La leçon de démocratie de Jean-Louis Debré

Belle initiative que d’avoir créé, juste après les événements qui ont vu brûler les banlieues en novembre 2005, un collectif pour agir contre la dégradation de la situation et les risques de nouveaux dérapages. Ce collectif a pris le nom d’AC LE FEU (Association du Collectif Liberté, Egalité, Fraternité, Ensemble et Unis) et s’est donné pour but de recueillir les doléances des cités françaises et de faire « remonter la parole des habitants des quartiers auprès des institutions supérieures ». Bilan au bout de trois mois de visites dans 120 villes de France : plus de 20 000 doléances recueillies.

12 000 de ces doléances ont été analysées, ce qui a nécessité un travail considérable, et les membres du collectif espéraient remettre la synthèse de ce travail en mains propres, le 25 octobre prochain, à Jean-Louis Debré, à l’issue d’une grande marche citoyenne organisée ce jour-là jusqu’à la Chambre des députés.

Le Président de l’Assemblée Nationale a fait savoir qu’il ne donnerait pas suite à l’audience demandée en raison d’un « emploi du temps particulièrement chargé ». Mais ce Monsieur est bien gentil : il a quand même gentiment invité ces gueux de banlieusards à déposer leurs doléances … auprès des gardiens-surveillants du Palais-Bourbon !

Quand « communication » rime avec « indigestion »

Nous sommes submergés par l’information. Et notamment par l’information écrite. Une bonne partie des milliers d’arbres qui sont coupés chaque jour en France pour fabriquer de la pâte à papier pourrait être largement épargnée.

Je dois avouer qu’une partie du courrier que je reçois à mon boulot part directement à la poubelle (à recycler, évidemment) ! Ai-je vraiment le choix d’ailleurs ? Car comment garder des revues qui ne servent à rien et qui ne me concernent pas ? A quoi ça sert qu’on m’envoie le courrier du Bureau sur les Recherches Géologiques et Minières alors que je ne travaille pas dans ce domaine ? Ou une communication sur la charte environnement du département de l’Essonne alors que je travaille dans l’Est de la France ? Ou le rapport d’activités de l’Agence de l’Eau de Bretagne ? Quelle est l’intention réelle de tous ces organismes ?

Ce qui me gonfle le plus, c’est quand le même courrier arrive, sous plusieurs enveloppes différentes, à plusieurs salariés de la structure. Tous les personnes concernées font d’ailleurs comme moi : illico poubelle à recycler !

Aujourd’hui, c’est le comble. Accrochez-vous !

La factrice nous a apporté … douze fois le même courrier. Douze fois, alors que nous sommes … seulement six à travailler dans la structure ! 6 enveloppes normales + 6 autres enveloppes en papier renforcé, excusez du peu !

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Et elle viennent d’où, toutes ces enveloppes ? Du CNDP, autrement dit la Commission Nationale du Débat public. Et qu’est-ce qu’il y a dans ces enveloppes ? Une lettre signée d’un dénommé Philippe Marzolf et … un CD Rom ! Ou plutôt, vous l’avez compris, 12 CD Rom ! Et qu’est-ce qu’il y a sur ces CD Rom : la « synthèse du compte-rendu du débat public sur la politique des transports dans la vallée du Rhône et l’arc languedocien ». Et où est-ce qu’on travaille ? En Franche-Comté …. !

Je dois dire que ça m’a fait sourire sur le moment. Sur le moment seulement car là, j’enrage !

La Chine de l’horreur

Mais qu’est-ce qu’ils ont donc tous ces hommes politiques et tous ces journaux français qui nous vantent régulièrement les mérites de la Chine que l’on est prié de considéré comme un modèle ?

Il est vrai que vu de loin, une croissance à deux chiffres depuis plus de dix ans, ça force le respect. Mais à y regarder de plus près, il ne fait vraiment pas bon vivre en Chine : conditions de travail ignobles (moins d’un travailleur sur deux possède un contrat de travail), pollutions gigantesques, majorité de la population qui n’a pas accès à l’eau potable, exécutions sommaires, pas de libertés individuelles… Seule une minorité bénéficie des retombées de la croissance.

La grande presse va-t-elle un jour ouvrir les yeux et cesser de nous casser les couilles avec ce mythe de la Chine moderne ouverte sur la mondialisation ?

Il semble qu’il y ait en Chine un vrai scandale dont personne ne nous parle dans la presse officielle : c’est celui de l’élimination des adeptes du Falun Gong. Le Falun Gong est un mouvement spirituel dont les membres sont au départ issus du parti communiste chinois. Le nombre d’adeptes a augmenté tellement vite (80 millions de membres aujourd’hui) que le gouvernement a pris ombrage de cette concurrence au sein de son propre parti et a décrété son élimination en 1999 … en arguant du fait que le mouvement Falun Gong est une secte hérétique (alors que tous les autres pays au monde considérent cette organisation comme un simple mouvement spirituel).

Le journal chinois indépendant Da Ji Yuan a ainsi révélé en mars dernier l’existence de camps de concentration dont l’activité principale est de prélever des organes destinés au trafic (cornée, reins, peau, coeur…) puis d’incinérer ensuite les corps. Il y aurait 36 camps de concentration (qui abritent exclusivement les adeptes du Falun Gong) dont le plus grand incarcère 120 000 personnes. Il semblerait que personne n’en ressorte vivant.

L’affaire commence à se savoir et le gouvernement chinois semble s’être préparé les temps derniers à éliminer en masse les détenus des camps avant l’arrivée d’enquêtes internationales. Les hôpitaux ont prévenu leurs patients qu’il fallait « venir vite » pour les transplantations, qu’un organe pouvait leur être trouvé en un ou deux jours seulement mais que « celà deviendrait difficile lorsque ce stock d’organes sera épuisé ».

Si vous faites quelques recherches rapides avec Google sur ce scandale, vous y trouverez des tas d’informations qui vont toutes dans le même sens (mais avec des chiffres qui varient d’un article à l’autre).

