Le moineau friquet

Il semblerait que les effectifs de moineaux friquets diminuent un peu partout. Il est vrai que j’en vois un peu moins à chaque hiver. Les derniers mois, seuls quelques-uns ont fréquenté mon poste de nourrissage.


Par contre, ils semblent réapparaître comme par magie au printemps. Avec l’installation de nichoirs, j’ai réussi à fixer une petite colonie autour de la maison. Ce printemps semble bien démarrer pour eux, trois couples sont en train de visiter les nichoirs. Il faut dire que cette espèce est sociable et les moineaux friquets peuvent nicher en colonie, très près les uns des autres.

L’un des couples vient de s’installer dans un nichoir qui est juste devant la fenêtre de la cuisine. Voici quelques photos faites hier à travers la vitre.

La buse et le mulot

Il y a quinze jours, alors que j’étais camouflé dans mon affût dans l’attente d’un hypothétique milan noir qui n’a pas daigné montré le bout de son aile, une buse variable, au plumage clair très original, est venue se poser devant moi. Je pensais qu’elle était intéressée par les déchets de viande que j’avais mis pour le milan, mais visiblement non.

Et puis je me suis rendu compte qu’elle venait de capturer un mulot que je n’avais pas remarqué sur le moment. Elle ne l’a pas mangé sur place et l’a emporté. Sans doute ne se sentait-elle pas en sécurité en étant aussi près de mon affût.

En direct de la nature estonienne (2)

Nos amis Estoniens continuent de nous offrir en direct sur leur site des images extraordinaires de leurs sangliers, élans, phoques et rapaces. De plus, ils se livrent à de belles expériences. L’autre jour, le type qui est venu apporter de la nourriture en forêt est resté assis sur le site et a attendu que les sangliers s’approchent de lui. C’était un beau moment.


Mais le document le plus exceptionnel est sans doute l’accouplement sur le nid de cet immense rapace qu’est le pygargue à queue blanche. EN CLIQUANT ICI puis en allant cliquer, une fois la page affichée, sur See video – March 11, vous prendrez sans doute beaucoup de plaisir au spectacle (mais sans doute moins que les pygargues eux-mêmes !).


De belles images en perspective pour ce printemps avec la naissance puis l’élevage des jeunes en direct !

L’urubu à tête rouge

Un article proposé par Etincelle
Vous est-il déjà arrivé de voir une poule perchée sur un arbre ?
Si, si, ça arrive, et dans ces cas là, on se pose des questions …
Ai-je besoin de changer de lunettes ?
Ai-je trop bu ? (Quand même pas le sirop d’érable sur les pancakes du petit déjeuner !)
Suis-je dans un monde parallèle ?
Rien de tout ça, la preuve …

Pourtant, quand la poule prend son envol, il n’est plus question de gallinacé.
Comme par miracle, elle se transforme en un bel oiseau, considéré comme le plus grand baroudeur d’Amérique du nord, qui voyage « guidé par son nez ».

J’ai cité l’Urubu à tête rouge (Cathartes aura), en anglais turkey vulture, qui se traduit littéralement par « vautour dinde ».
Ce vautour de près de deux mètres d’envergure se rencontre dans tout le continent américain, du Canada à la Terre de feu.

Noir ou très foncé, avec le dessous des ailes clair, sa petite tête recouverte d’une peau rouge et fripée ne laisse aucun doute sur son identité.
En effet, comme beaucoup d’autres charognards, ces vautours n’ont pas de plumes sur la tête pour éviter la prolifération de bactéries où de parasites qui pourraient les contaminer alors qu’ils se nourrissent.
Par contre, contrairement à d’autres charognards, cet oiseau vole bas, à la recherche de cadavres, pour la simple et bonne raison qu’il possède le sens de l’odorat, ce qui est très rare dans le monde des oiseaux.
Qu’est-ce qui a bien pu attirer ce vautour, ici, près de cette route de l’extrême nord-ouest des Etats-Unis ?
Eh bien, une charogne bien sûr …

