Europe : il y avait les « uns », il y avait les « autres »

Il y avait les « uns » qui rêvaient d’une belle Europe
Une Europe d’abord fraternelle ouverte au monde
Une Europe mutualiste aidant ses pays membres en difficulté
Une Europe de la diversité qui respecte les différentes cultures
Une Europe sociale où tous les acquis seraient tirés vers le haut
Une Europe fiscale harmonisée de la manière la plus juste pour limiter les inégalités
Une Europe économique qui défendrait, la tête haute, sa place dans la jungle mondiale
Une Europe de la défense qui serait autonome, sans allégeance particulière
Une Europe où l’intérêt général primerait avant tout sur l’intérêt privé
Une Europe démocratique qui respecterait les décisions et la souveraineté des peuples
Une Europe de la liberté qui permettrait l’épanouissement de tous les citoyens du continent.

Et il y avait les « autres ». Ces autres ont fait croire aux peuples gogos et naïfs qu’ils pensaient comme les « uns » cités ci-dessus. Alors ils ont été élus. Forcément ! Ils ont donc eu le plein pouvoir. Et qu’en ont-ils fait de cette Europe ?
Une Europe qui s’est fermée sur elle-même
Une Europe qui a attisé les différences et qui a joué la carte des peuples les uns contre les autres
Une Europe qui a mis sous l’eau la tête des pays en difficulté
Une Europe antisociale qui a tiré toute la réglementation vers le bas (toujours vers le « moins disant »)
Une Europe qui a imposé aux acteurs économiques de son territoire des normes draconiennes (et qui ne s’est pas gênée par contre pour accueillir toute la merde du monde produite ailleurs dans des conditions – sociales et environnementales – inacceptables).
Une Europe antidémocratique qui n’a pas respecté le vote des peuples (exemple du vote sur la constitution, 2005)
Une Europe qui n’a pas lutté contre les paradis fiscaux existants en son sein
Une Europe du flicage permanent
Une Europe qui a joué la guerre économique à l’intérieur même de ses frontières
Une Europe qui a livré ses propres intérêts économiques à ses concurrents (exemples  des accords Ceta, Tafta, …)
Une Europe qui a été livrée aux technocrates
Une Europe qui été livrée aux lobbies
Une Europe qui a été livrée aux banques
Une Europe qui a été livrée à l’Otan
Bref, une Europe qui a été vendue, bradée !

Pourquoi j’enrage ? Parce que, si l’on prend le soin de lire les éditorialistes et chroniqueurs des principaux journaux (qui appartiennent tous à des hommes d’affaires ou à des banques) ce serait ces derniers, « les autres » donc (c’est à dire ceux qui ont sacrifié la belle idée d’Europe sur l’autel du libéralisme à tout crin), qui seraient les vrais Européens.
Et les « uns » alors ? Ces « uns » dont certains continuent tout de même de rêver à une Europe différente alors que la plupart d’entre eux n’y croit plus du tout, ces « uns » seraient donc les mauvais européens ?
Pour la simple et bonne raison qu’ils n’acceptent pas la ligne ultra-libérale et le saccage organisé du monde ?
Et tous ceux-là, les « uns », on les mettrait dans ce grand sac fourre-tout appelé « populisme » ?

Les médias, presque tous acquis à la Macronie, ont raison : les anti-Europe risquent effectivement de détruire l’Europe. Mais les anti-Europe, ne seraient-ce pas « les autres », c’est à dire ceux qui ont déjà livré, pieds et poings liés, notre bon vieux continent aux intérêts extérieurs et privés ?
Et puis, cette Europe, n’est-elle déjà pas détruite en très grande partie ?

Un débat voué à l’échec

Le Grand Débat voulu par Macron et annoncé à grand renfort de communication, c’est du vent !

Si vous pensez par exemple que l’ISF doit être rétabli, que les transactions financières doivent être taxées et que l’évasion fiscale doit être sévèrement combattue, vous avez tout faux car vous n’aurez pas la possibilité de le dire. Les dés sont pipés : les questions qui vous seront posées vous sembleront diverses et ouvertes mais elles ont été formulées en fonction de ce que Macron veut en tirer comme conclusion (c’est une manière de faire très usitée, dans monde politique notamment mais pas seulement ). En aucun cas il n’est question que le bas-peuple puisse s’exprimer sur les vrais sujets. Or, si les revendications des Gilets Jaunes sont très hétéroclites (c’est le moins qu’on puisse dire), on peut reconnaître tout de même que le point commun entre toutes , c’est quand même bien la justice sociale et la justice fiscale. Comme le dit Pierre Dusquesne dans l’Huma de ce matin : « C’est une lettre aux Français qui ferme le débat avant de l’ouvrir ».