Comment la communauté internationale peut-elle garder le silence sur ce massacre organisé ?

La guerre de l’ortie aura-t-elle lieu ?

Mon blog reprend donc sa vie normale après une semaine de perturbations !!!

Les jardiniers qui suivent un peu l’actualité liée aux jardins se souviennent peut-être de l’attaque subie au printemps dernier par l’association Kokopelli, accusée de vendre des graines de variétés anciennes non homologuées au catalogue officiel. Derrière ce procès, heureusement gagné en première instance par Kokopelli (mais malheureusement, il y a une procédure d’appel en cours) se cache une véritable offensive des grands groupes semenciers, avec la complicité de l’Etat, contre le patrimoine vivant.

Les lecteurs de ce blog auront peut-être également reçu des infos sur cette loi incroyable et délirante du 1er juillet 2006 qui montre clairement que l’Etat a baissé sa culotte devant les pressions des grands groupes agroalimentaires. Même si vous avez déjà peut-être reçu le texte de Bernard Bertrand (porte parole des Amis de l’Ortie) qui circule beaucoup depuis quelques jours sur internet, voici ci-dessous, en intégralité, ce texte relatif à cette nouvelle bagarre qui a pris en quelques jours le nom évocateur de « guerre de l’ortie ».

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« Un chroniqueur horticole courageux s’insurgeait, sur France Inter, de la parution imminente d’un décret (prenant effet en date du 01 juillet 2006), qui l’empêcherait dorénavant de donner à ses auditeurs des recettes leur permettant de traiter naturellement leurs jardins et balcons.

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Boire avec ses amis ou bloguer, faut-il vraiment choisir ?

A peine rentré de vacances hier soir, je suis allé faire un tour rapide de l’actualité (ça fait du bien de ne pas suivre les infos pendant toute une semaine !) et je suis tombé sur un article de Jean-Michel Normand intitulé « La France allait au café, elle discute sur les blogs ».

C’est le genre d’article qui m’énerve, je n’aime pas les raccourcis trop hâtifs et nos journaux sont truffés de ce genre de choses. Pourquoi vouloir absolument faire un profil type du français alors qu’il en existe des millions dans notre pays ? Ce genre d’articles, qui se réfère à des statistiques ou à des sondages, ou pire à des études, a toujours un côté très tendancieux. Lorsqu’un journaliste présente les résultats d’une enquête et conclut « 65% des français préfèrent que … », il montre volontairement du doigt ceux qui font partie des 35% restant, qui ne sont pas dans le moule et ne sont pas « formatés », comme si la majorité avait nécessairement raison.

Pour en revenir à l’article de Normand sur les cafés et les blogs, je ne crois pas du tout qu’une activité en supplante nécessairement une autre, comme le laisse entendre le titre. Oui, statistiquement, il est vrai qu’il y a moins de gens dans les cafés et de plus en plus sur les blogs. Et alors ? Où est le rapport entre ces deux faits ?

Deux petits constats personnels qui vont à l’encontre de ce qu’énonce l’article :

1 – Je n’ai pas l’impression que depuis que je me suis mis à bloguer, j’aille moins dans les cafés qu’auparavant. J’y allais peu, j’y vais de temps en temps, au même rythme qu’avant. Et puis, si jamais j’y allais effectivement moins, ce serait pour d’autres raisons qui n’auraient rien à voir avec le fait que je passe plus de temps à discuter sur la toile. J’ai l’impression que c’est un peu pareil pour mes amis.

2 – Hier matin vers 9H30, je me suis arrêté boire un café dans la banlieue de Rennes. Il y avait là trois mecs en train de boire leur Nième petit blanc du matin. Ils n’avaient pas, comme on dit chez nous en Franche-Comté « une tête à sucer des glaçons », et je ne les imagine pas trop en train de troquer dans quelques années leur petit verre du matin contre une connection, même gratuite, à internet.

Cela dit, il est vrai que les blogs (il y en a 3,2 millions en France) contribuent à modifier, peut-être en profondeur, les relations entre les gens mais je n’ai pas vraiment l’impression que les relations directes entre personnes, en face à face, en souffrent pour autant. Qu’en pensez-vous ?

Un scandale de plus, me direz-vous ! (2)

Il y a une semaine, tous les journaux nous ont gavé (nous prend-on pour des oies ?) avec le mariage de l’acteur Jean Reno auquel participaient Nicolas Sarkozy et Johnny Halliday en tant que témoins du marié. Il ne me semble pas que ce genre d’information méritait plus de deux lignes et on peut se demander pourquoi des journaux plutôt habituellement sérieux se mettent d’un seul coup à dériver vers un genre d’articles habituellement réservés à la presse pipole à sensations. Enfin, le manque de sujets en été explique peut-être celà !

Le Canard Enchaîné de cette semaine nous éclaire un peu sur ce mariage qui a eu lieu aux Baux-de-Provence. Voici une partie du texte du Canard : « Scène remarquable : une bonne partie de la vieille ville, placée sous le contrôle pointilleux des flics et des gendarmes, a été fermée aux touristes de 11 heures du matin à la fin de l’après-midi. Tout au long du parcours emprunté par les mariés et les invités, des panneaux de tulle et de carton de 2 mètres de haut ont été installés, afin de cacher le cortège aux yeux impies. Et sans doute aussi pour protéger l’exclusivité du reportage photo promise au magazine « Gala » qui aurait déboursé 150 000 euros. En outre, les bars et les commerces situés sur le parcours ont été priés d’évacuer leurs clients et de fermer leurs portes. Une perte sèche de chiffre d’affaires qui a provoqué les protestations de certains commerçants ».

L’Etat met donc ses flics au service d’un événement d’ordre privé. Il s’agit là de l’une des nombreuses dérives de notre république qui évolue, de mois en mois, vers un système de plus en plus monarchique (et encore, Sarko n’est pas encore monarque, qu’est-ce que ce sera s’il arrive à ses fins !).