Le porc-épic fera un délicieux repas pour l’Urubu mais attention, le cadavre ne doit pas avoir traîné pendant trop longtemps car ce vautour ne peut pas consommer des charognes en état de décomposition avancée. Sa résistance aux toxines a ses limites.
Après un pareil festin, ce vautour est capable de rester 15 jours sans manger ni boire.
Laborieux à l’envol, l’Urubu à tête rouge est un planeur qui peut voler des heures sans battre une seule fois des ailes, en utilisant les thermiques. D’une bulle chaude à une autre, l’oiseau se déplace avec une dépense d’énergie minimale.

Même s’il n’a pas le joli col de fourrure blanche du vautour fauve de chez nous, l’urubu à tête rouge méritait bien un petit passage dans le blogadupdup, pour compléter la série d’articles du printemps dernier sur le vautour fauve et le vautour percnoptère.

Toujours aussi calme à la mangeoire

C’est en cliquant ici que l’on pourra consulter le dernier album photo que j’ai réalisé sur Picasa (mettre en position « diaporama », c’est bien plus agréable). Il est consacré aux oiseaux que j’ai photographiés au cours des derniers week-ends derrière la maison (dont la buse variable qui a récemment été à l’honneur de ce blog). C’est depuis un abri soigneusement camouflé dans un vieux thuya que toutes les photos de cet album ont été réalisées.


Habituellement, en fin d’hiver, les oiseaux se bousculent par centaines au poste de nourrissage. Mais cette année, c’est un peu la dèche ! Bien sûr, il y a eu un peu plus d’oiseaux pendant les épisodes neigeux et froids des dernières semaines. Mais sans plus !

Le poste de nourrissage est aussi peu animé en cette fin d’hiver qu’au mois de décembre. Quelques dizaines d’oiseaux seulement ! S’il n’y avait pas le tarin des aulnes (ici photographié juste au moment où la graine de tournesol explose sous la force du bec) dont les effectifs ont bien augmenté les dernières semaines, les mangeoires seraient bien mornes.

Et chez vous, qu’en est-il ?

En direct de la nature estonienne

Comme je l’ai annoncé dans mon dernier article, ce blog ne reprendra que le lundi 22 février.

En attendant, pour celles et ceux qui ne sont pas familiers de ce blog et qui le prendraient en cours de route, je rappelle qu’en cliquant ici on accède à un fabuleux site estonien (dont il est souvent question ici sur ce blog), qui permet d’observer en direct des animaux dans leur milieu. Pour accéder aux webcams, il faut aller dans la colonne de gauche et cliquer sur direct stream.

Vous avez ainsi accès à deux sites forestiers qui sont intéressants surtout la nuit et parfois dès la fin de l’après-midi (des projecteurs éclairent les deux sites en nocturne), en raison d’importantes bandes de sangliers. Voici par exemple deux images que j’ai « capturées » sur mon écran (c’est très facile avec la touche « Imp écr. Syst », il suffit ensuite d’aller coller l’image dans n’importe quel logiciel genre photoshop) :

Il arrive régulièrement que d’autres animaux passent devant la caméra en pleine journée ou à la tombée de la nuit. Ainsi ces chevreuils et ces élans :

Comme chaque hiver, un poste de nourrissage permet à des rapaces de venir se nourrir. Depuis quelques jours, la nourriture a été placée très près de la caméra (« Winter White-Tailed Eagle Camera ») et de superbes observations peuvent être faites en cours de journée, mettant en scène le grand corbeau, la pie bavarde, la corneille mantelée et cet énorme rapace qu’est le pygargue à queue blanche. Hier matin, trois pygargues étaient sur le site.


Bonnes observations !