La lettre de Macron est ubuesque. Comment peut-il dire « Pour moi, il n’y a pas de questions interdites » alors qu’il n’autorise aucun des sujets qui fâchent. Qui est dupe de cette opération de comm’ ?

Il faut qu’on arrête de répéter que notre pays s’enfonce d’un point de vue économique. Ce n’est pas vrai, on nous ment continuellement. Le PIB de la France a énormément augmenté au cours des 20 dernières années (1 299 milliards en 1997, 2 291 milliards en 2017). Mais les Français n’en profitent pas. L’argent s’évapore, il est

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Et si on boycottait les enquêtes de satisfaction ?

Putain ce que ça me gonfle toutes ces enquêtes de satisfaction ! Impossible d’acheter un objet sur internet sans recevoir (dans les jours qui suivent la livraison) un petit questionnaire.
En général je ne réponds pas.
Et quand j’ai quelques réclamations à faire (ça arrive très rarement car globalement tout est devenu très professionnel) je ne le dis surtout pas car je me doute bien que quelqu’un, quelque part, va se faire taper sur les doigts.
Les enquêtes de satisfaction c’est, d’une certaine manière, une façon de fliquer les salariés. Mais c’est du flicage pervers qui n’ose pas dire son nom.
Je déteste cette manière de faire.
Dernière en date : non seulement après un achat un peu conséquent j’ai reçu le questionnaire habituel mais en plus le vendeur nous a appelé pour qu’on mette au moins 9/10 à toutes les questions car sinon son agence locale allait être mal vue au niveau de son groupe national (et j’imagine qu’il en est de même pour lui en tant que commercial). Il nous a même dit que 8/10 ce n’était pas  considéré comme une bonne note et qu’on allait le pénaliser si on mettait nos notes à ce niveau-là.
Mais où va le monde de l’entreprise ?
Et dire que tout ça se passe avec la complicité du consommateur qui se prête au jeu !
Qu’en pensez-vous ?

« Vous pourriez être ma mère … »

Cette vidéo a été bien diffusée ces jours-ci, souvent dans sa forme écourtée. Voici l’échange complet qui donne une idée du sexisme qui règne dans le monde politique (voir la répartie d’une intelligence extrême à 3’25 », mais je pense que l’intégralité de la vidéo doit être visionnée).

Si j’étais le député Républicain Robin Reda, après une telle intervention vue par des millions de gens, je n’oserais plus sortir dans la rue et je raserais les murs (au mieux) ou je me retirerais définitivement dans un monastère (au pire). Et dans tous les cas de figure, je pense que je me retirerais de la vie politique.

Mais non, les hommes politiques sont en général dépourvus d’amour-propre, alors vous reverrez ce monsieur dans les temps qui viennent sur un plateau télé ou en train de pavaner devant les journalistes dans le hall de l’Assemblée Nationale, tout content d’avoir fait le buzz.

LA-MEN-TABLE !

Il pleut dans leur tête (2)

Il y a exactement 12 ans, jour pour jour (le 17 janvier 2006), j’écrivais le premier article de ce blog. A l’époque je pensais que cette aventure serait éphémère. Une semaine avant d’écrire mon premier article, je ne savais même pas ce qu’était un blog, je ne savais donc pas où j’allais.
Aujourd’hui, j’écris mon 1901ème article. Mine de rien, article après article, ça fait quand même un petit bout de chemin.

Mon premier article s’appelait « il pleut dans leur tête ». C’était un sujet qui me tenait particulièrement à coeur.
Il me tient toujours à coeur car il est symptomatique du monde déconnecté de la réalité dans lequel on vit et il y aurait sans doute de quoi écrire un livre sur les rapports qu’entretiennent les gens avec le temps qu’il fait.
Les gens n’ont pas de mémoire pour la plupart. Ils sont vieux pour certains et ne se rappellent même pas du temps qu’il fait habituellement à telle ou telle saison.
Alors ils râlent.
Ils râlent quand il pleut même quand on vient d’avoir 15 mois d’affilée avec une pluviométrie très inférieure à la normale.
Ils râlent quand il neige alors qu’il ne neige presque plus en plaine.
Ils râlent depuis deux mois parce qu’il fait froid alors qu’en fait on a des températures très au-dessus des normales saisonnières.