Evidemment, il ne s’agit que d’un scandale de plus. Progressivement, nous nous habituons à ce genre de pratique. Mais doit-on l’accepter pour autant ?

Les insectes pollinisateurs dépriment

Parmi les insectes qui butinent les fleurs, j’ai un petit faible pour les bourdons. D’abord et surtout pour leur facilité d’observation : on les voit toute l’année, dès les premiers beaux jours, du lever du jour à la tombée de la nuit, et ils se laissent observer de très près. Mais aussi parce qu’ils jouent un rôle énorme dans la pollinisation des fleurs et participent ainsi à la survie d’autres espèces.

Lorsqu’on parle de la pollinisation des arbres fruitiers, qui est indispensable pour qu’il y ait des fruits, on a tendance à ne parler que des abeilles et on cite rarement les bourdons. Quelle injustice ! Pourtant les bourdons sont bien plus actifs que les abeilles et visitent, dans le même espace de temps, deux ou trois fois plus de fleurs. Alors que les abeilles ne viennent visiter les fleurs qu’au-dessus d’une température de 15°C, les bourdons se contentent de 10°C (ce qui a son importance car les printemps franc-comtois sont plutôt froids et les fleurs des fruitiers n’ont parfois comme seule visite que le bourdon terrestre). Et puis, notons l’efficacité extraordinaire des bourdons dont les ouvrières déposent une phéromone (hormone volatile odorante) sur les fleurs butinées, indiquant à leurs suivantes que ces fleurs ont déjà été visitées et leur évitant ainsi une prospection infructueuse (vous imaginez un voleur mettant sur la porte d’une maison qu’il a visitée, une petite pancarte « déjà cambriolée » !). Comportement fascinant !

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Pour la première fois, je me suis fait du souci ce printemps pour les bourdons, n’ayant guère vu ces beaux insectes velus dans mon jardin. Plus tard dans la saison, j’ai remarqué que bon nombre de courgettes se formaient mais tombaient presque aussitôt (donnant l’impression qu’elles pourrissaient), signe que les fleurs n’avaient pas été visitées par les insectes.

Hier, je suis tombé sur un article paru dans leMonde.fr qui confirme mes observations. Ce journal fait état d’une enquête menée simultanément par une équipe de chercheurs britanniques, allemands et néerlandais. Leur étude montre que dans bon nombre d’endroits, les abeilles ont déjà subi une baisse de 67 % des effectifs et que les mouches pollinisatrices ont parfois décliné de 33 %. Cette baisse a déjà des répercussions sur les plantes : « 75 plantes sauvages qui nécessitent d’être pollinisées par des insectes ont vu leur distribution diminuer, tandis que 30 autres, pollinisées par le vent ou l’eau se sont, au contraire, répandues davantage ». Les chercheurs sont inquiets car, « quelle que soit la cause retenue, l’étude suggère fortement que le déclin de quelques espèces peut déclencher une cascade d’extinctions locales parmi d’autres espèces associées ».

Le service gratuit que nous offrait les insectes butineurs depuis 140 millions d’années est donc en train d’être détruit en quelques décennies seulement.

Soyons honnête : si les journaux font état des résultats de cette étude, c’est bien parce que la baisse des populations d’insectes pollinisateurs a une incidence sur le plan économique (pour produire leurs céréales, les Etats-Unis songent déjà à élever des insectes pour pallier la disparition des espèces sauvages mais se désolent par avance du coût engendré et du manque à gagner).

Mais là où certains ne voient aujourd’hui qu’un problème financier, se cache aussi une vraie tragédie dont peu de journaux parlent. Car nul doute que la baisse des insectes pollinisateurs s’inscrit dans un phénomène plus ample qui touche l’ensemble des espèces animales et végétales de la planète.

Une espèce disparaît toutes les vingt minutes, à un rythme cent fois plus rapide que la normale. Affolant ! Personne ne sait encore quand viendra le tour de l’Homme. Mais on pourrait commencer d’avoir une petite idée, non ?

Cette affaire commence à sentir le roussi et va finir par me foutre le bourdon !

La pire des saisons ?

Je me demande si l’été n’est pas en train de devenir la pire des saisons !

Et dire que tout ça n’est peut-être qu’un avant-goût de ce qui nous attend demain !

Quelques degrés encore de plus et on imagine bien que cette chaleur pourrait vite devenir apocalyptique. Vous n’avez pas cette impression ?

Ces arbres qui nous enterreront

J’habite un petit village (Bussières en Haute-Saône) où il n’y a pas vraiment de patrimoine, tout du moins au sens où on l’entend habituellement. Les maisons n’ont pas une architecture remarquable et le château y est d’un style très moyen. Seule l’église sort un peu du lot (comme toutes les églises de Franche-Comté d’ailleurs qui sont toutes plutôt belles). Il y avait bien un superbe lavoir mais il a été transformé en petite salle des fêtes. Il y a aussi une fontaine mais sa réfection indispensable et son entretien courant sont sans cesse remis aux calendes grecques.

Alors, en matière de patrimoine, vu la pauvreté ambiante, on s’accroche à ce qu’on peut. Par exemple aux arbres qui font aussi, d’une certaine manière, partie de notre patrimoine. Il y a ainsi un arbre qui m’a toujours semblé donner un peu de cachet au centre du village. Il s’agit d’un marronnier. Oh, c’est loin d’être un arbre remarquable, au contraire, sa taille n’est pas très grande mais il est là depuis quand même pas mal du temps, on ne sait pas trop depuis quand au juste … ! Il a même une petite histoire, faite de petits riens : c’est là que les gamins installaient chaque année la crêche de Noël (j’étais de ceux-là il y a 45 ans), c’est aussi sous ses branches que quelques générations de jeunes garçons ont embrassé leur première fille (je ne dirai pas si j’étais aussi de ceux-la), car cet arbre a été aussi un lieu de rencontre.