Le retour de la buse

J’ai passé pas mal de temps pendant les vacances de Noël à me cailler les miches dans un petit affût en lisière de forêt, dans l’espoir de photographier la buse variable. Mais en vain. Il faut dire que si j’ai réalisé sans doute plus d’un millier de photos de buse à l’ère de l’argentique, les buses semblent me fuir depuis que je suis passé au numérique.

Samedi après-midi, j’ai tué deux lapins (ben oui, quoi, Dupdup est un méchant sanguinaire qui tue les deux ou trois lapins qu’il mange chaque année !). Le lendemain matin, j’ai mis les peaux et les ventrailles des deux lapins sur la pelouse derrière la maison, juste devant un petit abri camouflé sous un arbre (un affreux thuya, mais plutôt fonctionnel en tant qu’affût photographique). Quatre buses sont venues successivement dans l’après-midi. Voici quelques photos parmi la centaine réalisée ce jour-là.

Butor étoilé

Le butor étoilé on en rêve mais il ne reste bien souvent qu’un oiseau mythique. Je connais bon nombre d’ornithos qui n’ont pas encore eu la chance de l’apercevoir. Je ne l’ai vu qu’à quelques reprises dans ma vie. La dernière fois, c’était il y a plus de dix ans en Camargue. Il faut dire que cet oiseau mène une vie d’une discrétion extrême au milieu des grands massifs de roseaux.

Je m’étais fait à l’idée de ne jamais apercevoir l’ombre de son bec dans la vallée de l’Ognon. Mais c’était sans compter sur l’oeil aiguisé de Céline, l’une de mes collègues (les femmes, on le sait, rien ne leur échappe, elles voient tout !). Il était environ 16H15 cet après-midi quand elle a vu un butor étoilé arriver au vol et se poser en bordure de la rivière. Appelé aussitôt par Céline,  je suis arrivé juste au moment où l’oiseau s’est mis à marcher et est venu tranquillement dans notre direction à moins d’une dizaine de mètres des fenêtres du bureau. Il est resté immobile derrière un petit talus, invisible pendant quelques minutes. Puis il a repris sa marche, a traversé une petite zone d’herbe en s’éloignant de nous et s’est installé dans les roseaux en bordure d’un petit ruisseau. Il y a eu ensuite quelques observations furtives, on voyait de temps en temps l’oiseau bouger et se déplacer dans les roseaux. Dix minutes plus tard, il partait au vol …

Céline, Joëlle, Christiane, Régis et moi avons assisté (en totalité ou en partie) à cette scène. Un grand moment d’émotion ! L’une de mes plus belles observations de ma vie d’ornitho !

La photo réalisée, sans téléobjectif, est extrêmement mauvaise. Aussi, une fois n’est pas coutume, j’utiliserai pour illustrer cet article une photo de cet oiseau prise sur le net, sur ce site.

Le tétras sombre

Un article proposé par Etincelle
Quelle bonne idée que d’avoir cheminé, en ce mois de mai 2008, sur le « 4th of July » Trail, le seul sentier non enneigé de toute la Chaîne des Cascades.
Il faut dire que la quantité de neige tombée ici cet hiver, est à faire pâlir de jalousie les adeptes du ski dans les Alpes.
Les cols routiers ouverts (deux seulement) ont encore des murs de neige de 6 ou 7 mètres de haut de chaque côté de la route.
Nous sommes au nord-ouest des Etats-Unis (Etat de Washington), dans une région montagneuse sauvage où la faune est nombreuse et facilement observable.
Mais revenons à notre sentier sans neige, qui se révèlera être lui aussi recouvert d’une épaisse couche de neige, après seulement deux heures de montée.
Deux heures malgré tout suffisantes pour faire une rencontre inoubliable.
Pas trop rassurée à l’idée d’un nez à nez surprise avec un ours, qui pourrait être attiré par l’odeur du pique-nique que je transporte dans mon sac à dos, je tends l’oreille.
Un bruit bizarre se fait entendre. Un peu comme un bruit de ventriloque.
C’est alors qu’un bout de queue en éventail apparait derrière un rocher.