Le pire, c’est que les sites météos entretiennent cet état d’esprit. Le site tameteo.com entretient par exemple une espèce de terreur permanente. Ce site, une fois que vous avez pris l’habitude de vous connecter dessus, vous submerge d’alertes.
Dans une région comme la mienne où il n’est pas rare que le thermomètre descende  15°C en dessous de zéro, on se demande pourquoi on reçoit des alertes chaque fois que le thermomètre va descendre autour de zéro.
Je reçois des tonnes d’alertes (jamais un jour sans !) alors qu’il ne se passe quasiment jamais rien d’inhabituel (à part une certaine douceur dont on n’a pas l’habitude ici).
Je reçois même maintenant quotidiennement des infos concernant des départements éloignés de plusieurs centaines de kilomètres. C’est ça les alertes personnalisées ?
Par contre, je n’ai jamais reçu d’alerte concernant le département du Doubs (j’habite pourtant à moins de 500 m de ce département et le vent vient souvent de là).
Ces messages que je reçois ad nauseam sont contre-productifs car le jour où il y aura un véritable risque, je n’y ferai pas attention.

Au début ça m’énervait un peu ce genre d’alertes. Mais maintenant je fais jouer mon imagination à chaque fois. Alors je m’amuse à imaginer les salariés de tameteo.com gérant leur site internet depuis leur chambre, calfeutrés dans leur lit avec plusieurs bouillottes bien chaudes, une tisane de camomille bien sucrée à la main, une vidéo de « bonne nuit les petits » devant leurs yeux, des boules Quies dans les oreilles pour ne pas entendre le vent du dehors, les fenêtres fermées pour ne pas voir les nuages gris qui passent …
Chez eux aussi, il pleut dans leur tête !

Corrida et chasse à courre, même combat !

Corrida et chasse à courre, même combat !
Je déteste l’une, je hais l’autre.
Je les vomis toutes les deux.
Ce n’est pas trop dans mon habitude de dire ce genre de choses sur le blog mais quand ça déborde ça déborde !
Si la violence de notre société est omniprésente et sans doute très difficile à endiguer, il y a au moins ces deux violences-là qui seraient faciles, avec une simple loi, à éliminer. Alors, pourquoi ne pas enterrer à jamais ces deux hontes ?
Je me dis parfois qu’il y avait infiniment plus d’humanité chez nos ancêtres Cro-Magnon.

Et vous, qu’en pensez-vous  ?

EneDIS’FONCTIONNEMENT

Ce blog est en congés et reprendra son cours normal le lundi 6 novembre.
En attendant, un peu d’humour avec cette mésaventure qui est arrivée à Michel (et dont le Canard enchaîné parlera peut-être un de ces jours, je vous la donne en avant-première).

Michel devait un peu plus d’argent à Enedis qu’Enedis ne lui en devait. La différence : un centime !
Un jour Michel a reçu une facture d’un montant d’un centime. Trop drôle ! Il a téléphoné à Enedis pour savoir s’il ne s’agissait pas d’un gag. Pas de gag du tout, à Enedis on n’a pas le sens de l’humour semble-t-il.
Michel croyait qu’à la suite de son appel, l’affaire en resterait là. Mais non, pas du tout, il a reçu il y a une dizaine de jours une lettre de rappel ! Si si ! Voici ce deuxième courrier (les éléments permettant d’identifier le destinataire de la lettre ont évidemment été gommés).
A quand une mise en demeure ?

Je hais les synthèses ! (1)

Je sors de chez le coiffeur. Et comme je n’y vais pas très souvent, je passe du look « cheveux longs » au look « cheveux courts ». Certains proches me disent parfois « les cheveux longs ça te va bien » mais d’autres me disent au contraire « les cheveux courts ça te va bien ». Si je voulais faire la synthèse de ce qu’on me dit de part et d’autre il me faudrait prendre le plus petit dénominateur commun et la conclusion serait inévitablement « les cheveux te vont bien ». Oui, évidemment. Mais ça ne veut rien dire et ça ne fait pas avancer le schmilblick. Car la synthèse c’est le degré zéro de la pensée (et, dans mon exemple, un truc tiré par les cheveux … oui je sais c’est facile).

Le parti socialiste en est là aujourd’hui. Faire la synthèse entre des courants opposés et irréconciliables. Entre ceux qui sont profondément imprégnés de l’esprit front populaire de 1936 (et ses avancées sociales) et ceux qui sont à genoux devant le monde de la finance (et qui pensent qu’être socialiste c’est juste essayer de tempérer – tel un emplâtre sur une jambe de bois – la casse sociale provoqué par le capitalisme) il y a un fossé.

Les socialos dirigeants sont obsédés par la synthèse. Et, tout obsédés qu’ils sont, ils organisent des « zob sessions ». En termes plus neutres : des congrès (dont le fameux « congrès des pines hé » en 1971) . Les zob sessions, vous savez ce que c’est, c’est un truc où on se triture vous savez quoi … le cerveau bien entendu.