Il y a cinq ans, la commune a pris un arrêté municipal pour le couper, sans vraiment de raisons apparentes. Il est possible que quelques vieux grincheux du coin (ceux que Brassens appelaient les « vieux cons ») aient été gênés par les feuilles mortes à l’automne. J’ai ouï dire qu’un expert avait trouvé l’arbre en mauvaise santé mais aussi qu’un contre-expert l’avait trouvé plutôt sain. Alors, allez savoir … ! Il aurait pu y avoir débat au sein du village mais la municipalité a pris une décision unilatérale et arbitraire, selon l’adage bien connu « qui veut couper son arbre l’accuse de la hache ! ».

En ville, les vieux arbres dépérissants, même dangereux, font l’objet d’attentions particulières, ce qui est la moindre des choses. Ainsi les arbres des parcs publics de Besançon. En milieu rural, au contraire, on s’en tape !

La décision était prise, mais l’arbre n’était pas encore coupé ! Quand je me suis étonné de la décision des élus, le maire de l’époque a reconnu que le conseil municipal était peut-être allé un peu vite en besogne et que l’abattage de l’arbre n’était pas forcément une bonne décision. Souhaitant même visiblement faire marche arrière, il m’a conseillé de donner mon avis dans le bulletin municipal. Ce que j’ai évidemment fait.

Les arguments de mon article étaient faciles : l’arbre avait une allure saine, il n’avait aucune branche morte, aucun signe extérieur de maladie, il avait surtout essuyé sans dommages les deux tempêtes de juin et décembre 99… Beaucoup d’habitants ont été de cet avis, d’autant que j’ai joué aussi sur la corde sentimentale en rappelant la petite histoire de l’arbre (voir ci-dessus). A la suite de l’article, ça a discuté un peu dans le village et les élus n’ont pas osé appliquer l’arrêté.

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Aujourd’hui, l’arbre est toujours debout, en très bonne santé apparente. Et même en très bonne santé tout court, comme semble le confirmer le fait qu’il ait passé sans encombres la canicule de 2003 et n’en ait même pas subi les contrecoups. Par contre son sort n’est toujours pas complétement réglé car si la commune n’a pas osé le tronçonner (par conviction ou par peur de la réaction des habitants ?), elle n’a pas non plus annulé sa décision, de peur peut-être de se désavouer.

Quand je regarde aujourd’hui les protagonistes de cette histoire qui date d’il y a cinq ans déjà, je m’aperçois que les moustaches du Dédé ont blanchi, que le René, depuis son opération, n’a plus la démarche aussi sûre, que moi-même ai pris pas mal de rides et même quelques kilos superflus (mon « tronc » s’est épaissi mais de manière moins harmonieuse que celui d’un arbre) … mais que le marronnier se porte … comme un charme !

Dans un contexte haut-saônois où bon nombre de vieux arbres du département sont systématiquement éliminés, notamment le long des routes, je me dis que tous ces arbres, que l’on accuse d’être malades, si on les laissait vivre jusqu’à leur belle mort, enterreraient tous ces élus éphémères qui prennent à la hâte les décisions d’abattage… et peut-être enterreraient même aussi leurs descendants les plus proches !

C’est peut-être aussi ma petite fierté à moi, de penser que cet arbre, sauvé (pour l’instant) à la suite d’un tout petit article de rien du tout, va probablement me (nous) survivre !

Faut-il des riches, faut-il des pauvres ? (5)

Suite de notre rubrique destinée aux naïfs qui croient encore que la baisse du niveau de vie, c’est pour tout le monde. Deux infos très récentes :

1 – Zacharias, patron de Vinci, n° 1 du BTP, se fait éjecter de son siège avec la coquette somme de 200 à 300 millions d’euros, plus peut-être 8 millions supplémentaires qu’il réclame à corps et à cris pour avoir réussi le rachat des autoroutes du sud de la France. Les journaux ont calculé qu’il avait mis de côté une somme représentant l’équivalent de 5 766 années de la rémunération moyenne d’un salarié de Vinci (source : Le Canard Enchaîné du 21 juin). Je viens de faire un petit calcul rapide : en se basant sur 40 annuités de travail par salarié et 2 enfants par couple, les petits Zacharias à venir vont pouvoir se rouler les pouces pendant toute leur vie, et ceci pendant 6 générations complètes. Les 64 Zacharias de la dernière génération à en profiter pourront donc remercier ce lointain aïeul qui avait travaillé si dur. Et à mon avis, comme je n’ai pas pas pris en compte les intérêts de la somme (trop dur à calculer !), les 128 pauvres petits Zacharias de la 7ème génération devraient aussi en profiter (je dis bien « les pauvres petits » car il n’est pas certain que « chez ces gens-là, Monsieur », on puisse vivre avec le salaire moyen d’un employé de chez Vinci).

2 – Le numéro Un européen de l’assurance Allianz a annoncé aujourd’hui la suppression de 7 500 emplois. Ceci dans un contexte où l’entreprise vient de faire, non pas un déficit, mais un bénéfice record de 4,9 milliards d’euros. Le responsable d’Alliantz, Gerhard Rupprecht, a déclaré sans rire que la suppression des emplois est « un pas douloureux mais nécessaire pour sécuriser la compétitivité durable d’Allianz » (source : LeMonde.fr d’aujourd’hui). Il fallait oser le dire !

L’Europe en marche. Pour le meilleur ou pour le pire ?

L’Europe continue d’avancer. Malgré les pieds de nez des Français et des Néerlandais. Malgré aussi l’arrêt du processus démocratique de consultation de la base (la plupart des Etats, qui craignent la contagion, ont arrêté de demander l’avis du bas-peuple sur la question de la constitution). L’Europe continue donc, comme si de rien n’était. Pour le meilleur et pour le pire.