Oh ! Quel bel oiseau !
Il s’agit d’un tétras sombre mâle (Dendragapus obscurus), blue grouse en anglais.
En pleine parade nuptiale, perché sur un rocher, il dresse sa queue en éventail et hérisse des plumes d’un blanc pur, situées sur le côté de son cou, qui laissent apparaître un sac dilaté, de couleur jaune-orangé… Une marguerite en guise de collier.
Tout ça pour attirer le regard d’une dame !
Messieurs, prenez-en de la graine !


Et ça marche …
La femelle, beaucoup plus discrète que le mâle, n’est pas dénuée de charme pour autant.


Avec son sourcil maquillé d’orange, sa délicate bavette sous le cou et l’arrangement harmonieux des couleurs de ses plumes, pas de doute, elle doit être tout à fait séduisante pour l’original oiseau à la marguerite.


Nous aussi, en France, nous avons nos tétras, mais celui-ci, nous ne le verrons ni dans le Jura, ni dans les Alpes ou les Pyrénées car il ne vit que dans les montagnes de l’ouest du continent nord-américain.
Dès que la neige commence à fondre dans les hautes forêts de conifères, le mâle entame ses appels pour attirer les femelles. Ce son résonnant comme un fredonnement dans la tête pour qui se tient à faible distance de l’oiseau, est si grave que seule une partie est audible pour l’oreille humaine. Ce cri est un des signes les plus précoces du printemps.
Le Tétras sombre mâle est à peu près de la taille d’une poule (environ 50 cm de longueur). La femelle est légèrement plus petite.
Ils se nourrissent de baies, de feuilles, de bourgeons, de graines, de fleurs …
Des végétariens ?
Que nenni, il leur arrive de croquer une sauterelle ou deux au passage, notamment la femelle pendant la saison de reproduction.
Durant la saison hivernale, cette alimentation se réduit aux seules aiguilles de conifères, ce qui conduit l’oiseau à passer une bonne partie de son temps sur les branches des arbres. Cette habitude a inspiré le choix de son nom, Dendragapus, qui veut dire « ami des arbres » en grec.
Comme tous les autres tétras, le tétras sombre est recherché par les chasseurs.
Comment peut-on appuyer sur la gâchette et tuer un animal aussi fabuleux ?

L’aigrette garzette (1)

Un peu la flemme d’écrire aujourd’hui !

Alors, juste quelques photos d’une scène rapide qui s’est déroulée devant mes yeux en octobre dernier en Camargue : deux aigrettes garzettes ont quitté leur petit groupe pour venir pêcher juste devant moi avant de retourner à leur toilette.

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En direct du monde des oiseaux (2)

Au printemps dernier, beaucoup d’entre vous ont suivi en direct, grâce au site internet estonien looduskalender la nidification du pygargue à queue blanche, de l’aigle pomarin et la tentative de nidification de la cigogne noire (en cliquant sur les mots en couleur, on peut revoir les meilleures scènes et suivre, en différé, l’élevage des jeunes). Il y eut de grands moments ! Et j’ai pris un vif plaisir à suivre le cycle de reproduction de ces oiseaux en direct.

isaslind-ootab_0.preview(image extraite du site de looduskalender)

En retournant sur le site internet, je me suis rendu compte que l’hiver dernier, les webcams avaient été branchées sur deux sites de nourrissage pour pygargue et pour sangliers. En cliquant sur les mots, vous accéderez aux meilleures scènes de cet hiver-là et vous y découvrirez aussi de beaux moments avec le renard ou le chevreuil.