Cette synthèse, si chère à Mitterand et à Hollande, (« cet art de la synthèse » dirait même Attali) c’est sans doute ce qui a permis de rassembler les uns et les autres en période électorale, mais ce n’est pas ça qui a permis ensuite de gouverner et de mener un programme clair et cohérent (le seul qui ait été bon en la matière c’est Lionel Jospin, mais c’est un autre sujet dont il faudrait parler un jour, le PS n’ayant même pas, à l’époque, fait son travail d’inventaire).

J’avais dit il y a un an sur ce blog que les primaires allaient être une machine à détruire les partis. On l’a effectivement vu depuis (et vous pouvez êtres assurés qu’il n’y aura plus jamais de primaires), cela a été le cas aussi bien pour le Parti socialiste que pour les Républicains. Mais dans le cas du PS s’ajoute cette foutue synthèse mortifère, qui chaque fois le conduit forcément, lorsqu’il accède au pouvoir, à mener une politique faite de bric et de broc (à l’image de la diversité de ses électeurs), faute d’avoir su trancher entre plusieurs lignes politiques possibles. Et c’est cela qui, aujourd’hui, provoque (ou va provoquer) l’implosion de ce parti.

Je hais les synthèses !

Présidentielles 2017 (3)

Lutter contre le Front National par des phrases incantatoires telles qu’on les entend en ce moment ne sert à rien. Absolument à rien.
Le terreau sur lequel se développe l’extrême droite, c’est la pauvreté. Et c’est la pauvreté qui entraîne la peur de l’autre, peur qu’il est ensuite facile d’exacerber. Avec autant de pauvres, Marine Le Pen joue sur du velours.
Il n’y a pas d’autre manière de lutter contre l’extrémisme que de s’attaquer frontalement à la précarité.
Le plus infâme, dans cette élection, c’est de voir les deux partis qui ont successivement gouverné et qui ont fabriqué ces 9 millions de pauvres, montrer du doigt la bête immonde qu’ils ont largement contribué à créer.
Le libre échangisme de Macron, on sait ce que c’est. C’est un système qui, au nom de la concurrence, de la compétitivité et de flexibilité, va fabriquer en cinq ans quelques millions de pauvres en plus. Et donc nourrir à terme encore plus le ressentiment des gens. Paradoxe donc : voter Macron, c’est la manière la plus sûre de renforcer à terme le FN.
Mais bien sûr, au moment de mettre le bulletin dans l’urne, je ferai comme la majorité de mes concitoyens en évitant le pire pour maintenant mais en sachant que l’encore-plus-pire risque d’arriver dans cinq ans.
Me voila donc (presque) contraint malgré moi à voter pour un système économique qui conduit à la casse sociale et la destruction de la planète.
Sur un plan politique, jamais je ne me suis fait autant violence.
Putain, quel dilemme cette élection !
Heureusement qu’il y a bientôt les législatives !
Résistance !!!!!!!!!!

« Celui qui ne bouge pas … »

Ce blog se met en congés. Le prochain article reprendra le lundi 6 mars.

Pour ce dernier article avant la pause, j’avais envie de traiter d’un sujet qui me tient particulièrement à coeur, celui de l’inertie de la plupart des gens qui acceptent leur condition dans un monde où bon nombre d’acquis régressent. Inertie difficile à comprendre alors que dans toute notre Histoire les générations qui se sont succédées se sont battues pour faire avancer le monde sur plein de plans différents.

Mes amis sont tous des gens qui donnent de leur temps à la collectivité, dans le milieu associatif le plus souvent, parfois à un niveau plus politique -ne serait-ce qu’en étant conseiller municipal – et il faut bien dire que sans l’implication de ces millions de français militants il y aurait des secteurs entiers de notre société qui partiraient à veau-l’eau (notamment dans les secteurs de la santé, du social, de la culture, de l’environnement …). Mais la plupart des gens ne bougent pas, force est de l’admettre. Pourquoi ? Vaste question à laquelle je n’ai aucune esquisse de réponse. C’est pourquoi j’avais envie que pour ce dernier article on discute de cette phrase de Rosa Luxemburg : « Celui  qui ne bouge pas ne sent pas ses chaînes ». Il y aurait eu sans doute beaucoup de chose à dire sur cette phrase.

Et puis l’actualité m’a rattrapé.

J’ai été très affecté par l’affaire Fillon. Etant de gauche, mais plus encore démocrate que de gauche, je ne me réjouis jamais de ce qu’il peut arriver de dur au camp d’en face. Pour qu’il y ait un vrai débat politique lors d’une élection, il faut que les partis qui portent les idées les plus contradictoires soient suffisamment forts pour qu’il y ait un vrai débat. Or là, on se retrouve avec une affaire aussi grave que celle de l’affaire Cahuzac (à la différence près qu’elle se déroule juste avant une élection et non juste après).

