des yeux destinés à affaroucher d’éventuels prédateurs.

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Comme d’autres espèces de papillons, le paon du jour est beaucoup moins visible lorsqu’il est posé, ailles fermées, et qu’il profite alors d’un certain mimétisme avec son environnement.

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Si beaucoup d’espèces de papillons semblent disparaître au fil des années, le paon du jour reste fréquent. Il faut dire que les plantes qui accueillent sa chenille, les orties, sont plutôt communes et favorisées par le mode d’agriculture d’aujourd’hui (les orties se développent sur les lieux riches en nitrates et nitrites).

Les oeufs du paon du jour sont pondus en petits paquets (contenant de 50 à 200 oeufs) sur la face inférieure des feuilles d’orties (ou parfois de houblon). Quelques jours après leur éclosion, les chenilles entament déjà leur première mue. A ce stade, elles vivent en communautés dans un réseau de soie et dévorent tout sur leur passage.

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Au bout de quatre mues, après avoir épuisé leurs plantes-hôtes et changé plusieurs fois de plantes, les chenilles vont s’écarter du groupe et se fixer sur une tige sèche, se transformant d’abord en chrysalide puis au bout de deux semaines en bel adulte ailé. Les adultes vont s’accoupler très rapidement après leur métamorphose puis vont vivre leur vie en butinant des fleurs diverses.

A l’automne, les adultes de la dernière génération vont hiberner à l’abri, dans des terriers de renards, des grottes ou des caves.

Aujourd’hui, il a plu toute la journée. Il va sans dire qu’aucun paon du jour n’était de sortie. Par contre, dès 7 heures du matin, le coup de feu d’un chasseur a éclaté dans le silence du lever du jour. C’était un autre « pan » du jour ! Et qui va sévir pendant six mois encore ! Ce qui laisse pas mal de temps à l’épouse pour aller « papillonner » !

Citron des quatres saisons

PAPILLONS DE NOS JARDINS (5)
Les jardiniers qui souhaiteraient cultiver un citronnier peuvent le faire facilement en pot, à condition qu’ils aient à leur disposition une pièce froide (mais hors gel) et bien éclairée pour le rentrer en hiver. La variété la plus intéressante est de loin le « citron des quatre saisons » dénommé ainsi en raison de sa production continue de fruits toute l’année.

Je connais une autre espèce de citron dont la vie est elle aussi adaptée aux quatres saisons, il s’agit du papillon Gonepteryx rhamni (pour les intimes) que l’on appelle communément citron en raison de sa couleur jaune (alors que la femelle a une couleur blanc verdâtre).

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Ce papillon, reconnaissable aussi à ses ailes pointues, fréquente régulièrement nos jardins mais c’est avant tout un habitant des lisières, des clairières, des bois clairs, des prairies bocagères et des broussailles.

Le citron a une longévité qu’on ne retrouve habituellement pas chez les autres espèces. Les chenilles qui ont vécu sur le nerprun ou la bourdaine se métamorphosent en juin et vont visiter de très nombreuses fleurs jusqu’au mois d’octobre et même en novembre. En hiver, le papillon adulte va se cacher dans le lierre ou les ronciers mais ne va pas hésiter à voleter, dès la mi-février, à la faveur d’un radoucissement du temps. Certains sortiront sans encombres de la mauvaise saison pour continuer à vivre jusqu’au mois de juin, accomplissant ainsi un cycle annuel complet. Une vraie prouesse de longévité dans le monde très éphémère des papillons !

Tristan Lafranchis écrit dans son livre « Lors de la parade nuptiale, la femelle abaisse ses ailes et redresse l’abdomen, exposant une touffe d’écailles odorantes. Pour s’accoupler, le mâle doit réussir à passer sous les ailes de la femelle ». Quelle gymnastique ! Mais comme chez l’Homme, la patience du mâle a ses limites : faudrait quand même pas trop presser le citron !