Cet hiver, les webcams sont également placées sur deux sites différents mais les images du site internet sont accolées l’une à l’autre et leur taille s’en trouve donc réduite (cliquer ici). J’aime moins cette présentation. Une fois que vous êtes sur la page qui donne en différé les meilleures scènes, vous pouvez cliquer dans la colonne de droite sur « direct stream » dans la rubrique « winter white-tailed eagle camera », ce qui vous permet d’accéder au direct. Pour l’instant, ce n’est pas très intéressant. Mais l’hiver commence seulement.

Il me tarde de savoir quelles seront les espèces dont nous pourrons suivre la reproduction en direct au printemps prochain.

Flamants : la vie en rose ? (2)

Deuxième petite incursion dans la vie du flamant rose en Camargue (voir ici le premier article).

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J’ai passé beaucoup de temps à les observer cet automne et, tout comme pour les canards dont j’avais déjà noté la tendance à passer un temps fou à faire leur toilette (voir l’article), le flamant rose passe lui aussi une bonne partie de son temps au repos à se gratter ou à se lisser les plumes.

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Il arrive parfois, mais plus rarement, que le flamant se couche dans l’eau, s’ébroue tel un canard puis se relève avec force éclaboussures avant d’évacuer l’eau de son plumage en battant des ailes.

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La marche n’arrête pas la toilette.

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Le vol non plus !

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Oiseaux de Bretagne (4)

Petite ballade cet été dans la région sur la plage de Landéda, à l’embouchure de l’aber Wrac’h, un secteur que j’aime beaucoup. La mer était en train de se retirer.

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Des cris de sternes caugek (« kirriuk, kirriuk… ») ont vite attiré mon attention (pas étonnant, elle n’arrêtent pas de cauger !).

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La mer qui se retirait laissait place à des petites zones d’eau peu profondes où les poissons commençaient à être bien visibles depuis le ciel. Situation que les sternes caugeks mettaient à profit pour en capturer quelques-uns.

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Je connaissais bien cet oiseau pour l’avoir vu en plumage nuptial par centaines en Camargue et surtout dans mon havre nordique de l’île Texel.  Mais là, nous n’étions plus au printemps et le front s’éclaircissait, laissant place à une belle tâche blanche.

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La période de nidification était finie. Pourtant, l’une des sternes, est repartie en emportant une algue. Pour en faire quoi ?

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Je ne ramène que quelques photos de cette petite séance, car beaucoup d’entre elles se sont avérées floues (avec mon cerveau déjà lent de quinquagénaire, il me faut du temps pour découvrir toutes les possibilités techniques de l’appareil photo). Parmi les mauvaises photos, un document : la sterne caugek juste au moment de la plongée.

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Oui, je sais, c’est mauvais (et encore, j’avais pas bu de Britt) mais au moins ça va me faire une bonne occasion de retourner en Bretagne pour y réaliser quelques photos un peu plus correctes. Yves, tu peux déjà préparer les  bières !

Flamants : la vie en rose ? (1)

Paul Géroudet était un grand bonhomme. Un grand naturaliste certes mais avant tout quelqu’un qui écrivait avec talent. Ses ouvrages ont amené beaucoup de poésie dans le monde parfois un peu trop froid des ornithos.

Cet article n’en est pas vraiment un. Je voudrais juste introduire une future série d’articles sur le flamant rose par quelques images et un petit texte. Et il m’a semblé que le texte introductif pouvait justement être un extrait de l’article que Paul Géroudet a consacré à cet oiseau dans son livre « Grands échassiers, gallinacés et râles d’Europe ». De ces flamants, Paul Géroudet disait qu’ils étaient « nés de la boue et de l’eau, du soleil et du sel ».

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Dans le début de son article, Géroudet nous parle d’abord des menaces qui pèsent sur la Camargue : « …. Déjà, dans le flanc du delta, l’ogre industriel a implanté un cancer sinistre et démesuré de béton, de fer et de fumées. Déjà, on ne parle plus de nature qu’en termes de mise en valeur touristique, de zones de verdure ou de détente, et le Flamant se chiffre à l’ordinateur des rentabilités futures sous la rubrique du pittoresque folklorique …

Pourtant, les Flamants roses sont toujours en Camargue, inconscients de nos soucis.