J’aurais aimé parlé de l’immoralité de ce qui arrive, plus que de questions de légalité ou non. Et finalement, il n’y a plus vraiment de discussion possible, même sur la question de la légalité. Car ce que le Canard à dit ce mercredi (et que les journaux généralistes n’ont pas vraiment relevé) c’est que l’un des premiers arguments de la défense c’est la chose suivante : « le délit de détournement de fonds publics serait inapplicable aux députés ». Si les avocats de Fillon se battent avec cet argument c’est qu’il y a bien détournement de fonds publics. Voilà, la messe est dite. Circulez, y’a plus rien à voir … Pour la forme, tout le reste sera de la cuisine entre juristes. Mais sur le fond, on sait …

Donc, pas d’articles sur cette affaire sur leblogadupdup.

Et voilà qu’est arrivé le vote européen lié au CETA.

J’ai lu un certain nombre d’articles depuis au moins deux ans sur le sujet. Tous très inquiétants. Et le vote des députés européens a été sans appel : les sociaux-démocrates se sont pour la plupart ralliés à la droite libérale pour assurer la victoire du OUI. Ils ont donc choisi les multinationales au détriment des citoyens. Car ce CETA sera une catastrophe pour l’environnement, la santé, les droits sociaux et la transparence démocratique.

J’ai donc eu envie de faire un article sur le sujet. Mais par quel bout le prendre alors que tout est complexe ? Et puis hier soir, il y a eu le meeting de Mélenchon à Strasbourg devant 4 500 personnes.  Alors, oui, pourquoi ne pas mettre la vidéo de Mélenchon parlant du Ceta et de ses conséquences, vu que j’aurais du mal à mettre une vidéo d’un autre homme politique, tous ayant eu des positions très ambiguës et peu compréhensibles sur le sujet (on en parlera sans doute dans les commentaires).

Quelques mots tout de même sur cette vidéo avant de vous la livrer en pâture. Comme bien souvent, les salles pouvant accueillir les meetings de Mélenchon sont trop petites et le discours se fait successivement dans plusieurs salles, voire même comme ici pour le premier discours, dehors devant un public qui n’a pas pu rentrer bien au chaud. Donc, pour voir directement le long passage où l’on parle du Céta, il faut aller directement au deuxième discours c’est à dire au minutage 36’03 ». Mélenchon n’entre pas dans le détail du Ceta mais en montre, de manière très pédagogique, tous les tenants et les aboutissants.

Il y a donc beaucoup d’horreurs qui nous attendent suite à la signature de ce traité.

Mais ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est comment les journalistes (hormis ceux de l’Huma et de quelques journaux alternatifs) ont pu autant sous-estimer pendant deux ans ce projet de traité, et comment depuis deux jours ils ont pu minimiser les conséquences de sa signature. D’ailleurs, globalement, on n’en a pas beaucoup parlé. L’actualité – de type rouleau compresseur – est déjà passée à autre chose. Mais peut-être que çà n’intéresse que moyennement le public. D’ailleurs, en discutant aujourd’hui avec un agriculteur, j’ai compris qu’il n’avait pas envie de savoir à quelle sauce il va être mangé. J’imagine que c’est la même chose pour la plupart de nos concitoyens.

Et finalement, j’en reviens au sujet que je voulais traiter au départ : « Celui qui ne bouge pas ne sent pas ses chaînes ».

Où va l’agriculture ? (1)

Il va y avoir coup sur coup deux articles sur ce thème de l’agriculture (peut-être même trois).


Ce premier article est à ranger dans la catégorie « coup de gueule », le prochain sera à classer dans la catégorie « coup de coeur » car l’agriculture est aussi un domaine où il y a de bien belles choses qui sont expérimentées.

Je viens d’une famille de paysans. Dans ma région, il y a encore peu de temps, on ne disait pas « agriculteurs », on disait « cultivateurs » ou « paysans ». C’est ce dernier terme que j’ai toujours préféré mais je me rends bien compte que derrière les mots se cachent des réalités bien différentes et que cela fait déjà bien longtemps, au moins deux générations, que l’agriculteur n’a plus rien d’un paysan.

Où se situe la limite entre les deux ?