Deux infos glanées dans leMonde.fr des dernières semaines :

1 – L’Agence Européenne des Médicaments (EMEA) s’est déclarée favorable, mardi 6 juin, à l’utilisation de l’antidépresseur Prozac chez les enfants âgés de 8 ans et plus en cas d’épisodes dépressifs majeurs. Le comité scientifique de l’EMEA a considéré que « le bénéfice de l’utilisation de Prozac dans cette indication l’emporte sur les risques potentiels ». La décision d’étendre la consommation du Prozac aux enfants s’appliquera à tous les pays de l’Union et devrait entrer en vigueur en France à la fin de l’année.

2 – La commission européenne travaille sur un nouveau réglement de l’agriculture bio. Si ce projet était accepté, l’Union Européenne tolèrera que les produits étiquetés « bio » puissent contenir des OGM et puissent être cultivés avec des produits chimiques comme les pesticides. En outre, selon le projet de la Commission, il sera interdit de mentionner sur les étiquettes qu’un produit a été soumis à des exigences supérieures au règlement européen. En gros, si le produit est réellement bio, il sera interdit de le dire ! Ce réglement pourrait sonner le glas de l’agriculture bio. Une première mouture du projet a été rejetée mais le dossier va être repris à partir du 1er juillet prochain.

Jusqu’à présent, j’étais persuadé que s’il y avait au moins un domaine où l’Europe allait dans le bon sens, c’était bien le domaine de l’environnement (directive habitats, oiseaux migrateurs…). J’ai subitement un doute.

On nous dit que l’Europe stagne à cause de la France. Mais les lobbies, qu’ils soient agricoles ou pharmaceutiques ne stagnent pas, ils continuent d’avancer.

Braves gens, vous pouvez une fois de plus dormir sur vos deux oreilles, nos élus européens veillent sur vous et votre santé !

Bordel de bordel !

On parle assez peu dans les journaux de cette gigantesque foire au sexe organisée en marge de la coupe du monde de football. 40 000 filles ont été « importées », principalement de l’Europe de l’Est et de l’Europe centrale, pour cette occasion. La législation allemande rend la chose possible, la prostitution ayant été légalisée dans ce pays en 2002.

Je ne sais pas combien de « passes » peut faire une fille dans la soirée et la nuit. Une dizaine ? Il pourrait donc y avoir 400 000 personnes qui se rendent le soir dans ces endroits un peu particuliers, que l’on a construits pour l’occasion. Il y en a pour toutes les bourses (si j’ose dire) : dans des hôtels pour les plus riches, mais surtout dans des cabanons construits dans des parcs clos de la taille de terrain de foot pour les moins riches. On y prend un ticket d’entrée et on y fait la queue ! Le chiffre quotidien de plusieurs centaines de milliers de mecs qui se livrent à cette activité montre l’ampleur de cette industrie naissante (la relation sport/sexe n’est peut-être pas nouvelle mais son officialisation est récente, elle date des derniers jeux olympiques d’Athènes). La mafia du proxénétisme s’y fait des « couilles en or » (l’officialisation de la prostitution, comme aux Pays-Bas, montre que sa légalisation n’empêche pas le développement des systèmes parallèles mafieux).

Je suis indigné en imaginant que chaque soir, des centaines de milliers de personnes, imbibées de bière et profitant de leur anonymat passager (la plupart ayant leur domicile à plusieurs milliers de kilomètres de là), vont aller se vautrer dans leur bestialité, réduisant la femme à une fonction purement hygiénique et ne la considérant que comme « un trou et du poil autour ». Faut-il leur rappeler que la masturbation peut rendre d’éminents services ?

Je suis également scandalisé de voir que les autorités apportent leur bénédiction à ces pratiques esclavagistes (toute forme de prostitution relève à mon avis de l’esclavagisme, aucune des prostituées n’ayant choisi de son plein gré de faire ce métier qui n’est pas, comme on le dit souvent, le plus vieux métier du monde… cette expression n’étant qu’un truc de mec voulant trouver à tout prix un argument pour légitimer la prostitution).

Comment Angela Merkel peut-elle accepter que la dignité de la femme soit ainsi bafouée ? Comment peut-elle accepter que l’image de l’Allemagne soit ainsi salie ? Pourquoi aucun des 32 pays ayant ratifié la convention contre la prostitution ne dénonce-t-il pas officiellement la chose ? Pourquoi les sportifs eux-mêmes (la Fifa, les équipes de footballeurs, …) restent-ils en majorité muets sur cette affaire (laissant ainsi se ternir un peu plus l’image du sport en général, et du foot en particulier) ? Et les médias, pourquoi ne parlent-ils pas plus de ce scandale ? Car la mondialisation de la marchandisation du sexe est bien un scandale !

Et les hommes ! On ne les entend pas beaucoup ! Car si cette affaire est une honte pour les sportifs, pour les autorités, pour les médias et pour nos sociétés dites « avancées », elle l’est avant tout et surtout pour les hommes.

Sous les vents dominants

(le 100ème article du blogadupdup)
Vendredi dernier, le vent avait viré à la bise. Bonne occasion pour aller observer les blaireaux en forêt. En effet, vu l’emplacement de mon affût, seule la bise ne porte pas mon odeur au terrier et me permet de faire des observations. A mon arrivée sur le site, j’ai soudain un doute puis une affreuse certitude : le vent vient à nouveau de changer de sens et la situation ne m’est plus du tout favorable, bien au contraire. Effectivement, à peine assis sur mon surplomb qui domine les terriers, un blaireau passe la tête de son antre, hume l’air avec circonspection puis rentre vite au plus profond de sa tanière. Une heure et demie plus tard, je quitte les lieux sans avoir revu l’animal. J’aurai passé tout de même une bonne soirée, le blaireau dérangé un peu moins : IL NE FAIT PAS BON ÊTRE SOUS LES VENTS DOMINANTS.

Dimanche matin, c’est jour de ball-trap pour les blaireaux du coin. Le bruit des kalashnikov est parfois supportable. Mais ce dimanche, le vent propage le bruit des canons avec une grande violence dans le petit jardin qui est habituellement mon domaine de tranquillité. IL NE FAIT PAS BON ÊTRE SOUS LES VENTS DOMINANTS.