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Tant qu’il y aura des étangs salés, aussi longtemps qu’ils y trouveront nourriture et sécurité, ils reviendront les peupler de leurs multitudes comme le veut leur tradition millénaire.

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Tant et chaque fois que seront réunies les conditions de leur reproduction, ils établiront la cité prodigieuse où naîtra leur descendance. Cette fidélité tenace à leur principal refuge européen, ils ne savent sans doute pas qu’elle peut se perpétuer seulement grâce aux efforts des défenseurs de la nature ; ils ne peuvent s’imaginer qu’elle est pour ces hommes l’encouragement à lutter, le symbole de la vie à sauvegarder, de la radieuse beauté du monde.

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Au-delà des cultures, au-delà des dernières steppes que hantent les sombres taureaux de Camargue, les vastes étangs salés recuillent la lumière du ciel. C’est là, dans la nudité du sable et de l’eau, dans le flottement des mirages ou sous le souffle mordant du mistral, que les Flamants apparaissent. Ce sont d’abord, sur les nappes grises ou bleuâtres des lagunes, des troupes lointaines étalées en ligne blanches à peine teintées de rose, ou des oiseaux égrénés qui semblent immobiles. presque toujours, quelques groupes moins farouches pâturent aussi près des rivages et des temps en temps des files ondoyantes passent au vol en échangeant des cancans sonores.

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Alors se révèlent les « ailes de flamme » rouges et noires qui, en diverses langues, ont valu leurs noms à ces super-échassiers étonnant par leurs proportions. »

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Merci Paul pour ce texte. A suivre.

Des heures dans leur salle de bains !

Toilette, miroir, maquillage, re-miroir, manucure, re-re-miroir, épilation, re-re-re-miroir … il y a des personnes qui passent plus de deux heures par jour dans leur salle de bains. Bon, je ne vais pas citer de nom parmi mes voisines (mais suivez mon regard !).

Hé bien, je crois que malgré tous leurs efforts pour aller encore plus loin que ces deux heures quotidiennes de toilette IN-DIS-PEN-SABLES, ces aimables personnes sont dépassées, et loin de là, par le moindre canard de passage.

J’avais déjà parlé de la toilette des tadornes dans un précédent article.

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Lors de mon dernier séjour en Camargue, j’ai pu constater que le moindre canard passait des heures quotidiennes à sa toilette. Nette rousse et fuligule milouin s’en donnent ainsi à coeur-joie.

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Mais ce sont les canards colverts qui détiennent la palme (quoi de plus naturel !), laissant à des années-lumières derrière eux mon aimable voisine.

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Je sens que ma voisine, si jamais elle venait à tomber sur mon blog, va bientôt se mettre à l’ornitho !

Le garde-boeuf, un conquérant (2)

Dans le précédent article, nous en sommes restés à l’année 1969 qui a vu notre courageux héron garde-boeuf réussir enfin, après une quinzaine d’années d’échecs répétés, sa première nidification en Camargue (neuf jeunes s’étant envolés pour la première fois de nids camarguais).

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Les chiffres de la progression sont ensuite éloquents : 26 couples nicheurs en 1971, 128 en 1975 et … 323 couples au bout de 10 ans en 1979 !  La même année, un comptage réalisé en décembre donnera le chiffre de 1 183 hivernants sur l’ensemble de la Camargue.

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Cette augmentation rapide de la population s’est faite au départ grâce à un afflux d’oiseaux espagnols puis par auto-recrutement sur place.