Je pense qu’à partir du moment où un éleveur ne produit plus les aliments qu’il donne à son bétail et qu’il est entré dans une logique d’achats de tourteaux divers, d’aliments liquides, … le pas est irrémédiablement franchi vers une agriculture différente, avec quasiment aucun retour possible vers un mode de production plus autonome. C’est ensuite la spirale vers ce que tout le monde connaît : le crédit agricole, les investissements pour du matériel de plus en plus gros, la course aux rendements, l’endettement et surtout un mode de production qui s’affranchit presque de la terre nourricière : on ne cultive plus tel type de céréales ou de légumineuses en fonction de la qualité de sa terre, on ne considère celle-ci que comme un substrat lambda qui peut être enrichi comme bon nous semble en fonction de la culture souhaitée et demandée par Bruxelles (je connais des terrains si pauvres que même les plantes communes des prairies ont du mal à y pousser, mais on réussit quand même à y faire pousser par miracle des maïs de plus de 2 mètres de haut).

On nous dit souvent que c’est pour nourrir de plus en plus de monde sur la planète qu’il nous faut des rendements exorbitants. Faux et archi faux ! Car le mode d’agriculture productiviste actuel qui s’insère dans une économie de libre-échange génère non seulement d’énormes gaspillages au niveau de la production elle-même (on détruit des millions de tonnes de récoltes) mais aussi dans toute la filière : au niveau de la transformation, de la distribution et de la consommation. C’est ainsi qu’il se gaspille plus de 40% de la nourriture produite sur Terre (plus de 50% disent certains). Le pain est sans doute l’aliment qui se gaspille le plus mais celui qui achète un bon pain dans un magasin bio n’en gaspillera jamais une seule miette. Les modes d’exploitation agricole peuvent donc être générateur de gaspillage ou non. Et, effectivement, comme le disent les chantres de l’agriculture productiviste, si l’on veut nourrir plus de monde en continuant à gaspiller autant – voire plus encore – on n’a pas d’autre choix que d’intensifier encore plus.

Quand on roule en voiture dans ma région, on ne voit plus forcément le rapport direct qu’il y a entre ce qui pousse dans les champs et notre alimentation. On voit beaucoup de maïs mais est-ce qu’on mange beaucoup de maïs ? On voit beaucoup de colza … mais est-ce qu’on en consomme beaucoup ? On y voit beaucoup de tournesol … mais on n’en consomme finalement très peu (et en plus le tournesol que l’on achète à la coopérative agricole pour nourrir les oiseaux en hiver … vient le plus souvent de Hongrie). On y voit aussi des champs de blé … mais qu’on ne consomme pas sous forme de pain car la plupart des variétés de blé cultivées ici sur mon secteur ne sont pas panifiables.

Bon vous l’avez compris, tout ça ne sert pas directement à notre alimentation … mais entre dans la composition de tourteaux pour le bétail, d’où un énorme gâchis (car pour produire 1 kg de viande il faut bien plus de surface agricole que pour produire 1 kg de protéines végétales, toutes aussi efficaces pour assurer notre bonne santé).

On se demande comment on en est arrivé à un système où l’agriculteur ne sait même plus à quoi va servir le colza ou le maïs qu’il a cultivé. Va t-il partir dans la filière « nourriture pour bétail », va t’il partir en Asie, en Afrique du Nord, va t-il être transformé en agrocarburant … ou même, comble du comble, lui revenir sous forme de tourteaux qu’il donnera à ses propres vaches (additionné à d’autres éléments nutritifs pas forcément enviables … si je dis ça c’est parce que, à l’époque du scandale des farines animales, je m’était amusé à lire la composition des tourteaux pour vaches, on n’arrive jamais à un total de 100%, il y a toujours quelques % qui manquent !).

Lorsque j’étais gamin, il y avait des chevaux à la maison et pas encore de tracteur. Les agriculteurs étaient très dépendants des conditions météo de l’année. Il y avait les années correctes, les bonnes années et les mauvaises années. Finalement, quand l’année était mauvaise, tout le monde mangeait quand même à sa faim … il y avait toujours les poules, les lapins, les patates et les choux du jardin, les pommes du verger … Je ne me souviens pas avoir manqué de quoi que ce soit. Et quand l’année était bonne, hé bien elle était bonne !

Aujourd’hui quand l’année est mauvaise, elle est vraiment mauvaise et aucun agriculteur n’arrive cette année-là à équilibrer ses comptes. Et les coûts de production sont tels que c’est la perte sèche au niveau financier.
Et, c’est là une donnée nouvelle, quand l’année est bonne d’un point de vue climatique, elle n’est pas aussi bonne qu’elle en a l’air. Car les cours baissent tellement sur le marché mondial que les paysans vendent alors leur production en-deça de leur coût de revient. Une bonne année climatique devient donc aussi une mauvaise année pour le paysan. Et je ne vous explique pas quand les récoltes sont mauvaises ici en France alors qu’elles sont très bonnes ailleurs sur le reste de la planète (en Asie ou en Amérique du Sud) : c’est la double peine assurée ! Lisez cet article du Figaro paru la semaine dernière : en gros, si je vous résume la situation des producteurs tunisiens, c’est « on ne va pas bien parce que l’année a été bonne ». On marche sur la tête, non ? Et pas un seul journaliste pour aller plus loin que le simple constat et dénoncer l’absurdité du système !