Le machaon ou Grand porte-queue

PAPILLONS DE NOS JARDINS (4)
Par les temps qui courent, avec un mois d’août exceptionnellement pluvieux et froid, on ne peut pas dire que les papillons soient de la fête. C’est pourtant un vrai miracle que de les voir réapparaître dès le premier rayon de soleil qui succède à la pluie. Raison de plus pour continuer cette rubrique consacrée aux papillons qui vivent autour de nos maisons car la belle saison n’est finie et elle nous réserve encore de belles observations.

J’éprouve toujours un grand plaisir à voir apparaître chaque mois d’avril le machaon, que l’on appelle aussi grand porte-queue. Les fleurs de buddléïas l’attirent immanquablement. C’est l’un de nos plus beaux papillons et il est assez facile de l’observer dans son jardin, même en milieu très urbanisé. En effet, les adultes sont assez vagabonds et vont eux-aussi, en bons campagnards qu’ils sont, se dévergonder jusqu’en ville. L’observateur attentif pourra même assister, comme sur la photo suivante, aux ébats de Monsieur et Madame Machaon.

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En mai-juin, je vais souvent fouiller du regard mes pieds de fenouils et le feuillage des carottes où il n’est pas rare que je tombe sur les superbes chenilles du machaon. L’an passé, j’ai même trouvé 5-6 chenilles dans ma jardinière à persil. Dans la nature, les chenilles se trouvent sur un grand nombre de plantes sauvages : angélique, peucédan des marais, pimprenelle saxifrage, cumin des prés, égopode… Lorsqu’elles sont inquiétées, les chenilles font saillir une glande odorante orangée qui éloigne les prédateurs.

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Dans nos régions, deux générations de machaons se succèdent d’avril à septembre. Dans le midi de la France, le climat plus favorable permet trois générations successives alors qu’en altitude (jusqu’à 2 200 mètres et même 2 700 m dans les Pyrénées espagnoles) le climat plus rigoureux ne permet qu’une seule génération.

Chaque automne, j’observe les derniers machaons lors des derniers beaux soleils de septembre, exceptionnellement juqu’en octobre, généralement sur des asters, puis ils disparaissent aux premiers froids. Il ne me reste plus alors qu’à attendre leur retour en rêvant de temps en temps devant le superbe livre de Tristan Lafranchis consacré aux papillons de jours (collection parthénope, éditions Biotope).

Amoureux des belles dames

PAPILLONS DE NOS JARDINS (3)

L’été, il m’arrive souvent de courir après les belles dames. Parfois plusieurs à la fois. Quelle santé ! Mais elles s’enfuient dès que j’approche un peu trop, pour mieux s’arrêter un peu plus loin (comportement typiquement féminin). Alors je les poursuis de mes assiduités, jusqu’au milieu des grandes herbes. Elles me narguent souvent en venant roder dans le jardin, autour de la maison. Elles disparaissent à l’automne et me laissent esseulé tout l’hiver. Mais quel miracle à leur retour au printemps ! Mon coeur bat de nouveau pour elles !

Vous ne l’avez peut-être pas immédiatement compris, mais la « belle-dame » dont je parle est un élégant papillon. Plutôt répandu chez nous, ce papillon l’est aussi ailleurs car on le rencontre sur presque toute la planète, sauf en Amérique du sud et dans les régions polaires. Son abondance varie beaucoup d’une année à l’autre.

Ce papillon fréquente nos jardins d’avril à octobre, en deux ou trois générations qui se succèdent et viennent butiner de nombreuses fleurs tels que buddléïas, sedums, chardons bleus, asters …

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Les oeufs sont pondus séparément sous des feuilles de chardon, mauve, vipérine, bourrache, plantain… Les chenilles de la dernière génération passeront l’hiver à l’état de chrysalide avant de se métamorphoser aux premiers beaux soleils du mois d’avril (parfois dès mars).

Le plus étonnant dans cette espèce est son aptitude à migrer. Chaque année, une vague de migration, venant d’Afrique du Nord, traverse la France d’avril à juin, passant même par le jardin à Dupdup. A l’automne, les belles-dames de la deuxième génération redescendent vers le sud. Elles migrent également de nuit et viennent parfois sous les éclairages des bâteaux, en pleine mer. Car c’est bien connu : les belles dames rêvent en secret de beaux marins !