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Les hérons garde-boeufs se sont installés  pour nicher au centre de colonies mixtes regroupant d’autres hérons arboricoles (hérons cendrés, aigrettes garzettes, hérons crabiers et hérons bihoreaux) dans lesquelles ils s’installent souvent tardivement (deuxième quinzaine d’avril ou même première décade de mai seulement). Se nourrissant essentiellement d’amphibiens et d’orthoptères (criquets, sauterelles, grillons), sa concurrence avec les autres espèces de hérons a été relativement faible, en raison de cette spécialisation alimentaire mais aussi parce les lieux qu’il fréquente sont des milieux plutôt secs où ne vont pas les autres hérons.

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Parallèlement à l’augmentation de la population, un changement de comportement a été observé. D’abord, les hérons ont découvert en 1978 qu’ils pouvaient aussi suivre les tracteurs et bénéficier ainsi d’une foule de petites proies dérangées ou retournées par les engins agricoles, notamment dans les rizières.

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En 1979, ils se sont adaptés également à suivre les troupeaux de moutons, ne laissant pas aux seuls chevaux et taureaux l’exclusivité de leur compagnie.

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La population de hérons garde-boeufs chuta lors de l’hiver froid de 1985, une grande majorité des oiseaux mourant alors de faim cet hiver-là. La capacité de cette espèce à reconstituer ses effectifs fut prodigieuse et la progression continua de plus belle. Aujourd’hui, le nombre de couples s’élève jusqu’à 5700 (les bonnes années), ce qui conduit parfois à la présence sur le sol camarguais de plus de 20000 garde-boeufs en fin de période de nidification.

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Le garde-boeuf, un conquérant (1)

De retour de Camargue avec des images plein les yeux ! Moins d’oiseaux cette fois-ci, les centaines de milliers de canards qui d’habitude viennent hiverner dans cette région semblent être restés plus au nord en raison du temps extrêmement doux qui règne sur la plus grande partie de l’Europe. Beaucoup d’étangs et de marais sont encore déserts.

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Mais il reste les oiseaux classiques de la Camargue. Et parmi eux, un petit héron blanc qui l’on voit partout dans le delta du Rhône : le héron garde-boeuf (Bubulcus ibis). Impossible de louper cet oiseau qui passe une bonne partie de son temps en compagnie des chevaux et des tauraux camarguais.

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Si la voiture s’arrête trop près des chevaux, les garde-boeufs auront tôt fait de s’envoler un peu plus loin.

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Mais si l’on reste calme dans son véhicule, ils reviendront vite, d’abord dans les grandes herbes avoisinantes puis sur le dos de « leur » monture dès que le calme sera revenu.

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Mais d’où viennent ces oiseaux qui semblent faire définitivement partie du paysage camarguais ? Il faut rechercher l’origine de ces oiseaux dans les savanes d’Afrique tropicale. C’est là que, dans des temps très anciens, ce petit héron a pris l’habitude de s’associer aux grands mammifères herbivores (éléphants, rhinocéros, buffles et zèbres), étant tantôt presque sous leurs pieds, tantôt perchés sur leur dos. Lorsqu’est née la civilisation pastorale en Afrique, les garde-boeufs sont devenus les satellites des troupeaux de bovidés domestiques, sous l’oeil bienveillant des bergers qui ont toujours, ici comme ailleurs, toléré la présence de cet oiseau.

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Cet oiseau africain est arrivé un jour au sud de l’Espagne. Et c’est de là qu’il est parti à la conquête de la Camargue, en des temps plutôt récents.

Une période un peu difficile, faite de tentatives avortées de nidification, a précédé l’implantation durable du héron garde-boeuf. Cette implantation a été étudiée par Hafner, en voici les principales étapes : les deux premiers hérons ont été aperçus en 1953. Un couple a ensuite essayé de nicher sans succès en 1957, 1958 et 1961. Des présomptions de nidification ont été notées en 1966, 1967 et des oeufs inféconds ont été pondus en 1968. C’est en 1969 qu’a lieu la première nidification de deux couples avec 9 jeunes à l’envol (source : « Guide des oiseaux de Camargue » de Jacques Blondel et Paul Isenmann, 1981).