Ce matin, je tombe sur un petit article qui traite des cas de cancers dans la zone située au nord-est de l’incinérateur d’ordures ménagères de Besançon. Le taux de lymphomes non hodgkiniens, étudié par le professeur Viel (voir la revue Environmental Science and Technology), y est multiplié par 2,5 par rapport à la normale. Tiens donc, peut-être un début d’explication, ceci explique peut-être celà ! DECIDEMENT, IL NE FAIT PAS BON ÊTRE SOUS LES VENTS DOMINANTS !

La France rurale et les fonds européens

Voici donc le premier anniversaire du référendum sur la constitution européenne et à nouveau des tas d’articles dans les médias. C’est bizarre, cette manière de parler de l’Europe par intermittence. Entre le traité de Maastricht et le vote sur la constitution, il s’est passé plus d’une douzaine d’années de silence sur la question européenne. Même silence depuis une dizaine de mois. Et voilà que le sujet ressort aujourd’hui pour mieux disparaître dans quelques jours. Espérons tout de même qu’un vrai débat commencera dans quelques mois avec l’approche de l’élection présidentielle.

L’an passé, lors de la campagne à l’occasion du référendum, j’ai été surpris que personne n’aborde le problème des FONDS EUROPEENS. Les élus partisans du « oui » auraient pu nous dire ce que l’Europe, par le biais des sommes reversées aux différents Etats, avait amené aux citoyens de base, en terme de développement local, notamment dans la France rurale. Pourquoi n’ont-ils pas mis en avant cet apport de l’Europe ? Peut-être parce qu’il n’y a pas de quoi être fiers de ce que nous avons fait de cet argent. Je m’explique :

– premier constat : une partie des Fonds Européens est repartie à Bruxelles, faute d’avoir été utilisée. Ainsi, pour ne prendre que l’exemple du département de la Haute-Saône, le Préfet de Région avait, en son temps, montré du doigt les cantons de Marnay, de Gy et de Gray qui n’avaient dépensé que 10 F par habitant alors qu’ils avaient 300 F de disponibles. Est-ce parce que les élus de ces cantons manquaient d’idées, de projets ? Est-ce qu’ils n’ont pas relayé l’info auprès de leur base, notamment auprès du milieu associatif qui est souvent une force de proposition ? Est-ce que ces élus locaux n’ont pas soutenu les projets associatifs lorsque ceux-ci existaient (les associations étant souvent vues par les élus, comme un contre-pouvoir dangereux) ?

– deuxième constat : les Fonds Européens ont souvent été utilisés à mauvais escient. Ainsi, dans le village où j’habite, le cimetière a été agrandi grâce à des fonds européens. Un cimetière, est-ce du développement ? Un chemin forestier a été créé avec les mêmes fonds, il ne sert pas à grand’chose et les élus municipaux disent qu’ils l’ont fait parce que le coût était presque entièrement pris en charge.

– troisième constat : les fonds européens ont fait le jeu des politiques locaux. C’est souvent l’élu le plus important du coin (le conseiller général, le député) qui dit à « ses » maires : « je peux t’apporter tant sur ce projet ». Il s’agit bien entendu de fonds publics, la plus grande part étant souvent européenne, mais tout est présenté comme si le petit seigneur du coin distribuait cet argent en fonction de ses accointances politiques ou simplement de son bon vouloir princier. En milieu rural, l’argent européen est parfois dépensé à des fins électoralistes et clientélistes et renforce le pouvoir de nos petits hobereaux locaux.

Demandez au citoyen espagnol ou portugais : il sait combien l’Europe a permis à son pays de se développer. Demandez au citoyen français, il ne sait pas grand chose de l’existence de ces fonds et de leur utilisation (ou de leur non-utilisation).

Le référendum organisé il y a un an était une bonne opportunité pour aborder un peu ce sujet. L’occasion a été ratée !

Faut-il des riches, faut-il des pauvres ? (4)

Concernant l’affaire Clearstream, la presse d’aujourd’hui retiendra probablement que Jean-Louis Gergorin a enfin avoué qu’il avait envoyé la première lettre anonyme de cette affaire, comme l’avait annoncé « le Canard » il y a quinze jours.

Mais ce que l’on entendra probablement moins, c’est que d’après les propos de Gergorin, il y a entre 5000 et 10000 particuliers qui ont ouvert un compte Clearstream. Quand on sait que le « ticket d’entrée » dans cette société financière est de 20 millions de dollars, on peut se rendre compte que les pauvres ont encore, comme on dit en jargon sportif, « une bonne marge de progression ». Voilà donc de quoi redonner le moral à tous les exclus de la Terre !

Danse macabre autour d’un sarcophage

S’il y a un mot qui me fait rigoler en ce moment, c’est bien le mot « sarcophage ». Car je viens juste d’en découvrir le sens et je crois qu’il signifie, éthymologiquement parlant « qui mange du Sarko ». Moi qui côtoie des gens qui bouffent du Sarko à longueur de journée, me voilà donc dans un univers morbide, entouré de sarkophages.

Mais ce mot a aussi une résonnance moins drôle, car le sarcophage est ce nom donné au dispositif qui a été construit autour des ruines fumantes des réacteurs de Tchernobyl en 1986. Savez-vous que ce sarcophage fuit aujourd’hui de toutes parts ? Hervé Kempf (dans leMonde.fr) a consacré à ce problème un article intéressant il y a une quinzaine de jours. L’article commence de la manière suivante :« Le compteur s’agite. Tic-tic-tic, crachote son petit haut-parleur, tel un réveil devenu fou, pendant que les chiffres défilent sur l’écran. Au bout d’une minute, il atteint 545 : ce n’est pas un score de jeu vidéo, mais le nombre de désintégrations radioactives enregistrées à 200 mètres de ce qui reste du réacteur n° 4 de la centrale ukrainienne de Tchernobyl ».