Quand il y a de très bonnes productions, on pourrait imaginer au contraire que les pays pauvres vont pouvoir bénéficier de denrées à bas prix parce que les cours chutent. Que nenni ! Soit les denrées sont périssables et on a vite fait de les détruire, soit elles se conservent (céréales, oléagineux) et dans ce cas certains les immobilisent en attendant que les cours remontent … c’est ce qu’on appelle la spéculation (il y a parfois des navires chargés à ras bord et qui sont immobilisés dans les ports en attendant que les cours remontent). Dans le domaine agricole, la spéculation a des conséquences dramatiques, aussi bien pour les pays pauvres qui ne pourront pas se permettre d’acheter la marchandise que pour les producteurs qui sont lésés (et pas question pour eux d’aller manger leurs patates, leurs choux, leurs poules ou leurs lapins, ça fait longtemps qu’ils ont abandonné tous ces trucs d’un autre temps, ils font des céréales et rien d’autre ! et de toute façon, c’est pas les patates, les choux, les poules et les lapins qui changeraient quoi que ce soit à leur situation).

Prenons un exemple pour illustrer mes propos : le domaine du lait. Dans ce domaine, il y avait un véritable outil de régulation qui s’appelait « les quotas laitiers » et qui fonctionnait bien depuis 1984. Comme la demande de produits laitiers a augmenté (notamment en Asie), plusieurs têtes d’oeuf ont pensé qu’il fallait en finir avec cet outil de régulation et que les « quotas laitiers » n’étaient « plus adaptés à la réalité du marché ». Et chaque fois on nous ressert les mêmes arguments fallacieux, à savoir qu’en faisant fonctionner l’offre et la demande le marché va finir par s’auto-réguler. C’est de la foutaise, dans ce domaine comme dans d’autres, tout tire vers le bas à force de vouloir s’aligner sur le paysan chinois ou polonais, et c’est ainsi que la suppression des quotas laitiers (en 2015) a mené à la dérégulation la plus complète du marché(il me semble que même le syndicat agricole le plus réactionnaire – suivez mon regard – l’admet maintenant) pour le plus grand malheur de nos éleveurs. Pour leur malheur oui, mais pour le bonheur de qui ? Le bonheur des actionnaires, des distributeurs, des intermédiaires de toutes sortes … J’ai pris l’exemple des éleveurs mais on aurait pu prendre l’exemple d’autres types de productions agricoles, le constat serait exactement le même.

L’agriculture devrait avoir pour vocation première de satisfaire aux besoins alimentaires du pays. Point barre. Or, nos paysans produisent bien plus que ce dont on a besoin, infiniment plus même qu’il y a un siècle. Et pourtant ils crèvent ! Ils crèvent dans une quasi-indifférence. Alors que les enjeux liés à l’agriculture n’ont jamais été aussi importants (j’y reviendrai dans d’autres articles) !

L’agriculteur n’est pas un pollueur par nature. Mais il le devient car le système lui laisse peu de choix. Enfin, tant qu’il n’a pas fait le premier pas. Car une fois que le premier pas est fait dans le sens de faire donner à la terre plus qu’elle ne peut donner, c’est l’engrenage et on ne peut plus alors échapper aux pesticides, aux gros tracteurs, à la dépendance vis à vis des banques (toujours la même !), … et l’on sait pertinemment que si l’on prolonge la courbe (j’aime bien prolonger les courbes pour me faire une idée de là où l’on va), on se dirige tout droit vers des milliers de « fermes aux mille vaches » (gérées en grande partie par ordinateurs) et 10 fois moins de paysans qu’aujourd’hui …

Beaucoup pensent qu’on est au bout du rouleau compresseur, que les choses vont forcément devoir s’inverser pour ces agriculteurs-là et que 10 fois moins d’agriculteurs qu’aujourd’hui ce n’est pas possible. Car, dans plein de domaines (la santé, le social, l’environnement …), on pense toujours avoir touché le fond du fond … mais non mais non (qui connait la profondeur du puits dans lequel il tombe ?).

Tout çà c’était mon coup de gueule. Car je refuse cette manière de fonctionner, en agriculture comme ailleurs, qui n’a plus aucun sens.

Mais il y a aussi d’autres raisons d’espérer … rendez-vous donc au prochain article !