C’est le début d’une colonisation à grande échelle.

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La suite, vous la connaîtrez dans un prochain article que je consacrerai à cet oiseau.

L’arolle et le casse-noix moucheté

Article proposé par Etincelle.
Si vous vous trouvez dans une forêt d’arolles, vous avez de grandes chances d’apercevoir, ou tout au moins, d’entendre le casse-noix moucheté.

En effet, on pourrait presque dire que cet arbre et cet oiseau sont inséparables.

L’arolle est le nom donné, dans les vallées alpines, au pin cembro, un bel arbre à croissance très lente, qui pousse en altitude au-dessus de 1500 mètres et jusqu’à 2500 mètres.

On le trouve aux côtés du pin à crochets, de l’épicéa, mais le plus souvent près du mélèze comme ici où on voit un mélèze tout à gauche et deux arolles.

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(Petite devinette : Quelqu’un sait-il le nom du sommet en arrière plan ? C’est facile, c’est un sommet mythique, un des plus connus au monde.)

Une forêt d’arolles et de mélèzes est toujours pleine de charme, un véritable paradis où poussent les myrtilles et les rhododendrons.

Le bois de l’arolle, léger mais résistant, facile à travailler et à l’odeur agréable, a toujours été utilisé par les montagnards pour la fabrication de meubles, notamment pour les coffres où l’on conservait les costumes du dimanche, ce bois étant réputé insectifuge.

Mais le pin cembro a une régénération naturelle difficile et peu abondante, pour différentes raisons.

Tout d’abord, sa croissance très lente.

Puis la difficulté qu’il a à fructifier. Une étude en Engadine (extrême Est de la Suisse) a montré que sur 35 années, il y a eu 5 années de semence totale, 19 années de semence partielle et 11 années sans fructification.

Ses cônes sont de couleur légèrement violette et bien différents des cônes de sapins, d’épicéa, …

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Les graines sont très lourdes, d’un poids similaire à celui des graines du pin pignon, ce qui empêche la dispersion ailleurs qu’à l’aplomb de l’arbre.

Pour couronner le tout, ces graines sont souvent détruites ou mangées par les rongeurs et les oiseaux.

Bref, l’arolle serait en bien piètre situation sans son grand sauveur, à savoir le casse-noix moucheté.

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Cet oiseau ne se nourrit pas exclusivement des graines de l’arolle (il affectionne aussi les noisettes par exemple) mais en grande partie.

Son bec puissant, bien en évidence sur cette photo en ombre chinoise, lui permet de casser les coquilles et d’atteindre les graines.

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Après le passage du casse-noix moucheté, le pin cembro semble avoir été carrément pillé.

Une véritable razzia !

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L’oiseau décortique les cônes directement sur l’arbre ou au sol et on peut dire que le travail est fait proprement !

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Mais alors, pourquoi le casse-noix moucheté aide-t-il à la dispersion du pin cembro, s’il mange ses graines ?

Tout simplement parce qu’il ne les mange pas toutes.

Après en avoir emmagasiné une grande partie dans son jabot, l’oiseau va ensuite enfouir les graines par 10 ou 20, dans des cachettes creusées par lui dans le sol, à quelques centimètres de profondeur, puis recouvertes de mousse, lichen …

Il ira les récupérer pendant l’hiver même sous une épaisse couche de neige

Seulement voilà, s’il est reconnu qu’il a une bonne mémoire, il oublie quand même certaines cachettes et ce sont ces graines oubliées qui germeront et donneront naissance à d’autres arolles un peu plus loin.

La difficile régénération naturelle du pin cembro serait sans doute quasiment nulle sans l’aide du casse-noix moucheté.

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Cet échange de bons procédés, on pourrait presque dire de partenariat, entre un végétal et un animal est loin d’être unique.

Vous en connaissez d’autres exemples ?