Les « liquidateurs de Tchernobyl » ont construit ce sarcophage à la hâte en 1986. Mais l’enveloppe de béton et la ferraille se sont très vite fissurés et la surface des trous atteint aujourd’hui 100 mètres carrés (oui, oui, vous avez bien lu !). Par ailleurs, tout peut aller très vite car d’après EDF « c’est un vrai Lego, dont le toit ne tient que sur deux poutres, et dont la dalle, comme le sol est sablonneux, a tendance à s’affaisser ». On peut donc s’attendre à ce que 4 tonnes de poussières radioactives soient libérées d’un seul coup. En attendant, ayons tout de même une petite pensée pour ces centaines d’ouvriers qui travaillent aujourd’hui à retaper ce sarcophage et que l’on rechange souvent pour ne pas qu’ils soient exposés à des doses trop massives.

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La BERD (Banque Européenne de Reconstruction et de Développement) a déjà voté 850 millions d’euros pour reconstruire un nouveau sarcophage mais la situation est complétement bloquée depuis pas mal de temps, pour des raisons politiques d’abord mais aussi pour des raisons techniques qui valent le coup d’être dévoilées car, si les officiels nous disent que le réacteur contient encore près de 95 % du combustible originel, soit 190 tonnes (ce qui est énorme), l’Ukrainien Georgi Lépine affirme : « il ne reste que moins de 10 % du combustible ». Le reste, évidemment, se serait échappé par les fameux trous.

A notre niveau de connaissance, en tant que simples citoyens, il nous est évidemment impossible de dire qui a raison mais la situation est grave. Car, si les officiels ont raison, il n’en reste pas moins que 95 % du combustible peut nous sauter à la gueule d’un moment à l’autre. Dans le deuxième cas, si c’est Geori Lépine qu’il faut croire, on l’a pris en pleine poire dans les années passées, mais sur une longue durée, de manière insidieuse, sans que personne n’ait rien dit (mais peut-être que là aussi, ça s’est arrêté aux frontières).

Lors du vingtième anniversaire de Tchernobyl, le 26 avril dernier, les slogans étaient plutôt du genre « Tchernobyl, plus jamais ça ! » comme s’il s’agissait d’un problème passé. Non, non, Tchernobyl c’est aussi aujourd’hui que ça se passe !

Mini-krach à la bourse du carbone

La Bourse dégringole. Non pas la Bourse de Wall Street ou celle de Tokyo. Non, celle de Powernext qui essuie depuis quelques jours un mini-krach. Powernext s’appelle plus exactement Powernext Carbon et régule, non pas le taux de carbone de la planète (ça se saurait), mais les échanges commerciaux relatifs au droit de polluer.

Le principe est limpide. Chaque état s’est vu attribuer un quota de gaz carbonique, ceci pour tenter d’enrayer l’émission de gaz à effet de serre. Celà part d’un bon sentiment … sauf que le législateur (s’appelait-il Machiavel ?) a permis aux pays trop pollueurs (qui dépassent donc leurs quotas) de continuer à polluer en leur donnant la possibilité d’acheter des droits à polluer aux pays qui ne polluent pas assez. Vous me suivez ? Une vraie usine à gaz !

Il apparaît que certains pays ont pollué moins que les quotas qui leur étaient alloués. C’est le cas de la France qui s’est vue attribuer 156 millions de certificats (un certificat = 1 tonne de CO2), dont 21 millions seulement pour EDF (tiens, tiens, EDF qui nous rabat les oreilles avec son discours sur son énergie propre !) mais qui en a rejeté 18 millions de moins. C’est aussi le cas des Pays-Bas, de la république Tchèque et de la Belgique.

Il n’y a pas de quoi pavoiser de ce résultat car la pollution, évidemment, demeure énorme. On peut juste dire qu’on va à peine moins vite dans le mur. Mais de là à dire qu’on inverse la vapeur … ! D’autant plus que cette baisse est peut-être due tout simplement au fait que l’allocation des quotas a été trop généreuse.

En conséquence de ces baisses d’émission de CO2, les entreprises ont de plus en plus de mal à vendre leurs droits à polluer à la Bourse Poxernext Carbon, d’où une baisse très forte de leur valeur, qui conduit à un mini-krach boursier (perte de 55% en moins de dix jours). La situation est même dramatique pour ceux qui ont misé fort dans cette affaire (on imagine même l’effet pervers du système, certains groupes industriels pouvant à juste titre se dire : « Merde, on n’aurait pas dû faire autant d’efforts pour moins polluer, on n’arrive même plus à vendre notre droit à polluer ! »).

Jean-Michel Bezat consacre un article à la question dans l’édition du Monde de samedi dernier. Son article est ignoble. Le journaliste place son propos uniquement sur le plan économique. Je cite quelques phrases : « L’amélioration imprévue de la qualité de l’air ne fait pas le bonheur des spéculateurs », « Les émissions de CO2 n’ont pas atteint le niveau attendu et de nombreux certificats risquent donc de ne pas trouver preneur … leurs détenteurs ne pourront pas en reporter l’utilisation ». L’article ressemble à une lamentation du genre « les pollueurs sont bien à plaindre ». Juste un petit bémol : il y a quand même trois mots pour l’environnement, mais noyés dans une phrase tout aussi ignoble que les autres : « Un bien pour la santé publique, mais un coût pour des groupes qui, comme Rhodia, ont beaucoup investi ». C’est nouveau, ça vient de sortir : on peut maintenant investir sur la destruction de la planète.

Je suis, une fois de plus, scandalisé.

Nous avons un bon ministre

J’ai écrit la semaine dernière un article sur la manière dont nous sommes représentés par nos hommes politiques au Sénat.

Je tombe à l’instant sur un article du Monde qui nous donne aussi un aperçu du sérieux avec lequel nos hommes politiques, et pas des moindres – un ministre en l’occurence – nous représentent.