A qui profite le crime ?

Un chiffre qui est passé quasiment inaperçu ces jours-ci : le nombre de victimes de mines antipersonnel (la plupart étant des civils) a augmenté de 75% en un an.
C’est considérable.
Les rares journaux qui en ont parlé ici ont mis en cause la responsabilité de « groupes armés non étatiques ».
Mais y’a bien des pays qui les leur vendent, non ?

Quand ça déborde, ça déborde !

Il m’arrive encore d’aller sur leMonde.fr, même si ce n’est plus trop ma tasse de thé.
Vendredi soir, j’ai voulu avoir des infos sur la situation de l’ouragan à Haïti. Et les journaux, dont le Monde, ont plutôt bien couvert la tragédie.

1Quand j’ai voulu lire le détail de

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Réunionite aigüe

Quand on est en retraite on a du temps.
Du temps par exemple pour faire des calculs (histoire de faire bosser ses méninges de temps en temps).
Et je suis arrivé à ce petit calcul rapide : mises au bout à bout, les réunions auxquelles je suis allé et qui n’ont servi à rien ont sans doute bouffé une année complète de ma vie !
On fait les constats qu’on peut hein ?

Les Primaires « à la française »

Voila un exercice délicat, pour ne pas dire scabreux : parler un peu de politique sans avoir de discours trop partisan, c’est à dire en mettant mes idées mélanchonistes (ce que personne n’ignore) au maximum de côté. D’ailleurs vous remarquerez que le sale gauchiste que je suis n’a fait pour l’instant qu’un seul texte hommage à un homme politique français et que cet homme était de droite (Philippe Seguin), opposé donc à ma sensibilité. J’essaie donc, en matière de politique, d’être le plus honnête possible (au moins sur ce blog où j’essaie de mesurer mes propos, dans la vraie vie c’est forcément un peu plus difficile…).

Je vais essayer dans cet article de dire pourquoi je ne suis pas favorable à l’organisation des Primaires, à droite comme à gauche.

Les Primaires sont une pratique très récente dans notre

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NDDL, un contresens économique

« ON NOUS DIT PAS TOUT » (1)
Lorsqu’on lit les articles consacrés à un sujet donné, on est souvent étonné de voir à quel point les informations données par les journalistes sont incomplètes et traitent rarement du fond du problème. L’important est de faire le buzz médiatique, le reste a relativement peu d’importance.

Faire le buzz médiatique, dans le cas du projet de Notre-Dame des Landes (NDDL), c’est mettre en exergue le combat d’arrière garde mené par une poignée d’extrémistes écolos défenseurs des petites grenouilles et de paysans arriéristes contre un projet moderne d’aéroport voulu par tous. Evidemment, présenté comme ça, on voit bien dans quel sens on voudrait que l’opinion publique aille.

Afficher l'image d'origine(dessin extrait de ce site)

Or, quand est-il réellement sur le fond ? Je ne voudrais pas traiter dans cet

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Et si nous vivions ailleurs ?

Un article proposé par Le Fou du Roy
JÉHAN PARLE (1)
Ah ! Ailleurs, il y fait tellement plus beau, la vie tellement plus facile, l’herbe bien plus verte et plus tendre, l’air qu’on respire, plus pur et les filles bien plus belles et plus gentilles….Vous voulez des exemples ?

D’accord alors, allons -y ! Au Brésil, à Rio de Janeiro, le sable est plus fin, plus blanc, plus doux. La mer chaude et accueillante. Pas besoin d’aller très loin pour boire un bon jus de noix de coco et, de plus, quand la nuit tombe, nul besoin de rentrer au chaud dans un trois pièces avec cuisine, chauffé au mazout, où le frigidaire déborde de victuailles…

Oui mais, me direz-vous: Là-bas, le salaire est

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Le ridicule ne tue pas !

Chacun a le droit de s’exprimer sur tous les sujets. La tribune de la plupart des journaux nous est généralement ouverte et nous avons tous, à un moment donné ou un autre, envoyé une diatribe au « courrier des lecteurs ». Ce qui ne veut pas dire que notre prose a été publiée pour autant.

Ce doit être très difficile pour un journal de choisir parmi des centaines de courriers reçus, dont certains sont sans doute d’une grande pertinence. Lesquels publier ?

J’imagine que beaucoup de ces courriers valent le coup. Mais bon nombre d’entre eux doivent être d’un niveau tellement bas qu’aucun journal n’oserait les publier, de peur de salir sa propre image. Mais le ridicule ne tue pas et le Chasseur Français, dans son édition de février dernier, n’a pas eu peur de publier ce torchon :

Sans-titre-1