Débats au Sénat

Fin mars, un ami m’a fait passer un texte de Christian Velot, chercheur et enseignant en biologie à l’Université Paris-Sud et animateur de conférences sur les OGM. Christian Velot faisait partie de la délégation de militants anti-OGM qui est allée au Sénat écouter les débats sur le projet de loi et le compte-rendu qu’il en fait est assez édifiant. En voici le texte dans sa quasi-intégralité :

« Premier coup derrière les oreilles : le nombre de sièges vides. Sur 331 sénateurs, seulement 49 étaient présents en ouverture de séance, et il n’en restait plus que 35 après une demi-heure ! Je me dis alors qu’il doit au moins y avoir tous ceux qui sont (ou qui prétendent être) concernés par le sujet, et notamment qui sont censés défendre nos positions. On a bien cherché (c’était facile, ils n’étaient pas nombreux) : pas de Dominique Voynet, qui était pourtant venue le matin même faire de belles déclarations lors de la conférence de Presse ! Aucune présence non plus de Jean-Luc Mélenchon, proche de José Bové depuis la campagne contre le TCE, et pour lequel il est sans doute moins payant de venir faire son boulot au Sénat que se pavaner debout sur un banc du trottoir du boulevard Arago pour être certain de bien être remarqué pendant le passage de la manif anti-CPE de samedi dernier…

Au delà de cet absentéisme pitoyable, reste le déroulement des « débats » : à pleurer (ou hurler mais on ne pouvait pas) ! Un brouhaha incroyable ! Personne ou presque n’écoute l’intervenant qui fait (ou plutôt qui lit) son discours. Chacun parle dans son coin avec ses voisins ou y va de ses petites activités personnelles. J’ai dix fois moins de bruit dans un amphithéâtre de 200 étudiants d’une moyenne d’âge de 20 ans, et sans que j’ai besoin d’exercer la moindre autorité. L’intervenant pourrait s’adresser à la porte de ses chiottes, ça ferait le même effet.

Du balcon où nous étions situés, nous avions une vue plongeante sur les pupitres des sénateurs du groupe UMP. Pas un seul n’avait le projet de loi sous les yeux ! Raffarin et ses potes ont passé leur temps de présence (environ 30 minutes) à causer entre eux et se marrer, certains tournant carrément le dos à l’intervenant. D’autres remplissaient des dossiers, regardaient leur agenda. Deux sénatrices au fond de l’hémicycle (et donc juste en dessous de nous), après avoir regardé ensemble un album photo, s’échangeaient leur permis de conduire, leur pièce d’identité, sans doute pour mieux constater… les dégâts provoqués au cours du temps par les crèmes à l’ADN végétal de chez Dior. Un autre montrait à son voisin des photos d’une maison imprimées en couleur sur du papier A4, probablement la résidence secondaire qu’il vient de s’acheter avec les 120 000 euros annuels qu’il perçoit pour venir se gratter les couilles au Sénat, une autre encore réorganisait ses papiers et ses billets de 20 euros dans son portefeuille… Et le plus drôle (enfin, façon de parler), c’est qu’à la fin d’une intervention, et uniquement s’il s’agissait bien sûr d’un intervenant de leur groupe, ils applausissaient comme des automates.

En ce qui concerne les interventions elle-mêmes, les âneries de ceux qui défendaient le texte étaient à la hauteur de leur méconnaissance du dossier. Quand à ceux qui étaient censées intervenir dans notre sens, il est clair que je ne les choisirais pas comme avocats, à moins que je ne souhaite être assuré de faire de la prison à vie : mous du genoux sur le fond, monocordes et sans aucune conviction sur la forme. Eux non plus n’avaient probablement pas lu le projet de loi, …à moins qu’ils n’aient tout simplement pas vraiment envie de s’y opposer.

Bref, à pleurer vous dis-je … »

Voilà. Braves gens, vous pouvez dormir tranquilles, vos sénateurs ont le sens de leur responsabilité politique.

Ces vieux qui nous gouvernent

Devient-on un peu plus con, ou un peu moins con en vieillissant ? Brassens a donné son point de vue dans une chanson écrite à l’époque où il balançait entre deux âges : « le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est con, on est con … ». Vous la connaissez peut-être !

Aujourd’hui, je n’ai pas un avis définitif et tranché sur la question, je pense qu’il n’y a aucun mérite, ni à être jeune, ni à être vieux (ni évidemment à être con !). Pourtant, il n’y a pas si longtemps encore, j’étais tenté de penser qu’en vieillissant on devait acquérir un peu de hauteur de vue, un peu de sagesse – le mot est un peu grand, disons « de bon sens » – mais quand j’écoute ou quand je lis les propos de vieux qui sont sous le feu de l’actualité, souvent des politiques, mais aussi des scientifiques, des responsables syndicaux, des journalistes, des hommes ou femmes du show-bizz … je me dis que Brassens devait avoir un peu raison quelque part, ces gens ne semblent pas s’être spécialement bonifiés en vieillissant, le temps ne fait effectivement rien à l’affaire.

Je n’ai évidemment rien contre les vieux (d’autant plus que j’y arrive à grandes enjambées !) mais je pense qu’actuellement ils sont beaucoup trop présents dans la vie publique (notamment dans la vie politique), qu’il pourrait y avoir un rééquilibrage en faisant une grosse place pour des gens nouveaux. J’aimerais entendre des gens différents à l’antenne, pendant les campagnes politiques, pendant les journaux télévisés (je dis ça, mais c’est un peu hypocrite, car de toute façon je ne regarde jamais). Vous n’avez pas envie d’un peu de fraîcheur, vous ?

Le journal « les Inrockuptibles » n° 537 du 14 mars dernier nous donne une info intéressante : en vingt ans, l’âge moyen d’un homme politique ou d’un responsable syndical est passé de 45 ans à 59 ans. Pendant le même laps de temps, le nombre de députés de moins de 45 ans est passé de 38% à 15%.

Ca vous inspire quoi ces chiffres ?